samedi 30 septembre 2017
jeudi 21 septembre 2017
Biographie de Jules-Paul Tardivel
Jules-Paul Tardivel, le fondateur en 1881 de La Vérité de Québec, qu'il dirigea et rédigea jusqu'à la fin de sa vie, est né à Covington, dans le Kentucky, d'un père français, Claude Tardivel, natif de l'Auvergne, et d'une mère anglaise convertie au catholicisme, Isabelle Brent, le 2 septembre 1851. Il est mort, à Québec, où s'était écoulée presque toute sa carrière de journaliste, le 24 avril 1905, à 54 ans. Ce fut un champion de la cause catholique et française au Canada, un lutteur intrépide, plutôt intransigeant que souple, un écrivain à la plume sûre d'elle-même, toujours correcte et élégante, un homme d'ordre et de vie très droite, croyant et patriote comme on n'en voit pas souvent.
À 17 ans, ne sachant pas un mot de français, le jeune Tardivel venait, en 1868, de son lointain Kentucky, commencer ses études classiques à Saint-Hyacinthe. Après Chicoyne, dont il est question la notice précédente, il fut du groupe des fidèles de l'abbé François Tétrault, et il en garda l'empreinte sa vie entière. Tout en conservant bien sa langue maternelle, l'anglais, il apprit notre langue française à la perfection. Il se distingua dans ses classes et se fit remarquer par son esprit de discipline, son application et son amour du travail.
En avril 1873, Tardivel débutait dans le journalisme au Courrier de Saint-Hyacinthe. En septembre de la même année, il passait à La Minerve de Montréal. En 1874, il allait se fixer à Québec et entrait au journal Le Canadien, que dirigeait alors Tarte, plus tard ministre dans le gouvernement Laurier. Il fut six ou sept ans rédacteur à ce journal, écrivant souvent l'article de fond, s'essayant dans la critique littéraire, donnant à droite et à gauche de bons coups de plume qui marquaient déjà sa manière, pu amie du servilisme et nettement indépendante des partis et des coteries.
En juillet 1881, Tardivel fondait La Vérité, un hebdomadaire, qui fit son chemin, se suscita des contradicteurs, mais s'assura aussi toute une phalange d'admirateurs fervents, aux yeux de qui, pendant un quart de siècle, Tardivel fut le Louis Veuillot du Canada. Penseur puissant, très nourri de fortes lectures dans les pages des maîtres, polémiste ardent et redoutable, mais qui ne s'attaquait jamais aux personnes, le directeur de La Vérité, dans son rendez-vous de chaque semaine auprès de ses lecteurs, se montrait l'apôtre laïque de la doctrine de l'Eglise. Sa sincérité, comme sa loyauté, était évidente.
De ses principaux articles, il fit des volumes de Mélanges, au moins trois, dont le premier parut en 1887. En 1890, il publia des Notes de voyage, au retour d'un séjour en Europe. En 1895, ce fut Pour la patrie, roman du XXème siècle, ainsi que l'indiquait le sous-titre. Il donna encore diverses études sur La situation religieuse aux Etats-Unis, sur Le pape Pie IX, sur l'anglicisme, sur la langue française. En fait, il travaillait beaucoup et sa production littéraire fut abondante.
Tardivel était au physique un bel homme, de grandeur moyenne et de noble prestance, avec une tête au front chauve, une figure régulière au teint chaud, un nez droit, des yeux pénétrants, portant toute sa barbe, soigneusement taillée. Au moral, c'était la dignité en personne. Il avait épousé, jeune, Henriette Brunelle, dont il eut un fils, Paul, qui lui succéda à La Vérité, comme journaliste, et quatre filles, Mme C.-J. Magnan, Mme Omer Héroux, Mme Joseph Bégin et Mme H. Bazin.
Quand le roman Pour la patrie parut, chez Cadieux et Derome, à Montréal, en 1895, la Semaine religieuse, que dirigeait alors M. le chanoine Bruchési, l'appréciait ainsi : "Après avoir suivi d'un œil attentif les péripéties de la lutte héroïque imaginée et racontée par M. Tardivel, plusieurs réserveront leur jugement et se contenteront de penser que les vues de la Providence sur le peuple canadien restent encore insondables. D'autres partageront, non sans enthousiasme, les glorieuses aspirations de l'ardent journaliste. Quelques-uns, par conviction, ou même par crainte d'exciter les préjugés de races, ne manqueront peut-être pas de crier au rêve, à l'utopie, à la provocation, Quoiqu'il en soit, l'important, pour l'heure actuelle au moins, c'est de nous entendre afin d'éviter, comme nation, tout ce qui serait de nature à nous rendre indignes des desseins de Dieu, c'est de travailler à découvrir les véritables ennemis de notre race et de notre religion et de leur opposer une résistance loyale mais vigoureuse [NDLR : « les catholiques libéraux sont les pires ennemis de l’Église » disait justement le pape Pie IX]. En cela, le livre de M. Tardivel sera utile... Même si elle ne devait pas avoir cette influence heureuse, la lecture de cet ouvrage, fortement pensé et nettement écrit, ferait encore du bien. L'auteur, en effet, y a jeté nombre d'idées nobles et généreuses, d'aperçus nouveaux et chrétiens, et quelques-uns des caractères qui s'y développent sont de ceux qui font ressortir l'élévation des vertus sociales qu'inspire le christianisme..."
