mercredi 31 janvier 2018

Qu'est-ce que le catholicisme ?




Monsieur l'abbé Olivier Rioult répond à notre question « Qu'est-ce que le catholicisme ? » (janvier 2018).

lundi 29 janvier 2018

De l’obligation de bien élever les enfants

Beaucoup de pères, pour procurer à leur fils un beau cheval, une maison luxueuse, un riche domaine, font tout et mettent tout en œuvre ; mais que son âme soit vertueuse et sa volonté pieuse, ils n’y attachent aucune importance.

C’est là ce qui bouleverse le monde : que nous négligions nos enfants, que nous prenions soins de leur fortune et dédaignons leur âme, admettant ainsi une conduite qui est le comble de la folie.

Une fortune considérable, opulente, si celui qui peut l’administrer selon la vertu n’est pas un homme sérieux, se perdra tout entière et disparaîtra avec lui, et elle sera pour son possesseur l’occasion du plus grave dommage ; mais un homme à l’âme généreuse et pleine de sagesse, même s’il n’a chez lui rien en réserve, pourra conserver sûrement les biens de tous.

Ce à quoi nous devons viser, ce n’est donc pas à rendre les enfants riches en argent, en or, en avantages de ce genre ; mais nous devons faire en sorte qu’ils soient opulents par-dessus tout en piété, en sagesse, en trésors de vertu, qu’ils aient besoin de peu, qu’ils ne soient pas fascinés par les bien de ce monde et les désirs inconsidérés. Nous devons nous tenir exactement au courant de leurs allées et venues, de leurs passe-temps, de leurs fréquentations, sachant que, si nous sommes négligents sur ce point, Dieu n’aura pour nous aucun pardon. Si on nous demande compte de notre sollicitude pour les autres en général (« Que chacun, dit l’Apôtre, cherche non pas son bien, mais celui du prochain »), à combien plus forte de notre sollicitude pour nos enfants ? « Ne l’ai-je pas mis chez vous dès sa naissance ? » nous dira le Seigneur ; ne vous ai-je pas préposé à sa conduite comme instituteur, protecteur, surveillant et maître ? n’ai-je pas remis entre vos mains l’autorité complète sur sa personne ? Dès sa tendre enfance, je vous ai ordonné de le façonner, de le diriger.

Quelle indulgence méritez-vous, si vous voyez ses écarts d’un œil indifférent ? Que direz-vous ? Qu’il est malaisé à conduire et d’un caractère difficile ? C’est chose dont il fallait vous apercevoir au début ; quand il était tout jeune et maniable, il fallait le soumettre au frein rigoureusement, l’accoutumer au devoir, le dresser, réformer les infirmités de son âme. C’est dans le temps où cette âme était plus facile à cultiver qu’il fallait y sarcler les épines, au temps où, en raison de son âge plus tendre, elles s’arrachaient sans peine ; ainsi, ses passions n’auraient pas été négligées, elles n’auraient pas grandi, elles n’en seraient pas venu au point qu’il est difficile d’en triompher. « Courbe son col dès sa jeunesse » est-il écrit, quand son éducation peut être faite avec le moins de peine.



-Saint Jean Chrysostome

samedi 27 janvier 2018

Le bulldozer athée continue d’avancer à Ottawa


En octobre 2015, je signais un article dans les pages de la revue Le Carillon intitulé Les franc-maçons promoteurs du blasphème. J’y dévoilais les manœuvres énergiques d’un regroupement d’associations « humanistes » à Ottawa pour que soit abrogé l’article C296 du Code Criminel canadien concernant la loi contre le « Libelle blasphématoire » encore en vigueur aujourd’hui.

Comme nous l’avions présagé, le travail de ce regroupement a été mené à terme depuis. Le dépôt du projet de loi C-51 (Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur le ministère de la Justice et apportant des modifications corrélatives à une autre loi) au mois de juin 2017 aura aussi pour effet « d’abroger plusieurs infractions criminelles devenues désuètes ou inutiles. » L’article C296 fait bel et bien partie de la liste.

Le travail de sape constitutionnelle n’est toutefois pas terminé, deux articles de loi protégeant encore les fondements de notre civilisation sont toujours dans la ligne de mire de la conjuration antichrétienne :


L’Article 176

Est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans quiconque, selon le cas :

(a) par menaces ou violence, illicitement gêne ou tente de gêner un membre du clergé ou un ministre du culte dans la célébration du service divin ou l’accomplissement d’une autre fonction se rattachant à son état, ou l’empêche ou tente de l’empêcher d’accomplir une telle célébration ou de remplir une telle autre fonction;

(b)
  sachant qu’un membre du clergé ou un ministre du culte est sur le point d’accomplir, ou est en route pour accomplir une fonction mentionnée à l’alinéa a), ou revient de l’accomplir :

(I) ou bien se porte à des voies de fait ou manifeste de la violence contre lui,

(II) ou bien l’arrête sur un acte judiciaire au civil ou sous prétexte d’exécuter un tel acte.


Et la défense (3), b) de l’article 319

(3) Nul ne peut être déclaré coupable d’une infraction prévue au paragraphe (2) (Fomenter volontairement la haine) dans les cas suivants :

a)    il établit que les déclarations communiquées étaient vraies;

b)    il a, de bonne foi, exprimé une opinion sur un sujet religieux ou une opinion fondée sur un texte religieux auquel il croit, ou a tenté d’en établir le bien-fondé par argument;

Pour ce qui est de l’article 319, une pétition a été déposée à la Chambre des Communes en octobre 2017 par le président des Libres penseurs athées, monsieur David Rand. La pétition e-763 demande que l’abrogation de l’alinéa souligné plus haut soit incluse dans le projet de loi C-51.

Les forces antichrétiennes auront donc supprimé tout ce que nos pères avaient jugé bon d’inclure au Code Criminel pour protéger leur foi bimillénaire avant la fin de 2018. De ces vestiges, il ne restera que le célèbre préambule de la Constitution de 1982.

« Attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit »


Kenny Piché
Tradition Québec

vendredi 26 janvier 2018

Julius Evola, homme traditionnel ou cabaliste ?

INTRODUCTION
Julius Evola, né Giulio Cesare Andrea Evola.

Une étude très complète est récemment parue sur la pensée de Julius Evola, par Marco Fraquelli (1). L’Auteur condense en trois cent pages, remplies de notes et d’indications bibliographiques, la philosophie évolienne. J’essayerai d’en recueillir les points, à mon avis, les plus importants et de les pré- senter au lecteur, en les intégrant avec d’autres lectures, pour répondre à l’interrogation posée ci-dessus.

LE SUPER-IDEALISME

Evola est décrit communément comme le maître de la “dignité surnaturelle de l’homme”; elle est fondée non sur le don libre et gratuit de Dieu à l’homme, mais sur l’“INDIVIDU ABSOLU” ou sur la conception philosophique qui est appelée “Idéalisme magique”. Evola, en effet, tout en se définissant “homme traditionnel” s’est placé sur des positions idéalistes (filles de l’Immanentisme moderne), même s’il se proposait de porter l’Idéalisme classique jusqu’aux ultimes et plus radicales conclusions pratiques, au moyen de la magie et de l’ésotérisme des pseudo-religions orientales: “Le Moi magique... royal, EN DEVENANT DIEU, accomplit [avec Evola, n.d.a.] ce pas qu’il n’accomplit pas dans l’Idéalisme classique” (2 ). Comme on le verra par la suite, ce principe philosophique influencera et dirigera toutes les options spirituelles et politiques d’Evola; il n’est donc pas permis de séparer l’Evola politique de l’Evola magique pour pouvoir prendre l’un et laisser de côté l’autre. Evola veut REALISER l’Idéalisme (3 ); c’est-à-dire là où Hegel, Fichte, Shelling, se limitaient à disserter et à spéculer sur le Moi qui pose et crée l’objet extra-mental, Evola veut faire en sorte que le Moi crée VRAIMENT la réalité, en recourant, naturellement, à l’“Ars Regia” et à la magie comme pierre philosophale et alchimique par laquelle l’homme voudrait se faire “dieu” et créer le monde. L’ésotérisme représente donc le couronnement et la réalisation du principe philosophique “super-idéaliste” de Julius Evola et le choix immanentiste et “moderne” d’Evola est présent comme fil conducteur dans toute l’œuvre du “philosophe interdit” (4 ). Toute son œuvre sera centrée sur la réalisation du Moi absolu, patron de l’univers! «Evola... grâce surtout à l’apport des doctrines ésotériques et sapientiales, peut procé- der au dépassement de l’“humain”, non seulement au sens gnoséologique mais au sens PRATIQUE” (5 ). “...Du reste, Evola luimême a plusieurs fois confirmé l’impossibilité d’arriver à la définition de l’Individu Absolu à travers l’usage des seules catégories de pensée spéculative de type occidental” (6 ). Nous savons qu’il existe une seule vraie Tradition, que Dieu remit oralement à Adam (7 ), qui nous est parvenue au moyen des Patriarches et des Prophètes, que Jésus a complétée et rendue universelle, et qu’Il a remise à ses Apôtres afin que, par le Magistère de l’Eglise, elle arrivât de jour en jour, jusqu’à la fin du monde, à tout homme. Cette TRADITION VRAIE affirme, en accord avec le bon sens et le réalisme, qu’il y a un Dieu transcendant qui a voulu librement créer le monde, lequel est fini, contingent et dépendant de Dieu et que l’homme possède une intelligence qui pour saisir la vérité doit se conformer à la réalité objective, réalité qui ne dépend pas de lui, mais de Dieu. A cette TRADITION VERITABLE s’est opposée une TRADITION PARASITAIRE, FALSIFIEE qui est appelée communément GNOSE laquelle a pour origine la CABALE JUIVE (8 ) inspirée en dernier ressort par Lucifer; il fut le premier à s’écrier ‘NON SERVIAM’ et à vouloir être la fin ultime de lui-même, sans devoir se confronter et se soumettre à un Dieu transcendant. La Révélation authentique nous enseigne que cette prétention “idéaliste-magique” de Lucifer, conduisit à sa damnation éternelle et que, depuis ce moment, Lucifer ne cesse pas de tenter l’homme afin qu’il l’imite dans son misérable propos. Au Jardin d’Eden Lucifer suggéra à Eve de manger le fruit défendu pour devenir comme Dieu (“Eritis sicut Dii”) (9 ).

