mercredi 26 juin 2019

La philosophie religieuse des modernistes : l'immanence vitale

§ II. — Immanence vitale.

Suite de la partie I

D.D'après ce que vous vêtiez de dire, « l'agnosticisme n'est que le côté négatif dans la doctrine des modernistes. » Quel en est donc le côté positif?
R. — « Le côté positif est constitué par ce qu'on appelle l'immanence vitale. »

D.Comment les modernistes passent-ils donc de l'agnosticisme à l' immanentisme?
R. — Ils passent de l'un à l'autre en la manière que voici : Naturelle ou surnaturelle, la religion, comme tout autre fait, demande une explication. Or, la théologie naturelle une fois répudiée, tout accès à la révélation fermé par le rejet des motifs de crédibilité, qui plus est, toute l’élévation extérieure entièrement abolie, il est clair que, cette explication, on ne doit pas la chercher hors de l'homme. C'est donc dans l'homme même qu'elle se trouve, et comme la religion est une forme de vie, dans la vie même de l'homme. Voilà l'immanence religieuse. »

D.Je comprends que les modernistes, partisans de l'agnosticisme, ne puissent chercher que dans l'homme et dans la vie même de l'homme l'explication de la religion. Et maintenant, pour expliquer cette immanence vitale, qu'assignent -ils comme premier stimulant et première manifestation de tout phénomène vital, en particulier de la religion?
R. — Tout phénomène vital — et, on l'a dit, telle est la religion — a, pour premier stimulant, une nécessité, un besoin ; pour première manifestation, ce mouvement du cœur appelé sentiment.

D.D'après ces principes, où est le principe de la foi et partant de la religion?
R. — « Il s'ensuit, puisque l'objet de la religion est Dieu, que la foi, principe et fondement de toute religion, réside dans un certain sentiment intime, engendré lui-même par le besoin du divin. »

D.Ce besoin du divin est-il du moins, selon les modernistes, du domaine de la conscience?
R. — « Ce besoin, ne se trahissant que dans de certaines rencontres déterminées et favorables, n'appartient pas de soi au domaine de la conscience. »

D.Où gît donc, d'après eux, ce besoin du divin?
R. — « Dans le principe, il gît au-dessous, et selon un vocable emprunté de la philosophie moderne, dans la subconscience, où il faut ajouter que sa racine reste cachée, entière- ment inaccessible à l'esprit.



-Père Jean-Baptiste Lemius, Catéchisme sur le modernisme. 1907. P. 9-10.

mardi 7 mai 2019

La philosophie religieuse des modernistes : l'agnosticisme

§ I. — Agnosticisme. 

D. — « Pour commencer par le philosophe, quelle est la doctrine que les modernistes posent comme base de leur philosophie religieuse? 
R. — « Les modernistes posent comme base de leur philosophie religieuse la doctrine appelée communément agnosticisme. »

D. — Résumez la doctrine de l'agnosticisme? 
R. — « La raison humaine, enfermée rigoureusement dans le cercle des phénomènes, c'est-à-dire des choses qui apparaissent, et telles précisément qu'elles apparaissent, n'a ni la faculté ni le droit d'en franchir les limites ; elle n'est donc pas capable de s'élever jusqu'à Dieu, non, pas même pour en connaître, par le moyen des créatures, l'existence : telle est cette doctrine. »

D. — De cette doctrine, que concluent les modernistes? 
R. — « Ils infèrent deux choses : que Dieu n'est point objet direct de science ; que Dieu n'est point un personnage historique. »

D. — « Qu'advient-il, après cela, de la théologie naturelle, des motifs de crédibilité, de la révélation extérieure ? »
R. — « Il est aisé de le comprendre. Ils les suppriment purement et simplement et les renvoient à l'intellectualisme, système, disent-ils, qui fait sourire de pitié, et dès longtemps périmé. »

D. — Se laissent-ils arrêter au moins par les condamnations de l'Eglise? 
R. — « Rien ne les arrête, pas même les condamnations dont l'Eglise a frappé ces erreurs monstrueuses. »