Dix ans plus tard, à la mort de Tardivel, le même chanoine Bruchési, devenu l'archevêque de Montréal, écrivait à son fils Paul, au sujet de La Vérité : "C'est une oeuvre et non pas une affaire d'argent. Avant tout, elle veut servir l'Eglise et défendre ses intérêts... Elle ne recherche pas la sensation... Elle est pleine d'idées... Qu'elle ait eu quelquefois ses erreurs et ses torts, cela n'est pas étonnant... Mais ces erreurs n'ont jamais porté sur des points de doctrine et que sont-elles après tout comparées au bien accompli ?" Et l'éminent archevêque ajoutait : "Le fondateur de La Vérité, du reste, tous ceux qui l'ont connu intimement le savent, avait les convictions religieuses les plus profondes, un amour ardent de son pays, une loyauté et un désintéressement à toute épreuve. S'il s'est trompé, il s'est trompé de bonne foi. Je ne connais pas de journaliste qui, dans notre pays, ait reçu autant de témoignages d'estime et d'admiration. Ses adversaires comme ses amis se sont plu à reconnaître sa valeur et son mérite."
On comprend, après un pareil témoignage, venu de haut, que M. Magnan, le mari de sa fille aînée, ait pu écrire, dans l'Enseignement Primaire, comme conclusion au substantiel article qu'il donna sur Tardivel au lendemain de sa mort, ceci qui est très juste et émouvant : "Un philosophe ancien a dit que toutes les grandeurs du monde et tout le bruit qui se fait autour d'un homme pendant sa vie aboutissent fatalement à ces mort : Hic Jacet - Ci-gît ! Cette inscription tumulaire ne saurait convenir au vaillant soldat chrétien que nous pleurons. J'ai cru, je vois, voilà plutôt, comme pour Louis Veuillot, ce qu'il faudrait graver sur la croix du modeste tombeau de Jules-Paul Tardivel."
-Abbé Elie-J. Auclair, Figures canadiennes, deuxième série. Editions Albert Lévesque. Montréal, 1933. Pp. 195-200.
À 17 ans, ne sachant pas un mot de français, le jeune Tardivel venait, en 1868, de son lointain Kentucky, commencer ses études classiques à Saint-Hyacinthe. Après Chicoyne, dont il est question la notice précédente, il fut du groupe des fidèles de l'abbé François Tétrault, et il en garda l'empreinte sa vie entière. Tout en conservant bien sa langue maternelle, l'anglais, il apprit notre langue française à la perfection. Il se distingua dans ses classes et se fit remarquer par son esprit de discipline, son application et son amour du travail.
En avril 1873, Tardivel débutait dans le journalisme au Courrier de Saint-Hyacinthe. En septembre de la même année, il passait à La Minerve de Montréal. En 1874, il allait se fixer à Québec et entrait au journal Le Canadien, que dirigeait alors Tarte, plus tard ministre dans le gouvernement Laurier. Il fut six ou sept ans rédacteur à ce journal, écrivant souvent l'article de fond, s'essayant dans la critique littéraire, donnant à droite et à gauche de bons coups de plume qui marquaient déjà sa manière, pu amie du servilisme et nettement indépendante des partis et des coteries.
En juillet 1881, Tardivel fondait La Vérité, un hebdomadaire, qui fit son chemin, se suscita des contradicteurs, mais s'assura aussi toute une phalange d'admirateurs fervents, aux yeux de qui, pendant un quart de siècle, Tardivel fut le Louis Veuillot du Canada. Penseur puissant, très nourri de fortes lectures dans les pages des maîtres, polémiste ardent et redoutable, mais qui ne s'attaquait jamais aux personnes, le directeur de La Vérité, dans son rendez-vous de chaque semaine auprès de ses lecteurs, se montrait l'apôtre laïque de la doctrine de l'Eglise. Sa sincérité, comme sa loyauté, était évidente.
De ses principaux articles, il fit des volumes de Mélanges, au moins trois, dont le premier parut en 1887. En 1890, il publia des Notes de voyage, au retour d'un séjour en Europe. En 1895, ce fut Pour la patrie, roman du XXème siècle, ainsi que l'indiquait le sous-titre. Il donna encore diverses études sur La situation religieuse aux Etats-Unis, sur Le pape Pie IX, sur l'anglicisme, sur la langue française. En fait, il travaillait beaucoup et sa production littéraire fut abondante.
Tardivel était au physique un bel homme, de grandeur moyenne et de noble prestance, avec une tête au front chauve, une figure régulière au teint chaud, un nez droit, des yeux pénétrants, portant toute sa barbe, soigneusement taillée. Au moral, c'était la dignité en personne. Il avait épousé, jeune, Henriette Brunelle, dont il eut un fils, Paul, qui lui succéda à La Vérité, comme journaliste, et quatre filles, Mme C.-J. Magnan, Mme Omer Héroux, Mme Joseph Bégin et Mme H. Bazin.