LE DADAISME

Otto Weininger.
Evola a été aussi un artiste en plus d’un philosophe, et son activité artistique coïncide avec la rencontre de Tristan Tzara et le mouvement dadaïste. Tzara était un juif roumain et son mouvement peut être défini comme une sorte de “forme limite de la dégénérescence artistique juive” (10) fondée sur l’exaltation du Moi et de la volonté de puissance et d’absolue liberté, qui débouche sur le libertinage. En effet, comme l’admet Evola lui-même, “les dadaïstes proclamaient... l’identité de l’ordre et du désordre, du Moi et du non-Moi” (11). Evola connut Tristan Tzara vers 1918; à cette époque - écrit Fraquelli - Evola fait largement usage des drogues et des hallucinogènes. Un autre auteur dont s’inspire alors Julius Evola fut Otto Weininger (mort suicidé), juif lui aussi; “le système weiningerien se centralise... sur la complète identité entre le Moi et l’homme: tous deux se trouvent devoir s’imposer eux-mêmes l’un contre l’autre” (12). Et le Moi-homme, dans sa nécessité de se poser contre la réalité, doit se libérer évidemment de la morale chrétienne! Un autre auteur auquel se référa Evola à cette époque est Nietzsche, qui poussera encore plus Evola à une opposition radicale contre le Christianisme. En outre il faut savoir que “en plus de l’influence nietzschéenne... les doctrines orientales, qu’Evola étudie précisément durant ces années-là, eurent aussi un rôle très important; par leur... rupture avec la Logique... elles offrirent un vaste matériel pour l’attaque anti-rationaliste de la... philosophie occidentale” (13).

LA GNOSE ORIENTALE EN PLUS ET NON PAS CONTRE L’IDEALISME MAGIQUE

 “Le tournant décisif vers le monde des anciennes traditions spirituelles, des doctrines... ésotériques et initiatiques s’accomplit chez Evola... non comme une césure mais comme un développement naturel de son idéalisme magique. L’Individu Absolu a pris conscience que le monde est sa création (...). Evola se rapproche donc de la Tradition sapientiale orientale... en recherche... de techniques... qui permettent à l’Individu de réaliser son action magique” (14). En 1925 Evola publie “L’uomo come potenza”, essai consacré au Tantrisme. “En ultime synthèse, on peut dire que les Tantras nient tout dualisme homme-Dieu; en effet le monde et l’univers sont des créations de l’homme lequel s’identifie ainsi avec le Principe absolu et divin...” (15). Vers la fin des années vingt, Evola rencontre Arturo Reghini, maçon de rite écossais, qui «non seulement rapproche Evola de la Tradition romaine... mais assume un rôle fondamental pour le définitif tournant traditionnel d’Evola en mettant ce dernier en contact avec René Guénon, le “maître sans égal” dont l’œuvre donne... un véritable centre... à tout le savoir magique et ésotérique qu’Evola avait recueilli jusqu’à ce moment» (16).

EVOLA ET GUENON

René Guénon.
Je m’intéresserai à Guénon, en détail, dans un prochain article; il faut toutefois anticiper ici qu’Evola n’est pas une pure réduction de Guénon, même si entre les deux existent des différences assez grandes, même au sein du monisme (panthéiste chez Guénon et immanentiste chez Evola). L’accord de toute façon entre les deux “grands initiés” est substantiel et plus fort que les divergences qui peuvent être ainsi résumées:

A) Evola donne le primat à l’action, à la lutte, au guerrier. Guénon au contraire le donne à la contemplation, au ‘prêtre’.

B) Evola soutient que l’Occident a sa propre Tradition. Guénon pense que l’Orient est l’unique dépositaire de la Tradition.

C) Evola considère "l’Eglise catholique comme un symbole de dégénérescence de matrice sémitique, qui a concouru à la suppression de la Tradition impériale et gibeline médiévale” (17). Guénon considère l’Eglise comme l’unique pôle EXOTERIQUE (notez bien) autour duquel peut se réveiller une Tradition ésotérique.

D) Evola est pour le primat du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel. Guénon reconnaît le primat à l’action sacerdotale, pontificale (18).

EVOLA ET LA LIGUE DU NORD (19)

On dirait une boutade, mais au fond ça ne l’est pas. En effet, Evola immortalise et idéalise l’esprit héroïque païen et antichrétien inhérent dans la Tradition occidentale, qui ne peut être l’œuvre des peuples néo-latins et catholiques, mais doit être l’œuvre des peuples germaniques. Pour Evola la Tradition occidentale est la tradition nordique précisément du guerrier, contre la fausse Tradition du sud, dominée par l’esprit religieux et sacerdotal. Et c’est pourquoi Evola croyait trouver dans le Fascisme, mais surtout dans le Nazisme, une opportunité pour pouvoir rétablir la Tradition au moyen de la restauration des valeurs nordiques, païennes et gibelines. Dans la Ligue du Nord sont certainement présents aussi des éléments évoliens qui réussissent à concilier Frédéric Barberousse avec... Alberto da Giussano! Il ne faut pas s’étonner, pour l’idéaliste la contradiction est vie.

EVOLA ANTICHRETIEN

Excommunié à plusieurs reprises, Frédéric II est 
l'archétype avant-l'heure du chef d'Etat "libre penseur".
 Complaisant pour l'islam (à la manière de Voltaire 
et de Nietzsche) au point d'en prendre les mœurs, 
il ne cesse de louanger le génie islamique contre la 
chrétienté elle-même.
La vraie Tradition pour Evola est antichrétienne, en effet le Christianisme “représente la cause première de la dégénérescence du monde moderne, c’est la force destructrice par excellence qui a alors que la vraie Tradition est ésotérique, c’est-à-dire réservée aux seuls initiés. Le Christianisme avec ses thèmes d’imploration, d’adoration, de péché, d’indignité, de limites, se réclame de la spiritualité du Sud. Ce n’est pas par hasard que l’Eglise est Mère, et que la Médiatrice de toutes grâces est la Très Sainte Vierge. En pratique, le Christianisme réalise un affaiblissement qui est typique des sociétés lunaires et sacerdotales, c’est une sorte d’“hérésie blanche”...! Contre le Christianisme se dresse l’idéal chevaleresque, gibelin qui culmine en Frédéric II défoncé tout principe traditionnel...” (20). Selon Evola, le Christianisme est le principal responsable de la chute de l’Empire Romain, de plus il est la Religion des faibles, des esclaves. Si pour Guénon le Christianisme est un succédané exotérique de la Tradition primordiale initiatique et ésotérique, avec Evola nous sommes aux antipodes (et c’est peut-être justement ce qui le rend moins dangereux, non moins mauvais, notez bien, dans la mesure où une erreur, véhiculée par une certaine part de vérité et cachée en elle, est plus dangereuse et trompeuse que l’erreur évidente). Le Christianisme pour le philosophe italien est à relier à l’élément prophétique et messianique du sémitisme, qui remplace le caractère héroïque de la Tradition nordique, par un “élan confus et agité vers le surnaturel”. Le Christianisme est en outre une Révélation universelle, c’est-à-dire pour tous les hommes,

UN SATANISTE ITALIEN...