D. — Donnez sur ce point, à l'encontre du modernisme , la doctrine du Concile du Vatican? 
R. — « Car le Concile du Vatican a décrété ce qui suit : Si quelqu'un dit que la lumière naturelle de l'humaine raison est incapable de faire connaître avec certitude, par le moyen des choses créées, le seul et vrai Dieu, notre Créateur et Maître, qu'il soit anathème (1). Et encore : Si quelqu'un dit qu'il ne se peut faire, ou qu'il n'est pas expédient que l'homme soit instruit par révélation divine du culte à rendre à Dieu, qu'il soit anathème (2). Et enfin : Si quelqu'un dit que la révélation divine ne peut être rendue croyable par des signes extérieurs, et que ce n'est donc que par l'expérience individuelle ou par l'inspiration privée que les hommes sont mus à la foi, qu'il soit anathème (3). »

D. — « Maintenant, de l'agnosticisme qui n'est après tout qu'ignorance, comment les modernistes passent-ils à l'athéisme scientifique et historique, dont la négation fait au contraire tout le caractère ; de ce qu'ils ignorent si Dieu est intervenu dans l'histoire du genre humain, par quel artifice de raisonnement en viennent-ils à expliquer cette même histoire absolument en dehors de Dieu, qui est tenu pour n'y avoir point eu effectivement de part ? » 
R. — « Le comprenne qui pourra. Une chose, pour eux, parfaitement entendue et arrêtée, c'est que la science doit être athée, pareillement l'histoire ; nulle place, dans le champ de l'une comme de l'autre, sinon pour les phénomènes : Dieu et le divin en sont bannis. »

D. — « Quelles conséquences découlent de cette doctrine absurde, au regard de la personne sacrée du Sauveur, des mystères de sa vie et de sa mort, de sa résurrection et de son ascension glorieuse ? » 
R. — « C'est ce que nous verrons bientôt. »



-Père Jean-Baptiste Lemius, Catéchisme sur le modernisme. 1907. P. 7-9.


(1) De revel., can. I. 
(2) Ibid., can. II.  
(3) De Fide, can. III.

vendredi 1 mars 2019

Une leçon de catéchisme sur l'infaillibilité

Q - Qu'est-ce que l'Infaillibilité du Pape?

La chaire de saint Pierre à Rome.
R. C'est le privilège par lequel, en vertu d'une perpétuelle assistance divine, le Pape est absolument préservé de toute erreur, lorsque, dans l'exercice de sa charge de pasteur suprême et de docteur de l'Église universelle, il enseigne aux fidèles ce qu'ils doivent croire ou pratiquer.

Q - Comment se prouve l'existence de ce privilège?

R. Il se prouve par l'idée même de la primauté qui appartient au Pape. Il est de foi, en effet, que le Pontife Romain exerce la primauté, c'est-à-dire une suprême autorité doctrinale et disciplinaire sur l'Église universelle, et sur chaque Église en particulier. Or, a dit Mgr Dupanloup, une autorité ne peut être souveraine en matière de foi, sans être infaillible.  Donc, en vertu de sa primauté, le Pape est infaillible. 

De plus la foi enseigne « que Notre-Seigneur Jésus- Christ a laissé sur la terre un homme qui fût son Vicaire visible et qui gouvernât l'Église, en qualité de Chef suprême, afin que tous les fidèles eussent recours à lui dans leurs doutes, et pussent obtenir une décision certaine, au sujet de la véritable doctrine, de manière à conserver dans toute l'Église une seule et même foi. Ce résultat n'aurait pu s'obtenir, si Dieu n'avait établi un Chef et Juge unique qui décidât d'une manière infaillible toutes les controverses, et à qui tous dussent se soumettre... Et saint Cyprien a émis cette pensée profondément vraie, que toutes les hérésies et tous les schismes sont provenus de ce qu'on n'obéit pas au prêtre de Dieu, et qu'on ne considère pas qu'il n'y en a qu'un dans l'Église qui soit ici-bas prêtre et juge à la place de Jésus-Christ. (Epistol. 55. ad Cornel.) » 
Ainsi parle saint Alphonse de Liguori, qui dans plusieurs de ses doctes ouvrages a solidement établi la vérité de l'infaillibilité du Pape.

