mercredi 26 juin 2019

La philosophie religieuse des modernistes : l'immanence vitale

§ II. — Immanence vitale.

Suite de la partie I

D.D'après ce que vous vêtiez de dire, « l'agnosticisme n'est que le côté négatif dans la doctrine des modernistes. » Quel en est donc le côté positif?
R. — « Le côté positif est constitué par ce qu'on appelle l'immanence vitale. »

D.Comment les modernistes passent-ils donc de l'agnosticisme à l' immanentisme?
R. — Ils passent de l'un à l'autre en la manière que voici : Naturelle ou surnaturelle, la religion, comme tout autre fait, demande une explication. Or, la théologie naturelle une fois répudiée, tout accès à la révélation fermé par le rejet des motifs de crédibilité, qui plus est, toute l’élévation extérieure entièrement abolie, il est clair que, cette explication, on ne doit pas la chercher hors de l'homme. C'est donc dans l'homme même qu'elle se trouve, et comme la religion est une forme de vie, dans la vie même de l'homme. Voilà l'immanence religieuse. »

D.Je comprends que les modernistes, partisans de l'agnosticisme, ne puissent chercher que dans l'homme et dans la vie même de l'homme l'explication de la religion. Et maintenant, pour expliquer cette immanence vitale, qu'assignent -ils comme premier stimulant et première manifestation de tout phénomène vital, en particulier de la religion?
R. — Tout phénomène vital — et, on l'a dit, telle est la religion — a, pour premier stimulant, une nécessité, un besoin ; pour première manifestation, ce mouvement du cœur appelé sentiment.

D.D'après ces principes, où est le principe de la foi et partant de la religion?
R. — « Il s'ensuit, puisque l'objet de la religion est Dieu, que la foi, principe et fondement de toute religion, réside dans un certain sentiment intime, engendré lui-même par le besoin du divin. »

D.Ce besoin du divin est-il du moins, selon les modernistes, du domaine de la conscience?
R. — « Ce besoin, ne se trahissant que dans de certaines rencontres déterminées et favorables, n'appartient pas de soi au domaine de la conscience. »

D.Où gît donc, d'après eux, ce besoin du divin?
R. — « Dans le principe, il gît au-dessous, et selon un vocable emprunté de la philosophie moderne, dans la subconscience, où il faut ajouter que sa racine reste cachée, entière- ment inaccessible à l'esprit.



-Père Jean-Baptiste Lemius, Catéchisme sur le modernisme. 1907. P. 9-10.