Quand le roman Pour la patrie parut, chez Cadieux et Derome, à Montréal, en 1895, la Semaine religieuse, que dirigeait alors M. le chanoine Bruchési, l'appréciait ainsi : "Après avoir suivi d'un œil attentif les péripéties de la lutte héroïque imaginée et racontée par M. Tardivel, plusieurs réserveront leur jugement et se contenteront de penser que les vues de la Providence sur le peuple canadien restent encore insondables. D'autres partageront, non sans enthousiasme, les glorieuses aspirations de l'ardent journaliste. Quelques-uns, par conviction, ou même par crainte d'exciter les préjugés de races, ne manqueront peut-être pas de crier au rêve, à l'utopie, à la provocation, Quoiqu'il en soit, l'important, pour l'heure actuelle au moins, c'est de nous entendre afin d'éviter, comme nation, tout ce qui serait de nature à nous rendre indignes des desseins de Dieu, c'est de travailler à découvrir les véritables ennemis de notre race et de notre religion et de leur opposer une résistance loyale mais vigoureuse [NDLR : « les catholiques libéraux sont les pires ennemis de l’Église » disait justement le pape Pie IX]. En cela, le livre de M. Tardivel sera utile... Même si elle ne devait pas avoir cette influence heureuse, la lecture de cet ouvrage, fortement pensé et nettement écrit, ferait encore du bien. L'auteur, en effet, y a jeté nombre d'idées nobles et généreuses, d'aperçus nouveaux et chrétiens, et quelques-uns des caractères qui s'y développent sont de ceux qui font ressortir l'élévation des vertus sociales qu'inspire le christianisme..."
Dix ans plus tard, à la mort de Tardivel, le même chanoine Bruchési, devenu l'archevêque de Montréal, écrivait à son fils Paul, au sujet de La Vérité : "C'est une oeuvre et non pas une affaire d'argent. Avant tout, elle veut servir l'Eglise et défendre ses intérêts... Elle ne recherche pas la sensation... Elle est pleine d'idées... Qu'elle ait eu quelquefois ses erreurs et ses torts, cela n'est pas étonnant... Mais ces erreurs n'ont jamais porté sur des points de doctrine et que sont-elles après tout comparées au bien accompli ?" Et l'éminent archevêque ajoutait : "Le fondateur de La Vérité, du reste, tous ceux qui l'ont connu intimement le savent, avait les convictions religieuses les plus profondes, un amour ardent de son pays, une loyauté et un désintéressement à toute épreuve. S'il s'est trompé, il s'est trompé de bonne foi. Je ne connais pas de journaliste qui, dans notre pays, ait reçu autant de témoignages d'estime et d'admiration. Ses adversaires comme ses amis se sont plu à reconnaître sa valeur et son mérite."
On comprend, après un pareil témoignage, venu de haut, que M. Magnan, le mari de sa fille aînée, ait pu écrire, dans l'Enseignement Primaire, comme conclusion au substantiel article qu'il donna sur Tardivel au lendemain de sa mort, ceci qui est très juste et émouvant : "Un philosophe ancien a dit que toutes les grandeurs du monde et tout le bruit qui se fait autour d'un homme pendant sa vie aboutissent fatalement à ces mort : Hic Jacet - Ci-gît ! Cette inscription tumulaire ne saurait convenir au vaillant soldat chrétien que nous pleurons. J'ai cru, je vois, voilà plutôt, comme pour Louis Veuillot, ce qu'il faudrait graver sur la croix du modeste tombeau de Jules-Paul Tardivel."
-Abbé Elie-J. Auclair, Figures canadiennes, deuxième série. Editions Albert Lévesque. Montréal, 1933. Pp. 195-200.
jeudi 14 septembre 2017
Le Sacré-Coeur en Canada
Conformément à la demande de Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie Alacoque, le Sacré-Cœur trône majestueusement au milieu de notre drapeau national. |
Ce Labarum, il flottait, par un
privilège tout spécial, sur le ciel du Canada, dès les premières
années de notre colonie. De toutes les dévotions qu'on retrouve au
berceau de la Nouvelle-France, celle qui a pour objet le Coeur de
Jésus, compte parmi les plus solides et les plus populaires.
Quelques apôtres, envoyés par la
Providence sur nos rives, s'étaient appliqués à la faire fleurir.
Au premier rang, la Thérèse du Nouveau-Monde, Marie de
l'Incarnation. Favorisée, bien avant l'humble Visitandine de Paray,
des faveurs du Sacré Cœur, elle s'emploie ardemment à propager son
culte. Puis, c'est le premier évêque de Québec, l'ami du vénérable
Jean Eudes, Mgr de Montmorency-Laval; c'est la pieuse Hospitalière,
Catherine de Saint-Augustin; ce sont les missionnaires et les martyrs
de l'époque: Lejeune, Ragueneau, Brébeuf, Lalemant. Une note
trouvée parmi les papiers de ce dernier, après sa mort, nous révèle
les motifs qui l'avaient poussé à demander les missions
canadiennes. Avant tout, c'est le « contentement », qu'il veut
donner au « Cœur sacré de Jésus-Christ », de « faire adorer son
nom et étendre son royaume ».
Sous l'impulsion de ces apôtres, la
dévotion au Sacré Cœur s'introduit dans les familles. Plutôt
privée, confinée au foyer durant le XVIIe siècle, elle s'étend et
devient culte public dès le début du XVIIIe .
En 1716, une pieuse confrérie est
fondée sous le nom d'Association du Sacré Cœur. Elle a son centre
dans la petite chapelle du monastère des Ursulines. Le registre où
s'inscrivent les noms des associés contient ceux de l'évêque, Mgr
de Saint-Vallier, des membres du clergé séculier et régulier, des
familles les plus distinguées du pays. Et chacun tient à prouver,
par des actes, que son adhésion n'est pas un vain geste.