Q. Mais est-il bien certain que le Sauveur ait conféré à saint Pierre l'infaillibilité de la foi?

R. Rien de plus certain. L'Évangile l'atteste dans trois textes précis :
1° lorsqu'il rapporte le Tu es Petrus, et super hanc petram etc. (Matth. xvi, 18) ;
2° quand il mentionne la prière faite par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour la stabilité de la foi de son Vicaire, et tout ensemble l'ordre donné par le Sauveur à saint Pierre de confirmer ses frères dans la foi : Et tu aliquando convenus confirma fratres tuos (Luc, xxn, 26);
3° enfin, lorsqu'il parle de l'investiture donnée par Notre-Seigneur à son apôtre de la charge de pasteur suprême : Pasce agnos, pasce oves (Joan. xxi, 16).

Q. Comment prouve-t-on que l'infaillibilité du Pape ressort de ce triple texte de l'Evangile?

Saint Alphonse de Liguori (1696-1787).
Docteur de l'Eglise.
R. Par l'impossibilité de comprendre
1° que Pierre étant par sa foi le fondement de l'Église, il ne possède pas la fermeté qu'il communique à tout l'édifice;
2° que la prière du Sauveur soit demeurée sans effet;
3° que Pierre puisse se tromper, tandis qu'il est, par son office, obligé de confirmer tous ceux qui chancèlent ou qui doutent;
4° et qu'il ne sache pas discerner d'une manière parfaitement sûre les pâturages sains d'avec les pâturages empoisonnés, au risque de présenter à ses brebis une nourriture qui leur donne la mort.

Écoutez l'explication de saint François de Sales qui est ici de tout point conforme à la tradition catholique : « Tous sont tentés, et on ne prie que pour lui seul... Il prie donc pour saint Pierre, comme pour le confirmateur et l'appui des autres... On ne saurait à la vérité donner ce commandement à saint Pierre de confirmer ses frères (qui sans doute représentaient toute l'Église) qu'on ne le chargeât d'avoir soin de leur croyance : car comment pourrait-on mettre ce commandement en effet, sans donner la puissance de prendre garde à la faiblesse ou à la fermeté des autres, pour les raffermir et les rassurer? N’est ce pas le dire et le redire encore une fois, fondement de l'Église? S'il appuie, s'il rassure, s'il affermit et s'il confirme les pierres même fondamentales, comment n'affermira-t-il pas tout le reste? S'il a charge de soutenir les colonnes de l'Eglise, comment ne soutiendra-t-il pas tout le reste du bâtiment? S'il a charge de repaître les pasteurs, ne sera-t-il pas souverain Pasteur lui-même? Le jardinier qui voit les ardeurs continuelles du soleil sur une jeune plante, pour la préserver de la sécheresse qui la menace, ne porte pas l'eau sur chaque branche; il se contente de bien tremper et mouiller la racine et croit que tout le reste est en assurance, parce que la racine va dispersant l'humeur à tout le reste de la plante. Ainsi Notre-Seigneur ayant planté cette sainte assemblée de ses disciples, pria pour le chef, et arrosa cette racine, afin que Veau de la Foi vive ne manquât point à celui qui devait en assaisonner tout le reste, et que par l'entremise du Chef, la Foi fût toujours conservée en l'Eglise. Il prie donc pour saint Pierre en particulier, mais au profit et utilité générale de toute l'Eglise »
« Saint Chrysostome appelle saint Pierre Os Christi, parce qu'il s'énonce pour toute l'Église et à toute l'Église en qualité de chef et de pasteur - et ce qu'il dit n'est pas tant par une parole humaine que par celle-même de Notre-Seigneur. Ainsi ce que saint Pierre disait et déterminait ne pouvait être faux : et de vrai si le confirmateur était tombé, tout le reste ne serait-il pas renversé? Si le confirmateur biaise et chancèle, qui le confirmera? Si le confirmateur n'est pas ferme et stable en lui-même, quand les autres s'affaibliront, qui les affermira? Il est écrit : Si l'aveugle conduit l'aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse; si l'instable et le faible veulent soutenir et assurer le faible, ils donneront tous deux en terre ; d'où s'ensuit que Notre-Seigneur en donnant l'autorité et le commandement à saint Pierre de confirmer les autres, il lui a quant et quant donné le pouvoir et les moyens de le faire, autrement pour néant lui eût il ordonné une chose impossible. Les moyens nécessaires pour confirmer les autres et rassurer les faibles, c'est de n'être point sujet à la faiblesse ni à Terreur, c'est d'être solide et ferme en soi-même comme une vraie pierre et comme un roi : et tel était ce saint apôtre, en tant que pasteur général et gouverneur de l'Église universelle. 