La Revue Internationale des Sociétés Secrètes, de Mgr Ernest Jouin, entre en lice avec la revue Fede e Ragione de Fiesole, contre le paganisme d’Evola. La R.I.S.S. (21) critique lourdement l’article qu’Evola écrivit sur la La Critica fascista de Bottai en 1927: Il Fascismo come volontà d’Impero e il Cristianesimo. La prestigieuse revue française, en reprenant les thèmes développés par la revue fiesolienne, soutient que l’article évolien “n’est qu’un LONG BLASPHEME” (22); il proclame “la nette incompatibilité de la vision impérialiste de la vie avec quelque forme que ce soit de Christianisme”, réclame la restauration de l’Etat comme réalité absolue, intolérante envers une Eglise qui veut s’élever à ses côtés; au contraire l’Etat doit se dresser comme l’unique et véritable Eglise et aussi comme l’unique et vraie Religion. Pour la R.I.S.S., Evola, en partant d’une espèce de syncrétisme “judéiforme”, va encore plus loin dans sa haine contre l’Eglise. Evola est un mage, un Tantra, un super-théosophe; L’uomo come potenza est qualifié comme “œuvre satanique” dans laquelle “J. Evola prétend enseigner à l’homme le moyen de se faire dieu”. La revue décrit la méthode enseignée par Evola et soutient que nous nous trouvons en “PURE DEMONOLOGIE”; le but d’Evola est “l’absolue liberté accordée à l’homme de tout faire, même le mal, pourvu qu’il le fasse avec la persuasion d’être uni à Dieu et pénétré de sa Substance”. Déjà Luther disait: “Pecca fortiter sed fortius crede”! En bref Evola est aussi un adelphos de la dissolution. La R.I.S.S. conclut par ces mots: “[Evola] est un AGENT PROVOCATEUR DE L’ENFER, une arrière-garde de la
Maçonnerie et des sectes qui persécutent le Christ avec une haine implacable”. Tarannes reviendra sur le sujet le 1er février 1929 (22). Résumant une douzaine d’articles de Fede e Ragione (à partir du n° 16 de 1928), il affirme que les “théories d’un étrange sataniste italien [Evola, n.d.a.], sont la manifestation de l’état d’esprit judéo-maçonnique... Evola pourrait très bien être, en réalité, un AGENT DE LA SUPER-MAÇONNERIE CABALISTE” (23) qui reprend le rôle de l’antique Serpent et s’identifie au Tentateur de la Genèse... EN EFFET, D’APRES EVOLA IL FAUT SURTOUT MANGER LE FRUIT DEFENDU, FAIRE L’EXPERIENCE DU PECHE, POUR EN TROUVER L’ANTIDOTE. Quand Satan promet à l’homme de le faire devenir “dieu”, il exige toutefois des arrhes: L’EXPERIENCE DU PECHE. La conditio sine qua non pour devenir des dieux est l’expérience satanique c’est-à-dire le péché érigé en science. Dans ses écrits on trouve “la haine de Dieu, une haine furieuse, écumeuse, vraiment satanique. Haine contre le Père... haine du Verbe incarné; haine surtout de la Croix du Christ” (24). C’est vrai, objecte Tarannes, qu’Evola nie vaillamment être un sataniste; Satan en effet, selon lui, est une fable des prêtres à l’usage des enfants et des vieilles femmes. Non, Evola ne croit pas au diable, “cependant... il parle exactement comme un possédé, peut-être victime inconsciente, mais certaine, de celui dont il nie l’existence” (25). Au fond, reprend Tarannes, l’Impérialisme païen n’est rien d’autre que le Messianisme charnel du Talmud, qu’Evola lui-même critique comme source sémite du Christianisme...! Le plus important des douze articles de Fede e Ragione me paraît sans aucun doute le premier (26). L’auteur y pose les principes dont il tirera les conséquences dans les articles suivants. Il affirme que depuis le péché originel et son camouflage sous forme de serpent, dans le Paradis Terrestre, Satan ne peut plus compter sur aucun nouveau déguisement. “C’est seulement dans l’Eden qu’il pouvait être caché, parfaitement simulé sous les formes du serpent. (...) Puis... Satan devint l’assidu tentateur, mais facilement reconnaissable sous tous les déguisements” (27). L’auteur de Imperialismo pagano est cependant l’un “des plus faibles outils que Satan ait jamais employé au monde; il en donne la preuve dans l’... extrême et souvent absurde virulence” (27) de l’écrit en question. En effet Satan tient caché le blasphème ouvert. Il cache sa queue pour ne pas être vu et pouvoir mordre l’imprudent passant. Au contraire “tenir la queue allongée, (...) est signe chez les reptiles, de peu d’énergie”. Savoir cacher la queue, comme l’a fait Guénon, est un art que seuls les plus élevés parmi les initiés connaissent, et ne semble pas être l’art d’Evola dans l’Imperialismo: en effet ce qui “dans l’Eden était un artifice du séducteur, un subtil venin caché dans les plis d’une proposition, une insinuation maligne aussi bien dissimulée, devait devenir, sous la plume du maladroit auteur du livre, une grossière, vulgaire et ouverte accusation contre Dieu, par conséquent dépourvue de toute efficacité” (28).

LA CONCEPTION POLITIQUE D’EVOLA

Il y a certainement des éléments positifs dans la conception politique évolienne. Par exemple la critique émise au “libéral-libéralisme” comme philosophie économique qui tend à diminuer les idéaux de l’homme en les portant toujours plus vers les valeurs physiques, mécaniques et matérielles et en faisant d’eux une fin quand ils ne sont qu’un moyen (même s’ils ne doivent pas être méprisés, ainsi que l’enseigne l’Eglise). Le Socialisme à son tour, d’après Evola, n’est absolument pas alternatif au Super-capitalisme, puisque tous deux naissent de la même racine culturelle: la PLOUTOMANIE, le culte de l’OR. Même le Super-capitalisme libéral ne peut qu’accélérer le processus socialiste qui a besoin d’exploiteurs et d’exploités pour fomenter la haine et se servir du prolétariat comme force qui déclenche la Révolution permanente et universelle. Par ailleurs tant le Super-capitalisme que le Socialisme réalisèrent le rêve des talmudistes de devenir les uniques patrons du monde; en effet, le Super-capitalisme d’une part, concentre les richesses entre les mains de quelques familles d’ascendance juive ou d’inspiration maçonnique; le Socialisme d’autre part, en expropriant la propriété des goyim et en la confiant aux mains d’un unique propriétaire (l’Etat), qui est gouverné en grande partie par des juifs, rend réellement le talmudiste patron du monde. Evola, à ce propos, a une Mais il faut remarquer qu’avec cette théorie il se réfère à la Guerre Occulte de Léon de Poncins et de Malynski, deux auteurs catholiques contre-révolutionnaires (29). Pour Evola les concepts libéraux de prosperity et de bien-être ne sont ensuite pas très différents des concepts marxistes de l’utopie eschatologique d’un messianisme terrestre, précisément talmudique. Dans les deux cas la valeur économique “sacrifie” la valeur spirituelle, en accroissant et multipliant artificiellement les besoins matériels de l’homme, qui devient ainsi esclave de Mammon et du Veau d’or. L’époque libérale-socialiste est donc caractérisée par le primat de l’action, de la consommation, de l’agitation chaotique par rapport aux besoins de l’esprit. L’erreur évolienne, même dans ce domaine, est le péché d’un excessif élitisme qui méprise la réalité matérielle, gnostiquement, comme quelque chose de mauvais en soi; l’Eglise au contraire enseigne à hiérarchiser, à subordonner ce qui est inférieur, sans jamais le mépriser, ni non plus à s’ériger en demi-dieux intuition brillante et parle de Super-capitalisme libéral (PRIVE) et de Super-capitalisme socialiste (D’ETAT), qui conduisent tous deux à une unique ligne d’arrivée: la massification et la dépersonnalisation.

L’EUROPE DE L’APRES-GUERRE SELON EVOLA

Dans la pensée évolienne l’Europe est devenue, après l’issue désastreuse de la seconde guerre mondiale, d’un sujet de politique mondiale, un objet conditionné par l’Impérialisme de l’URSS et des USA. Selon Evola, pour échapper à la domination soviétique l’Europe a dû choisir l’Alliance Atlantique. Jusqu’à ce que l’Europe se reconstruise, non seulement économiquement mais politiquement et spirituellement, elle devra choisir l’influence américaine comme le moindre mal stratégiquement, pour éviter de tomber victime de la bien plus néfaste influence du monde communiste.