C'est ainsi que « chaque fête, écrit
l'abbé Lindsay, avait un nombre choisi d'adorateurs. Dès le jour de
l'an, arrivait au pied de l'autel Pierre de la Vérandrye, avec sa
femme Anne-Louise Daudonneur du Sablé. A Pâques, venait à son tour
le chevalier de Repentigny; à la Fête-Dieu, M. Thomas-Jacques
Taschereau; le jour des Morts, M. de Rigaud, marquis de Vaudreuil; le
jour de l'Immaculée Conception, M .Daniel Liénard de Beaujeu; le
jour de Noël, M. Joseph-Henri de la Gorgendière. Quant à Mme Denys
de la Ronde, ayant sans doute plus de loisir que son mari, elle
s'engageait pour honorer le Sacré Cœur, à faire une heure
d'adoration tous les premiers vendredis du mois. Souvent encore les
mères venaient en compagnie de leurs filles: Mme Charlotte de
Ramesay, avec ses filles Marguerite, Charlotte et Louise; Mme de
Longueuil et ses trois filles, la baronne de Bécancour et ses
enfants. Les jeunes filles formaient aussi des groupes choisis;
Thérèse Hertel de Rouville, Thérèse Duchesnay, Thérèse de
Beaujeu et Thérèse Hertel de la Fresnière consacraient à honorer
le Sacré Cœur le jour de leur patronne sainte Thérèse. »
Accroissement de la dévotion
Le père Victor Lelièvre, ardent prédicateur du Sacré-Cœur. |
En 1873, ce sont les évêques, qui,
assemblés en concile, invitent les populations à se consacrer au
Cœur du divin Maître. Leur mandement collectif détermine un magnifique mouvement.
Cœur du divin Maître. Leur mandement collectif détermine un magnifique mouvement.
En 1886, c'est un pieux religieux
jésuite, le P. Jean-Baptiste Nolin, qui entreprend par tout le
Canada une véritable croisade. Sa parole originale et ardente
enrôle, en moins de trois ans, 166 348 fidèles dans l'Apostolat de
la Prière. Fort de ce premier succès, il lance, en 1889, le projet
de la consécration des familles au Sacré Cœur: 41 000 lui
répondent. Les signatures de leurs chefs respectifs, inscrites dans
un livre d'or, sont envoyées à Toulouse et de là à
Paray-le-Monial.
Dès lors le culte cher à nos pères
ne fait que se développer et s'organiser. Il a bientôt ses
confréries, ses ligues, ses organes, il a ses apôtres et ses chefs
de groupe, il a ses manifestations et ses victoires.
Depuis quinze à vingt ans
principalement — tout observateur attentif de notre vie religieuse
a pu le constater — il pénètre dans les différents domaines où
se meut notre existence, il les assainit et les vivifie.
Aucun ne lui échappe. C'est d'abord le
foyer. Le Cœur de Jésus en devient le Protecteur officiel, le
Maître, le Roi unanimement reconnu. Son image est mise à une place
d'honneur ordinairement à l'entrée de la maison, au-dessus de la
porte. Souvent aussi une statue orne l'une des pièces intérieures.
C'est à ses pieds que la famille se réunit pour la prière du soir.
En même temps qu'au foyer, le Sacré
Cœur règne à l'école. Quelle maison d'éducation, quelle classe
même ne lui rend pas un culte spécial ? Le matin, les élèves lui
consacrent ensemble leur journée, puis, d'heure en heure, ils lui
offrent leurs différentes actions: messe, communion, chapelet,
travaux, actes de charité, lecture de piété, mortifications,
visites au saint Sacrement, oeuvres de zèle, souffrances,
récréations, victoires sur leurs défauts; ils les marquent
assidûment sur une feuille qu'ils déposent, à la fin du mois, dans
une corbeille: c'est la pratique salutaire du Trésor du Cœur de
Jésus. Elle tient l'âme unie intimement à Notre-Seigneur, fidèle
à ses devoirs de chaque instant.
Culte social et national
De la famille et de l'école, la
dévotion au Sacré Cœur a pénétré dans l'usine, l'atelier, le
magasin. Elle a débordé naturellement de la vie privée dans la vie
professionnelle. Ce furent d'abord quelques cas isolés. Nous
connaissons un industriel, ancien ministre fédéral et ancien maire
de Montréal qui, en 1901, consacrait solennellement sa manufacture
au Sacré Cœur et y installait sa statue. Le mouvement, cependant,
ne commença à se généraliser qu'en 1905. Un apôtre au cœur de
feu, le P. Lelièvre, oblat de Marie-Immaculée, en fut l'initiateur.
Il visita, cette année-là, comme prélude de son action, vingt-huit
manufactures, et gagna à sa cause huit cents ouvriers, premières
recrues du magnifique bataillon chrétien que tout le Canada connaît
maintenant sous le nom d'ouvriers du Sacré Cœur. Enrôlés sous la
bannière du divin Maître, ils ne voulurent plus travailler que sous
son regard protecteur. Et c'est ainsi que sa statue fut mise à une
place d'honneur dans un grand nombre d'usines et d'ateliers.
