Sermon de monsieur l'abbé Damien Dutertre, prononcé à Drummondville lors de la messe de la fête de saint Jean-Baptiste (24 juin 2019), patron des Canadiens-français.
mardi 2 juillet 2019
lundi 24 juin 2019
Bonne saint Jean-Baptiste

L'amour de la patrie, avec l'amour de l'Eglise, est le sentiment le plus sacré du cœur de l'homme, et s'il était possible que l'un fût ennemi de l'autre, ce serait, à mes yeux, le plus profond déchirement que la Providence ait ménagé à notre époque.
La patrie est notre église du temps, comme l'Eglise est notre patrie de l'éternité, et si l'orbite de celle-ci est plus vaste que l'orbite de celle-là, elles ont toutes deux le même centre, qui est Dieu, le même intérêt qui est la justice, le même asile qui est la conscience, les mêmes citoyens qui sont le corps et l'âme de leurs enfants.
Le patriotisme religieux est un bien que nous ont légué nos pères, et c'est un devoir pour nous de le conserver précieusement.
-Mgr Ignace Bourget
samedi 8 juin 2019
Neuvaine patriotique à saint Jean-Baptiste 2019
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Comme à tous les ans, Tradition Québec vous convie à vous joindre à cette grande neuvaine à saint Jean-Baptiste, patron des canadiens-français.
Quoi faire?
Pourquoi?
Compatriotes Québécois, rappelez-vous des labeurs, des souffrances, ainsi que des gloires de nos ancêtres. Reprenez votre vrai nom de Canadien-français, chassez tout ce qui est contre-nature, pervers, blasphématoire, gauchiste, anti-civilisationnel de votre vie. Renouez avec votre identité et votre culture. Soyez des Canadiens-français, de dignes descendants des Français qui ont colonisés cette terre afin d'y apporter la Lumière de la Foi dans le Nouveau Monde.
Texte de la neuvaine
Ô Saint Jean-Baptiste,
illustre Précurseur du Messie, vous que le Sauveur a proclamé
le plus grand parmi les enfants des hommes,
et que Notre Saint Père le Pape Pie X
a donné pour patron spécial aux Canadiens Français ;
vous avez merveilleusement préparé,
par votre vie austère, pénitente et tout angélique,
les voies au Règne de l'Agneau Rédempteur.
Nous vous en supplions, daignez nous obtenir la grâce
de marcher sur vos pas glorieux,
de conserver la foi de nos pères,
de défendre avec zèle les intérêts de la Sainte Église catholique,
et de réaliser les desseins de la Divine Providence
sur chacun de nous, afin qu'après l'exil de cette vie,
nous puissions nous retrouver dans la Céleste Patrie,
pour y chanter les louanges du Roi éternel de tous les peuples,
pendant les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
lundi 1 avril 2019
Sur le patriotisme
Le patriotisme est ce que j'appellerais un sentiment fondé. Il s'appuie sur le pays et s'alimente à l'histoire. L'éloquence, les manifestations populaires, les impulsions d'un amour imprécis et coutumier peuvent l'animer pour un temps ou le réchauffer, mais elles ne constituent pas sa raison profonde. La volonté ne vit pas que de paroles : elle est longuement déterminée par une formation qui s'applique à la fortifier, à la diriger afin qu'elle résiste aux attraits passagers, aux mouvements du dehors. Celui qui ne connaît pas son pays l'abandonnera plus facilement; celui qui néglige la leçon de l'histoire sacrifiera plus légèrement aux disciplines du passé l'intérêt du jour.
L'école a la garde du patriotisme. Elle l'éveille, elle le développe, elle le transmet. Voilà sa mission nationale : la vraie, celle qui ne tient pas seulement dans un mot dont on abuse si aisément. Le maître doit donc apprendre son pays pour l'enseigner, et méditer l'histoire afin d'en communiquer la vertu. Il n'est pas de plus belle tâche. Heureux celui qui sera parvenu à la poursuivre jusque dans l'âme de l'enfant!
Qu'il s'attache, par exemple, à tirer du milieu immédiat le secret fécond des choses. Il y trouvera des sources insoupçonnées. Nous apprécions si peu le décor qui pourtant accompagne, immuable en apparence seulement, les actes de toute notre vie. Les montagnes et les fleuves, les arbres et les fleurs, nous les chantons sans les connaître, sans nous être arrêtés à saisir les traits qui les distinguent et les embellissent. Nous disons : « Que cet oiseau est joli! » Et c'est tout. Aucun nom ne l'accompagne s'il s'envole, aucun nom n'accueille le plaisir de son retour. Nous avons un ami de moins. Tenez vous-même l'inventaire de nos insouciances. Parcourez la route : qui l'a tracée, de quoi est-elle faite, où conduit-elle? Est-elle morte ou vivante, ou ressuscitée par l'automobile? Regardez mieux les maisons et vous comprendrez combien peu jusque-là vous vous étiez arrêté vraiment. De quels matériaux sont-elles assemblées? Traduisent-elles une architecture qui les apparente au point de révéler votre caractère? Le village même, où prend place la maison d'école, comment s'est-il déroulé le long de la route? Et les hommes, ceux que nous appelons nos compatriotes, avons-nous remarqué leurs figures et distingué en eux l'origine française? Ces mille leçons, n'est-ce pas nourrir son patriotisme que de les vivre?
L'histoire est aussi une noble discipline. Cette fois, c'est le passé qui nous pénètre et nous guide. Nous le glorifions volontiers, nous disons : « Notre foi, notre langue et nos droits ». Prenons garde que ce ne soit ainsi que nous disions tout à l'heure : « Que cet oiseau est joli ! » L'histoire n'est pas que des dates de batailles, mais bien humanité et vie Dans ce milieu que nous voudrions avoir mieux connu, des hommes ont vécu, fidèles à des traditions. Interrogeons-les, cherchons à comprendre leurs attitudes, reconstituons leurs gestes. Ainsi notre volonté, associée à la leur, s'affermira vers l'avenir.
O maître de d'école, l'on te demande beaucoup pour le peu que l'on te donne ; mais ta consolation dépassera ton sacrifice. Tu prépares les destinées du peuple. Il restera quelque chose de toi quand bien des puissants de la terre, que l'on te préfère aujourd'hui, seront définitivement disparus.
-Lambert Closse, La Réponse de la Race - Catéchisme national. Thérien frères limitée, 1936. P. 266-268.
L'école a la garde du patriotisme. Elle l'éveille, elle le développe, elle le transmet. Voilà sa mission nationale : la vraie, celle qui ne tient pas seulement dans un mot dont on abuse si aisément. Le maître doit donc apprendre son pays pour l'enseigner, et méditer l'histoire afin d'en communiquer la vertu. Il n'est pas de plus belle tâche. Heureux celui qui sera parvenu à la poursuivre jusque dans l'âme de l'enfant!
Qu'il s'attache, par exemple, à tirer du milieu immédiat le secret fécond des choses. Il y trouvera des sources insoupçonnées. Nous apprécions si peu le décor qui pourtant accompagne, immuable en apparence seulement, les actes de toute notre vie. Les montagnes et les fleuves, les arbres et les fleurs, nous les chantons sans les connaître, sans nous être arrêtés à saisir les traits qui les distinguent et les embellissent. Nous disons : « Que cet oiseau est joli! » Et c'est tout. Aucun nom ne l'accompagne s'il s'envole, aucun nom n'accueille le plaisir de son retour. Nous avons un ami de moins. Tenez vous-même l'inventaire de nos insouciances. Parcourez la route : qui l'a tracée, de quoi est-elle faite, où conduit-elle? Est-elle morte ou vivante, ou ressuscitée par l'automobile? Regardez mieux les maisons et vous comprendrez combien peu jusque-là vous vous étiez arrêté vraiment. De quels matériaux sont-elles assemblées? Traduisent-elles une architecture qui les apparente au point de révéler votre caractère? Le village même, où prend place la maison d'école, comment s'est-il déroulé le long de la route? Et les hommes, ceux que nous appelons nos compatriotes, avons-nous remarqué leurs figures et distingué en eux l'origine française? Ces mille leçons, n'est-ce pas nourrir son patriotisme que de les vivre?
L'histoire est aussi une noble discipline. Cette fois, c'est le passé qui nous pénètre et nous guide. Nous le glorifions volontiers, nous disons : « Notre foi, notre langue et nos droits ». Prenons garde que ce ne soit ainsi que nous disions tout à l'heure : « Que cet oiseau est joli ! » L'histoire n'est pas que des dates de batailles, mais bien humanité et vie Dans ce milieu que nous voudrions avoir mieux connu, des hommes ont vécu, fidèles à des traditions. Interrogeons-les, cherchons à comprendre leurs attitudes, reconstituons leurs gestes. Ainsi notre volonté, associée à la leur, s'affermira vers l'avenir.
O maître de d'école, l'on te demande beaucoup pour le peu que l'on te donne ; mais ta consolation dépassera ton sacrifice. Tu prépares les destinées du peuple. Il restera quelque chose de toi quand bien des puissants de la terre, que l'on te préfère aujourd'hui, seront définitivement disparus.
-Edouard Montpetit
-Lambert Closse, La Réponse de la Race - Catéchisme national. Thérien frères limitée, 1936. P. 266-268.
mardi 19 février 2019
Son rôle est noble et grand
Pour exercer parmi les nations le rôle qui convient à
sa nature et que la Providence lui a assigné, un peuple
doit rester lui-même ; c’est une première et absolue
condition, que rien ne saurait remplacer. Or, un peuple
ne reste lui-même que par la liberté de sa vie, l’usage de
sa langue, la culture de son génie. Il ne m’appartient pas
de discuter ici l’avenir politique de mon pays. Mais ce que je tiens à dire, ce que je veux proclamer bien haut
en présence de cette patriotique assemblée, c’est que le
Canada français ne répondra aux desseins de Dieu et à
sa sublime vocation que dans la mesure où il gardera sa
vie propre, son caractère individuel, ses traditions
vraiment nationales.
Et qu’est-ce donc que la vie d’un peuple ? Vivre,
c’est exister, c’est respirer, c’est se mouvoir, c’est se
posséder soi-même dans une juste liberté ! La vie d’un
peuple, c’est le tempérament qu’il tient de ses pères,
l’héritage qu’il en a reçu, l’histoire dont il nourrit son
esprit, l’autonomie dont il jouit et qui le protège contre
toute force absorbante et tout mélange corrupteur.
Qu’on ne s’y trompe pas : la grandeur, l’importance véritable d’un pays dépend moins du nombre de ses habitants ou de la force de ses armées, que du rayonnement social de ses œuvres et de la libre expansion de sa vie. Qu’était la Grèce dans ses plus beaux jours ? un simple lambeau de terre, comme aujourd’hui, tout déchiqueté, pendant aux bords de la Méditerranée, et peuplé à peine de quelques millions de citoyens. Et cependant qui l’ignore ? de tous les peuples de l’Antiquité, nul ne s’est élevé si haut dans l’échelle de la gloire ; nul aussi n’a porté si loin l’empire de son génie et n’a marqué d’une plus forte empreinte l’antique civilisation. J’oserai le déclarer ; il importe plus à notre race, au prestige de son nom et à la puissance de son action, de garder dans une humble sphère le libre jeu de son organisme et de sa vie que de graviter dans l’orbite de vastes systèmes planétaires.
Du reste, la vie propre ne va guère sans la langue ; et l’idiome béni que parlaient nos pères, qui nous a transmis leur foi, leurs exemples, leurs vertus, leurs luttes, leurs espérances, touche de si près à notre mission qu’on ne saurait l’en séparer. La langue d’un peuple est toujours un bien sacré ; mais quand cette langue s’appelle la langue française, quand elle a l’honneur de porter comme dans un écrin le trésor de la pensée humaine enrichi de toutes les traditions des grands siècles catholiques, la mutiler serait un crime, la mépriser, la négliger même, une apostasie. C’est par cet idiome en quelque sorte si chrétien, c’est par cet instrument si bien fait pour répandre dans tous les esprits les clartés du vrai et les splendeurs du beau, pour mettre en lumière tout ce qui ennoblit, tout ce qui éclaire, tout ce qui orne et perfectionne l’humanité, que nous pourrons jouer un rôle de plus en plus utile à l’Église, de plus en plus honorable pour nous-mêmes.
