jeudi 11 avril 2019

L'Eglise catholique a construit notre pays

« Ils (les ecclésiastiques) vivent, depuis 1791, en un État parlementaire, où les guides, se tirant désormais de la foule, exigent la formation constante d'équipes de chefs. La colonie est, par surcroît, enfiévrée de la bataille des races; les guides ont besoin d'instruction supérieure, non seulement pour s'acquitter de leurs fonctions parlementaires, mais d'abord pour conquérir à leur race, dans la vie politique de la province, la part qui lui revient. Cette race, en effet, une minorité de fonctionnaires anglophones l'exclut des hauts postes de l'administration, de la magistrature, de l'exécutif, de la Chambre haute; et le prétexte de l'ostracisme, c'est l'ignorance, l'incompétence foncière du conquis au maniement des institutions britanniques. Le reproche d'ignorance, voici longtemps que toute la nationalité canadienne le reçoit au visage comme un soufflet. Que faut-il de plus à des prêtres patriotes qui vivent très près de leur peuple, partagent ses aspirations et ses souffrances, qui, depuis toujours, ont pourvu à ses besoins intellectuels, que leur faut-il davantage pour apercevoir comme une autre besogne urgente, la formation de nouvelles équipes de dirigeants, et par conséquent l'élévation, dans la province entière, du niveau de l'instruction? qu'à ce dessein se mêle l'ambition d'embrigader des ouvriers de relève pour le sacerdoce, rien de plus sûr. Ce qu'ils veulent dans le principe, c'est opposer tout uniment des Ecoles supérieures aux Ecoles de l'Institution Royale. Et si le dessein primitif finit par s'élargir, c'est qu'avec le temps il n'a pu que se modeler à la mesure de ces grands cœurs de prêtres.

Le curé Antoine Girouard (1762-1832).
Fondateur du séminaire de Saint-Hyacinthe.
Prêtres au grand cœur! C'est bien ainsi que ces fondateurs continuent d'apparaître aux fils innombrables, aux vastes familles spirituelles engendrées par eux. Quand on fait la mesure de leurs labeurs, de leurs sacrifices souvent héroïques peu de figures en notre histoire s'y montrent d'une grandeur plus achevée, A l'origine de ces maisons de l'enseignement, l'on ne voit nulle part la riche dotation, le large crédit de l'Etat, le bienfaiteur opulent qui font à l'oeuvre un berceau confortable. Toutes vont naître dans l'indigence, par les soins et les peines d'un curé à la bourse toujours vide, à la soutane rougie. Des sept collèges ou séminaires surgis de 1800 à 1840 six auront pour fondateurs des curés de campagne. Déjà chargés d'un lourd ministère, ces hommes y ont ajouté délibérément le fardeau de pareilles entreprises; ce fardeau, ils l'ont assumé, en ayant supputé le poids écrasant, mais avertis, par l'instinct de leur foi, de la qualité vitale de pareilles œuvres. Presque tous y ont mis d'abord leurs biens personnels, quelques-uns se dépouillant parfois jusqu'au dénûment, se plongeant allègrement dans les dettes. Pour venir à bout de dépenses de toutes sortes, ils s'abîmeront de privations; pour cumuler tous les rôles, ceux de directeur, de professeur, de préfet d'études, d'économe, de bâtisseur, ils s'abîmeront de fatigues et de veilles. Sur tous leurs biens sacrifiés, ils ne sauront même pas se réserver la paix de leur presbytère, dont ils feront une ruche bruyante, y logeant la première génération de leurs écoliers. A la construction de son collège, l'abbé Painchaud travaillera comme un simple manœuvre, charriant en traîneau à bâtons la pierre des champs, le bois de charpente, et, les jours de corvée, menant la charrette à la tête de cent autres. L'abbé Ducharme, qui, en son presbytère, vit plus pauvre qu'un moine, s'excuse un jour de n'aller point saluer son évêque, « par honte de se montrer mal vêtu. »

C'est grâce à notre clergé,
Si le français est resté
Et tant qu'ça existera
Hourra pour le Canada ! 
- Madame Bolduc, Les Colons Canadiens.


Cet entier dévouement, l'oeuvre ne l'exige pas qu'à l'heure de sa fondation. Elle se refuse à vivre d'autre chose. En ces collèges institués pour un peuple pauvre, l'Education est d'un prix dérisoire qui dépasse à peine la gratuité. Au collège de Montréal, en 1837, et ses conditions ne sont que l'ordinaire, il n'en coûte encore, pour la pension, qu'un louis quinze schellings par mois, sur quoi nombre de pensionnaires reçoivent de fortes remises. En ces conditions, comme bien l'on pense, fort peu de ces fondateurs se sentent embarrassés de leurs surplus. Tous n'amassent que des dettes et le spectre de la banqueroute se tient en permanence au seuil de leur maison. A demi désemparé, l'un d'eux, l'abbé Girouard, crie à son évêque: « J'ai 800 louis de dettes. » A Nicolet, le pain manque absolument en 1811 et l'économe se voit sur le point de renvoyer la communauté. Lorsque s'ouvre, à l'Assomption, la classe de régent, c'est autour d'une table qui n'est autre chose qu'une vieille porte posée sur des chevalets, que les premières élèves dégusteront les délices du rosa, rosae. »

« Ces misères sont-elles au moins les seules qui les viennent assaillir? Hélas! ... »


L'ABBÉ GROULX.
(Extrait de Le français au Canada).



-Lambert Closse, La Réponse de la Race - Catéchisme national. Thérien frères limitée, 1936. P. 397-399.

vendredi 5 avril 2019

Ce que le Canada français doit à l'Eglise

Signature de l'acte de fondation de Ville-Marie, la ville catholique,
en présence de Pierre Chevier, du baron de Fancamp,
 de M. Olier (le fondateur des Sulpiciens) et de
Jérôme le Royer de la Dauversière.
1. Qu'est-ce que la patrie canadienne-française par rapport à l'Eglise catholique?

La patrie canadienne-française est une création de l'Eglise catholique de même que sa défense, sa conservation et sa persévérance comme peuple canadien-français catholique.

2. L'origine apostolique du Canada est-elle contestable?

L'origine apostolique du Canada est si peu contestable que des publicistes anticléricaux ont dû apporter leur témoignage à ce caractère historique de nos origines.

3. Quelle fut l'attitude de Jean Verazzani qui, en 1524, toucha plusieurs points de notre pays?

Jean Verazzani traduisit l'intention de Français Ier de gagner les sauvages au christianisme en élevant des croix sur plusieurs points de notre pays.

4. Comment Cartier fit-il de son oeuvre une oeuvre d'apôtre?

Jacques Cartier voulut faire oeuvre d'apôtre en commençant par une messe, dans la Baie de Brest, le 11 juin 1534.

5. Quel fut le premier contact de Cartier avec les sauvages dans le bassin de Gaspé?

Jacques Cartier, dans le bassin de Gaspé, planta une croix en présence des sauvages puis les harangua par signes, s'efforçant de leur faire comprendre ce que signifiait cette croix : ce fut le premier sermon en terre canadienne.

6. Quel titre mérite Samuel de Champlain?

Champlain fut l'explorateur apôtre.

7. Pourquoi fut-il plus apôtre que les autres?

Champlain fut plus apôtre que les autres parce qu'il traversa vingt fois l'Atlantique pour atteindre son but et assurer « l' établissement de la foi chrétienne parmi un peuple infini d'âmes ». « Ni la prise des forteresses ni le gain des batailles, ni la conquête des pays ne sont rien en comparaison du salut des âmes. La conversion d'un infidèle vaut mieux que la conquête d'un royaume. »

8. Quels moyens Champlain a-t-il pris pour évangéliser le pays?

En 1615, Champlain revint de France avec 8 Récollets et 2 frères convers.

9. Quand furent dites les deux premières messes dans la colonie?

La première messe fut dite à Montréal, le 24 juin 1615 et la seconde à Québec le lendemain.

10. Par les Récollets quel culte Dieu a-t-il confié aux français du Canada pour assurer à sa Mère un peuple de serviteurs?

Le peuple canadien-française fut choisi par Dieu pour répondre aux attaques protestantes contre le culte de l'Immaculée-Conception de Marie; le grand nombre des églises consacrées à Marie dans la seule province de Québec en est une preuve.

11. Est-ce que les Récollets purent seuls suffire à la tâche?

Non, en 1625 les Récollets durent appeler les Jésuites à leur aide.