« Ainsi quand saint Pierre fut posé au fondement de l'Église chrétienne, et que l'Église fut assurée que les portes d'enfer ne prévaudraient point contre elle ; ne fut-ce pas assez nous dire que saint Pierre, comme pierre fondamentale du gouvernement et administration ecclésiastique, ne pourrait jamais se froisser ni rompre par l'infidélité, qui est la principale porte d'enfer? Car qui ne sait, que si le fondement renverse, et si l'on y peut porter la sape, tout l'édifice renversera?
Saint François de Sales (1567-1622).
Docteur de l'Eglise.
« Après tout, s'il était possible que le pasteur suprême ministérial pût mener ses brebis aux pâturages vénéneux, il est certain que tout le parc serait bientôt perdu. Si le suprême pasteur ministérial nous conduisait au mal, qui relèverait la bergerie? Si elle s'égarait, qui la ramènerait à la vérité? Nous n'avons qu'à le suivre simplement, non pas à le quitter, autrement les brebis seraient pasteurs. »

Q. L'infaillibilité de saint Pierre a-t-elle passé en héritage à tous les Pontifes romains qui lui ont succédé?

R. Sans aucun doute. Écoutons encore saint François de Sales :
« Tout ceci n'a pas eu lieu seulement en saint Pierre, mais en ses successeurs; car puisque la cause demeure, l'effet demeure. L'Église a toujours besoin d'un confirmateur qui soit permanent, auquel on puisse s'adresser pour trouver un solide fondement, que les portes d'enfer, et principalement Terreur ne puisse renverser : il faut que son pasteur ne puisse conduire à l'erreur, ni nous porter au mal. Les successeurs de saint Pierre ont seuls (hors du Concile général) ces privilèges, qui ne suivent pas la personne mais la dignité publique de la personne. »



-H. Montrouzier, S.J. Une leçon de catéchisme sur l'infaillibité du pape. 1870. P. 305-310.

samedi 12 janvier 2019

Divinité de la Religion

XXIe LEÇON. 
LE CHRISTIANISME ÉTABLI.  —  DIVINITÉ DE LA RELIGION. 


Q. Que prouve l'établissement du Christianisme ? 

R. L'établissement du Christianisme prouve que la  Religion est l'œuvre de Dieu. 

Q. Comment le prouve-t-il  ? 

R. Il le prouve : 1° par les difficultés de l'entreprise; 2°  par la faiblesse des moyens; 3° par la grandeur dû succès. 
Saint Etienne fut le premier des martyrs
(martyr signifie témoin).

Q. Quelles étaient les difficultés de l'entreprise ? 

R. Les difficultés de l'entreprise étaient les plus grandes qu'on puisse imaginer : car il s'agissait de détruire le Judaïsme et le Paganisme, et de les remplacer  par le Christianisme. 

Q. De quoi s'agissait-il encore ? 

R. Il s'agissait encore d'opérer cette révolution dans le monde entier, et dans le siècle d'Auguste, le plus poli  et le plus corrompu qui fut jamais.

Q. De quoi s'agissait-il enfin ? 

R. Il s'agissait de faire cela malgré les philosophes,  qui attaquaient toutes les vérités du Christianisme; malgré les comédiens, qui s'en moquaient sur les théâtres; malgré les empereurs, qui faisaient mourir au milieu des plus affreux tourments ceux qui devenaient chrétiens. 

Q. Quels moyens avaient été choisis pour faire réussir cette entreprise ? 

R. Pour faire réussir cette entreprise, on avait choisi les plus faibles moyens qu'on pouvait trouver. 

Q. Nommez-les. 

R. Douze hommes du peuple, douze pêcheurs, sans éducation, sans argent, sans protection, et, qui pis est, Juifs d'origine, par conséquent odieux et méprisables aux yeux de tout le monde. 

Q. Quel a été le succès de l'entreprise ? 

R. Le succès de l'entreprise a été le plus merveilleux qu'on ait jamais vu : il a été rapide, sérieux, réel et durable. 

Q. Pourquoi dites-vous un succès rapide ? 

R. Je dis un succès rapide, parce qu'en peu d'années la Religion s'est répandue dans toutes les parties du monde, même à Rome, où elle comptait, sous l'empire de Néron, une multitude immense de disciples. 