Et ce rôle grandira, croîtra en influence, à mesure que s’élèvera le niveau de notre savoir et que la haute culture intellectuelle prendra chez nous un essor plus ample et plus assuré. Car, on a beau dire, mes Frères, c’est la science qui mène le monde. Cachées sous le voile des sens ou derrière l’épais rideau de la matière, les idées abstraites demeurent, il est vrai, invisibles ; mais semblables à cette force motrice que personne ne voit et qui distribue partout avec une si merveilleuse précision la lumière et le mouvement, ce sont elles qui inspirent tous les conseils, qui déterminent toutes les résolutions, qui mettent en branle toutes les énergies. Voilà pourquoi l’importance des universités est si considérable, et pourquoi encore les réjouissances qui auront lieu demain sont si étroitement liées à notre grande fête nationale et en forment, pour ainsi dire, le complément nécessaire.
Ah ! l’on me dira sans doute qu’il faut être pratique, que pour soutenir la concurrence des peuples modernes il importe souverainement d’accroître la richesse publique et de concentrer sur ce point tous nos efforts. De fait, tous en conviennent, nous entrons dans une ère de progrès : l’industrie s’éveille ; une vague montante de bien-être, d’activité, de prospérité, envahit nos campagnes ; sur les quais de nos villes, la fortune souriante étage ses greniers d’abondance et le commerce, devenu chaque jour plus hardi, pousse vers nos ports la flotte pacifique de ses navires géants.
À Dieu ne plaise, mes Frères, que je méprise ces bienfaits naturels de la Providence, et que j’aille jusqu’à prêcher à mes concitoyens un renoncement fatal aux intérêts économiques dont ils ont un si vif souci. La richesse n’est interdite à aucun peuple ni à aucune race ; elle est même la récompense d’initiatives fécondes, d’efforts intelligents et de travaux persévérants.
Mais prenons garde ; n’allons pas faire de ce qui
n’est qu’un moyen, le but même de notre action sociale.
N’allons pas descendre du piédestal où Dieu nous a
placés, pour marcher au pas vulgaire des générations
assoiffées d’or et de jouissances. Laissons à d’autres
nations, moins éprises d’idéal, ce mercantilisme
fiévreux et ce grossier naturalisme qui les rivent à la
matière. Notre ambition, à nous, doit tendre et viser
plus haut ; plus hautes doivent être nos pensées, plus
hautes nos aspirations. Un publiciste distingué a écrit :
« Le matérialisme n’a jamais rien fondé de grand ni de
durable. » Cette parole vaut un axiome. Voulons-nous,
mes Frères, demeurer fidèles à nous-mêmes, et à la
mission supérieure et civilisatrice qui se dégage de
toute notre histoire, et qui a fait jusqu’ici l’honneur de
notre race ? Usons des biens matériels, non pour eux-mêmes, mais pour les biens plus précieux qu’ils
peuvent nous assurer ; usons de la richesse, non pour
multiplier les vils plaisirs des sens, mais pour favoriser
les plaisirs plus nobles, plus élevés de l’âme ; usons du
progrès, non pour nous étioler dans le béotisme
qu’engendre trop souvent l’opulence, mais pour donner à nos esprits des ailes plus larges et à nos cœurs un plus
vigoureux élan.
Notre vocation l’exige. Et plus nous nous convaincrons de cette vocation elle-même, plus nous en saisirons le caractère vrai et la puissante portée moralisatrice et religieuse, plus aussi nous saurons trouver dans notre patriotisme ce zèle ardent et jaloux, ce courage éclairé et généreux qui, pour faire triompher un principe, ne recule devant aucun sacrifice. L’intelligence de nos destinées nous interdira les molles complaisances, les lâches abandons, les résignations faciles.
Soyons patriotes, mes Frères ; soyons-le en désirs et en paroles sans doute, mais aussi et surtout en action. C’est l’action commune, le groupement des forces, le ralliement des pensées et des volontés autour d’un même drapeau qui gagne les batailles. Et quand faut-il que cette action s’exerce ? quand est-il nécessaire de serrer les rangs ? Ah ! chaque fois que la liberté souffre, que le droit est opprimé, que ce qui est inviolable a subi une atteinte sacrilège ; chaque fois que la nation voit monter à l’horizon quelque nuage menaçant, ou que son cœur saigne de quelque blessure faite à ses sentiments les plus chers.
N’oublions pas non plus que tous les groupes, où circule une même sève nationale, sont solidaires. Il est juste, il est opportun que cette solidarité s’affirme ; que tous ceux à qui la Providence a départi le même sang, la même langue, les mêmes croyances, le même souci des choses spirituelles et immortelles, resserrent entre eux ces liens sacrés, et poussent l’esprit d’union, de confraternité sociale, aussi loin que le permettent leurs devoirs de loyauté politique. Les sympathies de race sont comme les notions de justice et d’honneur : elles ne connaissent pas de frontières.
Enfin, mes Frères, pour conserver et consolider cette unité morale dont l’absence stérilisaient tous nos efforts, rien n’est plus essentiel qu’une soumission filiale aux enseignements de l’Église et une docilité parfaite envers les chefs autorisés qui représentent parmi nous son pouvoir. Cette docilité et cette soumission sont assurément nécessaires à toutes les nations chrétiennes ; elles le sont bien davantage à un peuple qui, comme le nôtre, nourri tout d’abord et, pour ainsi dire, bercé sur les genoux de l’Église, n’a vécu que sous son égide, n’a grandi que par ses soins pieux, et poursuit une mission inséparable des progrès de la religion sur ce continent. Plus une société témoigne de respect, plus elle accorde d’estime, de confiance et de déférence au pouvoir religieux, plus aussi elle acquiert de titres à cette protection, parfois secrète, mais toujours efficace, dont Dieu couvre, comme d’un bouclier, les peuples fidèles. Quelle garantie pour notre avenir ! et combien le spectacle de ce jour est propre à affermir notre foi et à soutenir nos meilleures espérances ! L’Église et l’État, le clergé et les citoyens, toutes les sociétés, toutes les classes, tous les ordres, toutes les professions, se sont donné la main pour venir au pied de l’autel, en face de Celui qui fait et défait les empires, renouveler l’alliance étroite conclue non loin d’ici, à la naissance même de cette ville, entre la patrie et Dieu. Et pour que rien ne manquât à la solennité de cet acte public, la Providence a voulu qu’un représentant direct de Sa Sainteté Léon XIII, que d’illustres visiteurs, des fils distingués de notre ancienne mère-patrie, rehaussent par leur présence l’éclat et la beauté de cette cérémonie.
Eh ! bien, mes Frères, ce pacte social dont vous êtes les témoins émus, cet engagement national auquel chacun, ce semble, est heureux de souscrire par la pensée et par le cœur, qu’il soit et qu’il demeure à jamais sacré ! Qu’il s’attache comme un signe divin au front de notre race ! C’est la grande charte qui doit désormais nous régir. Cette charte, où sont inscrits tous les droits, où sont reconnues toutes les saintes libertés, qu’elle soit promulguée partout, sur les portes de nos cités, sur les murs de nos temples, dans l’enceinte de nos parlements et de nos édifices publics ! Qu’elle dirige nos législateurs, qu’elle éclaire nos magistrats, qu’elle inspire tous nos écrivains ! Qu’elle soit la loi de la famille, la loi de l’école, la loi de l’atelier, la loi de l’hôpital ! Qu’elle gouverne, en un mot, la société canadienne tout entière !
De cette sorte, notre nationalité, jeune encore, mais riche des dons du ciel, entrera d’un pas assuré dans la plénitude de sa force et de sa gloire. Pendant qu’autour de nous d’autres peuples imprimeront dans la matière le sceau de leur génie, notre esprit tracera plus haut, dans les lettres et les sciences chrétiennes, son sillon lumineux. Pendant que d’autres races, catholiques elles aussi, s’emploieront à développer la charpente extérieure de l’Église, la nôtre par un travail plus intime et par des soins plus délicats préparera ce qui en est la vie, ce qui en est le cœur, ce qui en est l’âme. Pendant que nos rivaux revendiqueront, sans doute dans des luttes courtoises, l’hégémonie de l’industrie et de la finance, nous, fidèles à notre vocation première, nous ambitionnerons avant tout l’honneur de la doctrine et les palmes de l’apostolat.
Nous maintiendrons sur les hauteurs le drapeau des
antiques croyances, de la vérité, de la justice, de cette
philosophie qui ne vieillit pas parce qu’elle est
éternelle ; nous l’élèverons fier et ferme, au-dessus de
tous les vents et de tous les orages ; nous l’offrirons aux
regards de toute l’Amérique comme l’emblème
glorieux, le symbole, l’idéal vivant de la perfection sociale et de la véritable grandeur des nations.
Alors, mieux encore qu’aujourd’hui, se réalisera cette parole prophétique qu’un écho mystérieux apporte à mes oreilles et qui, malgré la distance des siècles où elle fut prononcée, résume admirablement la signification de cette fête : Eritis mihi in populum, et ego ero vobis in Deum. Vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu.
Ainsi soit-il, avec la bénédiction de Mgr l’Archevêque !
-Mgr Louis-Adolphe Paquet - extrait du sermon La vocation de la race française en Amérique. Québec. 23 juin 1902
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Mgr Louis-Adolphe Paquet (1859-1942). |
Qu’on ne s’y trompe pas : la grandeur, l’importance véritable d’un pays dépend moins du nombre de ses habitants ou de la force de ses armées, que du rayonnement social de ses œuvres et de la libre expansion de sa vie. Qu’était la Grèce dans ses plus beaux jours ? un simple lambeau de terre, comme aujourd’hui, tout déchiqueté, pendant aux bords de la Méditerranée, et peuplé à peine de quelques millions de citoyens. Et cependant qui l’ignore ? de tous les peuples de l’Antiquité, nul ne s’est élevé si haut dans l’échelle de la gloire ; nul aussi n’a porté si loin l’empire de son génie et n’a marqué d’une plus forte empreinte l’antique civilisation. J’oserai le déclarer ; il importe plus à notre race, au prestige de son nom et à la puissance de son action, de garder dans une humble sphère le libre jeu de son organisme et de sa vie que de graviter dans l’orbite de vastes systèmes planétaires.
Du reste, la vie propre ne va guère sans la langue ; et l’idiome béni que parlaient nos pères, qui nous a transmis leur foi, leurs exemples, leurs vertus, leurs luttes, leurs espérances, touche de si près à notre mission qu’on ne saurait l’en séparer. La langue d’un peuple est toujours un bien sacré ; mais quand cette langue s’appelle la langue française, quand elle a l’honneur de porter comme dans un écrin le trésor de la pensée humaine enrichi de toutes les traditions des grands siècles catholiques, la mutiler serait un crime, la mépriser, la négliger même, une apostasie. C’est par cet idiome en quelque sorte si chrétien, c’est par cet instrument si bien fait pour répandre dans tous les esprits les clartés du vrai et les splendeurs du beau, pour mettre en lumière tout ce qui ennoblit, tout ce qui éclaire, tout ce qui orne et perfectionne l’humanité, que nous pourrons jouer un rôle de plus en plus utile à l’Église, de plus en plus honorable pour nous-mêmes.
Et ce rôle grandira, croîtra en influence, à mesure que s’élèvera le niveau de notre savoir et que la haute culture intellectuelle prendra chez nous un essor plus ample et plus assuré. Car, on a beau dire, mes Frères, c’est la science qui mène le monde. Cachées sous le voile des sens ou derrière l’épais rideau de la matière, les idées abstraites demeurent, il est vrai, invisibles ; mais semblables à cette force motrice que personne ne voit et qui distribue partout avec une si merveilleuse précision la lumière et le mouvement, ce sont elles qui inspirent tous les conseils, qui déterminent toutes les résolutions, qui mettent en branle toutes les énergies. Voilà pourquoi l’importance des universités est si considérable, et pourquoi encore les réjouissances qui auront lieu demain sont si étroitement liées à notre grande fête nationale et en forment, pour ainsi dire, le complément nécessaire.
Ah ! l’on me dira sans doute qu’il faut être pratique, que pour soutenir la concurrence des peuples modernes il importe souverainement d’accroître la richesse publique et de concentrer sur ce point tous nos efforts. De fait, tous en conviennent, nous entrons dans une ère de progrès : l’industrie s’éveille ; une vague montante de bien-être, d’activité, de prospérité, envahit nos campagnes ; sur les quais de nos villes, la fortune souriante étage ses greniers d’abondance et le commerce, devenu chaque jour plus hardi, pousse vers nos ports la flotte pacifique de ses navires géants.