12. Quelle fut la part des Jésuites dans l'évangélisation de la colonie?

Les Jésuites ont mérité au Canada le titre de principaux missionnaires de la Nouvelle-France, car jusqu'en 1663, ils furent à peu près les seuls prêtres de la colonie et ils convertirent tous les Hurons.

13. Le travail missionnaire des Jésuites fut-il agréable à Dieu?

Les Jésuites donnèrent à Dieu et à l'Eglise canadienne nos Saints Martyrs Canadiens.

14. Par qui la colonie fut-elle adoptée et plus spécialement Montréal?

Par les Messieurs de Saint-Sulpice.

15. Quel était le but de Paul de Maisonneuve en débarquant à Montréal avec ses croisés en 1642?

Le but de Maisonneuve était de faire de Montréal une ville très chrétienne.

L'intrépide missionnaire, le père Marquette.
16. Quelle aide Maisonneuve a-t-il reçue des Sulpiciens?

« Les Messieurs de Saint-Sulpice devaient fournir dans cette année 25,000 écus avec le serment de ne jamais rien retirer de l'entreprise. Ils désirèrent même garder l'anonymat. »

17. A cause de sa situation géographique quel danger continuel courait Montréal?

Montréal, centre du pays et à 180 milles de Québec, a toujours été le premier point d'attaque des Iroquois.

18. Quel est le caractère de l'attaque des Iroquois au printemps de 1660?

Les Iroquois avaient organisé la disparition complète de Montréal pour ensuite descendre à Québec et en finir avec les chrétiens.

19. Qui a sauvé les chrétiens du Canada en 1660?

Dollard des Ormeaux et ses 16 compagnons, forts de la confession et de la sainte communion tinrent tête à des centaines d'Iroquois. La colonie était sauvée.

20. Rencontre-t-on souvent de l'héroïsme comme celui de Dollard?

Dollard a sauvé sa patrie dans un combat unique dans l'histoire du monde.

21. Quel était le nom de Montréal en 1642?

La ville de Montréal s'appelaient alors Ville-Marie.

22. Comment les Sulpiciens ont-ils réussi le miracle de la fondation de Montréal?

« Les Sulpiciens firent de cette fondation leur oeuvre de prédilection et ils ne reculèrent devant aucun sacrifice pour réussir, intéressant à leur entreprise le Pape, le roi de France et tous les Français. »

L'amour de la patrie, avec l'amour de l'Eglise, est le sentiment le plus sacré du cœur de l'homme, et s'il était possible que l'un fût ennemi de l'autre, ce serait, à mes yeux, le plus profond déchirement que la Providence ait ménagé à notre époque. 
La patrie est notre église du temps, comme l'Eglise est notre patrie de l'éternité, et si l'orbite de celle-ci est plus vaste que l'orbite de celle-là, elles ont toutes deux le même centre, qui est Dieu, le même intérêt qui est la justice, le même asile qui est la conscience, les mêmes citoyens qui sont le corps et l'âme de leurs enfants.
Le patriotisme religieux est un bien que nous ont léguénos pères, et c'est un devoir pour nous de le conserver précieusement. 
-Mgr Ignace Bourget

Sous la domination anglaise


23. Pourquoi le Canada appartient-il aujourd'hui à l' Angleterre?

D'abord parce que Dieu l'a permis et ensuite parce que la France politique n'a pas su seconder la France religieuse.

24. Après tous les malheurs qui ont frappé les Canadiens pour en arriver à la cession du Canada à l'Angleterre, comment se fait-il que les Canadiens ont réussi à décourager et à vaincre leurs oppresseurs?

Après la cession du pays, à l'Angleterre, presque totalement abandonnés par la noblesse et la bourgeoisie retournées en France, les Canadiens au nombre de 65,000, « eurent l'instinct, l'estimative de se laisser guider par leurs prêtres. »

25. Combien y avait-il de prêtres au Canada en 1766?

Ils étaient 138, tant séculiers que réguliers.

26. Qui était évêque en 1766?

Monseigneur Briand.

27. Combien y avait-il de missionnaires?

Il y en avait 38 qui s'occupaient des sauvages convertis.

28. Combien y avait-il de prêtres?

Il y avait cent prêtres, cent curés.

29. Cent curés! c'était pourtant une quantité négligeable devant l'Empire britannique?

C'était infiniment moins que cent bourgeois; mais cent curés, cela suffit pour sauver la civilisation française en Amérique.

30. Par quels moyens les prêtres ont-ils réussi à conduire le Canadien dans les affaires profanes?

Par leur ministère et par leur dévouement auprès du peuple.

31. En particulier, quels moyens servirent le mieux?

Il est impossible de séparer les deux : le ministère du prêtre, c'est-à-dire la religion catholique, et l'école.

32. Quelle fut l'importance du curé auprès des fidèles de 1760?

Le pauvre petit curé de compagne a remplacé providentiellement les gens de profession nécessaires à la société : notaire, avocat, médecin au besoin, autant de connaissances que la foi des paysans lui reconnaissait tout naturellement.

33. Quel caractère le curé a-t-il façonné dans le Canadien français?

Le curé de 1760 a mis dans l'âme canadienne en même temps que la foi, l'amour de la patrie, de notre langue, de nos droits.

34. Quelle constatation est donc inévitable?

On doit constater que chez nous, dans le passé, le catholicisme fait corps avec le patriotisme, c'est un roc sur lequel doit s'appuyer aujourd'hui notre idéal national.

35. Où le curé de chez nous a-t-il préparé cet idéal?

A l'école.

36. Qui enseignait dans ces écoles?

Les curés, quand leur ministère était fini.

37. Où étaient ces écoles?

Les presbytères servaient d'écoles.

38. L'école d'enseignement primaire une fois établie, le curé de chez nous s'en est-il arrêté là?

Non, il fonda le collège classique.

39. Pouvez-vous en nommer?

Le collège de Montréal qui est né au presbytère de la Pointe-aux-Trembles, grâce à l'initiative de l'abbé Ducharme; Québec, Nicolet, Lévis.

40. Où voulaient en venir les curés avec toutes ces écoles?

Ils voulaient former des hommes, des députés capables de se dresser devant l'Angleterre pour réclamer les droits de notre peuple, de notre race, la race française; pour notre langue, la langue française; pour nos lois, nos lois françaises.

41. Quelle fut la conduite des curés vis-à-vis du peuple dans ses difficultés avec leurs nouveaux maîtres, les Anglais?

Ils leur enseignèrent la loyauté envers leurs nouveaux maîtres et les aidèrent à prendre conscience de leur valeur, de leur âme française et à réclamer légitimement les droits constitutionnels qui assurent notre droit de vivre.

42. Quelle conclusion précieuse nous impose l'histoire de nos ancêtres dans leurs relations avec l'Eglise catholique?

La conclusion est une vérité qui s'attache à notre nationalité comme une partie d'elle-même; nous devons être des patriotes à la manière de nos ancêtres, nous rappelant sans cesse que chez nous, religion et patrie ne font qu'un seul et même tout, au point que chez nous la disparition de l'une entraînement la disparition de l'autre.

43. Quel est l'enseignement de l'Eglise catholique au sujet des relations de l'Eglise et de l'Etat?

Toujours, l'Etat doit servir l'Eglise et l'aider à poursuivre son oeuvre spirituelle.

44. Quel autre principe découle de notre passé historique depuis 1760?

La société canadienne-française doit avoir comme cadres la paroisse catholique, car la paroisse fut et est pour notre peuple sa forteresse nationale et religieuse.



-Lambert Closse, La Réponse de la Race - Catéchisme national. Thérien frères limitée, 1936. P. 391-396.

jeudi 14 février 2019

Conférence sur la réforme de la semaine sainte traditionnelle




Conférence de monsieur l'abbé Dutertre « Pourquoi suivre les cérémonies de la Semaine Sainte traditionnelle, et non les réformes de Pie XII? », le samedi 2 février 2019.



jeudi 17 janvier 2019

L'hérésie des Vaudois

VAUDOIS, disciples de Pierre Valdo, riche marchand de Lyon.

Pierre Valdo (1140-1217).
L'hérésie protestante voit en
lui un précurseur.
La mort subite d'un ami qui tomba presque à ses pieds lui fit faire de profondes réflexions sur la fragilité de la vie humaine le sur le néant des biens de la terre. Il voulut y renoncer pour ne s'occuper que de son salut, et distribua tous ses biens aux pauvres; il voulut inspirer aux autres le détachement
du monde et le dépouillement des richesses; il exhorta, prêcha, et, à force de prêcher le désintéressement, il se persuada que la pauvreté évangélique, sans laquelle on ne pouvait être chrétien, ne permettait de rien posséder.