D'autres paroisses suivirent l'exemple
de Saint-Sauveur. Le geste plût à des hommes qui n'y étaient pas
d'abord disposés, quand ils connurent son heureuse influence sur les
travailleurs. Des protestants mêmes le favorisèrent dans leurs
usines. Ils ne se comptent plus actuellement, à Québec, à
Montréal, aux Trois-Rivières, à Chicoutimi, à Lévis, dans tous
les centres industriels de la province, les établissements où le
Sacré Cœur est publiquement honoré.
Comme son culte avait passé
naturellement de la vie de famille à la vie professionnelle, ainsi
passa-t-il de celle-ci à notre vie sociale et nationale. Que
d'actes, depuis quelques années, témoignent de cette pénétration
profonde et sûre. C'est le mouvement en faveur du drapeau Carillon
Sacré-Cœur; c'est la consécration à ce Cœur divin de plusieurs
associations, parmi les plus représentatives de la race et d'un
grand nombre de villages et de villes, fiers de se donner à lui par
la voix de leurs chefs civils, et d'élever en son honneur, sur une
de leurs places principales, un superbe monument.
On dirait vraiment que le culte du
Sacré Cœur a presque atteint chez nous son apogée. Il est bon,
cependant, quand une occasion nous y invite, de revenir sur telle ou
telle étape d'un chemin victorieusement parcouru, afin d'élargir et
de fortifier les bases que nous y avons établies. Ainsi l'exige la
stratégie spirituelle aussi bien que la stratégie militaire.
Cette occasion, des événements
extérieurs nous la fournissent actuellement. Notre devoir est d'en
profiter.
Reprenons donc la mentalité et les
traditions de nos aïeux, des constructeurs de notre nationalité.
Considérons-nous d'autant plus tenus à servir Dieu que notre
position est élevée et notre influence étendue. Quelques familles
le comprendront d'instinct. Puisse leur empressement à se consacrer
au Sacré Cœur entraîner les autres, et assurer ainsi le règne
social de Notre-Seigneur Jésus-Christ en terre canadienne!
mardi 12 septembre 2017
dimanche 10 septembre 2017
Formation doctrinale - Les voies de la réduction ou la manœuvre révolutionnaire
Conférence de monsieur l'abbé Nicolas Pinaud sur l'article "Les voies de la réduction" (1981), extrait du Bulletin de l'Occident chrétien, exposant la manœuvre révolutionnaire. Conférence enregistrée dans le cadre des Journées de formation de Tradition Québec (9 septembre 2017).
Pour plus de détails, lisez le livre "Groupes réducteurs et noyaux dirigeants" d'Adrien Loubier.
Pour plus de détails, lisez le livre "Groupes réducteurs et noyaux dirigeants" d'Adrien Loubier.
jeudi 7 septembre 2017
mercredi 6 septembre 2017
L'évolution du parti Libéral au Canada Français
L'origine lointaine de nos partis politiques remonte aux années qui ont précédé la Révolution de 1837.
Louis-Joseph Papineau
Dans les grandes assemblées qui entretenaient l'agitation, Papineau et ses amis prononçaient des discours républicains et antibritanniques. Dans les "associations de la Réforme", les doctrinaires du mouvement reconnaissant le peuple comme source unique d'autorité, et sapaient l'influence du clergé. Les Fils de la Liberté publièrent un manifeste révolutionnaire, souhaitant émanciper le Canada "de toute autorité humaine, si ce n'est celle de la démocratie".
Le clergé et les esprits modérés contre-carraient ces tendances. La Minerve de Montréal et le Libéral de Québec, organes du mouvement réformiste, décrétèrent les modérés de trahison et déchiquetèrent les mandements des évêques.
Les partisans de Papineau organisèrent les prises d'armes de 1837 et de 1838. Ils ne réussirent qu'à provoquer une répression assez dure. Les chefs de l'insurrection se réfugièrent aux États-Unis [NDLR: au comble, Papineau s'exila sous les traits d'une femme], et vécurent en exil jusqu'à l'amnistie.
Au Canada, l'orage passé, les esprits s'apaisèrent. L'amnistie est proclamée. La plupart des exilés rentrent mûris par l'épreuve. Ces exilés - entre autres, Ludger Duvernay et Georges-Etienne Cartier - se repprochent de leurs anciens adversaires modérés, et renoncent à l'anticléricalisme. Les épouses des révolutionnaires se 1837 se disputent, en 1845, l'honneur de faire la quête à la grand'messe du 24 juin. La Minerve recommande le progrès dans l'ordre, le respect de l'autorité. Le peuple canadien-français, presque à l'unanimité, suit ces conseils.
Mais Papineau n'est pas rentré en même temps que les autres exilés. Papineau séjourne à Paris pendant huit ans. Dans l'histoire européenne, dans l'histoire de France en particulier, ce séjour de Papineau se situe en pleine effervescence entre la Révolution de 1830 et celle de 1848. Papineau fréquente tous les libéraux en vue. Il se lie avec le chansonnier Béranger, et visite Lamennais, emprisonné pour la publication d'un pamphlet révolutionnaire. Il a des entrevues avec les socialistes Louis Blanc et Pierre Leroux. Il rencontre des réformistes d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne.