À Dieu ne plaise, mes Frères, que je méprise ces bienfaits naturels de la Providence, et que j’aille jusqu’à prêcher à mes concitoyens un renoncement fatal aux intérêts économiques dont ils ont un si vif souci. La richesse n’est interdite à aucun peuple ni à aucune race ; elle est même la récompense d’initiatives fécondes, d’efforts intelligents et de travaux persévérants.
La langue d’un peuple est toujours un bien sacré ; mais quand cette langue s’appelle la langue française, quand elle a l’honneur de porter comme dans un écrin le trésor de la pensée humaine enrichi de toutes les traditions des grands siècles catholiques, la mutiler serait un crime, la mépriser, la négliger même, une apostasie.
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« Le matérialisme n'a jamais rien fondé de grand ni de durable ». Une famille canadienne-française, vers 1910. |
Notre vocation l’exige. Et plus nous nous convaincrons de cette vocation elle-même, plus nous en saisirons le caractère vrai et la puissante portée moralisatrice et religieuse, plus aussi nous saurons trouver dans notre patriotisme ce zèle ardent et jaloux, ce courage éclairé et généreux qui, pour faire triompher un principe, ne recule devant aucun sacrifice. L’intelligence de nos destinées nous interdira les molles complaisances, les lâches abandons, les résignations faciles.
Soyons patriotes, mes Frères ; soyons-le en désirs et en paroles sans doute, mais aussi et surtout en action. C’est l’action commune, le groupement des forces, le ralliement des pensées et des volontés autour d’un même drapeau qui gagne les batailles. Et quand faut-il que cette action s’exerce ? quand est-il nécessaire de serrer les rangs ? Ah ! chaque fois que la liberté souffre, que le droit est opprimé, que ce qui est inviolable a subi une atteinte sacrilège ; chaque fois que la nation voit monter à l’horizon quelque nuage menaçant, ou que son cœur saigne de quelque blessure faite à ses sentiments les plus chers.
N’oublions pas non plus que tous les groupes, où circule une même sève nationale, sont solidaires. Il est juste, il est opportun que cette solidarité s’affirme ; que tous ceux à qui la Providence a départi le même sang, la même langue, les mêmes croyances, le même souci des choses spirituelles et immortelles, resserrent entre eux ces liens sacrés, et poussent l’esprit d’union, de confraternité sociale, aussi loin que le permettent leurs devoirs de loyauté politique. Les sympathies de race sont comme les notions de justice et d’honneur : elles ne connaissent pas de frontières.
Enfin, mes Frères, pour conserver et consolider cette unité morale dont l’absence stérilisaient tous nos efforts, rien n’est plus essentiel qu’une soumission filiale aux enseignements de l’Église et une docilité parfaite envers les chefs autorisés qui représentent parmi nous son pouvoir. Cette docilité et cette soumission sont assurément nécessaires à toutes les nations chrétiennes ; elles le sont bien davantage à un peuple qui, comme le nôtre, nourri tout d’abord et, pour ainsi dire, bercé sur les genoux de l’Église, n’a vécu que sous son égide, n’a grandi que par ses soins pieux, et poursuit une mission inséparable des progrès de la religion sur ce continent. Plus une société témoigne de respect, plus elle accorde d’estime, de confiance et de déférence au pouvoir religieux, plus aussi elle acquiert de titres à cette protection, parfois secrète, mais toujours efficace, dont Dieu couvre, comme d’un bouclier, les peuples fidèles. Quelle garantie pour notre avenir ! et combien le spectacle de ce jour est propre à affermir notre foi et à soutenir nos meilleures espérances ! L’Église et l’État, le clergé et les citoyens, toutes les sociétés, toutes les classes, tous les ordres, toutes les professions, se sont donné la main pour venir au pied de l’autel, en face de Celui qui fait et défait les empires, renouveler l’alliance étroite conclue non loin d’ici, à la naissance même de cette ville, entre la patrie et Dieu. Et pour que rien ne manquât à la solennité de cet acte public, la Providence a voulu qu’un représentant direct de Sa Sainteté Léon XIII, que d’illustres visiteurs, des fils distingués de notre ancienne mère-patrie, rehaussent par leur présence l’éclat et la beauté de cette cérémonie.
Un publiciste distingué a écrit : « Le matérialisme n’a jamais rien fondé de grand ni de durable. » Cette parole vaut un axiome.
Eh ! bien, mes Frères, ce pacte social dont vous êtes les témoins émus, cet engagement national auquel chacun, ce semble, est heureux de souscrire par la pensée et par le cœur, qu’il soit et qu’il demeure à jamais sacré ! Qu’il s’attache comme un signe divin au front de notre race ! C’est la grande charte qui doit désormais nous régir. Cette charte, où sont inscrits tous les droits, où sont reconnues toutes les saintes libertés, qu’elle soit promulguée partout, sur les portes de nos cités, sur les murs de nos temples, dans l’enceinte de nos parlements et de nos édifices publics ! Qu’elle dirige nos législateurs, qu’elle éclaire nos magistrats, qu’elle inspire tous nos écrivains ! Qu’elle soit la loi de la famille, la loi de l’école, la loi de l’atelier, la loi de l’hôpital ! Qu’elle gouverne, en un mot, la société canadienne tout entière !
De cette sorte, notre nationalité, jeune encore, mais riche des dons du ciel, entrera d’un pas assuré dans la plénitude de sa force et de sa gloire. Pendant qu’autour de nous d’autres peuples imprimeront dans la matière le sceau de leur génie, notre esprit tracera plus haut, dans les lettres et les sciences chrétiennes, son sillon lumineux. Pendant que d’autres races, catholiques elles aussi, s’emploieront à développer la charpente extérieure de l’Église, la nôtre par un travail plus intime et par des soins plus délicats préparera ce qui en est la vie, ce qui en est le cœur, ce qui en est l’âme. Pendant que nos rivaux revendiqueront, sans doute dans des luttes courtoises, l’hégémonie de l’industrie et de la finance, nous, fidèles à notre vocation première, nous ambitionnerons avant tout l’honneur de la doctrine et les palmes de l’apostolat.

Alors, mieux encore qu’aujourd’hui, se réalisera cette parole prophétique qu’un écho mystérieux apporte à mes oreilles et qui, malgré la distance des siècles où elle fut prononcée, résume admirablement la signification de cette fête : Eritis mihi in populum, et ego ero vobis in Deum. Vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu.
Ainsi soit-il, avec la bénédiction de Mgr l’Archevêque !
-Mgr Louis-Adolphe Paquet - extrait du sermon La vocation de la race française en Amérique. Québec. 23 juin 1902
vendredi 14 décembre 2018
vendredi 9 novembre 2018
La vocation de la race française en Amérique
Y a-t-il donc, mes frères, une vocation pour les peuples? Ceux-là seuls peuvent en douter qui écartent des événements de ce monde la main de la Providence et abandonnent les hommes et les choses à une aveugle fatalité. Quant à nous qui croyons en Dieu, en un Dieu sage, bon et puissant, nous savons comment cette sagesse, cette bonté et cette puissance se révèlent dans le gouvernement des nations; comment l'Auteur de tout être a créé des races diverses, avec des goûts et des aptitudes variés, et comment aussi il a assigné à chacune de ces races, dans la hiérarchie des sociétés et des empires, un rôle propre et distinct. Une nation sans doute peut déchoir des hauteurs de sa destinée. Cela n'accuse ni impuissance ni imprévoyance de la part de Dieu : la faute en est aux nations elles-mêmes qui, perdant de vue leur mission, abusent obstinément de leur liberté et courent follement vers l'abîme.
Je vais plus loin, et j'ose affirmer que non seulement il existe une vocation pour les peuples, mais qu'en outre quelques-uns d'entre eux ont l'honneur d'être appelés à une sorte de sacerdoce. Ouvrez la Bible, mes frères, parcourez-en les pages si touchantes si débordantes de l'esprit divin, depuis Abraham jusqu'à Moïse, depuis Moïse jusqu'à David, depuis David jusqu'au Messie figuré par les patriarches, annoncé par les prophètes et sorti comme une fleur de la tige judaïque, et dites-moi si le peuple hébreu, malgré ses hontes, malgré ses défaillances, malgré ses infidélités, n'a pas rempli sur la terre une mission sacerdotale. Il en est de même sous la loi nouvelle. Tous les peuples sont appelés à la vraie religion, mais tous n'ont pas reçu une mission religieuse. L'histoire tant ancienne que moderne le démontre: il y a des peuples voués à la glèbe, il y a des peuples industriels, des peuples marchands, des peuples conquérants, il y a îles peuples versés clans les arts et les sciences, il y a aussi des peuples apôtres. Et quels sont-ils, ces peuples apôtres? Ah ! reconnaissez-les à leur génie rayonnant et à leur âme généreuse : ce sont ceux qui, sous la conduite de l'Eglise, ont accompli l'œuvre et répandu les bienfaits de la civilisation chrétienne; qui ont mis la main à tout ce que nous voyons de beau, de grand, de divin dans le monde; qui par la plume, ou de la pointe de l'épée, ont buriné le nom de Dieu dans l'histoire ; qui ont gardé comme un trésor, vivant et impérissable, le culte du vrai et du bien. Ce sont ceux que préoccupent, que passionnent instinctivement toutes les nobles causes; qu'on voit frémir d'indignation au spectacle du faible opprimé; qu'on voit se dévouer sous les formes les plus diverses au triomphe de la vérité, de la charité, de la justice, du droit, de la liberté.
Ce sont ceux, en un mot, qui ont mérité et méritent encore l'appellation glorieuse de champions du Christ et de soldats de la Providence. Or, mes Frères, pourquoi hésiterais-je à le dire? Ce sacerdoce social, réservé aux peuples d'élite, nous avons le privilège d'en être investis; cette vocation religieuse et civilisatrice, c'est, je n'en puis douter, la vocation propre, la vocation spéciale de la race française en Amérique. Oui, sachons-le bien? nous ne sommes pas seulement une race civilisée, nous sommes des pionniers de la civilisation; nous ne sommes pas seulement un peuple religieux, nous sommes des messagers de l'idée religieuse; nous ne sommes pas seulement des fils soumis de l'Eglise, nous sommes, nous devons être du nombre de ses zélateurs, de ses défenseurs et de ses apôtres. Notre mission est moins de manier des capitaux que de remuer des idées; elle consiste moins à allumer le feu des usines qu'à entretenir et A faire rayonner au loin le foyer lumineux de la religion et de la pensée.

« Populum istum formavi ; laudem meam narrabit. C’est moi, dit le Seigneur, qui ai formé ce peuple ; je l’ai établi pour ma gloire, dans l’intérêt de la religion et pour le bien de mon Église ; je veux qu’il persévère dans sa noble mission, qu’il continue à publier mes louanges. »
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Mgr Louis-Adolphe Paquet. |
Est-il besoin que je produise des marques de cette
vocation d’honneur ? La tâche, mes Frères, est facile :
ces marques, nous les portons au front, nous les portons sur les lèvres, nous les portons dans nos cœurs !
Pour juger de la nature d’une œuvre, d’une fondation quelconque, il suffit très souvent de reporter les yeux sur les débuts de cette œuvre, sur l’auteur de cette fondation. La vie d’un arbre est dans ses racines ; l’avenir d’un peuple se manifeste dans ses origines. Quelle est donc la nation mère à laquelle nous devons l’existence ? quel a été son rôle, son influence intellectuelle et sociale ? Déjà vos cœurs émus ont désigné la France ; et, en nommant cette patrie de nos âmes, ils évoquent, ils ressuscitent toute l’histoire du christianisme. Le voilà le peuple apôtre par excellence, celui dont Léon XIII dans un document mémorable a pu dire : « La très noble nation française, par les grandes choses qu’elle a accomplies dans la paix et dans la guerre, s’est acquis envers l’Église catholique des mérites et des titres à une reconnaissance immortelle et à une gloire qui ne s’éteindra jamais. » Ces paroles si élogieuses provoqueront peut-être un sourire hésitant sur les lèvres de ceux qui ne considèrent que la France maçonnique et infidèle. Mais, hâtons-nous de l’ajouter, dix ans, vingt ans, cent ans même de défections, surtout quand ces défections sont rachetées par l’héroïsme du sacrifice et le martyre de l’exil, ne sauraient effacer treize siècles de foi généreuse et de dévouement sans égal à la cause du droit chrétien.