Plusieurs personnes suivirent l'exemple de Pierre Valdo, cl formèrent, vers l'an 1136, une secte de gens qu'on appelait les pauvres de Lyon; à cause de la pauvreté dont ils faisaient profession. Valdo leur expliquait le Nouveau Testament en langue vulgaire, et devint l'oracle de ce petit troupeau.

Le zèle de ses disciples s'échauffa bientôt, et ils ne se contentèrent pas de pratiquer la pauvreté, ils la prêchèrent, et s'érigèrent en apôtres, quoiqu'ils ne fussent que de simples laïques sans mission. L'Eglise de Lyon, sans condamner leurs motifs et leur zèle, voulut les renfermer dans de justes bornes; mais Valdo et ses disciples avaient une trop haute idée d'eux-mêmes pour déférer aux avis de l'Eglise de Lyon. Ils prétendirent que tous les chrétiens devaient savoir l'Ecriture, que tous étaient prêtres et que tous étaient obligés d'instruire le prochain. Fondés sur ces principes qui renversaient le gouvernement de toute l'Eglise, les vaudois continuèrent à prêcher et à se déchaîner contre le clergé. Si l'Eglise leur imposait silence, ils répondaient ce que les apôtres avaient répondu au sénat des Juifs, lorsqu'il leur défendait de prêcher la résurrection de Jésus-Christ : Faut-il obéir à Dieu ou aux hommes ? Les vaudois savaient l'Ecriture; ils avaient un extérieur mortifié, leurs mœurs étaient austères, et chaque prosélyte devenait un docteur. D'un autre côté la plus grande partie du clergé, sans lumière et sans mœurs, n'opposait communément aux vaudois que son autorité. Les vaudois firent des progrès rapides, et, après avoir employé tous les ménagements possibles, le pape les excommunia, et les condamna avec tous les autres hérétiques qui inondaient alors la France.

Les foudres de l'Eglise irritèrent les vaudois; ils attaquèrent l'autorité qui les condamnait.

Fondés sur la nécessité de renoncer à toute possession pour être vraiment chrétien, Valdo et ses disciples prétendirent que l'Eglise romaine avait cessé d'être la vraie Eglise depuis qu'elle avait des possessions et des biens temporels; que ni le pape, ni les évêques, ni les abbés, ni les clercs, ne devaient posséder ni biens-fonds, ni dignités temporelles, ni fiefs, ni droits régaliens; que les papes, qui avaient approuvé ou excité les princes pour faire la guerre , étaient de vrais homicides, et par conséquent sans autorité dans l'Eglise.

De là les vaudois concluaient qu'eux seuls étaient la vraie Eglise, puisqu'eux seuls pratiquaient et enseignaient la pauvreté évangélique.

Après s'être ainsi établis comme la seule vraie Eglise, ils prétendirent que les fidèles étaient égaux, que tous étaient prêtres, que tous avaient le droit d'instruire, que les prêtres et les évêques n'avaient pas celui de les en empêcher. Ils prouvaient toutes ces prétentions par quelques passages de l'Ecriture : tel est le passage de saint Matthieu, dans lequel Jésus-Christ dit à ses disciples qu'ils sont tous frères; celui de saint Pierre qui dit aux fidèles : Rendez-vous mutuellement service, chacun selon le don qu'il a reçu, comme étant de fidèles dispensateurs des différentes grâces de Dieu; le passage de saint Marc où Jésus-Christ défend à ses disciples d'empêcher un homme de chasser les démons au nom de Jésus-Christ, quoique cet homme ne suivit pas ses apôtres.

Les vaudois prétendirent donc former une Eglise nouvelle qui était la vraie Eglise de Jésus-Christ, qui, par conséquent, avait seule le pouvoir d'excommunier et de damner : par ce moyen , ils calmèrent les consciences alarmées par les foudres de l'Eglise.

Pour détacher plus efficacement les fidèles de l'Eglise, ils condamnèrent toutes ses cérémonies : la loi du jeûne, la nécessité de la confession, les prières pour les morts, le culte des saints, et en un mot tout ce qui pouvait concilier aux pasteurs légitimes le respect et l'attachement des peuples; enfin, pour entretenir les peuples dans l'ignorance, ils condamnèrent les études et les académies, comme des écoles de vanité.

Tel fut le plan de religion que les vaudois imaginèrent pour se défendre contre les anathèmes de l'Eglise et pour se faire des prosélytes.

Ils ne fondaient celle prétendue réforme, ni sur la tradition, ni sur l'autorité des conciles, ni sur les écrits des Pères, mais sur quelques passages de l'Ecriture mal interprétés ; ainsi Valdo et ses disciples ne formèrent point une chaîne de tradition qui remontât jusqu'à Claude de Turin [NDLR : évêque du IXe siècle ayant adhéré à l'iconoclasme].

Les vaudois renouvelèrent : 

1° les erreurs de Vigilance sur les cérémonies de l'Eglise, sur le culte des saints et des reliques, et sur
la hiérarchie de l'Eglise ;

2° les erreurs des donatistes sur la nullité des sacrements conférés par de mauvais ministres et sur la nature de l'Eglise ;

3° les erreurs des iconoclastes;

4° ils ajoutèrent à ces erreurs que l'Eglise ne peut posséder des biens temporels.



-Abbé Pluquet, Dictionnaire des hérésies, des erreurs et des schismes. Edition Jérôme Millon. 2017. (Publié pour la première fois en 1762, revu et corrigé par l'abbé Claris en 1847 puis publié par l'abbé Migne la même année). Pp. 703-704.

mardi 9 octobre 2018

In memoriam Pie XII

Aujourd'hui marque les 60 ans (9 octobre 1958 - 9 octobre 2018) du décès du dernier pape de la sainte Eglise catholique et romaine, Pie XII, d'heureuse mémoire. Puisse-t-il intercéder pour nous, les catholiques fidèles, en ces temps de danger.

Chapelle ardente pour le corps de sa sainteté Pie XII (1876-1958).
Fratres: Sóbrii estóte, et vigiláte: quia adversárius vester diábolus, tamquam leo rúgiens círcuit, quaerens quem dévoret: cui resístite fortes in fide.
Frères : Soyez sobres, veillez ; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rode autour de vous, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi.
-Pierre 1, ch. 5, 8-9. 



lundi 27 août 2018

Kebeka Liberata - Notre-Dame protège la Nouvelle-France des Anglais

L'intérieur de l'église. Description plus bas.
La guerre venait d'être déclarée entre la France et l'Angleterre. C'était une bonne occasion pour les colonies anglaises de l'Amérique d'envahir le Canada dont ils avaient l'intention de s'emparer.

"C'était là, dit Bancroft, leur passion dominante." Les sauvages des Cinq-Nations avaient contracté une alliance avec les ennemis des Français. M. de Frontenac qui venait de succéder à M. de Denonville, eut donc à lutter à la fois contre les colonies anglaises et contre la confédération iroquoise. Son courage et sa valeur sauvèrent la colonie d'une ruine, qui suivant toute prévision humaine, semblait inévitable. Cette courte période de notre histoire fut fertile en événements militaires importants, et les actes d'héroïsme militaire ne manquent pas à cette époque. Les annales canadiennes ont conservé le souvenir de plusieurs défenses héroïques. Une des plus célèbres est celle de madame de Verchères. Les exploits de M. D'Aillebout de Mantet et Lemoine de Ste-Hélène qui s'emparèrent de Corlar, dans la nuit du 8 février 1690, le courage de Hertel qui à la tête de 50 hommes, mit 2000 ennemis en complète déroute, sont autant de faits militaires qui prouvent jusqu'à quoi point M. de Frontenac, en prenant les rênes du gouvernement, avait su inspirer le courage a toute la population, et la terreur aux ennemis.

Les Anglais avaient résolu de prendre le Canada par terre et par mer. Le chevalier Guillaume Phipps reçut le commandement de la flotta destinée à s'emparer de l'Acadie et de Québec. Celle-ci parut en vue de la ville le 16 octobre au matin. L'amiral détacha immédiatement un officier pour sommer la place de se rendre. Le gouverneur, piqué du manque de convenance dans les termes de la sommation, lui dit : "Allez, je vais répondre à votre maître par la bouche de mes canons ; qu'il apprenne que ce n'est pas de la sorte qu'on fait sommer un homme comme moi." 