Dans ce milieu, Papineau accentue ses idées avancées. Quand il revient au Canada, en 1845, il a, sur plusieurs points, adopté les idées radicales de ces amis français. Ses anciens lieutenants - Denis-Benjamin Viger, Louis-Hippolyte Lafontaine, Augustin-Norbert Morin, Ludger Duvernay, Georges-Etienne Cartier - ont au contraire évolué vers la conciliation.
Papineau, après huit ans d'éloignement, n'est plus à l'unisson du peuple. Il devient, toutefois, l'idole d'un groupe de jeunes libéraux à tendances radicales. Ces jeunes gens fondent un journal, qu'ils appellent L'Avenir, en souvenir de l'éphémère journal de Lamennais. Le groupe de L'Avenir comprend Antoine-Aimé Dorion et ses frères, Joseph Doutre, Rodolphe Laflamme, Louis-Antoine Dessaulles, Jean-Baptiste Daoust, tous plus ou moins marqués d'anticléricalisme. Ces disciples de Papineau reprennent les théories des anciennes "associations de la Réforme". Ils préconisent l'indépendance du Canada, voire l'annexion aux États-Unis. Ils fondent l'Institut Canadien, qui entre bientôt en conflit avec Mgr Bourget. Ce groupe de l'Institut Canadien est le noyau du parti libéral.
-Robert Rumilly, Pages d'histoire politique. Ligue de l'autonomie des provinces. P. 23.
Louis-Joseph Papineau
Louis-Joseph Papineau |
Dans les grandes assemblées qui entretenaient l'agitation, Papineau et ses amis prononçaient des discours républicains et antibritanniques. Dans les "associations de la Réforme", les doctrinaires du mouvement reconnaissant le peuple comme source unique d'autorité, et sapaient l'influence du clergé. Les Fils de la Liberté publièrent un manifeste révolutionnaire, souhaitant émanciper le Canada "de toute autorité humaine, si ce n'est celle de la démocratie".
Le clergé et les esprits modérés contre-carraient ces tendances. La Minerve de Montréal et le Libéral de Québec, organes du mouvement réformiste, décrétèrent les modérés de trahison et déchiquetèrent les mandements des évêques.
Les partisans de Papineau organisèrent les prises d'armes de 1837 et de 1838. Ils ne réussirent qu'à provoquer une répression assez dure. Les chefs de l'insurrection se réfugièrent aux États-Unis [NDLR: au comble, Papineau s'exila sous les traits d'une femme], et vécurent en exil jusqu'à l'amnistie.
Au Canada, l'orage passé, les esprits s'apaisèrent. L'amnistie est proclamée. La plupart des exilés rentrent mûris par l'épreuve. Ces exilés - entre autres, Ludger Duvernay et Georges-Etienne Cartier - se repprochent de leurs anciens adversaires modérés, et renoncent à l'anticléricalisme. Les épouses des révolutionnaires se 1837 se disputent, en 1845, l'honneur de faire la quête à la grand'messe du 24 juin. La Minerve recommande le progrès dans l'ordre, le respect de l'autorité. Le peuple canadien-français, presque à l'unanimité, suit ces conseils.
Mais Papineau n'est pas rentré en même temps que les autres exilés. Papineau séjourne à Paris pendant huit ans. Dans l'histoire européenne, dans l'histoire de France en particulier, ce séjour de Papineau se situe en pleine effervescence entre la Révolution de 1830 et celle de 1848. Papineau fréquente tous les libéraux en vue. Il se lie avec le chansonnier Béranger, et visite Lamennais, emprisonné pour la publication d'un pamphlet révolutionnaire. Il a des entrevues avec les socialistes Louis Blanc et Pierre Leroux. Il rencontre des réformistes d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne.
Dans ce milieu, Papineau accentue ses idées avancées. Quand il revient au Canada, en 1845, il a, sur plusieurs points, adopté les idées radicales de ces amis français. Ses anciens lieutenants - Denis-Benjamin Viger, Louis-Hippolyte Lafontaine, Augustin-Norbert Morin, Ludger Duvernay, Georges-Etienne Cartier - ont au contraire évolué vers la conciliation.
Papineau, après huit ans d'éloignement, n'est plus à l'unisson du peuple. Il devient, toutefois, l'idole d'un groupe de jeunes libéraux à tendances radicales. Ces jeunes gens fondent un journal, qu'ils appellent L'Avenir, en souvenir de l'éphémère journal de Lamennais. Le groupe de L'Avenir comprend Antoine-Aimé Dorion et ses frères, Joseph Doutre, Rodolphe Laflamme, Louis-Antoine Dessaulles, Jean-Baptiste Daoust, tous plus ou moins marqués d'anticléricalisme. Ces disciples de Papineau reprennent les théories des anciennes "associations de la Réforme". Ils préconisent l'indépendance du Canada, voire l'annexion aux États-Unis. Ils fondent l'Institut Canadien, qui entre bientôt en conflit avec Mgr Bourget. Ce groupe de l'Institut Canadien est le noyau du parti libéral.
-Robert Rumilly, Pages d'histoire politique. Ligue de l'autonomie des provinces. P. 23.
lundi 4 septembre 2017
Messe catholique à Drummondville
Tradition Québec vous invite à une messe catholique dimanche le 17 septembre 2017.
Horaire :
9h - Confessions (notez qu'il y aura aussi possibilité de se confesser durant la messe)
10h - Messe chantée du 15ème dimanche après la Pentecôte
12h - Repas tiré du sac, avec la présence des abbés Pinaud et Roy.