Quand on descend d’une telle race, quand on
compte parmi ses ancêtres des Clovis et des
Charlemagne, des Louis IX et des Jeanne d’Arc, des
Vincent de Paul et des Bossuet, n’est-on pas justifiable
de revendiquer un rôle à part et une mission
supérieure ? Par une heureuse et providentielle
combinaison, nous sentons circuler dans nos veines du
sang français et du sang chrétien. Le sang français seul
s’altère et se corrompt vite, plus vite peut-être que tout
autre ; mêlé au sang chrétien, il produit les héros, les
semeurs de doctrines spirituelles et fécondes, les
artisans glorieux des plus belles œuvres divines.
C’est ce qui explique les admirables sentiments de piété vive et de foi agissante dont furent animés les fondateurs de notre nationalité sur ce continent d’Amérique, et c’est dans ces sentiments mêmes que je trouve une autre preuve de notre mission civilisatrice et religieuse.
Qui, mes Frères, ne reconnaîtrait cette mission, en voyant les plus hauts personnages dont notre histoire s’honore, faire de l’extension du royaume de Jésus-Christ le but premier de leurs entreprises et marquer, pour ainsi dire, chacune de leurs actions d’un cachet religieux ? Qui n’admettrait, qui n’admirerait cette vocation, en voyant, par exemple, un Jacques Cartier dérouler d’une main pieuse sur la tête de pauvres sauvages les pages salutaires de l’Évangile ; en voyant un Champlain ou un Maisonneuve mettre à la base de leurs établissements tout ce que la religion a de plus sacré ; en voyant encore une Marie de l’Incarnation et ses courageuses compagnes, à peine débarquées sur ces rives, se prosterner à terre et baiser avec transport cette patrie adoptive qu’elles devaient illustrer par de si héroïques vertus ? Est-ce donc par hasard que tant de saintes femmes, tant d’éminents chrétiens, tant de religieux dévoués se sont rencontrés dans une pensée commune et ont posé, comme à genoux, les premières pierres de notre édifice national ? Est-ce par hasard que ces pierres, préparées sous le regard de Dieu et par des mains si pures, ont été baignées, cimentées dans le sang des martyrs ? L’établissement de la race française dans ces contrées serait-il une méprise de l’histoire, et le flot qui nous déposa sur les bords du Saint-Laurent n’aurait-il apporté au rivage que d’informes débris, incapables de servir et d’accomplir les desseins du ciel dans une œuvre durable ?
Non, mes Frères, et ce qui le prouve mieux encore que tout le reste, c’est l’influence croissante exercée autour d’elle par la France d’Amérique sur les progrès de la foi et de la vraie civilisation.
Pour juger de la nature d’une œuvre, d’une fondation quelconque, il suffit très souvent de reporter les yeux sur les débuts de cette œuvre, sur l’auteur de cette fondation. La vie d’un arbre est dans ses racines ; l’avenir d’un peuple se manifeste dans ses origines. Quelle est donc la nation mère à laquelle nous devons l’existence ? quel a été son rôle, son influence intellectuelle et sociale ? Déjà vos cœurs émus ont désigné la France ; et, en nommant cette patrie de nos âmes, ils évoquent, ils ressuscitent toute l’histoire du christianisme. Le voilà le peuple apôtre par excellence, celui dont Léon XIII dans un document mémorable a pu dire : « La très noble nation française, par les grandes choses qu’elle a accomplies dans la paix et dans la guerre, s’est acquis envers l’Église catholique des mérites et des titres à une reconnaissance immortelle et à une gloire qui ne s’éteindra jamais. » Ces paroles si élogieuses provoqueront peut-être un sourire hésitant sur les lèvres de ceux qui ne considèrent que la France maçonnique et infidèle. Mais, hâtons-nous de l’ajouter, dix ans, vingt ans, cent ans même de défections, surtout quand ces défections sont rachetées par l’héroïsme du sacrifice et le martyre de l’exil, ne sauraient effacer treize siècles de foi généreuse et de dévouement sans égal à la cause du droit chrétien.
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Erection de la croix de Gaspé par Jacques Cartier et ses compagnons. |
C’est ce qui explique les admirables sentiments de piété vive et de foi agissante dont furent animés les fondateurs de notre nationalité sur ce continent d’Amérique, et c’est dans ces sentiments mêmes que je trouve une autre preuve de notre mission civilisatrice et religieuse.
Qui, mes Frères, ne reconnaîtrait cette mission, en voyant les plus hauts personnages dont notre histoire s’honore, faire de l’extension du royaume de Jésus-Christ le but premier de leurs entreprises et marquer, pour ainsi dire, chacune de leurs actions d’un cachet religieux ? Qui n’admettrait, qui n’admirerait cette vocation, en voyant, par exemple, un Jacques Cartier dérouler d’une main pieuse sur la tête de pauvres sauvages les pages salutaires de l’Évangile ; en voyant un Champlain ou un Maisonneuve mettre à la base de leurs établissements tout ce que la religion a de plus sacré ; en voyant encore une Marie de l’Incarnation et ses courageuses compagnes, à peine débarquées sur ces rives, se prosterner à terre et baiser avec transport cette patrie adoptive qu’elles devaient illustrer par de si héroïques vertus ? Est-ce donc par hasard que tant de saintes femmes, tant d’éminents chrétiens, tant de religieux dévoués se sont rencontrés dans une pensée commune et ont posé, comme à genoux, les premières pierres de notre édifice national ? Est-ce par hasard que ces pierres, préparées sous le regard de Dieu et par des mains si pures, ont été baignées, cimentées dans le sang des martyrs ? L’établissement de la race française dans ces contrées serait-il une méprise de l’histoire, et le flot qui nous déposa sur les bords du Saint-Laurent n’aurait-il apporté au rivage que d’informes débris, incapables de servir et d’accomplir les desseins du ciel dans une œuvre durable ?
Non, mes Frères, et ce qui le prouve mieux encore que tout le reste, c’est l’influence croissante exercée autour d’elle par la France d’Amérique sur les progrès de la foi et de la vraie civilisation.
-Mgr Louis-Adolphe Paquet - extrait du sermon La vocation de la race française en Amérique. Québec. 23 juin 1902
mardi 31 juillet 2018
Pour une contrerévolution catholique
Pendant que les derniers catholiques dorment (de toute façon, combien en reste-t-il en Québec ?), la Révolution s'active. Les prévisions pour le reste de cette année annoncent un Québec toujours plus déshumanisé et contre-naturel. Faut-il s'en étonner ? Après tout, c'est la marche irrésistible de la Révolution qui suit son cours, tel une boule de neige qui grossit en dévalant la montagne. Depuis que le dernier verrou politique s'est éteint un 7 septembre 1959, il n'y a plus aucun pouvoir temporel pour s'opposer à la Révolution. L'Eglise catholique, laquelle nous avait permis de survivre, de nous maintenir et de croître extraordinairement (voir Le Canada-français missionnaire du chanoine Groulx), s'est éclipsée de notre société suite au funeste concile Vatican II.
Le mal de notre époque, celui dont plusieurs gens ressentent les soubresauts et les excès, se nomme la Révolution, c'est-à-dire le renversement de l'ordre naturel. Cette idéologie déteste au plus haut point tout ce qu'elle n'a pas créé elle-même, tout ce qui l'a précédé. Cette Révolution, intellectuelle et religieuse d'abord, politique et morale ensuite, tient ses origines dès le 15ème siècle. Elle débuta dans les idées avec l'Occamisme, du franciscain Guillaume d'Occam. Elle fit ses débuts dans la religion avec le moine apostat Martin Luther et le protestantisme. Elle s'incarna dans le monde sous système politique avec la Révolution dite française. Enfin, dernière étape, elle pervertie la morale avec les mœurs relâchés, conséquences moribondes héritées des précédentes étapes de la Révolution. Bref, tout cela pour en arriver à notre capharnaüm moderne. Et la marche de la Révolution n'est pas encore sur le point de s'achever.
À la naturelle distinction des sexes, la Révolution opposera son transgenre hybride (et plus encore...). À une économie locale, la Révolution opposera le mondialisme. À la croissance naturelle d'un peuple via sa démographie, la Révolution imposera les idéologies de mort (avortement, contraception) et par le fait même soutiendra l'immigration massive. À l'attachement à sa culture maternelle (tel l'amour de sa propre mère), la Révolution opposera la haine de soi et de son passé. Etc. etc...
À ces idées infernales relevant peu à peu la tête, les catholiques peuvent brandir l'étendard Sacré de Jésus-Christ. Comme le nom l'indique, la Contrerévolution est contre la Révolution. Toutefois, son existence ne tient pas simplement dans le fait d'être "contre". La Contrerévolution est l'opposé de la Révolution. Elle entend défendre les conceptions naturelles du monde (la famille traditionnelle, la paix sociale, le respect de la propriété privée, la morale saine, etc.). Décrivant les novateurs (révolutionnaires), le pape saint Pie X décrit les traditionalistes (contrerévolutionnaires) :
Notre patrie a désespérément besoin d'une nouvelle élite, d'une nouvelle noblesse de cœur. Celle-ci doit porter au plus haut les aspirations du Canada français, être prête à toute les vexations et injures pour faire avancer la cause de Dieu et de la patrie. Car, être pour Dieu, c'est être pour la patrie (c'est-à-dire créé par Dieu). Il est nécessaire de rebâtir la société par la base : de bonnes familles. Dieu créé les familles et ces dernières assemblées créent la patrie (d'où le motto Dieu Famille Patrie). En déformant l'image de l'homme et de la femme, la Révolution vise la base de la société afin de l'avilir et, au final, d'en avoir un contrôle total, via la division que l’idéologie entraîne (sans cesse) dans la société. La Contrerévolution s'oppose à cet ordre contre-naturel du monde.
En voulant s'attaquer au domaine dit politique (voir la vraie définition de la politique par Aristote), tout en vivant comme des patachons, nous ne pourrons rien changer en profondeur. Imaginons que par une intrigue, un parti réellement catholique serait élu, il lui serait quasi impossible de durer plus de quelques jours. Pourquoi ? Si la population n'est pas revenu au catholicisme, au gros bon sens, aucun régime authentiquement catholique ne pourra s'imposer durablement. Jésus-Christ doit d'abord reconquérir les familles et les individus.
Mgr Ignace Bourget, second évêque de Montréal et chef de file des antilibéraux en Canada français, laissa à ses prêtres, dans son dernier mandement, les mots de saint Grégoire de Nazianze :
Ces mots doivent résonner aux oreilles de tous les fils du Canada français. Cette demande de conserver le dépôt, n'est-ce pas là tout ce que nous avons nommé la Survivance ? N'est-ce pas là l'écho des paroles du Sauveur (Celui qui a Mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui M'aime.) à ses apôtres ? Se conserver, se maintenir... demeurer catholiques et français.
C'est ainsi que nous devons tous interpréter notre devise : Je me souviens.
La société s'éloigne de ses origines et dépéri. Pour retrouver sa vie, sa vigueur, elle doit revenir à la source de ses origines. Revenir à ses origines, c'est reprendre vigueur en ce souffle qui muait nos fondateurs. Formez-vous intellectuellement (saine philosophie, histoire du Canada française, histoire sainte), renouez avec votre passé, renouez avec le catholicisme. Non pas ce pseudo catholicisme vide et dénaturé qu'on identifie encore - à tort - comme catholicisme, mais bien avec celui de vos aieux, communément appelé le catholicisme traditionnel : la messe en latin, les catéchismes traditionnels, le thomisme, etc. Redevenez qui vous êtes : des Canadiens français, descendants de Dollard des Ormeaux, de mgr Bourget, de Marguerite d'Youville, de Pierre Boucher, de Champlain et de Duplessis.
Vous l'aurez compris, le remède au mal moderne tient dans ces mots : Pour une Contrerévolution catholique.
-Frère Ignace de la Croix, T.O.F.