Q. Pourquoi dites-vous sérieux ? 

R. Je dis sérieux, parce qu'il s'agissait, pour se faire chrétien, de se dévouer à la haine, à la pauvreté, à l'exil, à la prison et à la mort la plus affreuse; et des millions d'hommes de tout âge et de tout pays s'y sont dévoués. 

Q. Pourquoi dites-vous réel ? 

R. Je dis réel, parce que le Christianisme a tout changé, les âmes, les idées, les mœurs, les lois, l'homme et la société tout entière. 

Q. Pourquoi dites-vous durable ? 

R. Je dis durable, parce que rien n'a pu détruire le Christianisme, ni les tyrans, ni les impies, ni les hérétiques, ni les révolutions, ni le temps, qui fait périr tout le reste.


XXIIe LEÇON.  

LE CHRISTIANISME ÉTABLI. — TOUTES LES OBJECTIONS DÉTRUITES ET TOURNÉES EN PREUVES. 



Q. Que résulte-t-il, aux yeux de la raison, de l'établissement du Christianisme? 

R. Aux yeux de la raison, il résulte de l'établissement du Christianisme : 1° que depuis dix-huit cents ans le monde adore un Juif crucifié, c'est-à-dire tout ce qu'il y a de plus méprisable et de plus odieux. 

Q. Continuez la même réponse. 

R. Il résulte : 2° qu'en adorant ce Juif crucifié, le monde est devenu beaucoup plus éclairé, beaucoup plus vertueux, beaucoup plus libre, beaucoup plus parfait. 

Q. Achevez la même réponse. 

R. Il résulte : 3° que toutes les nations ne sortent de la barbarie et de la dégradation qu'en adorant ce Juif crucifié; que toutes celles qui refusent de l'adorer demeurent dans la barbarie, et que celles qui cessent de l'adorer y retombent. 

Q. Ce fait est-il incroyable ? 

R. Ce fait est très-incroyable, et cependant très-certain. 

Q. Comment l'expliquez-vous ? 

R. Les Catholiques l'expliquent en disant : Jésus de Nazareth est le Fils de Dieu, Dieu lui-même; il a triomphé sans peine de tous les obstacles et communiqué au monde ses lumières et ses grâces; il y a eu miracle; tout s'explique facilement. 

Q. Que disent les impies ? 

R. Les impies disent qu'il n'y a pas de miracle; que Notre-Seigneur n'est pas Dieu, mais un Juif comme un autre, et que la conversion du monde est une chose toute naturelle. 

Q. Qu'est-ce à dire ? 

R. C'est-à-dire qu'il suffit, pour faire changer de religion au monde entier, de prendre un homme, de le crucifier, et d'en envoyer douze autres dire qu'il est Dieu; c'est une expérience que les impies devraient faire pour nous convaincre. 
Le monde tourne et la croix demeure.

Q. Qu'est-ce à dire encore? 

R. C'est-à-dire encore que les impies, pour ne pas croire aux miracles, sont forcés de soutenir la plus grande des absurdités : car le monde, converti sans miracle par douze Juifs, et adorant un Juif crucifié qui ne serait pas Dieu, est la plus grande absurdité qu'on puisse imaginer. 

Q. Que suit-il de là ? 

R. Il suit de là que la Religion, n'ayant pas pu être établie par la puissance des hommes, l'a été par la puissance de Dieu; qu'ainsi elle est vraie, car Dieu ne peut pas autoriser le mensonge. 

Q. Que suit-il encore ? 

R. Il suit encore que toutes les objections contre la Religion sont fausses, car il ne peut y avoir de vérités contradictoires. 

Q. Que suit-il enfin ? 

R. Enfin il suit que toutes les objections contre la Religion sont autant de preuves de sa divinité; car toutes montrent l'extrême difficulté de la persuader au monde, par conséquent la nécessité et la force des miracles qui ont obligé le monde à l'accepter, malgré toutes les passions et toutes les persécutions.  



-Mgr Jean-Joseph Gaume, Abrégé du catéchisme de persévérance. Quarante-troisième édition. Montréal. C.O. Beauchemin & Fils, libraires-éditeurs. P. 314-317.

mercredi 31 janvier 2018

Qu'est-ce que le catholicisme ?