EVOLA ET LE FASCISME

L’auteur voyait dans le Fascisme une déficience de la Tradition aristocratique (ou des élites traditionnelles). Sa participation au mouvement fasciste a une finalité correctrice: le rendre un mouvement qui s’inspire de la conception idéalistico-magique et ésotérique, précisément du “philosophe interdit”, c’est-à-dire une sorte de super-Fascisme. Sa participation se concrétisera en une série d’articles, publiés dans: Vita Nuova, Il Lavoro d’Italia et Critica Fascista, toutes des revues de premier ordre. Ses articles s’attachent tous à démontrer l’incompatibilité entre le Fascisme et le Christianisme. Toutefois ils déchaînèrent une forte réaction de la part du Vatican et Evola fut “renvoyé” par le Parti. Le philosophe chercha donc à se créer une place propre, en publiant en 1928 Imperialismo pagano - Il Fascismo di fronte al pericolo eurocristiano. “Evola déclare, sans moyens termes, l’inconciliabilité de l’éthique fasciste... avec la Religion catholique. En conséquence le Fascisme doit parcourir, avec cohérence, jusqu’au bout, la voie gibeline qui conduit... l’Etat à subordonner à ses biens propres tous les autres intérêts, en particulier ceux de l’Eglise. L’Etat ne doit pas outrepasser les limites d’une tolérance générique à l’égard de l’Eglise Catholique: au contraire il doit assumer la responsabilité de se déclarer païen” (30). Mais l’appel évolien restera lettre morte, 1929 est l’année du Concordat!

RACISME “SPIRITUALISTE” 

Evola écrira quatre traités consacrés au problème de la race: Tre aspetti del problema ebraico (1936); Il mito del sangue (1937) et Sintesi della dottrina della razza publiés ensemble dans Indirizzi per una educazione razziale (1941). D’après Fraquelli «...le racisme “spiritualiste” évolien si déployé se révèle être plus un problème terminologique que non pas de substance... sous le halo spiritualiste il cacherait ce que Di Vona définit comme un “matérialisme transposé”. Le chercheur napolitain souligne en effet comment Evola, même en essayant de distinguer le vrai racisme du racisme biologique, en réalité ne s’éloigne pas beaucoup de ce dernier» (31). Contre ces écrits d’Evola, Giorgio Almirante polémiqua d’un point de vue encore plus biologiquement raciste (32).

CHEVAUCHER LE TIGRE 

En 1961 Evola publie Cavalcare la tigre où il expose pour “l’homme debout parmi les ruines” la défense des valeurs traditionnelles sur le plan intérieur, sans engagement aucun sur le plan... de l’action. Le livre est adressé “à celui qui ne peut ou ne veut se détacher du monde actuel... sans toutefois faiblir intérieurement” (33). Apolitia signifie pour Evola participer à la réalité du monde actuel, sans se laisser entraîner par lui; mais ne signifie absolument pas renoncement à l’activité, même politique. Aussi la tâche du militant est justement celle de “faire précipiter la crise”, de favoriser et non d’arrêter, les forces de la DISSOLUTION (34). Il y a certains aspects politiques, dans le système évolien, qui, pris à part, peuvent apparaître contre-révolutionnaires, et qui ont attiré de nombreux jeunes désireux de réagir contre la dégradation du monde moderne. Mais pris dans l’ensemble et situés dans l’Idéalisme magico-initiatique, ils ne constituent pas une vraie réaction au processus révolutionnaire et gnostique, mais en font partie et même en représentent une des pointes les plus avancées. Comme tant de jeunes de bonne volonté, qui, confondant la cause palestinienne avec l’Islam, se jettent dans ce dernier pour combattre le Judaïsme (alors que l’Islam n’est que le produit de celui-là); ainsi d’autres jeunes avec de bonnes idées pourraient être trompés par les quelques vérités économico-politiques contenues dans l’Evolisme et tomber dans les bras du Cabalisme magique contre qui ils voulaient lutter. L’unique vraie alternative à la Modernité est, d’un point de vue naturel, le réalisme de la philosophie aristotélico-thomiste et d’un point de vue surnaturel, l’enseignement de la Révélation biblique tel qu’il a été constamment expliqué par les Pères et par les Docteurs de l’Eglise et surtout par le Magistère pontifical. Nous avons un phare de lumière, qui est la Rome chrétienne: si nous voulons vraiment restaurer la société traditionnelle, nous ne devons rien faire d’autre que la restaurer nous-mêmes, avec l’aide de la grâce de Dieu. En conséquence, nous pourrons restaurer la famille et donc la société selon les enseignements divins de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous sont transmis par le Magistère ecclésiastique, d’époque en époque, jusqu’à la fin du monde (malgré la crise que l’Eglise traverse actuellement, mais de laquelle elle sortira de manière certaine, puisqu’elle est de constitution divine).

OBJECTIONS ET REPONSES

La kabbale juive.
 On pourrait objecter qu’il y a un Evola “politiquement bon et contre-révolutionnaire”, peu connu (35), et qu’il faut lire l’anthologie de ses écrits politiques qui vont de 1933 à 1970 (36). Cependant en lisant ce recueil d’écrits moins connus du penseur romano-sicilien, on est obligé d’y reconnaître des erreurs et des ambiguïtés. Par exemple pour Evola, le mal, l’erreur c’est surtout le “renversement et la perversion d’un ordre supérieur” (37); il cite le cas de l’Illuminisme qui n’est rien d’autre que la perversion de quelque chose qui d’abord était bon. Au commencement il y avait la secte des illuminés, qui avant de se politiser était bien autre chose que le phénomène rationaliste de l’Illuminisme; alors que les illuminés appartiendraient, selon Evola, à la Tradition primordiale, qui se référait à l’“illumination spirituelle” “...un type de connaissance lié, anciennement, à des traditions bien précises de nature toujours aristocratique... rien de commun..., avec ce que Illuminisme (...) signifie maintenant”. Naturellement, poursuit l’Auteur «cela vaut aussi pour la grande partie des symboles des “rites” et de la “dignité” de la Maçonnerie. Ici... il s’agit d’éléments qui renvoient souvent aux antiques Rose-Croix, à l’Ordre des Templiers... c’est-à-dire à un monde qui constitue l’antithèse la plus forte des idéologies propres à la secte maçonnique» (38). En bref, la Maçonnerie actuelle ou spéculative est une dégénérescence de quelque chose qui au commencement était très bon: la Maçonnerie opérative. C’est cette fausse conception qui a trompé beaucoup de personnes qui sont entrées dans la Franc-Maçonnerie pour retrouver et reconstruire son esprit traditionnel, contre la dégénérescence de la Maçonnerie spéculative, mais en se retrouvant de fait, peut-être sans s’en apercevoir, manœuvrées par un marionnettiste qui se réfère certes à une Tradition, mais à la tradition perverse et impure du Serpent, qui s’appelle la Cabale pervertie. Malheureusement chez Evola on trouve beaucoup du cabaliste et très peu de l’homme traditionnel!

Une autre objection est celle qui tend à minimiser l’antichristianisme d’Evola, qui aurait revalorisé l’Eglise catholique (comme Charles Maurras) par rapport au Christianisme des origines. Toutefois si on lit attentivement Rivolta contro il mondo moderno (qui est l’œuvre capitale d’Evola, remontant à 1934 et donc postérieure de six ans à Imperialismo pagano), on remarque que les choses ne restent pas ainsi et que le préjugé antéchristique d’Imperialismo est maintenu, même s’il est exprimé de manière moins virulente. “Le Christianisme des origines. Ceci est le point après lequel advient la descente. (...) A tout ceci devait s’ajouter l’action supplantatrice du Christianisme... La présence de certains éléments traditionnels dans le Christianisme (et ensuite, dans une plus large mesure, dans le Catholicisme) ne peut compromettre la reconnaissance du caractère destructeur propre à ces deux courants” (39). Mais attention, l’Auteur affirme que le Christianisme a des éléments traditionnels, le Catholicisme (qui ensuite est exactement la même chose que le Christianisme) en a certains en plus, mais, tous les deux (Christianisme et Catholicisme) ont un caractère DESTRUCTEUR! Carrément pour Evola la doctrine du Corps Mystique du Christ contient en germe “une influence ultérieure régressive et involutive, que le Catholicisme lui-même, malgré sa romanisation, ne sut et ne voulut JAMAIS entièrement dépasser” (40). Donc le Catholicisme a TOUJOURS été un phénomène involutif et régressif. On arrive directement au BLASPHEME quand Evola écrit: «Celui qui considère les témoignages énigmatiques des symboles, ne peut pas ne pas être touché par la part qui revient à l’âne dans le mythe de Jésus. Non seulement l’âne figure auprès de la naissance de Jésus, mais c’est sur un âne que la Vierge et l’enfant divin fuient et, surtout l’âne est la monture du Christ dans son entrée triomphale à Jérusalem. Or L’ANE est un SYMBOLE TRADITIONNEL D’UNE FORCE “INFERNALE” DE DISSOLUTION» (41). Tout commentaire est superflu! De la même manière en traitant du Moyen Age gibelin, Evola écrit: “Même dans sa forme ATTENUEE ET ROMANISEE CATHOLIQUE, la foi chrétienne représente une obstruction...”. Et encore: «Le Catholicisme présente PARFOIS des traits “traditionnels”, mais qui ne doivent pas induire à l’équivoque: CE QUI DANS LE CATHOLICISME A UN CARACTERE VRAIMENT TRADITIONNEL EST BIEN PEU CHRETIEN ET CE QUI EN LUI EST CHRETIEN EST BIEN PEU TRADITIONNEL... Le Catholicisme manifeste TOUJOURS l’esprit des civilisations lunaires-sacerdotales...» (42). En bref, dirait certain “traditionaliste”, le Catholicisme est... clérical! Donc... faisons les cavaliers. Par ailleurs, le même Evola dans une interview accordée à Gianfranco Di Turris (publiée sur le n° 11 de L’Italiano, novembre 1971), à peine quatre ans avant de mourir, confirmait que le concept de Tradition d’après lui “est, essentiellement, le sens que lui donne René Guénon”. Et par rapport au fait que certains groupes qui se disent traditionnels, et qui ont souvent suivi ses idées se sont ensuite convertis au Catholicisme, Evola affirme sans hésiter: “Je trouve que cela est plutôt DECOURAGEANT... Celui qui se dit traditionnel pour être catholique, n’est pas traditionnel qu’à moitié... Je suis prêt à reconnaître... celui qui est sincèrement catholique et qui au moyen d’un arrangement quelconque personnel a trouvé, ainsi, un sens de la vie et une sécurité. Je me garderai de le troubler, s’il reste dans son domaine et s’il reste tranquille. La chose est différente dans le cas de celui qui a eu l’occasion de connaître de plus vastes horizons, à caractère pas simplement religieux, mais métaphysique. Alors on doit parler sans aucun doute d’une régression ou d’un échec... On serait tenté de remettre les choses à leur place de manière énergique, si elles en valaient la peine” (43).