Le 18 octobre, l'ennemi tenta une descente entre Québec et Beauport. Mais il fut repoussé avec perte. Le même soir, les canons de la flotte de Phipps commencèrent le bombardement de la ville, qui fut continué le lendemain. "Cependant à mesure que le danger augmentait, les prières publiques redoublaient dans toute la ville. Les citoyens avaient pris pour patronne et pour protectrice la très Sainte Vierge. Une de ses bannières avait été apportée de Montréal, par M Joseph Serré de la Colombière, aumônier des milices, qui, lors de sa descente, l'avait placée comme un signe de salut à l'avant du canot qu'il montait. Cette bannière était portée chaque fois en procession dans toutes les églises... Les dames s'étaient engagées par un vœu solennel à se rendre en pèlerinage à l'église de la basse ville, si la sainte Vierge obtenait leur délivrance."

Un tableau de la Sainte Famille, appartenant aux Ursulines, fut exposé au haut du clocher de la cathédrale. "Cependant la confiance était telle, à Québec, écrit Ferland, que les dévotions publiques se continuaient comme dans les temps ordinaires. De la rade l'on voyait les hommes, les femmes et les enfants, se rendant aux offices de l'église sans paraître s'occuper de l'artillerie des Anglais."

Les ennemis ayant tenté de prendre Québec par la vallée de la rivière St-Charles, furent repoussés victorieusement par les Canadiens. Découragé à la suite de ses défaites successives, l'amiral Phipps abandonna son projet et rebroussa chemin complètement découragé. Les habitants de Québec sortirent comme d'un rêve,lorsque dans la journée du 21 octobre, ils virent la flotte disparaître derrière la falaise de Lévis. 
L'intérieur de l'église.

Les dames de Québec s'empressèrent d'accomplir leur vœu et firent leur pèlerinage solennel à l'église de la basse-ville. Cette victoire fit sensation en France. Louis XIV accorda des titres de noblesse à ceux qui s'y étaient le plus distingués, et nommément, aux sieurs Hertel et Juchereau, et il voulut qu'une médaille en perpétuât le souvenir. D'un côté on voit la tête de ce roi ; de l'autre, la France victorieuse est assise sur des trophées, au pied de doux arbres du pays, sur des rochers d'où s'échappe un torrent. Un castor va se réfugier sous un bouclier et le dieu sauvage du fleuve, qui épanche son urne aux pieds de la déesse, la contemple avec admiration. Pour devise on y a inscrit ces mots : Kebeka liberata M.DC. XC; et en exergue: Francia in novo orbe victrix (La France victorieuse dans le Nouveau monde).

« Kebeka Liberata Québec Délivré  
La ville de Québec symbolisée par une femme couronnée, est assise sur son  rocher au pied duquel le St-Laurent verse son urne.
Un castor prend ses ébats auprès d'elle. Elle foule aux pieds des boucliers, des cuirasses et des étendards aux armes d'Angleterre.  Le sujet et l'exergue sont empruntés à une médaille commémorative frappée au temps de Louis XIV. À droite de la T. S. Vierge 
 
Deus Providebat  
L'Ange Protecteur de la Nouvelle-France frappe la flotte de l'Amiral Walker qui, au milieu de la nuit et, par la brume, se jette sur le roc de l’île aux Œufs et s'y brise. »


C'est à partir de cette année du triomphe des armes français contre les Anglais et les Sauvages coalisés, que l'on a célébré chaque année dans la colonie, le quatrième dimanche d'octobre, la fête de Notre Dame de la Victoire dans le modeste sanctuaire de la basse ville. On cessa dès ce moment à le reconnaître sous le vocable de l'église de l'Enfant-Jésus à qui il avait été originairement dédié. Vingt et un ans plus tard on devait amplifier ce titre, à la suite d'une nouvelle intervention de la Providence qui sauva la ville d'un nouveau siège.

L'église Notre-Dame des Victoires.
En 1711, une flotte anglaise commandée par l'amiral Walker, se dirigeait sur Québec avec l'intention d'en faire le siège. Une brume épaisse qui couvrait le St-Laurent mit en défaut l'habileté du pilote, et huit des vaisseaux furent jetés sur l’île aux Œufs et y sombrèrent.

Ces événements se passaient vers le milieu d'août. Mais la nouvelle du désastre ne parvint à Québec qu'au commencement d'octobre. Elle fut accueillie avec une immense joie. La population de Québec se porta en foule à l'église de la basse-ville "pour remercier Notre Dame de la Victoire d'avoir délivré une seconde fois la colonie de la ruine. La verve des-écrivains se donna libre cours. "Le Parnasse devint accessible à tout le monde ; les dames même prirent la liberté d'y monter."

"Le pays était donc enfin délivré par la puissante protection de Marie ! Les Canadiens ne furent pas moins reconnaissants en 1711 qu'en 1690 ; on célébra une fête solennelle où M. de la Colombière prêcha avec un nouveau zèle et un grand succès, sur la fidélité à laquelle obligeait ce bienfait signalé de la très sainte Vierge ; la verve des poètes s'épuisa à rimer des poésies et des chansons sur le désastre de cette flotte ennemie,quatre fois plus nombreuse que tout ce que la colonie avait à lui opposer ; mais la piété voulut quelque chose de plus durable, pour témoigner à la postérité de sa reconnaissance envers sa céleste Libératrice. "

"Il fut conclu dans une assemblée générale, que l'on ferait une quête dans Québec et les environs, pour bâtir le portail de l'église de la basse-ville. Les communautés religieuses aussi bien que les citoyens donnèrent selon leurs ressources et môme au delà ; on recueillit plus de 6,000 livres. Il fut aussi question de fonder des messes en l'honneur de la sainte Vierge, où fut chanté le cantique de Moïse après la défaite de Pharaon : Cantemus Domino, ce qui, au dire de l'Annaliste de l'Hôtel Dieu, plaisait davantage à tout le monde.

"Enfin, la chapelle votive de 1690 changea son titre de N. D. de la Victoire en celui de N. D. des Victoires, et elle rappelle encore aujourd'hui sous ce nom la double faveur de la Mère de Dieu, de cette Etoile de la Mer, qui devint un signe de tempête et de dispersion pour les ennemis de son peuple.



-Narcisse-Eutrope Dionne, Historique de l'église de Notre-Dame des Victoires, basse-ville de Québec. Québec. 1888. Pp. 13-23.

jeudi 9 août 2018

Concordance entre la réforme protestante de 1549 et Vatican II - 2ème partie

Photographie prise le 10 Avril 1970 au Vatican. Six protestants, de gauche à droite :
Dr. George, Canon Jasper, Dr. Shephard, Dr. Konneth, Dr. Smith, et
Frère Max Thurian (en blanc), juste à côté de mgr Montini/Paul VI (en blanc)
Nous nous sommes servis de l'Histoire de l'Eglise du Chanoine Boulenger, de celle de Dom Poulet, du «Bref Historique de l'Introduction du Protestantisme en Angleterre» par H.R. Williamson et de l'article du R.P. Francis Clark «Les ordinations anglicanes, problème œcuménique».

-Père Noël Barbara
(1910-2002).




CONCORDANCE ENTRE LA REFORME PROTESTANTE DE 1549 ET LA REFORME DE LA SECTE VATICAN II (2ème partie)

Plus de 50 concordances stupéfiantes entre la réforme protestante de 1549 et la réforme liturgique de Vatican II !


Couleur rouge Prayer Book de 1549.
Couleur verte Réforme de Paul VI.