Monsieur l'abbé Olivier Rioult répond à notre question « Qu'est-ce que le catholicisme ? » (janvier 2018).

jeudi 8 juin 2017

Même nos ennemis doivent être considérés comme notre prochain

Tous les catholique ont le devoir de connaître leur foi. Pour aimer Dieu, il faut le connaître. Pour se faire, Tradition Québec met à votre disposition des extraits du Catéchisme en anecdotes canadiennes. Dieu et Patrie ! -Tradition Québec


Louis Riel monta sur l’échafaud en 1885. Le Père Alexis André, O.M.I., qui l’assistait, raconte : « Arrivés en face de l'échafaud, nous nous mîmes à genoux continuant à réciter le chapelet... Le chapelet fini, l'assistant-shérif s'adressant à Riel, lui demanda s'il avait quelque chose à dire avant que le « warrant » qui ordonnait de l’exécuter eût son effet. Il se tourne de mon côté me demandant s'il devait parler. « Faites à Dieu, avec le sacrifice de votre vie, celui de ne pas parler et continuez à demeurer dans la paix et le recueillement pour aller rencontrer le Seigneur. » M.approchant alors de lui pendant qu'il était encore à genoux, je lui demandai s'il faisait de bonne volonté à Dieu le sacrifice de sa vie. « De tout mon cœur, mon Père », répondit-il. - Quittez-vous la vie avec regret ? - Non. Je remercie le Seigneur de m'avoir donné les dispositions de bien mourir. Je suis sur le seuil de l'éternité et je ne voudrais pas retourner en arrière. - Pardonnez-vous pour l'amour du Seigneur à tous vos ennemis, à ceux qui ont désiré votre mort et qui y ont travaillé ? Je leur pardonne de tout mon cœur comme je demande que Dieu me pardonne. - N'avez-vous rien sur le cœur contre quelqu'un et votre conscience est-elle en paix ? - Je meurs en paix avec Dieu et dans les hommes et je remercie tous ceux qui m'ont aidé dans mes malheurs et aussi les officiers et les gardes qui m'ont traité avec respect et compassion. » ... Il marcha à la potence d'un pas ferme et sans manifester la moindre émotion ni excitation... Il m'appela une dernière fois auprès de lui pour me demander ma bénédiction... En invoquant les saints noms de Jésus, de Marie et de Joseph, il fut lancé dans son éternité... » Jules Le Chevalier, O.M.I., Batoche.


-Abbé Georges Thuot, Le catéchisme en anecdotes canadiennes. Editions Fides. Montréal, 1946. Pp. 54-55.

lundi 12 décembre 2016

Dieu, auteur du Décalogue

Chapitre 28 — Des Commandements de Dieu en général

Motifs d’observer les commandements

Mais dans ces sortes d’explications, le Pasteur doit rechercher, tant pour lui-même que pour les autres, les motifs les plus propres à obtenir l’obéissance à cette Loi.

§ II. — Dieu, auteur du Décalogue

Or, parmi ces motifs, le plus puissant pour déterminer le cœur humain à observer les prescriptions dont nous parlons, c’est la pensée que Dieu Lui-même en est l’Auteur. Bien qu’il soit dit « que la Loi a été donnée par le ministère des Anges », nul ne peut douter qu’elle n’ait Dieu Lui-même pour auteur. Nous en avons une preuve plus que suffisante, non seulement dans les paroles du législateur que nous allons expliquer, mais encore dans une multitude de passages des saintes Ecritures, qui sont assez connus des Pasteurs.

Il n’est personne en effet qui ne sente au fond du cœur une Loi que Dieu Lui-même y a gravée, et qui lui fait discerner le bien du mal, le juste de l’injuste, l’honnête de ce qui ne l’est pas. Or la nature et la portée de cette Loi ne diffèrent en rien de la Loi écrite, par conséquent il est nécessaire que Dieu, Auteur de la seconde, soit en même temps l’Auteur de la première.

Il faut donc enseigner que cette Loi intérieure, au moment où Dieu donna à Moise la Loi écrite, était obscurcie et presque éteinte dans tous les esprits par la corruption des mœurs et par une dépravation invétérée; on conçoit dès lors que Dieu ait voulu renouveler et faire revivre une Loi déjà existante plutôt que de porter une Loi nouvelle. Les Fidèles ne doivent donc pas s’imaginer qu’ils ne sont pas tenus d’accomplir le Décalogue, parce qu’ils ont entendu dire que la Loi de Moïse était abrogée. Car il est bien certain qu’on doit se soumettre à ces divins préceptes, non pas parce que Moïse les a promulgués, mais parce qu’ils sont gravés dans tous les cœurs, et qu’ils ont été expliqués et confirmés par Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même.