Le mal de notre époque, celui dont plusieurs gens ressentent les soubresauts et les excès, se nomme la Révolution, c'est-à-dire le renversement de l'ordre naturel. Cette idéologie déteste au plus haut point tout ce qu'elle n'a pas créé elle-même, tout ce qui l'a précédé. Cette Révolution, intellectuelle et religieuse d'abord, politique et morale ensuite, tient ses origines dès le 15ème siècle. Elle débuta dans les idées avec l'Occamisme, du franciscain Guillaume d'Occam. Elle fit ses débuts dans la religion avec le moine apostat Martin Luther et le protestantisme. Elle s'incarna dans le monde sous système politique avec la Révolution dite française. Enfin, dernière étape, elle pervertie la morale avec les mœurs relâchés, conséquences moribondes héritées des précédentes étapes de la Révolution. Bref, tout cela pour en arriver à notre capharnaüm moderne. Et la marche de la Révolution n'est pas encore sur le point de s'achever.
Si, arrachant le masque à la Révolution, vous lui demandez : Qui es-tu ? Elle vous dira : "Je ne suis pas ce que l'on croit. Beaucoup parlent de moi, et bien peu me connaissent. Je ne suis ni le carbonarisme qui conspire dans l'ombre, ni l'émeute qui gronde dans la rue, ni le changement de la monarchie en république, ni la substitution d'une dynastie à une autre, ni le trouble momentané de l'ordre public. Je ne suis ni les hurlements des Jacobins ni les fureurs de la Montagne, ni le combat des barricades ni le pillage, ni l'incendie ni la loi agraire, ni la guillotine ni les noyades. Je ne suis ni Marat ni Robespierre, ni Babeuf ni Mazzini, ni Kossuth. Ces hommes sont mes fils, ils ne sont pas moi. Ces choses sont mes oeuvres, elles ne sont pas moi. Ces hommes et ces choses sont des faits passagers, et moi je suis un état permanent."Je suis la HAINE de tout ordre religieux et social que l'homme n'a pas établi et dans lequel il n'est pas roi et DIEU tout ensemble ; je suis la proclamation des droits de l'Homme contre les droits de DIEU ; je suis la philosophie de la REVOLTE, la politique de la REVOLTE, la religion de la REVOLTE ; je suis la négation armée ; je suis la fondation de l'état religieux et social sur la volonté de l'homme au lieu de la volonté de DIEU ! en un mot, je suis l'anarchie ; car JE SUIS DIEU DÉTRÔNÉ ET L'HOMME A SA PLACE. Voilà pourquoi je m'appelle REVOLUTION ; c'est-à-dire renversement, parce que je mets en haut ce qui, selon les lois éternelles, doit être en bas, et en bas ce qui doit être en haut.
Mgr Gaume - La Révolution, recherches historiques.
À la naturelle distinction des sexes, la Révolution opposera son transgenre hybride (et plus encore...). À une économie locale, la Révolution opposera le mondialisme. À la croissance naturelle d'un peuple via sa démographie, la Révolution imposera les idéologies de mort (avortement, contraception) et par le fait même soutiendra l'immigration massive. À l'attachement à sa culture maternelle (tel l'amour de sa propre mère), la Révolution opposera la haine de soi et de son passé. Etc. etc...
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Le pape Pie X, canonisé en 1954. |
Qu’ils soient persuadés que la question sociale et la science sociale ne sont pas nées d’hier ; que de tous temps l’Église et l’État, heureusement concertés, ont suscité dans ce but des organisations fécondes ; que l’Église, qui n’a jamais trahi le bonheur du peuple par des alliances compromettantes, n’a pas à se dégager du passé et qu’il lui suffit de reprendre, avec le concours des vrais ouvriers de la restauration sociale, les organismes brisés par la Révolution et de les adapter, dans le même esprit chrétien qui les a inspirés, au nouveau milieu créé par l’évolution matérielle de la société contemporaine : car les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires, ni novateurs, mais traditionalistes
Pape saint Pie X - Encyclique E Supremi Apostolatus, 4 octobre 1903.
Nécessité d'une élite militante pour encourager ses congénères : Sursum corda !
En voulant s'attaquer au domaine dit politique (voir la vraie définition de la politique par Aristote), tout en vivant comme des patachons, nous ne pourrons rien changer en profondeur. Imaginons que par une intrigue, un parti réellement catholique serait élu, il lui serait quasi impossible de durer plus de quelques jours. Pourquoi ? Si la population n'est pas revenu au catholicisme, au gros bon sens, aucun régime authentiquement catholique ne pourra s'imposer durablement. Jésus-Christ doit d'abord reconquérir les familles et les individus.
Mgr Ignace Bourget, second évêque de Montréal et chef de file des antilibéraux en Canada français, laissa à ses prêtres, dans son dernier mandement, les mots de saint Grégoire de Nazianze :
Mes enfants, gardez le dépôt sacré des traditions, souvenez-vous de mes labeurs.
-Mgr Ignace Bourget, second évêque de Montréal.
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Notre-Dame-du-Saguenay. |
C'est ainsi que nous devons tous interpréter notre devise : Je me souviens.
La société s'éloigne de ses origines et dépéri. Pour retrouver sa vie, sa vigueur, elle doit revenir à la source de ses origines. Revenir à ses origines, c'est reprendre vigueur en ce souffle qui muait nos fondateurs. Formez-vous intellectuellement (saine philosophie, histoire du Canada française, histoire sainte), renouez avec votre passé, renouez avec le catholicisme. Non pas ce pseudo catholicisme vide et dénaturé qu'on identifie encore - à tort - comme catholicisme, mais bien avec celui de vos aieux, communément appelé le catholicisme traditionnel : la messe en latin, les catéchismes traditionnels, le thomisme, etc. Redevenez qui vous êtes : des Canadiens français, descendants de Dollard des Ormeaux, de mgr Bourget, de Marguerite d'Youville, de Pierre Boucher, de Champlain et de Duplessis.
Vous l'aurez compris, le remède au mal moderne tient dans ces mots : Pour une Contrerévolution catholique.
-Frère Ignace de la Croix, T.O.F.
dimanche 10 juin 2018
Grande neuvaine patriotique à saint Jean-Baptiste 2018
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Comme à tous les ans, Tradition Québec vous convie à vous joindre à cette grande neuvaine à saint Jean-Baptiste, patron des canadiens-français.
Quoi faire ?
Récitez dévotement chaque jour, du 15 au 23 juin, cette prière adressée au saint patron de notre peuple.
Pourquoi ?
Le peuple canadien-français gît dans la misère, dans la décadence et le péché. Notre patrie fut jadis grande parmi les nations catholiques. Maintenant, elle est à l'avant-garde de ce qu'on appelle la Révolution, c'est-à-dire le renversement de l'ordre naturel établi par Dieu. Nous disons non à ce déclin et nous supplions le Ciel de sauver le Canada français.
Compatriotes Québécois, rappelez-vous des labeurs, des souffrances, ainsi que des gloires de nos ancêtres. Reprenez votre vrai nom de Canadien-français, chassez tout ce qui est contre-nature, pervers, blasphématoire, gauchiste, anti-civilisationnel de votre vie. Renouez avec votre identité et votre culture. Soyez des Canadiens-français, de dignes descendants des Français qui ont colonisés cette terre afin d'y apporter la Lumière de la Foi dans le Nouveau Monde.
Ainsi soit-il.
Texte de la neuvaine
Ô Saint Jean-Baptiste,
illustre Précurseur du Messie, vous que le Sauveur a proclamé
le plus grand parmi les enfants des hommes,
et que Notre Saint Père le Pape Pie X
a donné pour patron spécial aux Canadiens Français ;
vous avez merveilleusement préparé,
par votre vie austère, pénitente et tout angélique,
les voies au Règne de l'Agneau Rédempteur.
illustre Précurseur du Messie, vous que le Sauveur a proclamé
le plus grand parmi les enfants des hommes,
et que Notre Saint Père le Pape Pie X
a donné pour patron spécial aux Canadiens Français ;
vous avez merveilleusement préparé,
par votre vie austère, pénitente et tout angélique,
les voies au Règne de l'Agneau Rédempteur.
Nous vous en supplions, daignez nous
obtenir la grâce
de marcher sur vos pas glorieux,
de conserver la foi de nos pères,
de défendre avec zèle les intérêts de la Sainte Église catholique,
et de réaliser les desseins de la Divine Providence
de marcher sur vos pas glorieux,
de conserver la foi de nos pères,
de défendre avec zèle les intérêts de la Sainte Église catholique,
et de réaliser les desseins de la Divine Providence
sur chacun de nous, afin qu'après l'exil
de cette vie,
nous puissions nous retrouver dans la Céleste Patrie,
pour y chanter les louanges du Roi éternel de tous les peuples,
pendant les siècles des siècles.
nous puissions nous retrouver dans la Céleste Patrie,
pour y chanter les louanges du Roi éternel de tous les peuples,
pendant les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
samedi 9 décembre 2017
Entrevue de novembre 2017 avec M. l'abbé Roy - extrait
Que faire dans cette crise que traverse notre civilisation ?
mardi 21 novembre 2017
samedi 4 novembre 2017
Le Bon père Frédéric sur le libéralisme
Paroles tirés de la retraite qu'il a prêché dans la jadis église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier (quartier Saint-Roch, ville de Québec) pour le tiers-ordre franciscain.
Lors de cette retraite, le Bon père Frédéric remis l'habit du tiers-ordre à plus de 3000 personnes. Mis au courant, par le curé Provancher de Cap-Rouge, du conflit créé par le libéralisme au sein du clergé canadien, le père Frédéric monta en chaire de Vérité pour dénoncer cette doctrine luciférienne. Par la suite, le cardinal Taschereau - chef des libéraux -, pria le père de quitter son diocèse. Le Bon père Frédéric trouva hospitalité dans le diocèse des Trois-Rivières, chez l'antilibéral Mgr Laflèche.
mardi 24 octobre 2017
Ce qui manque aux nationalistes pour vaincre
Certes, beaucoup de points défendus par les nationalistes les plus catholiques sont authentiquement
contenus et exprimés dans l’enseignement traditionnel de l’Église. Nous pourrons même concéder que quelques nationalistes ne visent que la restauration de l’ordre social chrétien … Mais, je le répète, ce qui compte, c’est le formel et non le matériel. On peut à l’extrême se faire les champions de la lettre du catholicisme, avoir pour objet la matière de l’enseignement catholique. Cependant on n’en est pas pour autant formellement catholiques, si on ne possède pour cela l’esprit du catholicisme. (…)
Il manque aux nationalistes comme à la majeure partie des catholiques modernes cette lumière spécifique, ce lumen sub quo des scolastiques. Cette cécité n’est pas nouvelle, elle est le péché de tous les naturalistes, ou mieux, le châtiment de leur orgueil naturaliste.
Charles Maurras, le grand Charles Maurras, était frappé de cette cécité intellectuelle. Il admirait profondément l’Église catholique. Il chantait en elle la civilisatrice par antonomase, il lutta pour elle contre ses ennemis. Mais il ne voyait pas que cet ordre, qui le séduisait tant, était l’effet d’une action surnaturelle.
L’Église est un corps harmonieux, mais c’est la mutiler que d’y supprimer son âme vivifiante : l’Esprit‑Saint de Jésus, son époux. L’erreur des nationalistes est une erreur sur l’Incarnation du Verbe. (…) Ils voudraient, ils veulent même, l’ordre admirable causé par l’Église catholique romaine. Ils le veulent pour plusieurs motifs : par tradition catholique ; par amour de l’ordre et de la raison ; par opposition à des adversaires qui combattent cette même Église romaine.
Mais ils ne savent pas ‑ ou s’ils le savent, c’est sans influence formelle sur leur action, c’est‑à‑dire que leur action n’est pas informée par cette vue, cette connaissance que cet ordre naturel est impossible sans le surnaturel, qu’il est le fruit de la grâce du Christ rédempteur, (…) et, par suite, qu’il ne peut se défendre ou se conquérir que par les moyens naturels surnaturalisés.
Le grand péché des nationalistes est ce naturalisme pratique, je dirai cette praxis athée (pour employer le langage marxiste) avec lesquels ils s’efforcent de vaincre leurs adversaires et d’instaurer l’ordre social chrétien. Effort tragiquement stérile.