26 - [Prayer Book de 1549.] 
L'évêque Ridley, à Londres, fut un des premiers à introduire cette innovation dans son diocèse. A peine installé, il envoya à ses curés une ordonnance dans laquelle il les exhortait à «dresser la table du Seigneur sous la forme d'une table commune». Et lui-même, donnant l'exemple, faisait détruire dans la nuit du 11 juin 1550 l'autel de la cathédrale Saint-Paul et le remplaçait par une table au pied des marches conduisant au chœur. Quelques mois après, un décret royal enjoignait aux évêques de détruire les autels qui subsistaient et de les remplacer par des tables. «Tant que resteront les autels, prêchait Hooper, le peuple ignorant et les prêtres ignares rêveront toujours de sacrifice». 
Ici il nous paraît important de rappeler une précision que donnait Cranmer. Elle aidera à comprendre que les expressions orthodoxes conservées par les réformateurs n'ont pas nécessairement un sens catholique. Dans son nouveau Prayer Book, Crammer avait conservé quelques fois le mot «autel». Voici comment il s'en expliquait : «La table où la sainte communion est distribuée peut être appelée un AUTEL parce que là s'offre NOTRE sacrifice de louange et d'action de grâces». 
26 - [Réforme de Paul VI.]
Un autel du Novus ordo missae.
Avec la même frénésie hérétique, les autels ont été supprimés, détruits ou recouverts d'une tenture lorsque les Beaux Arts s'opposaient à leur destruction. Pas une seule cathédrale n'a conservé l'usage du sien et la plupart des églises paroissiales et des chapelles de maisons religieuses ont détruit ou relégué le leur. Partout, à l'entrée du chœur comme chez les protestants, une simple table fait oublier l'idée du Sacrifice. 
27 - [Prayer Book de 1549.]
Les évêques et les ecclésiastiques de mentalité catholique, qui prirent la défense de la Messe et de l'ancienne foi, furent déposés et remplacés par de zélés partisans de la nouvelle croyance. Les Capucins de Wurtemberg continuant à célébrer la Messe, Luther obtint du Grand Electeur de Saxe un édit leur défendant de célébrer en public. S'ils conservaient la Messe, ils la devaient dire seuls, sans aucun assistant. 
27 - [Réforme de Paul VI.]
Même acharnement pour la destruction de la Messe traditionnelle chez les néo-réformateurs qui ne peuvent supporter que même les vieux prêtres qui ont obtenu le droit de la dire puissent la dire en public et avec des assistants. De même : qu'un prêtre en fonction (curé, vicaire, aumônier, prédicateur) se permette de conserver le rite traditionnel, que les Pères de Vatican II avaient promis solennellement «de conserver et de favoriser de toutes manières» (De Sacra Liturgia, n° 4), ou qu'il enseigne le catéchisme traditionnel, il est jugé «un obstacle pour la pastorale d'ensemble» et nécessairement «remplacé par un zélé partisan de la nouvelle religion» et réduit à la misère. 
28 - [Prayer Book de 1549.]
Le Prayer Book de 1552 apporte encore des modifications. 
28 - [Réforme de Paul VI.]
Paul VI a, lui aussi, réformé TOUS les autres Sacrements. 
29 - [Prayer Book de 1549.]
Au baptême disparaissent l'exorcisme, l'onction et le chrémeau. 
29 - [Réforme de Paul VI.]
Comme on l'a vu, le nouveau rite du baptême de Paul VI a supprimé d'emblée tous les exorcismes ; l'onction est gardée ou non : c'est au choix du célébrant ! Si l'onction est faite, ce sera «sans rien dire» (!), de même que pour l'unique signe de Croix qui est fait sur le front en dehors du rite lui-même, toujours «sans rien dire».
Cette rubrique «sans rien dire» répétée à plusieurs reprises est révélatrice : ce sont des signes qui ne signifient plus rien du fait de la suppression de la formule qui leur donnait tout leur sens. C'est une astuce typiquement moderniste : conserver l'apparence extérieure des signes, faire disparaître la forme catholique et les vider ainsi de leur contenu. Lénine, dont ils rappellent la mémoire dans leur nouveau calendrier, n'a-t-il pas donné, comme moyen efficace de lutter contre la religion : «Conserver la coque (l'apparence), mais la vider de sa substance». 
30 - [Prayer Book de 1549.]
Disparaissent également, à la «visite des malades» (nouveau nom par lequel les protestants désignaient d'Extrême Onction), les onctions et par conséquents le sacrement même. 
30 - [Réforme de Paul VI.]
Bien entendu l'a nouvelle Réforme n'a pas épargné l'Extrême Onction qui est devenue «l'Onction des malades» ; cette appellation s'étant donnée aux premiers siècles, le changement paraît anodin. Cependant, nous devons souligner que cette appellation est préférée par les Novateurs car elle leur permet de faire prévaloir, à la doctrine catholique, qui ne confère ce sacrement qu'à ceux «que la maladie ou le grand âge mettent en danger de mort» (d'où le nom d'Extrême Onction), l'hérésie protestante qui prétend que ce rite est pour tous les malades «en danger de mort ou non». Et c'est bien ce que nous voyons se pratiquer partout, dans les lieux de pèlerinage surtout, avec les cérémonies d'administration collective de l'Onction des malades. 
Là encore, la forme et surtout la matière ont été changées. Sous prétexte que «l'huile d'olive fait défaut ou est fort difficile à trouver en certaines régions» (le Pape aurait-il oublié que nous sommes à l'époque du Concorde ?) on peut désormais utiliser n'importe quelle huile, bénite par n'importe quel prêtre, n'importe quel jour, «en cas de vraie nécessité», bien sûr (il faut bien sauver les apparences). 
31 - [Prayer Book de 1549.]
Les restes du vieux Canon de la Messe du rite catholique avaient subi d'importantes mutations ; Cranmer avait supprimé la commémoraison de la Vierge et des saints. 
31 - [Réforme de Paul VI.]
Il faut remarquer que le nouvel ordo nomme encore la Vierge et les Saints, d'une façon beaucoup moins catholique et pleine de réticences verbales, mais apparemment on en fait toujours mémoire. 
32 - [Prayer Book de 1549.]
Il avait supprimé aussi les prières qui précédaient la Consécration et par lesquelles le prêtre demandait à Dieu de «bénir et de sanctifier ces dons et créatures de pain et de vin, afin qu'ils deviennent pour nous le Corps et le Sang de son Fils Jésus-Christ», suppression qui revenait à écarter la doctrine de la Transsubstantiation, et du caractère sacrificiel de la Messe que les, protestants ont toujours rejetée. 
32 - [Réforme de Paul VI.]
Nous découvrons la même volonté de supprimer tout ce qui pouvait exprimer sans équivoque la doctrine concernant le caractère sacrificiel et propitiatoire de la Messe, l'efficacité des paroles de la Consécration et la Présence réelle, corporelle du Christ. Ici une remarque importante s'impose. Tous ces changements, ne l'oubliions pas, sont réalisés par des néomodernistes lesquels, suivant la juste définition du R.P. Calmel O.P., sont des hérétiques doublés de traîtres. Tout en étant aussi profonds que ceux des protestants, les changements opérés par les néo-réformateurs sont beaucoup plus camouflés. Appliquant la consigne de Lénine, ils conservent la coque mais vidée de sa substance. Ainsi, nous les voyons : parfois changeant le contenu ou le sens des expressions traditionnelles qu'ils conservent; parfois, supprimant des gestes dans le but de supprimer la doctrine que ces gestes exprimaient. L'expression «qu'ils deviennent pour nous le Corps et le Sang de Jésus-Christ» exprimait dans la Tradition catholique l'efficacité des paroles de la Consécration prononcée par le prêtre ; elle exprimait le mystère de la Transsubstantiation et la réalité de la Présence substantielle du Christ qui va être là, sur l'autel, en l'état de Victime immolée et offerte sous la forme sacramentelle, avec son Corps, son Sang, son Ame et sa Divinité. 