CONCLUSION

Il me semble donc pouvoir affirmer - sans peur d’exagérer - qu’Evola n’est pas l’homme de la Tradition divine, mais celui de la Cabale impure, et que cette Tradition luciférienne, Evola l’a enseignée et vécue jusqu’à la fin; en effet, en 1953 paraissait Gli uomini e le rovine, dans lequel il rappelait sa position gibeline selon laquelle entre Etat sacral et Religion chrétienne existe une profonde antithèse. Evola arrivera ainsi à affirmer: “Celui qui est traditionnel en étant seulement catholique, au sens courant et orthodoxe, n’est traditionnel qu’à moitié” (44). Le dernier livre d’Evola: Cavalcare la tigre, de 1961, “marque un retour à ses [d’Evola] positions personnelles de départ, c’est-à-dire celles d’un élan profond vers la négation radicale du monde et des valeurs existantes” (45). Le Serpent se mord la queue





-Abbé Curzio Nitoglia. (1996). Julius Evola, homme traditionnel ou cabaliste ? In Sodalitium (n.41), 59-67



Notes 

1) M. FRAQUELLI, Il filosofo proibito, Terziaria, Milano 1994. 
2) Ibidem, p. 21. 
3) Cf. Teoria dell’Individuo assoluto, Bocca, Torino 1927, pp. IV-V. 
4) Cf. Saggi sull’Idealismo magico, Atanòr, Roma 1925. “Fenomenologia dell’Individuo assoluto”, Bocca, Torino 1930. 
5) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 43. 
6) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 48.
7) Cf. Sodalitium n° 32, pp. 27-44. 
8) Cf. P. DRACH, De l’harmonie entre l’Eglise et la Synagogue, Paul Mellier, Paris 1844. DON J. MEINVIELLE, Dalla Cabala al progressismo, Roma 1989. 
9) Cf. V. BARBIELLINI AMIDEI, La Tradizione contraffatta, in Adveniat Regnum, année IX, n° 3-4, 1971, p. 7. 
10) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 6. 
11) JULIUS EVOLA, Il cammino del Cinabro, Scheiwiller, Milano 1972, p. 22. 
12) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 10. 
13) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 13. 
14) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 50. 
15) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 51. Voir aussi: M. BLONDET, Gli Adelphi della dissoluzione, Ares, Milano 1994. 
16) M. FRAQUELLI, op. cit., pp. 53-54. Concernant Arturo Reghini on peut lire E. ZOLLA, Uscite dal mondo, Adelphi Milano 1992 et R. DEL PONTE, Evola e il magico ‘Gruppo di UR’, SeaR, Borzano (RE) 1994. On remarque que le psychanalyste freudien et juif Emilio Servadio faisait partie du groupe de UR. 
17) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 56 
18) P. D. VONA, Evola, Guénon, De Giorgio, SeaR, Borzano (RE) 1993. 
19) La Ligue du Nord: parti politique italien qui voudrait séparer le Nord d’Italie de Rome (“Loin de Rome” est sa devise). 
20) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 62. 
21) Cf. A. TARANNES, Un sataniste italien, J. Evola, in Revue Internationale des Sociétés Secrètes, n° 4, 1er avril 1928, pp. 124-129. 
22) Cf. A. TARANNES, Le “fasciste” Evola et la mission transcendante de l’Eglise, in Revue Internationale des Sociétés secrètes, n° 2, 1er février 1929, pp. 43-68. 
23) Ibidem, pp. 44-45. 
24) Ibidem, p. 48. 
25) Ibidem, p. 51. 
26) MINIMUS, risposta a Satana, in Fede e Ragione, 15 avril 1928, n° 16, pp. 121-123. 
27) Ibidem, p. 121. 
28) Ibidem, p. 122. 
29) L. DE PONCINS, E. MALYNSKI, La guerra occulta, ed. AR, Padova 1989. 
30) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 261. 
31) M. FRAQUELLI, op. cit., p. 270. 
32) G. ALMIRANTE, Ché la diritta via era smarrita, in La difesa della razza, V, n° 13, 5 mai 1942, pp. 9-11. 
33) JULIUS EVOLA, Cavalcare la tigre, ed. Scheiwiller, Milano 1961, p. 171. 
34) Cf. M. BLONDET, Gli Adelphi della dissoluzione, Ares, Milano 1994 - P. VASSALLO, Modernità e tradizione nell’opera evoliana, Thule, Palermo 1978. 
35) Cf. J. VAQUIÉ, Léon de Poncins est-il un disciple de R. Guénon et de J. Evola?, in Lecture et Tradition, n° 157-158, mars-avril 1990, pp. 35-42. 
36) J. EVOLA, Fenomenologia della sovversione, SeaR, Borzano (RE) 1993. 
37) J. EVOLA, op. cit., p. 27. 
38) Ibidem, pp. 28-29. 
39) J. EVOLA, Rivolta contro il mondo moderno, ed. Mediterranee, Roma 1969, pp. 339-341. 
40) Ibidem, p. 345. 
41) Ibidem, p. 348. 
42) Ibidem, pp. 350-352. 
43) J. EVOLA, Orientamenti, ed. Il Cinabro, Catania 1981, pp. 30-32. 
44) J. EVOLA, Il cammino del cinabro, Scheiwiller, 67 Milano 1972, p. 174. 
45) R. INCARDONA, L’impegno per una ‘vera Destra’ nella vita e nell’opera di Julius Evola, Palermo 1994, p. 34. Le Serpent se mord la queue...!

mercredi 24 janvier 2018

Saguenay: visite d'un prêtre et sainte Messe en Février

L'abbé Nicolas Pinaud sera de passage au Saguenay à la fin du mois de Février. Voici l'horaire et le lieu pour ceux qui souhaiteraient assister à la Messe traditionnelle:

Lundi le 19 FÉVRIER: 18H00

Mardi le 20 FÉVRIER: 7H00


Mercredi le 21 FÉVRIER: 18H00


Jeudi le 22 FÉVRIER: 7H00


1601 chemin du lac, Saint-Honoré, G0V1L0

Veuillez confirmer votre présence par courriel ou par téléphone (pour des raisons d'organisation) en cliquant ici ou en téléphonant au 418-540-8693.

Si il vous est impossible de vous déplacer pour l'une ou l'autre de ces 4 journées, vous pouvez également demander la visite de l'abbé Pinaud pour les journées de Mardi le 20 Février ou de Mercredi le 21 Février en cliquant ici ou en téléphonant au numéro mentionné plus haut.


Tradition Québec


dimanche 21 janvier 2018

En vous trompant, vous faites leurs œuvres!