Lieu :
Érablière La pente douce
1549 route 122
Notre-Dame-du-bon-Conseil
J0C 1A0
Au plaisir de vous y voir nombreux !
Faites pénitence!
Dom Léonce Crenier (1888-1963) Abbé du monastère bénédictin de Saint-Benoit-du-Lac. |
Tel était le cri de
saint Jean-Baptiste au désert;
Telle fut la première
prédication de Notre-Seigneur;
Tel a toujours été
l'avertissement que les Saints ont jeté au monde;
Tel est enfin l'appel
que la Très Sainte Vierge, dans ses diverses apparitions depuis cent
ans, nous adresse...
Or, on ne fait point
pénitence.
On n'en voit pas la
nécessité.
Tout le monde semble
croire qu'il suffit, pour purifier son cœur et se rendre tout-à-fait
agréable à Dieu, de se confesser et d'accomplir la pénitence reçue
à cette occasion.
Et non seulement on ne
fait point pénitence, mais encore on recherche immodérément les
plaisirs sensibles; on ne semble vivre que pour cela.
Il arrive même que
l'on veuille ériger cette conduite en doctrine, et que l'on appelle
« Rigorisme » ce qui n'est en réalité que le minimum de
la pénitence chrétienne.
C'est là un grand mal.
Si, en effet, le rigorisme est condamnable – et il l'est – la
vraie pénitence est louable et nécessaire.
Il y a dans la
spiritualité de nombreux catholiques d'aujourd'hui quelques grandes
lacunes, et l'oubli de la pénitence en est une. La Sainte Vierge
nous l'a redit en vain. Nous voudrions, dans
ces quelques pages, rappeler l'enseignement de la tradition
catholique sur la nécessité de la pénitence et les normes d'après
lesquelles doit se régler la pratique de cette vertu, qui étant
d'ordre moral, consiste en un milieu, placé entre un excès et un
défaut.
Trop de mortification,
c'est le rigorisme.
Trop peu de
mortification, c'est le laxisme.
Au milieu, entre cet
excès et ce défaut, se place la vertu chrétienne de pénitence. Là
est tracée la voie étroite qui est le seul chemin pour aller au
ciel.
La mortification est la
répression des tendances déréglées de notre volonté et de notre
sensibilité, en vue de soumettre parfaitement à Dieu ces deux
facultés.
Comme nous le verrons,
pour obtenir cette soumission parfaite, il est souvent nécessaire de
réfréner en nous des tendances qui ne sont point déréglées.
Et pourquoi cette
répression?
1- Parce que nos
tendances, désordonnées depuis le péché originel, nous poussent à
milles choses défendues et mauvaises.
Or, pour redresser un
jeune arbre, il ne suffit pas de le ramener à la verticale : il
faut le courber dans le sens opposé à celui où il penche.
De même, il nous faut
parfois retrancher ce qui est permis pour pouvoir extirper ce qui est
déréglé.
Comme le dit saint
Thomas (De Malo, Q. 4, a. 2.) : « Le grand lien spirituel
qui contenait merveilleusement toute notre nature étant rompu, sans
être proprement disposés à rien, nous sommes exposés à tout,
comme un vin généreux qui s'écoule en tout sens, ou comme une
fougueuse monture qui n'est plus gouvernable. »
Et c'est d'abord ce
déréglement qu'il faut combattre; on oublie de le faire; on semble
ignorer qu'il faut le faire.
2- Parce que nos péchés
personnels nous obligent à la pénitence, et pas seulement à la
pénitence sacramentelle, dont on ne saurait se contenter. Aussi, le
Concile de Trente (Session XIVe, chapitre VIIIe) nous conseille-t-il
trois sortes d'oeuvres satisfactoires :
a) Les peines par nous
spontanéement recherchées pour réparer le péché;
b) Les peines imposées par le prêtre
en proportion de la faute;
c) Enfin (et ceci est la plus grande
preuvre d'amour) les épreuves temporelles infligées par Dieu et
patiemment supportées par nous.
3- Parce que ces péchés
personnels ont encore accentué les mauvais plis laissés en nous par
le péché originel. Cette conséquence vient s'ajouter à la
culpabilité que nous avons encourie en commettant ces fautes, et
vient rendre plus ardu, plus laborieux, le redressement auquel nous
devons travailler.
4- Le quatrième motif
qui nous oblige à la mortification, dit M. Olier, c'est la
sainteté, qui nous doit tenir unis à Dieu et détachés de toute
créature.
Le bonheur divin qui
nous est destiné, dès ici-bas, exige un renoncement aux jouissances
inférieures, dans lesquelles notre sensibilité pourrait s'arrêter.
Nous devons considérer
la hauteur du but à atteindre. Un chrétien doit, dit
Notre-Seigneur, s'efforcer d'être parfait comme le Père céleste
est parfait.
Il ne s'agit donc pas
simplement de mener une vie qui soit raisonnable à nos propres yeux;
il faut tâcher de mener une vie divine, d'être, comme nous y
exhorte saint Paul, les imitateurs de Dieu.
Il faut donc toujours
tendre à ce que nous conseille saint Paul : « Si vous
êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en-haut,
et non celles de la terre. »
La hauteur de l'idéal
surnaturel qui nous est proposé demande si nous voulons y tendre que
soit exclus de notre vie ce qui, sans être mauvais, détournerait de
Dieu notre regard et notre activité.