Voilà la raison profonde des échecs répétés de la Contre‑Révolution. Elle s’oppose matériellement à la Révolution ; à savoir : son but, son objet matériel est contradictoire, objectivement contradictoire du but, de l’objet matériel de la Révolution, mais formellement, elle voit cet objet sous une lumière analogue à la lumière marxiste, naturaliste, et par suite elle agit en naturaliste travaillant sans s’en rendre compte dans le sens de la Révolution.
Elle est une phase de la Révolution, une phase dialectique, qui, opposée diamétralement (mais sur le même plan) à d’autres phases extrêmes de la Révolution, reste contraire, formellement contraire et non contradictoire à l’action révolutionnaire. (…).
Pour bien comprendre ceci, je vais donner quelques exemples.
Le Parti.
Cette conception moderne du parti est une idée révolutionnaire. Elle échappe rarement à l’orgueil de caste et à la tyrannie de la partie sur le tout. Elle s’origine d’une pensée, plus ou moins confuse ou précise, subjectiviste, individualiste.
Le parti, c’est l’individu collectif. Par principe, il est antinaturel, donc source de désordre. Il a une conception de l’homme qui n’est pas organique, divine, il forme des forces au service d’une idéologie abstraite.
L’homme de parti est de type standard interchangeable. Vous vous rappellerez ce que dit notre ami, l’autre jour, en parlant des ouvriers : « Ce sont les nôtres ». Le sens de la propriété est très nuisible à l’harmonie chrétienne. On pourrait croire que notre ami est jaloux de voir que d’autres s’occupent d’un problème qu’il se croit seul capable de résoudre.
Voilà un bien grand danger. Le Parti veut être celui qui fait tout. Il s’achève, quand il triomphe, en un étatisme dictatorial insupportable et sa tyrannie se maintient par la persécution, jusqu’à ce qu’un autre naturalisme, un autre parti le détruise.
Le parti, par essence, se sépare du peuple parce que le peuple se rend très vite compte (et les autres tyrans de demain se chargent de le mettre en évidence) que le parti ne le sert pas, mais qu’au contraire il est, lui [le peuple], l’esclave (selon divers degrés de confort) du parti (quelle que soit la chose désignée par ce mot de parti : soit une classe, soit un individu, soit un consortium, etc.).
Comme ceci est contraire à l’esprit de Jésus‑Christ qui, lui, est venu non pour être servi, mais pour servir !
Comment vaincre la Révolution qui a engendré l’esprit de parti, avec un autre parti ? Erreur, profonde et grave erreur, même si la cause proposée à l’activité du parti est le règne de Jésus‑Christ.
Ne croyez pas que ceci soit dit à la légère. Que s’examinent sincèrement nos nationalistes (une bonne retraite de cinq jours !) et ils découvriront qu’ils ne souffrent pas avec patience que d’autres qu’eux‑mêmes travaillent à la même cause et puissent récolter la gloire du succès. Avec cet esprit partisan, (…) comment comprendre la complémentarité catholique des œuvres ?
Les partis de droite crèvent chroniquement parce qu’ils veulent tout faire comme l’État totalitaire. Et ceci vient de leur fausse vision du réel, essentiellement parce qu’ils oublient que la Contre‑Révolution, l’ordre social chrétien est avant tout l’oeuvre de Dieu.
Ils feraient bien de méditer la doctrine du Corps Mystique (…) exposée dans saint Paul (I Co 12). Divers membres, mais un seul Esprit, diverses fonctions, mais un seul Esprit. Leur naturalisme inconscient leur fait croire qu’ils sont la source unique de l’ordre.
De là au rationalisme positiviste, il n’y a qu’un pas ; au marxisme, deux pas, ce dernier mettant la source de toute réalité dans la pure action humaine… je ne parle pas des confusions que cet esprit de parti (qui a pour origine l’orgueil au service du bien tandis que le marxisme est l’orgueil au service du mal) engendre entre l’ordre spéculatif et l’ordre pratique. Vous savez, vous, combien on a vite fait d’ériger en dogme ce qui n’est que norme d’action et ne relève que de la prudence. (…) « Ma, ou notre position est la seule. » On dogmatise ‑ on exclut ‑ on a vite fait de douter de la bonne foi des autres… Ces autres, bientôt, on les haïra… (…)
Prenons un autre exemple caractéristique. En fait, c’est dire la même chose sous un autre aspect.
A méconnaître (par défaut de voir les choses dans la lumière de la foi et des dons de science et d’intelligence) le surnaturel, ou, du moins, à le méconnaître pratiquement, dans leur action politique et sociale, les nationalistes se dépensent inutilement à répondre aux ennemis sur leur propre terrain.
Folie dont les conséquences sont fatales ! Que d’efforts, que de sacrifices pour la bonne cause ! Et, pour récolte, une série renouvelée d’échecs de plus en plus graves ! On s’arme de sa plume, on polémique, on se bat, on fait le coup de feu même et puis, que voit‑on ? Les ennemis plus forts que la veille et les champions de la bonne cause découragés et divisés…
Il faut le dire, on a perdu le sens du combat contre‑révolutionnaire parce qu’on n’a plus le sens surnaturel, l’esprit surnaturel. On ne sait plus que ‑ s’il faut combattre, certes, c’est cependant « Dieu qui donne la victoire ». On néglige de prier sans discontinuer, selon la recommandation du Christ lui‑même. On oublie pratiquement que sans Dieu nous ne pouvons rien faire. Sans doute, la raison peut connaître quelques vérités, mais pas toutes sans la grâce qui la fortifie et l’élève.
Sans doute, la volonté peut faire des actes des vertus naturelles, mais pas pratiquer sans la grâce toutes les vertus et s’y maintenir. (…) Alors, pas d’ordre social stable et durable sans Notre‑Seigneur Jésus‑Christ, c’est‑à‑dire concrètement, sans la doctrine de Jésus‑Christ éclairée dans la lumière de Jésus‑Christ, sans la grâce et la charité de Jésus‑Christ distribuées et produites par les moyens surnaturels, en particulier les sacrements. Et comme le péché (originel et actuel) est le grand obstacle à l’ordre divino‑humain, pas d’ordre social sans la croix de Jésus‑Christ, c’est‑à‑dire sans l’abnégation, la pauvreté, la contradiction.
Voilà des années que Dieu nous donne la leçon des faits et nous ne voulons pas comprendre. Notre naturalisme pratique échoue. Que faut‑il de plus pour y renoncer une bonne fois ? « Allons‑nous recommencer les mêmes erreurs suivies des mêmes châtiments ? »
Allons‑nous enfin comprendre, selon le mot du cardinal Pie, que Jésus‑Christ n’est pas facultatif ?Saurons‑nous apprécier à sa juste valeur la cause que nous voulons servir ? Saurons‑nous voir l’ordre enchanteur du christianisme avec les yeux de la foi, dans la haute et nécessaire lumière du catholicisme formel ? (…).
Les vrais hommes d’action sont des contemplatifs. Ils voient tout dans le Verbe de Dieu comme le Père voit toutes choses dans son Verbe, sa propre splendeur. Alors, ainsi élevés et fortifiés de cette lumière qui est vie (Jn 1, 1), ils découvrent mieux que les autres quels sont les moyens les plus efficaces et les plus sûrs (cf. « Principe et fondement » des Exercices de saint Ignace*) pour arriver au but.
Les vrais (il y en a de faux qui ne sont que des rêveurs séparés du réel, des idéalistes fumeux) contemplatifs sont les plus prudents.
(*) ‑ Exercices spirituels, Principe et fondement, n° 23 : « Désirant et choisissant uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle nous sommes créés. » (NDLR.)
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Le cœur Chouan. |
Il manque aux nationalistes comme à la majeure partie des catholiques modernes cette lumière spécifique, ce lumen sub quo des scolastiques. Cette cécité n’est pas nouvelle, elle est le péché de tous les naturalistes, ou mieux, le châtiment de leur orgueil naturaliste.
Charles Maurras, le grand Charles Maurras, était frappé de cette cécité intellectuelle. Il admirait profondément l’Église catholique. Il chantait en elle la civilisatrice par antonomase, il lutta pour elle contre ses ennemis. Mais il ne voyait pas que cet ordre, qui le séduisait tant, était l’effet d’une action surnaturelle.
L’Église est un corps harmonieux, mais c’est la mutiler que d’y supprimer son âme vivifiante : l’Esprit‑Saint de Jésus, son époux. L’erreur des nationalistes est une erreur sur l’Incarnation du Verbe. (…) Ils voudraient, ils veulent même, l’ordre admirable causé par l’Église catholique romaine. Ils le veulent pour plusieurs motifs : par tradition catholique ; par amour de l’ordre et de la raison ; par opposition à des adversaires qui combattent cette même Église romaine.
Mais ils ne savent pas ‑ ou s’ils le savent, c’est sans influence formelle sur leur action, c’est‑à‑dire que leur action n’est pas informée par cette vue, cette connaissance que cet ordre naturel est impossible sans le surnaturel, qu’il est le fruit de la grâce du Christ rédempteur, (…) et, par suite, qu’il ne peut se défendre ou se conquérir que par les moyens naturels surnaturalisés.
Le grand péché des nationalistes est ce naturalisme pratique, je dirai cette praxis athée (pour employer le langage marxiste) avec lesquels ils s’efforcent de vaincre leurs adversaires et d’instaurer l’ordre social chrétien. Effort tragiquement stérile.
Voilà la raison profonde des échecs répétés de la Contre‑Révolution. Elle s’oppose matériellement à la Révolution ; à savoir : son but, son objet matériel est contradictoire, objectivement contradictoire du but, de l’objet matériel de la Révolution, mais formellement, elle voit cet objet sous une lumière analogue à la lumière marxiste, naturaliste, et par suite elle agit en naturaliste travaillant sans s’en rendre compte dans le sens de la Révolution.
Elle est une phase de la Révolution, une phase dialectique, qui, opposée diamétralement (mais sur le même plan) à d’autres phases extrêmes de la Révolution, reste contraire, formellement contraire et non contradictoire à l’action révolutionnaire. (…).
Pour bien comprendre ceci, je vais donner quelques exemples.
Le Parti.
Cette conception moderne du parti est une idée révolutionnaire. Elle échappe rarement à l’orgueil de caste et à la tyrannie de la partie sur le tout. Elle s’origine d’une pensée, plus ou moins confuse ou précise, subjectiviste, individualiste.
Le parti, c’est l’individu collectif. Par principe, il est antinaturel, donc source de désordre. Il a une conception de l’homme qui n’est pas organique, divine, il forme des forces au service d’une idéologie abstraite.
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La bataille de Lépante (1571) |
L’homme de parti est de type standard interchangeable. Vous vous rappellerez ce que dit notre ami, l’autre jour, en parlant des ouvriers : « Ce sont les nôtres ». Le sens de la propriété est très nuisible à l’harmonie chrétienne. On pourrait croire que notre ami est jaloux de voir que d’autres s’occupent d’un problème qu’il se croit seul capable de résoudre.
Voilà un bien grand danger. Le Parti veut être celui qui fait tout. Il s’achève, quand il triomphe, en un étatisme dictatorial insupportable et sa tyrannie se maintient par la persécution, jusqu’à ce qu’un autre naturalisme, un autre parti le détruise.
Le parti, par essence, se sépare du peuple parce que le peuple se rend très vite compte (et les autres tyrans de demain se chargent de le mettre en évidence) que le parti ne le sert pas, mais qu’au contraire il est, lui [le peuple], l’esclave (selon divers degrés de confort) du parti (quelle que soit la chose désignée par ce mot de parti : soit une classe, soit un individu, soit un consortium, etc.).
Comme ceci est contraire à l’esprit de Jésus‑Christ qui, lui, est venu non pour être servi, mais pour servir !
Comment vaincre la Révolution qui a engendré l’esprit de parti, avec un autre parti ? Erreur, profonde et grave erreur, même si la cause proposée à l’activité du parti est le règne de Jésus‑Christ.
Ne croyez pas que ceci soit dit à la légère. Que s’examinent sincèrement nos nationalistes (une bonne retraite de cinq jours !) et ils découvriront qu’ils ne souffrent pas avec patience que d’autres qu’eux‑mêmes travaillent à la même cause et puissent récolter la gloire du succès. Avec cet esprit partisan, (…) comment comprendre la complémentarité catholique des œuvres ?