RÉVOLUTION ET CONTRERÉVOLUTION AU QUÉBEC

Vous serez davantage de votre pays (patrie) à mesure que vous serez plus chrétiens!        
-Cardinal Pie


Un portrait rapide

Peu nombreux sont les mouvements qui travaillent à la restauration du patriotisme dans la province de Québec. Cependant, force est de constater que leur popularité augmente au fur et à mesure que le désordre social dû aux mauvais gouvernements successifs s’accentue. Si tous font plus ou moins la même erreur doctrinale d’importance majeure, il est possible de les classifier du plus « populiste » au plus « élitiste » en observant facilement leur nombre d’adhérents sur les réseaux sociaux tel que Facebook.

Manifestation de La Meute
Les groupes comme La Meute et autres du genre attirent des dizaines de milliers de lecteurs sur leurs pages. La raison est bien simple, aucun effort intellectuel n’est demandé, il s’agit pour le « militant type » de naviguer dans le sens du courant populiste et de commenter lorsque l’occasion se présente, oscillant à gauche et à droite dépendamment de quel côté les médias « mainstream » gonflent la voile de leur rafiot. Ces groupes critiquent principalement l’Islam radical avec une argumentation tout droit tirée de la Révolution Tranquille : « Nous ne voulons pas de religion chez nous! ». Il leur suffirait de déclarer que le catholicisme est la religion de leurs ancêtres et que l’islam est une fausse religion (étrangère par surcroît) pour faire un tout petit pas vers la Contrerévolution.

La Fédération des Québecois de Souche, quant à elle, se retrouve à mi-chemin entre les groupes plus « élitistes » comme Atalante et les groupes populistes. Ces deux derniers se classent à peu près au même niveau « doctrinal » et témoignent d’une certaine volonté spirituelle, mais sont certainement empreints de rationalisme et d’indifférentisme. Tantôt ils nous proposeront une lecture de l’historien et prêtre catholique Lionel Groulx,  tantôt une œuvre de Julius Evola versant dans la gnose, tantôt la relecture d’un article de journal populiste partagé massivement sur les médias sociaux. Une formation adéquate saurait peut-être tirer quelques bons éléments de ces groupes, Dieu seul le sait.  


Une classification méthodique

Le Colonel Château-Jobert
La Révolution ne se limite pas à un enchainement de révolutions successives : elle est la concrétisation permanente mondiale, actuelle, dans les esprits, les mœurs, les lois, d’une opposition systématique aux idées qui apparaissent comme la base même de notre civilisation.

Dans son ouvrage Doctrine d’action Contrerévolutionnaire (D.A.C.), le Colonel Château-Jobert classe les individus, qui pourraient très bien être les militants des mouvements mentionnés plus haut, selon deux types. 

1) Le Contrerévolutionnaire potentiel (c'est-à-dire «qui n’est qu’en puissance ») est de tendance contrerévolutionnaire, mais peut commettre des erreurs dans le sens révolutionnaire. Éclairé et instruit, il adopte la Contrerévolution.


2) Le quasi-révolutionnaire est de tendance révolutionnaire, mais peut, en certaines occasions, avoir une réaction dans le sens contrerévolutionnaire. Cependant, même éclairé et instruit, il persiste à jouer son jeu du côté de la révolution. (Ce qui se traduit le plus généralement, sur le plan politique et social, par une collaboration et des compromis avec l’ennemi, par des illusions quant à la possibilité de faire du constructif en jouant au plus malin avec les révolutionnaires, par l’obstination dans l’utilisation des méthodes révolutionnaires.)


Les erreurs doctrinales

Le pape Pie IX
Les erreurs doctrinales professées par les adhérents aux mouvements patriotiques canadiens-français contemporains ne sont pas nées d’hier. Nous le retrouvons toutes dans le Syllabus des erreurs modernes qui suit l’encyclique Quanta cura publié par le pape Pie IX… en 1864. Nous transcrivons ici les plus récurrentes :

-La raison humaine, considérée sans aucun rapport à Dieu, est l’unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal : elle est à elle-même sa loi, elle suffit par ses forces naturelles à procurer le bien des hommes et des peuples

-Les prophéties et les miracles racontés dans les saintes Écritures sont des fictions poétiques, et les mystères de la foi chrétienne sont le résumé d’investigations philosophiques ; dans les livres des deux Testaments sont contenues des inventions mythiques, et Jésus-Christ lui-même est un mythe.


-On doit s’occuper de philosophie sans tenir aucun compte de la révélation surnaturelle.

-L’Église doit être séparée de l’État, et l’État séparé de l’Église

-À notre époque, il n’est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l’unique religion de l’État, à l’exclusion de tous les autres cultes.

Ces quelques erreurs, qui font la base de l’argumentaire erroné que nos compatriotes brandissent contre la Révolution (qui ne reçoit alors que les idées qu’elle a elle-même lancées), suffisent à neutraliser toute la puissance d’action d’un mouvement.


De la base au sommet de la Contrerévolution

Georges Brock Chisholm
Prenons comme exemple la position commune du patriote militant en proie aux erreurs énumérées plus haut. La religion ne fait pas partie de son combat, ni de sa vie en général. Il mène un combat laïc pour la restauration de l’ordre naturel selon des lois qui sont innées à l’homme, à moins que son intelligence soit pervertie.

Voyons maintenant le « leitmotiv » de la Révolution avec une citation qui résume bien sur quels fronts nous sommes assaillis :

"Pour mettre en place un gouvernement mondial, il est nécessaire de retirer des esprits leur individualisme (identité et propriété privée), leur loyauté envers les traditions familiales, leur patriotisme national et leurs dogmes religieux."
-George Brock Chisholm (1896-1971), 
Lénine
ex-directeur de l'Organisation Mondiale de la Santé

Ne sont-ce pas là les piliers de notre civilisation? Mais quand la Révolution parle de « dogmes religieux », ne s’adresse t’elle pas également aux païens? Laissons un personnage révolutionnaire beaucoup plus connu nous expliquer quelle est la cible exactement :

« Il n’y aura bientôt plus que deux camps, deux lutteurs en champ clos pour recueillir l’héritage du monde : le catholicisme et la Révolution. »
-Lénine

L’Église catholique, la foi de nos ancêtres canadiens-français par surcroît, sont donc le principal rempart à la Révolution. Nous faisons un survol rapide, bien sûr, mais les citations en ce sens, tirées de la plume de l’ennemi, se retrouvent par centaines. Qui dit rempart dit défense, quelle valeur aurait la forteresse qui se laisserait assaillir? Voyons donc si nous avons de valeureux guerriers pour confirmer notre déduction :

Monseigneur J.-J. Gaume
« Si, en arrachant (à la révolution) son masque, vous lui demandez : qui es-tu? Elle vous dira : « Je ne suis pas ce que l’on croit. Beaucoup parlent de moi et bien peu me connaissent. Je ne suis… ni l’émeute… ni le changement de monarchie en république… ni le trouble momentané de l’ordre public… ni le combat des barricades… ni la guillotine… Je ne suis ni Marat ni Robespierre (…). Ces hommes sont mes fils, ils ne sont pas moi (…) Ce sont des faits passagers et moi je suis un état permanent. 

Je suis la haine de tout ordre que l’homme n’a pas établi et dans lequel cet homme n’est pas roi et Dieu tout ensemble. Je suis la proclamation des droits de l’homme sans souci des droits de Dieu (…) Je suis Dieu détrôné et l’homme à la place de Dieu. Voilà pourquoi je m’appelle Révolution, c'est-à-dire renversement… 
Monseigneur C.-E. Freppel

-Mgr Gaume

« Dans la vraie doctrine de la Révolution (…) l’homme a pris la place de Dieu (…) Il ne s’agira donc plus pour la Révolution de détruire l’État chrétien, la famille chrétienne, l’enseignement chrétien, mais de bannir l’idée même de Dieu de toutes les lois et de toutes les institutions »
-Mgr Freppel



Du constat à l’action

Nous voyons donc qu’il manque un petit quelque chose aux mouvements patriotiques de la province. Quelque chose de petit et de majeur à la fois. Nous résumons plus haut les erreurs doctrinales que l’un ou l’autre de ces regroupements peuvent commettre. Nous révisons ensuite rapidement les bases de ce que l’on pourrait appeler un combat pour la civilisation, en frôlant la question religieuse.

C’est à partir de cette prise de conscience que doit commencer la véritable formation contrerévolutionnaire. Pour le militant, le travail d’étude que nous avons résumé doit se refaire de manière approfondie.

Étudier l’ennemi : ses objectifs, ses moyens, ses manœuvres, son histoire, ses mouvements de troupes. C’est là que commence réellement le parcours du Contrerévolutionnaire en formation. Nous utilisons ici, pour les besoins de la cause, quelques citations des plus explicites, mais le plan de l’ennemi a été 100 fois démasqué dans nos bons livres sur lesquels un grain de poussière en est un de trop. Quand il connaitra son ennemi Révolutionnaire, même le laïciste ou le néo-païen en tirera cette conclusion: L’Ennemi numéro 1 de la Révolution, c’est le catholique.