Toutefois, (et cette pensée aura une grande force de persuasion), il sera très utile d’engager les Fidèles à se rappeler que Dieu Lui-même est l’Auteur de la Loi; Dieu dont nous ne pouvons révoquer en doute la Sagesse et l’équité, Dieu enfin dont la Force et la Puissance sont telles qu’il nous est impossible d’y échapper. Aussi, quand Il ordonne par ses Prophètes l’observation de sa Loi, nous l’entendons dire : « Je suis le Seigneur Dieu. » Et au commencement du Décalogue: « Je suis le Seigneur votre Dieu » et ailleurs: « Si Je suis le Seigneur, où est la crainte que vous avez de moi » ?

Mais cette pensée n’excitera pas seulement les Fidèles à garder les Commandements de Dieu, elle les portera encore à Le remercier d’avoir fait connaître ses volontés qui nous donnent les moyens d’opérer notre salut. L’Ecriture, dans beaucoup d’endroits, rappelle aux hommes ce grand bienfait, et les exhorte à sentir tout

ensemble leur propre dignité et la bonté de Dieu comme dans ce passage du Deutéronome: « Telle sera votre Sagesse et votre Intelligence devant tous les peuples, que tous ceux qui auront connaissance de ces commandements diront: voilà un peuple sage et intelligent, voilà une grande nation. » Et dans celui-ci du Psalmiste : « Il n’a pas agi de la sorte avec toutes les nations ; Il ne leur a pas ainsi manifesté ses jugements. »

Commentaires

Le fait que nous devions obéir aux Commandements parce que Dieu lui-même en est l’auteur nous amène à la considération de nos fins dernières : nous avons été créés par Dieu, et notre salut dépend de notre soumission au plan d’amour qu’Il a pour nous. Personne n’est physiquement forcé à se soumettre à Dieu, mais de cette soumission dépend notre destinée éternelle.

Cela nous conduit également à considérer que les Commandements de Dieu sont immuables, ils ne peuvent pas être changés, que ce soit par un prêtre, par un évêque, par un cardinal ou par un pape. Ils demeureront pour toujours et pas un seul iota ne passera de la Loi avant le retour de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Tout le monde a entendu parler des dubias (ce qui signifie « doutes ») envoyés par quatre cardinaux au pape François concernant l’enseignement erroné contenu dans son document Amoris Laetitia. En dépit du fait que ces quatre cardinaux semblent incapables de voir la cause de cette apostasie qui a ses racines dans le Concile Vatican II et l’enseignement relativiste des papes conciliaires, il faut continuer de prier pour qu’ils continuent de défendre les Commandements de Jésus pour le bien de nombreuses âmes et pour que ces cardinaux ouvrent les yeux et voient plus clairement tout le problème. Les germes d’Amoris Laetitia se trouvent dans les textes ambigus de Vatican II, spécialement dans cette fausse liberté de conscience enseignée à cette occasion.

Nous avons de nombreuses raisons d’être fiers d’avoir la vraie Foi. Mais il faut nous rappeler que nous serons jugés plus sévèrement que bien d’autres. Faisons tout pour nous soumettre parfaitement à la Loi de Dieu.

En pratique

La lecture du psaume 118 peut nous aider beaucoup à comprendre que Dieu est l’auteur des commandements et combien de vénération le psalmiste (le roi David) avait pour la Loi de Dieu.

mardi 6 décembre 2016

Nécessité d’étudier et d’expliquer le Décalogue

L'Eglise catholique, par la voix de ses illustres pontifes, souhaite ardemment que tous les fidèles travaillent sans relâche à l'établissement du Règne social de Jésus-Christ sur les nations. Afin de rétablir le Règne de Notre-Seigneur, il important d'amener les peuples à la connaissance, puis à l'amour du vrai Dieu. Pour aimer Dieu, il faut d'abord le connaître. C'est pourquoi le Mouvement Tradition Québec souhaite publier régulièrement un catéchisme, ainsi qu'un commentaire. Les prochains articles de catéchisme auront pour référence l'immortel Catéchisme du Concile de Trente.