Les partis de droite crèvent chroniquement parce qu’ils veulent tout faire comme l’État totalitaire. Et ceci vient de leur fausse vision du réel, essentiellement parce qu’ils oublient que la Contre‑Révolution, l’ordre social chrétien est avant tout l’oeuvre de Dieu.
Ils feraient bien de méditer la doctrine du Corps Mystique (…) exposée dans saint Paul (I Co 12). Divers membres, mais un seul Esprit, diverses fonctions, mais un seul Esprit. Leur naturalisme inconscient leur fait croire qu’ils sont la source unique de l’ordre.
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Un livre à lire, un auteur à connaître. |
De là au rationalisme positiviste, il n’y a qu’un pas ; au marxisme, deux pas, ce dernier mettant la source de toute réalité dans la pure action humaine… je ne parle pas des confusions que cet esprit de parti (qui a pour origine l’orgueil au service du bien tandis que le marxisme est l’orgueil au service du mal) engendre entre l’ordre spéculatif et l’ordre pratique. Vous savez, vous, combien on a vite fait d’ériger en dogme ce qui n’est que norme d’action et ne relève que de la prudence. (…) « Ma, ou notre position est la seule. » On dogmatise ‑ on exclut ‑ on a vite fait de douter de la bonne foi des autres… Ces autres, bientôt, on les haïra… (…)
Prenons un autre exemple caractéristique. En fait, c’est dire la même chose sous un autre aspect.
A méconnaître (par défaut de voir les choses dans la lumière de la foi et des dons de science et d’intelligence) le surnaturel, ou, du moins, à le méconnaître pratiquement, dans leur action politique et sociale, les nationalistes se dépensent inutilement à répondre aux ennemis sur leur propre terrain.
Folie dont les conséquences sont fatales ! Que d’efforts, que de sacrifices pour la bonne cause ! Et, pour récolte, une série renouvelée d’échecs de plus en plus graves ! On s’arme de sa plume, on polémique, on se bat, on fait le coup de feu même et puis, que voit‑on ? Les ennemis plus forts que la veille et les champions de la bonne cause découragés et divisés…
Il faut le dire, on a perdu le sens du combat contre‑révolutionnaire parce qu’on n’a plus le sens surnaturel, l’esprit surnaturel. On ne sait plus que ‑ s’il faut combattre, certes, c’est cependant « Dieu qui donne la victoire ». On néglige de prier sans discontinuer, selon la recommandation du Christ lui‑même. On oublie pratiquement que sans Dieu nous ne pouvons rien faire. Sans doute, la raison peut connaître quelques vérités, mais pas toutes sans la grâce qui la fortifie et l’élève.
Sans doute, la volonté peut faire des actes des vertus naturelles, mais pas pratiquer sans la grâce toutes les vertus et s’y maintenir. (…) Alors, pas d’ordre social stable et durable sans Notre‑Seigneur Jésus‑Christ, c’est‑à‑dire concrètement, sans la doctrine de Jésus‑Christ éclairée dans la lumière de Jésus‑Christ, sans la grâce et la charité de Jésus‑Christ distribuées et produites par les moyens surnaturels, en particulier les sacrements. Et comme le péché (originel et actuel) est le grand obstacle à l’ordre divino‑humain, pas d’ordre social sans la croix de Jésus‑Christ, c’est‑à‑dire sans l’abnégation, la pauvreté, la contradiction.
Voilà des années que Dieu nous donne la leçon des faits et nous ne voulons pas comprendre. Notre naturalisme pratique échoue. Que faut‑il de plus pour y renoncer une bonne fois ? « Allons‑nous recommencer les mêmes erreurs suivies des mêmes châtiments ? »
Allons‑nous enfin comprendre, selon le mot du cardinal Pie, que Jésus‑Christ n’est pas facultatif ?Saurons‑nous apprécier à sa juste valeur la cause que nous voulons servir ? Saurons‑nous voir l’ordre enchanteur du christianisme avec les yeux de la foi, dans la haute et nécessaire lumière du catholicisme formel ? (…).
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Maisonneuve : un catholique d'action. |
Les vrais hommes d’action sont des contemplatifs. Ils voient tout dans le Verbe de Dieu comme le Père voit toutes choses dans son Verbe, sa propre splendeur. Alors, ainsi élevés et fortifiés de cette lumière qui est vie (Jn 1, 1), ils découvrent mieux que les autres quels sont les moyens les plus efficaces et les plus sûrs (cf. « Principe et fondement » des Exercices de saint Ignace*) pour arriver au but.
Les vrais (il y en a de faux qui ne sont que des rêveurs séparés du réel, des idéalistes fumeux) contemplatifs sont les plus prudents.
(*) ‑ Exercices spirituels, Principe et fondement, n° 23 : « Désirant et choisissant uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle nous sommes créés. » (NDLR.)
-R.P. Grasset (C.P.C.R.) – Le vrai catholique et la politique (1959) – Extrait de la revue « Le Sel de la Terre » n° 41, été 2001. Tiré de l'excellent site Bibliothèque de combat
dimanche 8 octobre 2017
samedi 30 septembre 2017
jeudi 21 septembre 2017
Biographie de Jules-Paul Tardivel
Jules-Paul Tardivel, le fondateur en 1881 de La Vérité de Québec, qu'il dirigea et rédigea jusqu'à la fin de sa vie, est né à Covington, dans le Kentucky, d'un père français, Claude Tardivel, natif de l'Auvergne, et d'une mère anglaise convertie au catholicisme, Isabelle Brent, le 2 septembre 1851. Il est mort, à Québec, où s'était écoulée presque toute sa carrière de journaliste, le 24 avril 1905, à 54 ans. Ce fut un champion de la cause catholique et française au Canada, un lutteur intrépide, plutôt intransigeant que souple, un écrivain à la plume sûre d'elle-même, toujours correcte et élégante, un homme d'ordre et de vie très droite, croyant et patriote comme on n'en voit pas souvent.
À 17 ans, ne sachant pas un mot de français, le jeune Tardivel venait, en 1868, de son lointain Kentucky, commencer ses études classiques à Saint-Hyacinthe. Après Chicoyne, dont il est question la notice précédente, il fut du groupe des fidèles de l'abbé François Tétrault, et il en garda l'empreinte sa vie entière. Tout en conservant bien sa langue maternelle, l'anglais, il apprit notre langue française à la perfection. Il se distingua dans ses classes et se fit remarquer par son esprit de discipline, son application et son amour du travail.
En avril 1873, Tardivel débutait dans le journalisme au Courrier de Saint-Hyacinthe. En septembre de la même année, il passait à La Minerve de Montréal. En 1874, il allait se fixer à Québec et entrait au journal Le Canadien, que dirigeait alors Tarte, plus tard ministre dans le gouvernement Laurier. Il fut six ou sept ans rédacteur à ce journal, écrivant souvent l'article de fond, s'essayant dans la critique littéraire, donnant à droite et à gauche de bons coups de plume qui marquaient déjà sa manière, pu amie du servilisme et nettement indépendante des partis et des coteries.
En juillet 1881, Tardivel fondait La Vérité, un hebdomadaire, qui fit son chemin, se suscita des contradicteurs, mais s'assura aussi toute une phalange d'admirateurs fervents, aux yeux de qui, pendant un quart de siècle, Tardivel fut le Louis Veuillot du Canada. Penseur puissant, très nourri de fortes lectures dans les pages des maîtres, polémiste ardent et redoutable, mais qui ne s'attaquait jamais aux personnes, le directeur de La Vérité, dans son rendez-vous de chaque semaine auprès de ses lecteurs, se montrait l'apôtre laïque de la doctrine de l'Eglise. Sa sincérité, comme sa loyauté, était évidente.
De ses principaux articles, il fit des volumes de Mélanges, au moins trois, dont le premier parut en 1887. En 1890, il publia des Notes de voyage, au retour d'un séjour en Europe. En 1895, ce fut Pour la patrie, roman du XXème siècle, ainsi que l'indiquait le sous-titre. Il donna encore diverses études sur La situation religieuse aux Etats-Unis, sur Le pape Pie IX, sur l'anglicisme, sur la langue française. En fait, il travaillait beaucoup et sa production littéraire fut abondante.
Tardivel était au physique un bel homme, de grandeur moyenne et de noble prestance, avec une tête au front chauve, une figure régulière au teint chaud, un nez droit, des yeux pénétrants, portant toute sa barbe, soigneusement taillée. Au moral, c'était la dignité en personne. Il avait épousé, jeune, Henriette Brunelle, dont il eut un fils, Paul, qui lui succéda à La Vérité, comme journaliste, et quatre filles, Mme C.-J. Magnan, Mme Omer Héroux, Mme Joseph Bégin et Mme H. Bazin.
Quand le roman Pour la patrie parut, chez Cadieux et Derome, à Montréal, en 1895, la Semaine religieuse, que dirigeait alors M. le chanoine Bruchési, l'appréciait ainsi : "Après avoir suivi d'un œil attentif les péripéties de la lutte héroïque imaginée et racontée par M. Tardivel, plusieurs réserveront leur jugement et se contenteront de penser que les vues de la Providence sur le peuple canadien restent encore insondables. D'autres partageront, non sans enthousiasme, les glorieuses aspirations de l'ardent journaliste. Quelques-uns, par conviction, ou même par crainte d'exciter les préjugés de races, ne manqueront peut-être pas de crier au rêve, à l'utopie, à la provocation, Quoiqu'il en soit, l'important, pour l'heure actuelle au moins, c'est de nous entendre afin d'éviter, comme nation, tout ce qui serait de nature à nous rendre indignes des desseins de Dieu, c'est de travailler à découvrir les véritables ennemis de notre race et de notre religion et de leur opposer une résistance loyale mais vigoureuse [NDLR : « les catholiques libéraux sont les pires ennemis de l’Église » disait justement le pape Pie IX]. En cela, le livre de M. Tardivel sera utile... Même si elle ne devait pas avoir cette influence heureuse, la lecture de cet ouvrage, fortement pensé et nettement écrit, ferait encore du bien. L'auteur, en effet, y a jeté nombre d'idées nobles et généreuses, d'aperçus nouveaux et chrétiens, et quelques-uns des caractères qui s'y développent sont de ceux qui font ressortir l'élévation des vertus sociales qu'inspire le christianisme..."
Dix ans plus tard, à la mort de Tardivel, le même chanoine Bruchési, devenu l'archevêque de Montréal, écrivait à son fils Paul, au sujet de La Vérité : "C'est une oeuvre et non pas une affaire d'argent. Avant tout, elle veut servir l'Eglise et défendre ses intérêts... Elle ne recherche pas la sensation... Elle est pleine d'idées... Qu'elle ait eu quelquefois ses erreurs et ses torts, cela n'est pas étonnant... Mais ces erreurs n'ont jamais porté sur des points de doctrine et que sont-elles après tout comparées au bien accompli ?" Et l'éminent archevêque ajoutait : "Le fondateur de La Vérité, du reste, tous ceux qui l'ont connu intimement le savent, avait les convictions religieuses les plus profondes, un amour ardent de son pays, une loyauté et un désintéressement à toute épreuve. S'il s'est trompé, il s'est trompé de bonne foi. Je ne connais pas de journaliste qui, dans notre pays, ait reçu autant de témoignages d'estime et d'admiration. Ses adversaires comme ses amis se sont plu à reconnaître sa valeur et son mérite."
On comprend, après un pareil témoignage, venu de haut, que M. Magnan, le mari de sa fille aînée, ait pu écrire, dans l'Enseignement Primaire, comme conclusion au substantiel article qu'il donna sur Tardivel au lendemain de sa mort, ceci qui est très juste et émouvant : "Un philosophe ancien a dit que toutes les grandeurs du monde et tout le bruit qui se fait autour d'un homme pendant sa vie aboutissent fatalement à ces mort : Hic Jacet - Ci-gît ! Cette inscription tumulaire ne saurait convenir au vaillant soldat chrétien que nous pleurons. J'ai cru, je vois, voilà plutôt, comme pour Louis Veuillot, ce qu'il faudrait graver sur la croix du modeste tombeau de Jules-Paul Tardivel."
-Abbé Elie-J. Auclair, Figures canadiennes, deuxième série. Editions Albert Lévesque. Montréal, 1933. Pp. 195-200.