5- Par esprit de
religion et de sacrifice, dit M. Olier, nous devons mortifier tous
nos appétits propres.
6- Par amour du
prochain, c'est-à-dire pour les délivrance des âmes du purgatoire
et le salut des pécheurs.
Membres du Christ, nous
devons collaborer à son œuvre de rédemption, à l'exemple de saint
Paul, qui disait : « Je suis plein de joie dans mes
souffrances pour vous, et ce qui manque aux souffrances du Christ en
ma propre chair, je l'achève pour son corps, qui est l'Eglise. »
Quand nous réparons
pour nos propres péchés, c'est la vertu de pénitence. La
réparation pour les autres est charité envers le prochain.
7- Par amour pour le
Christ. N'est-ce pas à ce motif que pensait saint Paul lorsqu'il
écrivait que « ceux qui sont au Christ ont crucifié leur
chair avec ses vices et ses convoitises »? et lorsqu'il disait
aux Philippiens : « Pour son amour, j'ai voulu tout
perdre, regardant toutes choses comme de la balayure, afin de gagner
le Christ et d'être trouvé en lui... afin de le connaître, lui et
la vertu de sa résurrection, d'être admis à la communion de ses
souffrances, en lui devenant conformes dans sa mort, pour parvenir,
si je le puis, à la résurrection des morts. »
8- L'ascèse, et en
particulier le jeûne, sont utiles à la santé du corps, et bien que
ce motif soit naturel, nous pouvons le sanctifier par l'intention.
9 – La lutte contre
le démon. Il y a, nous dit Notre-Seigneur, des démons qui ne sont
chassés que par le jeûne et par la prière.
Notre lutte principale
est contre les démons qui sont autour de nous, comme l'Eglise nous
le rappelle tous les jours à Complies, et comme nous le dit si
fortement l'Epître du 21e dimanche après la Pentecôte.
Or, les démons se
combattent par le jeûne, la prière et la mortification en général.
Le tabernacle de Satan. |
10- Le fait de vivre
dans un temps où revit le paganisme, et à côté d'une grande
nation aux trois-quarts païenne nous invite à pratiquer une ascèse
encore plus assidue.
L'existence de ce
néo-paganisme a été constatée en termes très attristés par Pie
XI et son successeur Pie XII. Le Pape s'exprimait ainsi le 8 février
1932, dans un discours : « … On marche donc par les
voies d'un paganisme nouveau et qui matérialise la vie tout entière.
Beaucoup pensent que le gain est tout, que le gain doit être rapide,
afin qu'on puisse jouir de la vie, s'amuser, dominer, prévaloir. Le
paganisme rentre dans la vie publique, dans la vie privée, dans la
vie familiale, par suite d'un abandon de plus en plus commun des
principes de modération, de retenue, d'abnégation, de respect de
soi-même, de respect des autres et de toute chose respectable. »
Et l'on se rappelle les
fortes paroles de Son Eminence le Cardinal Villeneuve, aux
Trois-Rivières, en août dernier :
« … Je voudrais
oublier le règne de la chair, les crimes secrets des époux, les
libertés criminelles de la jeunesse, les audaces, les recherches,
les passions, les faiblesses, les suggestions, les regards, les
pensées, les sollicitations, les scandales qui jettent la génération
nouvelle dans la luxure la plus effrénée, et dans des mœurs que
Sodome, Babylone, Rome et Athènes, et tous les siècles païens
n'ont peut-être pas dépassés... »
N'est-il pas évident
que ce mal appelle une réaction d'austérité chrétienne?
Le début du 17e siècle
voyait fleurir un paganisme pareil à celui d'aujourd'hui. C'est
alors que se produisit la réaction des Saints, magnifiquement
décrite pas Brémond comme une « invasion mystique ».
C'est le temps de
Bérulle et de son Ecole, où brilla bientôt M. Olier, qui devait
fonder la Compagnie de Saint-Sulpice, admirable dans tous les temps
par son austérité chrétienne, qui en a fait le modèle de la
perfection sacerdotale.
C'était alors aussi
que surgissait cette magnifique pléiade de saints personnages qui
devaient fonder le Canada et lui donner cette impulsion de vie
chrétienne qui dure encore et continue de faire l'admiration des
étrangers.
La réaction de
sainteté du début du 17e siècle s'impose aujourd'hui pour les
mêmes raisons.
On consultera, pour
plus de détails :
Les œuvres de Cassien,
toujours actuelles.
Les œuvres de saint
Jean de la Croix, surtout la Montée du Carmel et la Nuit
obscure, précieux ouvrages propres à dissiper toutes les
illusions.
Les œuvres de M.
Olier, et en particulier son Introduction à la vie et aux Vertus
chrétiennes.
L'introduction à la
Vie dévote, de saint François de Sales.
Les œuvres de
Rodriguez (Perfection chrétienne).
Celles de saint Jure
(L'homme spitituel).
Celles de saint
Alphonse de Liguori (Dignité et devoirs du Prêtre, etc.).
Le précis de
théologie ascétique et mystique, de Tanquerey
-Dom Léonce Crenier, O.S.B., Le juste milieu de la pénitence. Saint-Benoit-du-Lac. 1944.