S'instruire pour vaincre!


Chapitre 28 — Des Commandements de Dieu en général

Saint Augustin fait remarquer que le Décalogue est le sommaire et l’abrégé de toutes les Lois (1) : « Bien que Dieu eût fait pour son peuple un grand nombre de prescriptions, néanmoins Il ne donne à Moïse que les deux tables de pierre, appelées les tables du témoignage, pour être déposées dans l’Arche. Et en effet, si on les examine de près et si on les entend comme il convient, il est facile de constater que tous les autres Commandements de Dieu dépendent des dix qui furent gravés sur les tables de pierre. Et ces dix Commandements dépendent eux-mêmes des deux préceptes de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, dans lesquels sont renfermés la Loi et les Prophètes. » (2)




§ I. — Nécessité d’étudier et d’expliquer le Décalogue.


Le Décalogue étant l’abrégé de tous les devoirs, les Pasteurs devraient le méditer jour et nuit, non seulement pour y conformer leur propre vie, mais encore pour instruire dans la Loi du Seigneur le peuple qui leur est confié. Car « les lèvres du Prêtre sont dépositaires de la science, et les peuples recevront de sa bouche l’explication de la Loi, parce qu’il est l’ange du Seigneur des armées.(3) » Ces paroles s’appliquent admirablement aux Prêtres de la Loi nouvelle, parce qu’étant plus rapprochés de Dieu que ceux de la Loi ancienne, ils doivent « se transformer de clarté en clarté, comme par l’Esprit du Seigneur. (4) » D’ailleurs, puisque Jésus-Christ Lui-même leur a donné le nom de « lumière » (5), leur devoir et leur rôle, c’est d’être « la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, les docteurs des ignorants, les maîtres des enfants » (6); et « si quelqu’un tombe par surprise dans quelque péché, c’est à ceux qui sont spirituels à le relever. » (7)

Au tribunal de la Pénitence ils sont de véritables juges, et la sentence qu’ils portent est en raison de l’espèce et de la grandeur des fautes. Si donc ils ne veulent ni s’abuser eux-mêmes, ni abuser les autres par leur ignorance, il est nécessaire qu’ils étudient la Loi de Dieu avec le plus grand soin, et qu’ils sachent l’interpréter avec sagesse, afin de pouvoir rendre sur toute faute, action ou omission, un jugement conforme à cette règle divine, et encore, comme dit l’Apôtre, afin de pouvoir donner
« la saine Doctrine (8) », c’est-à-dire, une doctrine exempte de toute erreur, et capable de guérir les maladies de l’âme, qui sont les péchés, et de faire des Fidèles « un peuple agréable à Dieu par la pratique des bonnes œuvres. (9) »

Commentaires

Dieu aurait pu nous donner une liste longue et détaillée des préceptes que nous devons suivre fidèlement afin d’obtenir le salut. Mais il nous a plutôt donné dix commandements qui sont très faciles à retenir. Il voulait ainsi que les hommes décident librement s’ils veulent rentrer dans le Royaume des Cieux ou se trouver parmi les réprouvés.

Les prêtres ont le devoir grave de rappeler aux fidèles la nécessité de suivre la loi du Christ. Quelle honte que la plupart des prêtres depuis Vatican II ne parlent plus des Commandements de Dieu, de la punition donnée à ceux qui ne les suivent pas, etc.

Le Catéchisme du Concile de Trente commence son enseignement sur les commandements de Dieu en rappelant aux prêtres que c’est pour eux un devoir grave de bien connaître la Loi de Dieu afin 1- d’être capables de la suivre dans leur propre vie pour donner au troupeau des fidèles un exemple à suivre ; 2- d’être capable de l’enseigner convenablement aux fidèles qui ont sans cesse besoin qu’on leur rappelle les vérités du salut ; 3- d’être capable de se prononcer sur toute action ou omission dans le Sacrement de la Pénitence afin que le peuple puisse être agréable à Dieu.

En pratique

Tous les chrétiens doivent connaître par cœur les commandements de Dieu (et de l’Église). Pour cela, il est très profitable de les réciter chaque jour durant la prière du soir, examinant par la même occasion notre conscience.