L'abbé Nicolas Pinaud en conférence pour Tradition Québec
Dans l’ordre logique vient ensuite l’étude de la doctrine d’action contrerévolutionnaire en profondeur. Les formations organisées par Tradition Québec sont d’un grand secours pour l’individu ou le groupe qui souhaite approfondir ses connaissances et aiguiser ses réflexes, mais de nombreux ouvrages sur le sujet n’attendent que d’être lus par notre jeunesse qui déborde de zèle, mais à qui ces ressources échappent.

Un mouvement comme la Fédération des Québécois de Souche ou Atalante tirerait de grands bénéfices d’une formation contrerévolutionnaire adéquate. Sans modifier ses objectifs principaux, il trouverait moyen d’éviter les erreurs doctrinales sur lesquelles il trébuche trop souvent. Un groupe comme La Meute pour sa part, ne survivrait probablement pas au virage idéologique puisqu’il est déjà gagné à la Révolution.

Pour vous renseigner ou vous inscrire à notre prochaine journée de formation, CLIQUEZ ICI.

Le salut est dans la contre-révolution (3/5) Le Christ ou Mammon

jeudi 18 janvier 2018

Des relations entre l'Eglise et l'Etat et de la tolérance religieuse

N.B. Le schéma doctrinal présenté par le cardinal Ottaviani, comportait dans sa version originale latine sept pages de texte et seize pages de références, allant de Pie VI (1790) à Jean XXIII (1959). Il fut écarté, dès la première session du Concile, au profit du schéma rédigé par le Secrétariat pour l’unité des chrétiens sous la direction du cardinal Bea. Ce dernier schéma, qui se voulait pastoral, s’étendait sur quatorze pages, sans aucune référence au magistère qui a précédé.

Le schéma Ottaviani ne jouit pas d’une autorité magistérielle, mais il représente l’état de la doctrine catholique sur la question à la veille de Vatican II et exprime substantiellement la doctrine que le Concile aurait dû proposer s’il n’avait pas été détourné de sa fin par le coup d’État de ceux qui en ont fait les " États généraux du peuple de Dieu " , un second 1789 ! Ajoutons enfin que le Concile aurait pu apporter à cet exposé toutes précisions ou améliorations utiles. 


Nous avons omis les nombreuses notes que comportait ce document. Si l’on veut en prendre connaissance, qu’on se reporte au texte latin original.

1. Principe : Distinction entre l’Église et la société civile, et subordination du but de la cité au but de l’Église


Le cardinal Ottaviani (1890-1979).
L’homme, destiné par Dieu à une fin surnaturelle, a besoin et de l’Église et de la Société civile pour atteindre sa pleine perfection. La Société civile, à qui l’homme appartient de par son caractère social,
doit veiller aux biens terrestres et faire en sorte que, sur cette terre, les citoyens puissent mener une " vie calme et paisible " (cf. I Tim. 2, 2) ; l’Église, à qui l’homme doit s’incorporer de par sa vocation surnaturelle, a été fondée par Dieu pour que, s’étendant toujours de plus en plus, elle conduise ses fidèles, par sa doctrine, ses sacrements, sa prière et ses lois, à leur fin éternelle.

Chacune de ces deux sociétés est riche des facultés nécessaires pour remplir comme il se doit sa propre mission ; chacune aussi est parfaite, c’est-à-dire suprême en son ordre et donc indépendante de l’autre, détentrice du pouvoir législatif, judiciaire et exécutif. Cette distinction des deux cités, comme l’enseigne une constante tradition, repose sur les paroles du Seigneur : " Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu " (Mt. 22, 21).

Cependant, comme ces deux sociétés exercent leur pouvoir sur les mêmes personnes et souvent à propos d’un même objet, elles ne peuvent s’ignorer l’une l’autre ; elles doivent même procéder en parfaite harmonie, afin de prospérer elles-mêmes non moins que leurs membres communs.

« ...le pouvoir civil peut, de lui-même, régler et modérer les manifestations publiques d’autres cultes et défendre ses citoyens contre la diffusion de fausses doctrines qui, au jugement de l’Église, mettent en danger leur salut éternel. »

Le Saint Concile, dans l’intention d’enseigner quelles relations doivent exister entre ces deux pouvoirs, d’après la nature de chacun d’eux, déclare en tout premier lieu la ferme obligation de tenir que tant l’Église que la Société civile ont été instituées pour l’utilité de l’homme ; que la félicité temporelle, confiée au soin du Pouvoir civil, ne vaut rien toutefois pour l’homme s’il vient à perdre son âme (cf. Mt. 16, 26 ; Mc. 8, 36 ; Lc 9, 25). Que, par conséquent, la fin de la société civile ne doit jamais être recherchée en excluant ou en lésant la fin ultime, à savoir le salut éternel.

2. Le pouvoir de l’Église et ses limites ; les devoirs de l’Église envers le pouvoir civil

Comme donc le pouvoir de l’Église s’étend à tout ce qui conduit les hommes au salut éternel ; comme ce qui touche seulement à la félicité temporelle est placé, comme tel, sous l’autorité civile ; il suit de là que l’Église ne s’occupe pas des réalités temporelles, sinon pour autant qu’elles sont ordonnées à la fin surnaturelle. Quant aux actes ordonnés à la fin de l’Église autant qu’à celle de la cité, comme le mariage, l’éducation des enfants et autres semblables, les droits du pouvoir civil doivent être exercés de telle façon que, au jugement de l’Église, les biens supérieurs de l’ordre surnaturel ne subissent aucun dommage. Dans les autres activités temporelles qui, demeurant sauve la loi divine, peuvent être à bon droit et de diverses manières envisagées ou accomplies, l’Église ne s’immisce aucunement. Gardienne de son droit, parfaitement respectueuse du droit d’autrui, l’Église n’estime pas lui appartenir le choix d’une forme de gouvernement, celui des institutions propres au domaine civil des nations chrétiennes : des diverses formes de gouvernement, elle ne désapprouve aucune, à condition que la religion et la morale soient sauves. De même, en effet, que l’Église ne renonce pas à sa propre liberté, de même elle n’empêche pas le Pouvoir civil d’user librement de ses lois et de ses droits.

Le premier ministre Maurice Duplessis remet une
bague - symbole de l'union de l'Eglise et de
l'Etat - au cardinal de Québec, primat du Canada.
Quels grands biens, en accomplissant sa mission, l’Église procure à la société civile, les chefs des nations doivent le reconnaître. En effet, l’Église elle-même coopère à ce que, par leur vertu et leur piété chrétienne, les citoyens deviennent bons ; et s’ils sont tels que l’ordonne la doctrine chrétienne, au témoignage de saint Augustin (Ep. ad Marcellinum, 138, 15), sans aucun doute, grand sera le salut public. Aux citoyens aussi, l’Église impose l’obligation d’obtempérer aux ordres légitimes " non seulement par crainte du châtiment, mais par motif de conscience " (Rom. 13, 5). Quant à ceux-là à qui l’on a confié le gouvernement du pays, elle les avertit de l’obligation d’exercer leur fonction, non par volonté de puissance, mais pour le bien des citoyens, comme devant rendre compte à Dieu (cf. Héb. 13, 17) de leur pouvoir reçu de Dieu. Enfin, l’Église inculque l’observance des lois aussi bien naturelles que surnaturelles, grâce auxquelles puisse être réalisé, dans la paix et la justice, tout l’ordre civil, et entre les citoyens et entre les nations.

3. Devoirs religieux du pouvoir civil

Le pouvoir civil ne peut être indifférent à l’égard de la religion. Institué par Dieu, afin d’aider les hommes à acquérir une perfection vraiment humaine, il doit, non seulement fournir à ses sujets la possibilité de se procurer les biens temporels, — soit matériels, soit intellectuels —, mais encore favoriser l’affluence des biens spirituels leur permettant de mener une vie humaine de façon religieuse. Or, parmi ces biens, rien de plus important que de connaître et de reconnaître Dieu, puis de remplir ses devoirs envers Dieu c’est là, en effet, le fondement de toute vertu privée et, plus encore, publique.

Ces devoirs envers Dieu obligent envers la Majesté divine, non seulement chacun des citoyens, mais aussi le pouvoir civil, lequel, dans les actes publics, incarne la société civile. Dieu est, en effet, l’auteur de la société civile et la source de tous les biens qui, par elle, découlent en tous ses membres. La société civile doit donc honorer et servir Dieu. Quant à la manière de servir Dieu, ce ne peut être nulle autre, dans l’économie présente, que celle que Lui-même a déterminée, comme obligatoire, dans la véritable Église du Christ et cela, non seulement en la personne des citoyens, mais également en celle des Autorités qui représentent la société civile.