Pour les fabricants du nouvel ordo missæ, cette expression peut avoir un autre sens. «Qu'ils deviennent pour nous», sous-entendez : par la foi et non par le ministère du prêtre, «le Corps et le Sang de Jésus-Christ...» d'une façon virtuelle, spirituelle car, pour les nouveaux réformateurs, comme pour leurs devanciers, il semble bien qu'il n'y a aucun changement de substance, aucun miracle. Le pain reste du pain, le vin, du vin. Il ne s'y ajoute qu'une présence virtuelle, spirituelle, réalisée par la seule foi des fidèles réunis au nom de Jésus-Christ, suivant sa promesse : «Là où deux ou trois sont réunis en Mon Nom, Je suis au milieu d'eux». C'est dans ce même souci de ne pas professer la doctrine traditionnelle que les auteurs du nouvel ordo ont supprimé la génuflexion que faisait le prêtre aussitôt après avoir prononcé les paroles de la Consécration. Cette adoration, commandée par la Foi en la Présence réelle corporelle réalisée par les paroles de la Consécration, manifestait l'efficacité du rite catholique ; sa suppression exprime à sa façon (camouflée mais efficace) que les paroles de la Consécration n'ont opéré aucun changement. Le pain que le Président présente semble n'être que du pain et dans le calice qu'il élève, il semble qu'il n'y ait toujours que du vin. Ce nouveau rite est donc bien hérétique, mais il l'est à la façon moderniste, hypocritement, par omission calculée. Aux catholiques de s'en rendre compte et de ne pas nier l'évidence. Nous rappelons à ces catholiques timorés, paralysés à la seule pensée que tous ces changements sont promulgués par le Pape, qu'avant de chercher à sauvegarder la réputation d'un homme, fût-il Pape, il faut sauvegarder l'honneur de Jésus-Christ et le dépôt de la Foi. Et de cela, chacun à sa place, aura à rendre compte au jour du Jugement. 
33 - [Prayer Book de 1549.]
Il supprima également l'invocation au Saint-Esprit avant la Consécration (Veni Sanctificator...) 
33 - [Réforme de Paul VI.]
En supprimant l'Offertoire Romain, Paul VI a, lui aussi, fait disparaître cette prière qui ne se prête à aucune équivoque. S'adressant directement et clairement au Saint-Esprit, elle lui demandait de réaliser le miracle de la Transsubstantiation qui, à chaque fois, fait de la Messe un vrai et propre sacrifice propitiatoire puisqu'elle rend présent le Christ dans son état de Victime (Hostia) immolée et offerte sous la forme sacramentelle. Cette suppression est une manifestation supplémentaire de l'intention suspecte des auteurs du nouveau rite, qui se comportent comme s'ils ne croyaient pas que la Messe soit un vrai Sacrifice propitiatoire. Lire, pour s'en convaincre, la définition de la Messe qu'ils ont donnée dans le fameux article 7 : «qui s'éloigne de façon impressionnante, dans l'ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe, telle qu'elle a été formulée à la XXe session du Concile de Trente». (Cardinaux Bacci et Ottaviani. 
34 - [Prayer Book de 1549.]
En un mot, tout ce qui pouvait donner à croire que la Cène comportait une Présence Réelle et Corporelle de Notre-Seigneur dans son état de Victime immolée et offerte avait été impitoyablement éliminé. 
34 - [Réforme de Paul VI.]
Même caractéristique pour le nouveau rite : l'analyse des traductions nouvelles et des rubriques ainsi que des nouveaux textes montre cette obstination à éliminer les dogmes catholiques de la Messe-Sacrifice. C'est pour expliquer ce même esprit hérétique, niant le caractère sacrificiel de la Messe, que les auteurs du nouveau rite ont apporté deux autres changements : 
1° Après l'offrande du pain et du vin, le prêtre, avec la patène et avec le calice, traçait un large signe de croix. Ce rite, cette croix, qui rappelait si clairement l'immolation de la Victime, a été supprimé. 
2° Après avoir tracé le signe de la Croix avec la patène, le prêtre ne laissait pas le pain sur la patène, il le déposait sur le corporal qui symbolisait le linceul dans lequel fut mis le Corps de Jésus. Désormais, le Président doit laisser l'hostie sur la patène et ne pas la déposer sur le corporal, ce dernier pouvant maintenir dans son esprit ce dont on veut qu'il se défasse : la réalité du Corps du Seigneur. (Corporal = qui reçoit le corps). Cette pratique de l'équivoque et du camouflage, qui tranquillise les catholiques et paralyse la résistance, rend la nouvelle réforme plus perverse que celle de 1549.
35 - [Prayer Book de 1549.]
Que l'intention de Cranmer ait été de nier la Présence Réelle, la chose apparaît non seulement dans les profondes modifications du texte du Canon en 1549, mais encore dans le caractère des nouvelles rubriques. 
35 - [Réforme de Paul VI.]
Les réformateurs actuels ont opéré leurs modifications du Canon aussi à l'aide de traductions falsifiées. De cette façon, comme nous l'avons expliqué plus haut, la plupart des ruses et astuces échappent aux trop confiants catholiques qui peuvent toujours, pour esquiver l'obligation de réagir, rejeter la responsabilité des erreurs qu'ils constatent sur les traductions infidèles, alors que, dans la réalité, l'Autorité qui laisse circuler et utiliser ces mauvaises traductions se fait complice de leur diffusion. Qui tacet, consentire videtur - l'autorité qui se tait est censée consentir. 
36 - [Prayer Book de 1549.]
Les ornements du prêtre disparaissent pour faire place à un simple surplis ; la Table était couverte d'une seule nappe blanche ; le pain n'était plus le pain sans levain de forme arrondie et il était déposé dans la main du communiant au lieu de l'être dans la bouche. 
36 - [Réforme de Paul VI.]
Dans la nouvelle réforme également, il n'y a plus qu'une seule nappe blanche sur l'autel au lieu de trois. La Communion est aussi reçue dans la main et non plus dans la bouche. Les ornements du prêtre n'ont pas encore tout à fait disparu, mais la chose est à l'étude. (Lettre du Culte Divin du 21 mai 1972.) Toutefois, il ne faut pas oublier que l'hérésie peut s'accommoder des ornements sacerdotaux. Elisabeth Ire d'Angleterre, pour rallier les catholiques à la Réforme protestante, les avait à nouveau prescrits. 
37 - [Prayer Book de 1549.]
Enfin, une rubrique avertissait que «l'agenouillement des fidèles devait être regardé comme une marque d'humble reconnaissance à Dieu pour le bienfait de la communion (spirituelle) et nullement comme un acte d'adoration à l'égard du pain et du vin sacramentels»... «Le maintien extérieur, déclarait Hooper, les gestes du communiant doivent exclure tout soupçon, toute apparence d'idolâtrie, tout penchant vers elle. Or s'agenouiller est une marque, un signe extérieur d'honneur et de culte, et jusqu'ici l'adoration du Sacrement a constitué une grave et damnable idolâtrie. Je désirerais donc que les Autorités ordonnassent aux communiants de se tenir debout ou assis. Rester assis, à mon avis, serait le mieu .» La lutte contre la réception de la communion à genoux était, au dire de Philip Hughes, «la dernière pierre à empiler sur le tumulus sous lequel gisait l'ancienne croyance en la Sainte Eucharistie». 
37 - [Réforme de Paul VI.]
L'agenouillement a été radicalement supprimé, au point de refuser la Communion aux fidèles qui osent encore s'agenouiller. Tout ceci est bien la manifestation irrécusable que les auteurs du nouvel ordo sont animés du même esprit que leurs ancêtres qui entendaient supprimer par leur réforme la croyance en la Présence réelle substantielle du Christ durant la Messe. Un archevêque du Midi de la France, distribuant la Communion, donc tenant dans ses mains le ciboire contenant le Corps du Seigneur, donna des coups de pied aux genoux d'une vieille dame agenouillée, l'invitant ainsi à se relever. Évidemment, il est plus que probable que cet archevêque ne croyait plus à la transsubstantiation et que sa «communion», simple symbole commémoratif, n'était plus notre Communion sacrée. Une fois de plus, en travestissant le sens d'un mot on dissimule l'hérésie. 
Catéchisme hérétique.
38 - [Prayer Book de 1549.]
En même temps que ces réformes liturgiques paraissait un nouveau catéchisme composé par l'évêque de Winchester. 
38 - [Réforme de Paul VI.]
Un nouveau catéchisme pour adulte, rédigé par des théologiens hollandais, est également paru avant la nouvelle «messe». Condamné par Rome, il a fini par s'imposer. Il est traduit dans toutes les langues et l'édition italienne a été adoptée jusque dans le diocèse de Rome. Sous la responsabilité des évêques, de nouveaux catéchismes pour enfants ont également été imposés partout, souvent à l’encontre de la volonté des curés, des catéchistes et des parents d'enfants. 
39 - [Prayer Book de 1549.]
Ces réformes rencontrèrent une vive résistance chez plusieurs évêques qui luttèrent contre elles et furent mis en prison. Au commencement du règne d'Elisabeth Ière, un seul évêque apostasia. 
39 - [Réforme de Paul VI.]
On ne voit, hélas ! aucune résistance de ce genre actuellement chez les évêques. Le Concile de Vatican II semble avoir engendré des évêques nouveau style, du genre «lièvres mitrés». Il est vrai que c'est un des châtiments annoncés par le Prophète : «Je leur donnerai pour chefs des enfants, des efféminés domineront sur eux». Convertissons-nous donc et prions afin que se lèvent au plus tôt de nouveaux saint Bruno, saint Hugues, saint Godefroy qui, en se dressant contre le Pape Pascal II et sous la menace de ne plus le reconnaître comme Pape légitime, l'obligèrent à condamner la doctrine hérétique qu'il avait concédée à l'Empereur au sujet de l'investiture des évêques. 