À 17 ans, ne sachant pas un mot de français, le jeune Tardivel venait, en 1868, de son lointain Kentucky, commencer ses études classiques à Saint-Hyacinthe. Après Chicoyne, dont il est question la notice précédente, il fut du groupe des fidèles de l'abbé François Tétrault, et il en garda l'empreinte sa vie entière. Tout en conservant bien sa langue maternelle, l'anglais, il apprit notre langue française à la perfection. Il se distingua dans ses classes et se fit remarquer par son esprit de discipline, son application et son amour du travail.
En avril 1873, Tardivel débutait dans le journalisme au Courrier de Saint-Hyacinthe. En septembre de la même année, il passait à La Minerve de Montréal. En 1874, il allait se fixer à Québec et entrait au journal Le Canadien, que dirigeait alors Tarte, plus tard ministre dans le gouvernement Laurier. Il fut six ou sept ans rédacteur à ce journal, écrivant souvent l'article de fond, s'essayant dans la critique littéraire, donnant à droite et à gauche de bons coups de plume qui marquaient déjà sa manière, pu amie du servilisme et nettement indépendante des partis et des coteries.
En juillet 1881, Tardivel fondait La Vérité, un hebdomadaire, qui fit son chemin, se suscita des contradicteurs, mais s'assura aussi toute une phalange d'admirateurs fervents, aux yeux de qui, pendant un quart de siècle, Tardivel fut le Louis Veuillot du Canada. Penseur puissant, très nourri de fortes lectures dans les pages des maîtres, polémiste ardent et redoutable, mais qui ne s'attaquait jamais aux personnes, le directeur de La Vérité, dans son rendez-vous de chaque semaine auprès de ses lecteurs, se montrait l'apôtre laïque de la doctrine de l'Eglise. Sa sincérité, comme sa loyauté, était évidente.
De ses principaux articles, il fit des volumes de Mélanges, au moins trois, dont le premier parut en 1887. En 1890, il publia des Notes de voyage, au retour d'un séjour en Europe. En 1895, ce fut Pour la patrie, roman du XXème siècle, ainsi que l'indiquait le sous-titre. Il donna encore diverses études sur La situation religieuse aux Etats-Unis, sur Le pape Pie IX, sur l'anglicisme, sur la langue française. En fait, il travaillait beaucoup et sa production littéraire fut abondante.
Tardivel était au physique un bel homme, de grandeur moyenne et de noble prestance, avec une tête au front chauve, une figure régulière au teint chaud, un nez droit, des yeux pénétrants, portant toute sa barbe, soigneusement taillée. Au moral, c'était la dignité en personne. Il avait épousé, jeune, Henriette Brunelle, dont il eut un fils, Paul, qui lui succéda à La Vérité, comme journaliste, et quatre filles, Mme C.-J. Magnan, Mme Omer Héroux, Mme Joseph Bégin et Mme H. Bazin.
Dix ans plus tard, à la mort de Tardivel, le même chanoine Bruchési, devenu l'archevêque de Montréal, écrivait à son fils Paul, au sujet de La Vérité : "C'est une oeuvre et non pas une affaire d'argent. Avant tout, elle veut servir l'Eglise et défendre ses intérêts... Elle ne recherche pas la sensation... Elle est pleine d'idées... Qu'elle ait eu quelquefois ses erreurs et ses torts, cela n'est pas étonnant... Mais ces erreurs n'ont jamais porté sur des points de doctrine et que sont-elles après tout comparées au bien accompli ?" Et l'éminent archevêque ajoutait : "Le fondateur de La Vérité, du reste, tous ceux qui l'ont connu intimement le savent, avait les convictions religieuses les plus profondes, un amour ardent de son pays, une loyauté et un désintéressement à toute épreuve. S'il s'est trompé, il s'est trompé de bonne foi. Je ne connais pas de journaliste qui, dans notre pays, ait reçu autant de témoignages d'estime et d'admiration. Ses adversaires comme ses amis se sont plu à reconnaître sa valeur et son mérite."
On comprend, après un pareil témoignage, venu de haut, que M. Magnan, le mari de sa fille aînée, ait pu écrire, dans l'Enseignement Primaire, comme conclusion au substantiel article qu'il donna sur Tardivel au lendemain de sa mort, ceci qui est très juste et émouvant : "Un philosophe ancien a dit que toutes les grandeurs du monde et tout le bruit qui se fait autour d'un homme pendant sa vie aboutissent fatalement à ces mort : Hic Jacet - Ci-gît ! Cette inscription tumulaire ne saurait convenir au vaillant soldat chrétien que nous pleurons. J'ai cru, je vois, voilà plutôt, comme pour Louis Veuillot, ce qu'il faudrait graver sur la croix du modeste tombeau de Jules-Paul Tardivel."
-Abbé Elie-J. Auclair, Figures canadiennes, deuxième série. Editions Albert Lévesque. Montréal, 1933. Pp. 195-200.
mardi 29 août 2017
lundi 28 août 2017
La vocation providentielle du peuple canadien-français
Mgr Racine, premier évêque de Sherbrooke. 1822-1893. |
Dieu, dont l'empire est souverain et universel, disposait en maître des nations lorsqu'il disait à son fils:
« Tu es mon fils, je t'ai engendré aujourd'hui ; demande-moi et je te donnerai les nations pour ton héritage. »
Par cette parole, la plus puissante et la plus efficace, le fils de Dieu a obtenu l'empire sur tous les peuples, il a étendu sa puissance jusqu'aux extrémités de la terre. Il a partagé le monde en peuples divers et il leur a laissé la liberté de choisir la route qu'ils devaient parcourir. Mais à chaque nation, comme a chaque individu, il a imposé une mission.
« Cette mission, c'était d'accepter sa loi proposée à leur libre arbitre, de l'aimer, de la conserver, de la défendre, de la propager, d'en faire le fond de leur mœurs et de leurs institutions, d'user même de leurs armes, non pour l'imposer, mais pour la préserver et la tirer de l'oppression, en assurant à tous les hommes le droit de la connaître et de s'y conformer librement... La vocation des races chrétiennes, c'est de répandre la vérité, d'éclairer les nations moins avancées vers Dieu, de leur porter, au prix du travail et au hasard de la mort, les biens éternels, la foi, la justice, la civilisation. »
Celui qui, du haut des cieux, a tous les cœurs dans sa main, préparait de grandes choses, lorsqu'à la fin du quinzième siècle il inspirait à Christophe Colomb l'idée d'aller à la découverte du continent américain. Un monde nouveau, plus grand que l'ancien, s'ouvre à l'Evangile et à la civilisation. L'élan est donné. Les explorateurs européens paraissent sur toutes les côtes de l'Atlantique et du Pacifique. Le célèbre navigateur de Saint-Malo, Jacques Cartier, plus hardi que ses prédécesseurs, remonte le Saint-Laurent jusqu'aux lieux qui alors avaient noms Stadaconé et Hochelaga. Quel a été le principal motif des rois de France en jetant les bases d'une colonie en Canada ? Se glorifiant du titre de rois très-chrétiens et de fils aînés de l'Eglise, ils ont eu pour but premier de christianiser et de civiliser les peuples qui vivaient plongés dans la nuit de l'infidélité. Aussi, le premier acte de Cartier, en posant le pied sur la terre canadienne, est-il d'en prendre possession au nom de la religion. Il plante une croix. Sur cette croix il grave ces mots: « Vive le roi de France! » Par cet acte solennel, Jacques Cartier proclame notre alliance avec Dieu: c'est l'heure de la prédestination du peuple canadien.![]() |
Réplique de la croix de Jacques Cartier plantée à Tadoussac. |
Pour s'exercer aux grandes choses qui doivent immortaliser son nom, il visite les îles Canaries, la Guadeloupe, Saint-Domingue et Cuba, il pénètre jusqu'à la capitale du Mexique et Portobello, alors le grand entrepôt de l'Amérique du sud et de l'Amérique centrale, et c'est à Portobello que l'illustre navigateur conçoit l'idée de relier par un canal l'océan Atlantique à l'Océan Pacifique. Son projet de faire de la côte de l'Atlantique la base de la puissance française dans le Nouveau-Monde, et, dès le seizième siècle, de percer l'isthme de Panama vous disent assez l'intelligence de ses observations, la largeur de ses vues, l'audace de ses entreprises. Jetant sur l'avenir un regard de prophétique sagesse et confiant dans le secours d'en haut, M. de Monts décide « de s'aller loger dans le fleuve Saint-Laurent à cent trente lieues de son embouchure. » C'est là, au cœur du pays, qu'il veut créer une France nouvelle. Heureux celui qui, au début d'un si grand ouvrage, suit la droiture de son cœur ! Heureux celui qui, « mettant le salut d'une âme au-dessus de la conquête d'un empire », proclame hautement « que les rois ne doivent désirer étendre leur domination sur les peuples idolâtres que pour les soumettre à Jésus-Christ. » Quel est donc le nom de cet homme qui parle ainsi au berceau de la colonie française et dont l'œuvre forte et durable resplendit de la gloire la plus pure? Son nom s'échappe de toutes vos lèvres, il est gravé dans vos cœurs reconnaissants. Nommer Samuel de Champlain, c'est nommer la foi, le courage, le zèle, la sagesse, c'est nommer le père de notre pays, le fondateur de Québec, le plus grand homme d'Etat de notre patrie. Suivez, par la pensée, le noble Champlain explorant et étudiant le vaste pays dont il veut enrichir le royaume de France. Voyez avec quel coup d'œil sûr il fixe le chef-lieu de sa colonie naissante sur la pointe de Québec, « sur ce superbe promontoire, au bord d'un fleuve majestueux et pro-fond, au milieu des principales tribus de la grande famille algonquine. »
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Le martyre des pères Brébeuf et Lalemant |
les environs de Québec, les terres de l'Acadie, les bassins du Saguenay et du Saint-Maurice, les rives de l'Ottawa et du lac Huron. Il explore les pays de l'Ouest, et, trente ans avant l'arrivée de M. de Maisonneuve, il désigne le site de la future ville de Montréal. Homme de guerre, Champlain commande l'armée de ses alliés, livre bataille aux Iroquois, non pour leur imposer la loi de l'Evangile, mais pour assurer aux nations amies le droit et la liberté de recevoir le baptême. Sur le champ de bataille des bords du lac Champlain, il scelle de nouveau, en présence des tribus alliées, l'alliance de la religion et de la patrie. Chrétien comme Charlemagne et saint Louis, Champlain veut que la religion occupe ici la première place, parce que seule, par son influence salutaire, elle peut donner à un peuple naissant des assises durables. Dès 1615, il amène avec lui les premiers missionnaires. Quittez votre belle patrie, premiers apôtres du Canada. Venez prêcher l'Evangile et éclairer les peuples qui marchent dans les ténèbres de la nuit. Venez, par le saint sacrifice, faire couler sur ce sol, encore infidèle, le sang de la sainte victime. En tête s'avancent les humbles disciples de saint François d'Assise et à leur suite les généreux enfants de Loyola. « Qu'ils sont beaux sur les montagnes les pieds de ceux qui annoncent la paix! Ô Sion! On entendra la voix de tes sentinelles. Elles chanteront toutes ensemble, elles éclateront en cantiques de louanges, parce qu'elles verront de leurs yeux le moment où le Seigneur convertira Sion. Ô déserts! retentissez d'allégresse. Tous ensemble éclatez en cantiques de louanges. Le Seigneur a racheté son peuple par la force de son bras. » Vous le voyez, les premières pages de notre histoire proclament hautement que la mission du peuple canadien-français est l'extension du règne de Dieu par la conversion des nations sauvages qui dormaient dans la nuit de l'infidélité. Ce grand fait est lumineux comme le soleil qui embrase et illumine de ses rayons la ville de Québec. Dès le berceau de notre patrie, l'action de Dieu apparaît éclatante et admirable et les efforts de l'enfer pour détruire l'œuvre de Dieu en feront mieux comprendre la merveilleuse grandeur. La religion préside à l'œuvre, la bénit, la dirige par la foi de Jacques Cartier et de Samuel de Champlain, par le zèle de ses missionnaires, par la pureté de ses vierges, par le dévouement héroïque de ses enfants. La voie est préparée à celui qui vient au nom du Seigneur pour consacrer et consolider l'œuvre commencée. Benedictus qui venit in nomine Domini (Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur) !
-Abbé Charles-Joseph Roy, Principaux discours de Mgr Antoine Racine. 1928. Pp. 273-279.