Que le pouvoir civil ait la faculté de reconnaître la véritable Église du Christ, cela est clair de par les signes manifestes de son institution et de sa mission divines, signes donnés à l’Église par son divin Fondateur. Aussi, le pouvoir civil, et non seulement chacun des citoyens, a le devoir d’accepter la Révélation proposée par l’Église elle-même. De même, dans sa législation, il doit se conformer aux préceptes de la loi naturelle et tenir strictement compte des lois positives, tant divines qu’ecclésiastiques, destinées à conduire les hommes à la béatitude surnaturelle.

De même que nul homme ne peut servir Dieu de la manière établie par le Christ, s’il ne sait pas clairement que Dieu a parlé par Jésus-Christ, de même la société civile, elle aussi, ne peut le faire, si d’abord les citoyens n’ont pas une connaissance certaine du fait de la Révélation, tout comme le Pouvoir civil en tant qu’il représente le peuple.

Le roi de France, saint Louis (1214-1270), était membre
du tiers-ordre de saint François. Il ramena la couronne d'épine
de Notre-Seigneur en France. Par son règne édifiant, saint Louis
est le modèle des chefs d'états chrétiens.
C’est donc d’une manière toute particulière que le pouvoir civil doit protéger la pleine liberté de l’Église et ne l’empêcher en aucune manière de s’acquitter intégralement de sa mission, soit dans l’exercice de son magistère sacré, soit dans l’ordonnance et l’accomplissement du culte, soit dans l’administration des sacrements et le soin pastoral des fidèles. La liberté de l’Église doit être reconnue par le pouvoir civil en tout ce qui concerne sa mission, notamment dans le choix et la formation de ses aspirants au sacerdoce, dans l’élection de ses évêques, dans la libre et mutuelle communication entre le Pontife romain et les évêques et les fidèles, dans la fondation et le gouvernement d’instituts de vie religieuse, dans la publication et la diffusion d’écrits, dans la possession et l’administration de biens temporels, comme aussi, de façon générale, dans toutes ces activités que l’Église, sans négliger les droits civils, estime aptes à conduire les hommes vers leur fin ultime, sans en excepter l’instruction profane, les œuvres sociales et tant d’autres moyens divers.

Enfin, il incombe gravement au pouvoir civil d’exclure de la législation, du gouvernement et de l’activité publique, tout ce qu’il jugerait pouvoir empêcher l’Église d’atteindre sa fin éternelle ; bien plus, il doit s’appliquer à faciliter la vie fondée sur des principes chrétiens et conformes au plus haut point à cette fin sublime pour laquelle Dieu a créé les hommes.

4. Principe général d’application de la doctrine exposée

Que le pouvoir ecclésiastique et le Pouvoir civil entretiennent des rapports différents selon la manière dont le pouvoir civil, représentant personnellement le peuple, connaît le Christ et l’Église fondée par Lui, voilà ce que l’Église a toujours reconnu.

5. Application dans une cité catholique

La doctrine intégrale, exposée ci-dessus par le Saint Concile, ne peut s’appliquer sinon dans une cité où les citoyens, non seulement sont baptisés, mais professent la foi catholique. Auquel cas, ce sont les citoyens eux-mêmes qui choisissent librement que la vie civile soit informée selon les principes catholiques et qu’ainsi, comme dit saint Grégoire le Grand : " La voie du Ciel soit plus large ouverte " (Ep. 65, ad Mauricium).

« Que, par conséquent, la fin de la société civile ne doit jamais être recherchée en excluant ou en lésant la fin ultime, à savoir le salut éternel. »

Toutefois, même dans ces heureuses conditions, il n’est permis en aucune façon au pouvoir civil de contraindre les consciences à accepter la foi révélée par Dieu. En effet, la foi est essentiellement libre et ne peut être objet de quelque contrainte, comme l’enseigne l’Église en disant : " Que personne ne soit contraint à embrasser à contre cœur la foi catholique " (C.I.C., can. 1351).

Pourtant, cela n’empêche pas que le pouvoir civil doive procurer les conditions intellectuelles, sociales et morales requises pour que les fidèles, même les moins versés dans la science, persévèrent plus facilement dans la foi reçue. Ainsi donc, de même que le pouvoir civil s’estime en droit de protéger la moralité publique, de même, afin de protéger les citoyens contre les séductions de l’erreur, afin de garder la cité dans l’unité de la foi, ce qui est le bien suprême et la source de multiples bienfaits même temporels, le pouvoir civil peut, de lui-même, régler et modérer les manifestations publiques d’autres cultes et défendre ses citoyens contre la diffusion de fausses doctrines qui, au jugement de l’Église, mettent en danger leur salut éternel.

6. Tolérance religieuse dans une cité catholique

Dans cette sauvegarde de la vraie foi il faut procéder selon les exigences de la charité chrétienne et de la prudence, afin que les dissidents ne soient pas éloignés de l’Église par la terreur, mais plutôt attirés à elle, et que ni la cité, ni l’Église ne subissent aucun dommage. Il faut donc toujours considérer et le bien commun de l’Église et le bien commun de l’État, en vertu desquels une juste tolérance, même sanctionnée par des lois, peut, selon les circonstances, s’imposer au Pouvoir civil ; cela, d’une part, afin d’éviter de plus grands maux, tels que le scandale ou la guerre civile, l’obstacle à la conversion à la vraie foi et autres maux de cette sorte, d’autre part, afin de procurer un plus grand bien, comme la coopération civile et la co-existence pacifique des citoyens de religions différentes, une plus grande liberté pour l’Église et un accomplissement plus efficace de sa mission surnaturelle, et autres bien semblables. En cette question, il faut tenir compte, non seulement du bien d’ordre national, mais encore du bien de l’Église universelle (et du bien civil international). Par cette tolérance, le pouvoir civil catholique imite l’exemple de la divine Providence, laquelle permet des maux dont elle tire de plus grands biens. Cette tolérance est à observer surtout dans les pays où, depuis des siècles, existent des communautés non-catholiques.

7. Application dans une cité non-catholique

Garcia Moreno (1821-1875) fut président de l'Équateur
de 1869 à 1875. Il établit un régime chrétien dans son pays,
en mettant Jésus-Christ au centre de la vie sociale. Pour cela,
il fut assassiné, en 1875, par des agents de la franc-maçonnerie.
Gisant dans son sang, ses derniers mots, lancés à ses assaillants,
furent« Dieu ne meurt pas ! ».
Dans les cités où une grande partie des citoyens ne professent pas la foi catholique ou ne connaissent même pas le fait de la Révélation, le pouvoir civil non-catholique doit, en matière de religion, se conformer du moins aux préceptes de la loi naturelle. Dans ces conditions, ce pouvoir non-catholique doit concéder la liberté civile à tous les cultes qui ne s’opposent pas à la religion naturelle. Cette liberté ne s’oppose pas alors aux principes catholiques, étant donné qu’elle convient tant au bien de l’Église qu’à celui de l’État. Dans les cités où le pouvoir ne professe pas la religion catholique, les citoyens catholiques ont surtout le devoir d’obtenir, par leurs vertus et actions civiques grâce auxquelles, unis à leurs concitoyens, ils promeuvent le bien commun de l’État, qu’on accorde à l’Église la pleine liberté d’accomplir sa mission divine. De la libre action de l’Église, en effet, la Cité non-catholique, elle aussi, ne subit aucun dommage et retire même de nombreux et insignes bienfaits. Ainsi donc, les citoyens catholiques doivent s’efforcer à ce que l’Église et le pouvoir civil, bien qu’encore séparés juridiquement, se prêtent une aide mutuelle bienveillante.

Afin de ne pas nuire, par nonchalance ou par zèle imprudent, soit à l’Église soit à l’État, les citoyens catholiques, dans la défense des droits de Dieu et de l’Église, doivent se soumettre au jugement de l’autorité ecclésiastique : à elle appartient de juger du bien de l’Église, selon les diverses circonstances, et de diriger les citoyens catholiques dans les actions civiles destinées à défendre l’autel.

8. Conclusion

Le Saint Concile reconnaît que les principes des relations mutuelles entre le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir civil ne doivent pas être appliqués autrement que selon la règle de conduite exposée ci-dessus. Toutefois il ne peut permettre que ces mêmes principes soient obscurcis par quelque faux laïcisme, même sous prétexte de bien commun. Ces principes, en effet, reposent sur les droits absolument fermes de Dieu, sur la constitution et la mission immuables de l’Église, sur la nature sociale aussi de l’homme, laquelle, demeurant toujours la même, à travers tous les siècles, détermine la fin essentielle de la Société civile elle-même, nonobstant la diversité des régimes politiques et les autres vicissitudes de l’histoire. 



-Em.me et Rev.me Seigneur 
Cardinal ALFREDO OTTAVIANI