40 - [Prayer Book de 1549.]
L'évêque Scott, dans une critique serrée de la nouvelle liturgie, montra que le formulaire proposé pour la Cène faisait disparaître la Consécration, le Sacrifice et la Communion. Il n'y avait plus de consécration, car, lorsque le ministre prononçait les paroles de l'Institution : «Ceci est mon Corps...», il les disait sans l'intention voulue comme s'il racontait une histoire. Ne croyant plus en la Transsubstantiation, ils n'avaient plus l'intention de la réaliser et ne la réalisaient pas. Ils ne faisaient qu'un récit, un mémorial. 
40 - [Réforme de Paul VI.]
Depuis la mise en place du nouvel ordo, aucun Prélat n'a eu le courage de l'analyser strictement pour démontrer sa perversité. Seuls, les Cardinaux Ottaviani et Bacci ont représenté à Paul VI que le nouveau rite «s'éloignait d'une façon impressionnante de la théologie catholique de la Messe». Leurs voix ont été étouffées et ils n'ont pas insisté. Et pourtant, comme pour le formulaire de la Réforme protestante, le rite de Paul VI tend à faire disparaître la Consécration. Il fait dire les paroles de l'Institution : «Ceci est mon Corps... ceci est le calice de mon Sang...» sur le ton récitatif comme s'il voulait que le prêtre ne fasse qu'un récit, qu'un mémorial. Ce changement, malgré son apparence anodine, est de la plus haute gravité. En remplaçant la manière impérative qui manifestait l'intention de consacrer, par une manière récitative qui, non seulement, ne manifeste plus cette intention, mais qui encore en exprime une opposée, celle de rappeler seulement un fait, ce changement trahit la volonté des néo-réformateurs de changer l'intention de l'Eglise et de lui substituer une intention hérétique, l'intention protestante. Cette volonté hérétique des réformateurs est manifeste dans les « nouveaux missels » qui étalent impunément la doctrine protestante aux pages 187, 192, 195, 201, où, au lieu de Consécration il est nettement déclaré : Récit de l'Institution. 
Pareille déclaration devrait être assez claire pour dessiller les yeux de tous, d'autant plus qu'elle est encore renforcée par cette autre affirmation de la page 383 qui est un aveu (ci-dessus n° 16) et qui ne devrait laisser aucun doute aux catholiques. Désormais ils ne peuvent plus l'ignorer puisque ses inventeurs ont pris soin de le leur dire : la célébration qu'on appelle nouvelle messe n'est aucunement la «Messe» puisqu'elle n'est pas le renouvellement du Sacrifice du Calvaire, mais son simple Mémorial. Dans l'intention de ses fabricants, elle n'est rien de plus que la Cène protestante. Redisons-le : les novateurs ne s'en cachent plus, ils nous l'ont dit : il ne s'agit pas d'une consécration mais d'un «récit
de l'Institution». Comme ils ont eu soin de nous le déclarer, il s'agit simplement de faire mémoire de l'unique Sacrifice déjà accompli et non pas, comme l'enseigne la doctrine catholique, d'un renouvellement véritable du Sacrifice. Ceux des catholiques qui s'obstinent à ignorer ces déclarations, qui, refusant d'en tenir compte, osent prétendre que le Nouvel Ordo Missae est toujours une Messe catholique, s'aveuglent pitoyablement. C'est leur affaire. Mais leurs déclarations sentimentales ne changeront pas la réalité : dans le fait comme dans l'intention de ses auteurs, le rite nouveau n'est plus la Messe, mais un simple mémorial qui n'effectue plus notre Sacrifice adorable. 
41. [Prayer Book de 1549.]
Enfin, il n’y avait pas de communion, car, s’il n’y a ni Consécration ni Sacrifice, il n’y a pas davantage de Présence réelle du Corps et du Sang du Christ. 
41 - [Réforme de Paul VI.]
Mêmes conséquences découlent du nouveau rite. Puisque dans l'intention de ses fabricants il «s'agit seulement de faire mémoire»,le nouveau rite a été agencé non seulement pour ne pas manifester clairement l'intention de consacrer, mais encore pour faire entendre qu'on ne fait qu'un récit. Mais alors, si le «président» se conforme au nouveau rite et au dessein de ses auteurs, il n'a pas l'intention de consacrer. Donc le pain et le vin demeurent ; il n'y a pas de présence corporelle. Sans présence corporelle, pas de sacrifice ; et sans sacrifice, pas de communion sacramentelle. De lui-même, le nouveau rite tend donc bien à n'être qu'un rite absolument vain et nul. Ici une remarque s'impose pour prévenir toute objection : à la différence des hérétiques de 1549 qui sortirent de l'Église, ceux d'aujourd'hui entendent rester à l'intérieur. Ils y occupent des postes-clés jusqu'aux plus hauts sommets de la hiérarchie, ayant ainsi les apparences de l'autorité régulière : les loups gardent les dehors des brebis. 
De là l'illusion facile chez les prêtres et les fidèles, par rapport à la Messe. Ne pouvant croire aux intentions perfides des destructeurs, ils se disent que du moment qu'on utilise le Nouvel Ordo Missæ avec l'intention de faire ce que l'Église traditionnelle veut faire, c'est-à-dire une vraie transsubstantiation, un vrai sacrifice propitiatoire, la Messe est valide malgré le rite. C'est vrai, leur Messe peut être valide car l'équivoque de la subversion actuelle détruit la Messe en donnant aux non-avertis l'impression de ne pas la détruire. Réalisons que l'hérésie moderniste n'est pas une hérésie classique, franche, clairement exprimée ; c'est une hérésie qui se dissimule sous des formules qui peuvent être entendues dans le sens hérétique et dans le sens catholique. Cette méthode hypocrite comporte pour l'hérésie un avantage (transformer la Messe en cène protestante sans donner l'éveil aux fidèles, sans provoquer trop de résistance) et un risque (celui de maintenir encore la validité de la Messe par ceux qui la disent avec l'intention catholique). Ce risque fait partie de la méthode employée, l'équivoque ; mais les modernistes le courent car pour eux, qui ne croient aucunement en la transsubstantiation, la question de la validité ne se pose pas ; et de plus, ils savent très bien que la doctrine traditionnelle n'étant plus enseignée (nouveaux catéchismes, nouvelle théologie), avec le temps la Messe sera détruite. Qui ne comprend, dès lors, quelle terrible responsabilité endossent ceux qui utilisent le N.O.M., même avec l'intention de célébrer validement, puisque par leur utilisation ils contribuent pour leur part à l'installation de cerite qui, de lui-même, tend à substituer la cène protestante à la Messe catholique. 
42 - [Prayer Book de 1549.]
Ces lois, votées par le Parlement contre le gré des évêques, étaient des actes révolutionnaires qui prétendaient imposer un nouveau culte. 
42 - [Réforme de Paul VI.]
Au synode de 1967, Paul VI présenta la «nouvelle messe» aux évêques sous le nom de «messe normative»... Les évêques, par leur vote (puisque Paul VI en est à mettre la Messe au vote !), l'ont nettement repoussée. La nouvelle réforme de la Messe s'inscrit donc, par ses procédés, dans la droite ligne de la Réforme de 1549. 
43 - [Prayer Book de 1549.]
Saint Thomas More
Des prélats catholiques en fonction au commencement du règne d'Elisabeth Ière, UN SEUL accepta la réforme, tous les autres la refusèrent et furent déposés. Voici, pour cette période, la liste officielle des Bienheureux et des Vénérables de l'Eglise d'Angleterre. Entre 1535 et 1544 : cinquante-martyrs ; calme entre 1545 et 1558 ; de 1559 à 1603 : cent quatre-vingt-huit martyrs ; de 1604 à 1680 : soixante-quinze martyrs. Il y eut aussi quarante-trois différés, ceux dont le martyre n'a pas été proclamé par manque d'évidence.
De tous ces martyrs, deux furent canonisés en 1935 : Saint Thomas More (laïc) et Saint John Fisher (évêque). Quarante autres le furent en 1970 (?) La plupart de ceux-ci étaient prêtres, mais il y avait aussi des laïcs, hommes et femmes. En plus des martyrs officiellement reconnus et des quarante-trois différés, il y en eut beaucoup d'autres et un grand nombre moururent en prison. Parmi ces centaines et centaines de prisonniers, il faut compter la plupart des évêques catholiques qui étaient en place au moment où Elisabeth Ière est montée sur le trône ; ils restèrent en prison dans des conditions plus ou moins dures jusqu’à leur mort. Le dernier de ces évêques mourut en 1584, après vingt-cinq ans de détention. Ce fut seulement sous Henri VIII que les évêques, saint John Fisher excepté, furent lâchés ; sous Elisabeth Ière, ils se ressaisirent et un seul d'entre eux apostasia. Pendant le règne d'Elisabeth Ière, les prisons étaient toujours remplies et
on en construisit beaucoup de nouvelles pour y enfermer ceux qui refusaient la Réforme. Les catholiques anglais ont de quoi être fiers de la résistance de leurs ancêtres à la réforme et de leur courage pour défendre la Foi ! 
43 - [Réforme de Paul VI.]
La réforme de Paul VI donne un résultat contraire à celle de 1549 : il n'y a que très peu de prélats qui restent attachés à la Sainte Messe traditionnelle et encore, combien parmi eux qui acceptent de confesser cet attachement ouvertement et publiquement ? Nous n'en connaissons que deux : Mgr Marcel Lefebvre, Archevêque de Synnada en Phrygie et fondateur de la Fraternité Saint Pie X (Ecône en Suisse), et Mgr Antonio de Castro Mayer, Evêque de Campos (Brésil). Que Dieu les bénisse et les soutienne ! Par contre, il y a beaucoup de prêtres qui refusent la nouvelle messe et conservent l'ancienne, et certains d'entre eux - il s'en trouve dans tous les pays - combattent la nouvelle messe et dénoncent la malice hérétique des faux réformateurs. C'est également de résignation qu'il faut parler pour la plupart des catholiques au sujet de toute la réforme entreprise par Paul VI. Au fond, beaucoup regrettent la liturgie séculaire qui nous vient des Apôtres, mais la très grande majorité, pour des raisons multiples (ignorance coupable, fausse obéissance, veulerie, tiédeur, amour de la tranquillité), n'a pas le courage de s'opposer à la ruine du catholicisme qui s'opère sous ses yeux. 
44 - [Prayer Book de 1549.]
La Reine Elisabeth Ière, pour établir définitivement la religion anglicane, avait procédé par étapes avec une habileté consommée. En prenant le pouvoir, elle avait, sous le prétexte de ménager toutes les opinions, introduit dans son Conseil les hommes gagnés aux idées nouvelles, tout en maintenant certains membres catholiques du temps de Marie Tudor. 
44 - [Réforme de Paul VI.]
Paul VI a dû étudier la stratégie de la Reine Elisabeth et s'en inspirer pour Sa Réforme car nous retrouvons la même habileté consommée, la progression par étapes et le mélange, dans ses innombrables comités, commissions, conférences, secrétariats, etc., qu'il met en place dans le monde entier (comme une araignée sa toile), d'éléments qui passent comme conservateurs avec d'autres qui ont pour mission de propager la Réforme. 
45 - [Prayer Book de 1549.]
D'autre part, elle avait fait disparaître de la Messe catholique quelques rites qui déplaisaient aux Réformés : ce fut la première étape. 
45 - [Réforme de Paul VI.]
La nouvelle réforme de la Messe commença par la suppression des prières au bas de l'autel et du dernier Evangile. Puis nous avons vu successivement l'autel retourné ou remplacé par des tables, la Messe à haute voix, puis le Canon à haute voix. On fit disparaître le latin en même temps que sortirent des «traductions nouvelles» des prières de la Messe (nouvelles, c'est-à-dire falsifiées). Les fidèles déjà mécontents par ce massacre de leur Messe, le furent encore bien davantage quand une innovation supplémentaire fit son apparition et se répandit partout : la Communion debout. Cette façon de communier si contraire à l'esprit catholique rencontra de la résistance chez nombre de fidèles choqués dans leurs convictions. Pour arriver à faire disparaître cet hommage rendu à la Présence Réelle et substantielle de Notre-Seigneur, le clergé recyclé ne craignit pas d'exalter les vertus d'obéissance et de sacrifice, s'ingéniant par là à donner mauvaise conscience aux obstinés de l'Adoration due à Dieu. Le troupeau ignorant et désemparé finit par se rendre à la voix du prêtre. Un très petit nombre ne voulut rien entendre : les brimades publiques leur furent réservées. Au cours des mois, même d'une semaine à l'autre, les «nouveautés» se multipliaient ; tel prêtre escamotait les prières au bas de l'autel, tel autre supprimait les signes de Croix du Canon, un autre n'adorait plus l'hostie après les paroles consécratoires, etc., etc. On se scandalisait, les conversations stigmatisaient tous ces prêtres «désobéissants», alors qu'en fait ils obéissaient aux ordres occultes destinés à habituer les fidèles aux mutations à venir : ce fut la «nouvelle messe», où se retrouvaient en bloc et en détail toutes les «désobéissances» des prêtres qui savaient. La duperie avait été complète ! 
46 - [Prayer Book de 1549.]
Puis en 1559, maîtresse absolue de la religion en Angleterre, elle avait supprimé les lois contre les hérétiques, ce qui pouvait passer pour une mesure de tolérance. Elle réintroduisit le Prayer Book de 1552, qui était nettement protestant, et en 1563 elle fit légaliser de nouveau l'Ordinal de 1550 (bien qu'on s'en servait dès le commencement de son règne). 
46 - [Réforme de Paul VI.]
Depuis Vatican II, libre carrière a été donnée à tous les hérétiques : tout est permis, sauf de penser et de pratiquer comme la Sainte Église a toujours cru et pratiqué. Comme Elisabeth Ière d'Angleterre, Paul VI a veillé à la non-condamnation des hérétiques en faisant disparaître le Saint-Office qui était spécialement chargé de les empêcher de nuire. Et lui-même a tenu à déclarer qu'il n'y aurait plus de sanctions : «Nous allons avoir une période de plus grande liberté dans la vie de l'Église et par suite pour chacun de ses fils... La discipline formelle sera réduite, tout arbitraire sera aboli... seront également abolis toute intolérance et tout absolutisme». (9 juillet 1969.) 
47 - [Prayer Book de 1549.]
Enfin, en 1563, quand elle eut jugé que, peu à peu, le peuple s'était suffisamment détaché de ses anciens usages, elle franchit la dernière étape, en obtenant le vote d'une confession de foi. 
47 - [Réforme de Paul VI.]
Les novateurs actuels s'emploient ainsi à détacher l'es catholiques de ce qu'ils ont toujours cru et pratiqué pendant près de deux millénaires. Il semble bien que la grande apostasie prédite par Saint Paul (II Thes., I, 3-13 ; et I Tim. IV, 1-2) s'accomplisse actuellement.
48 - [Prayer Book de 1549.]
Au surplus, la religion établie par la Reine comportait un alliage bizarre des trois religions, catholique, luthérienne et calviniste : c'est ainsi que, tout en se ralliant à la nouvelle liturgie, elle avait gardé quelques rites et usages catholiques tels que l'emploi de la chape dans des grandes églises et, pour les autres, du surplis, des cierges à l'autel, etc., et elle avait gardé la constitution hiérarchique. Dans la pensée d'Elisabeth Ière, la religion anglicane ainsi établie sur la base d'un compromis devait être facilement acceptée de tous ses sujets. Elle se trompait. L'anglicanisme était loin de contenter tout le monde ; il ne contentait ni les catholiques qui entendaient rester attachés au dogme de la sainte Église, ni les calvinistes radicaux qui ne trouvaient pas suffisantes les réformes opérées. 
48 - [Réforme de Paul VI.]
LE RÊVE DE PAUL VI EST DE RÉUNIR TOUS LES HOMMES DANS UNE SORTE DE RELIGION HUMANITAIRE OÙ IL N'Y AURA NI CATHOLIQUES, NI PROTESTANTS, NI MUSULMANS, ETC. Dans une première étape, abusant de la prière du Seigneur «qu'ils soient un», on poussa, au nom d'une fausse unité, catholiques et protestants à fusionner. Dans ce but, on ne parla plus de catholiques mais de «chrétiens».

Au terme de cette concordance patente entre la Réforme protestante de 1549 et la Réforme actuelle de Paul VI, il nous semble que quiconque veut conserver sa foi doit rejeter toutes les nouveautés.
Ce devoir concerne tous les catholiques et tous seront comptables devant Dieu de ce qu'ils auront fait pour défendre leur Foi.

Ce devoir, grave pour tout catholique, est bien plus grave encore pour ceux que Dieu a préférés, qu'Il a choisis, qu'Il a appelés et dont Il a fait Ses prêtres. Qu'ils se souviennent de leur ordination sacerdotale et qu'ils se gardent d'oublier le double serment qu'ils ont prêté, la main sur les Saints Évangiles : serment antimoderniste et serment sacerdotal (du Concile de Trente).
L'acceptation du nouvel ordo missæ à l'hérésie dissimulée les rend parjures à ce double serment.
Le devoir de défendre la Messe est un honneur et c'est une Grâce. Courage !
Adjutorium nostrum in Nomine Domini !

-Père Noël Barbara, 1973.