jeudi 14 février 2019

Conférence sur la réforme de la semaine sainte traditionnelle




Conférence de monsieur l'abbé Dutertre « Pourquoi suivre les cérémonies de la Semaine Sainte traditionnelle, et non les réformes de Pie XII? », le samedi 2 février 2019.



lundi 19 décembre 2016

Joseph de Maistre sur le protestantisme

Dans Sur le protestantisme, Joseph de Maistre critique très violemment l’esprit de la Réforme, responsable selon lui de l’affaissement de la monarchie et, par conséquent, de l’avènement de la Révolution française. Pour l’auteur contre-révolutionnaire, la religion protestante, animée par un esprit de révolte, est un danger terrible pour l’autorité ainsi que pour la foi.
Le comte Joseph de Maistre (1753-1821)

Dans une lettre du 16 janvier 1815 adressée au comte de Bray, Joseph de Maistre qualifie le protestantisme C’est un principe destructeur qui – de la Réforme jusqu’à la Révolution française – va mettre à bas les piliers de la monarchie, à savoir la foi et l’autorité. En effet, le protestantisme apparaît comme un pur produit de la modernité puisqu’il privilégie, à travers la pratique du libre examen, la raison individuelle contre la raison générale. L’enseignement de la foi ne passe donc plus par l’autorité religieuse – le prêtre, seul légitime pour transmettre le message du Christ – mais par un accès direct aux textes. Dès lors, chacun a le droit d’interpréter la Bible comme il l’entend. Or, pour le Savoyard, ce qui fait la force du catholicisme c’est « l’infaillibilité de l’enseignement d’où résulte le respect aveugle pour l’autorité, l’abnégation de tout raisonnement individuel, et par conséquent l’universalité de croyance », de « rienisme ». À ses yeux, cette nouvelle religion n’en est pas une.

Pour Maistre, la vraie foi implique l’obéissance. Le protestantisme – et c’est le sens même du mot – proteste contre toutes les formes d’autorités mais aussi, selon le mot de Pierre Bayle, « contre toutes les vérités ». Pour l’auteur des Considérations sur la France, le protestantisme sabote les conditions de possibilité de la foi en faisant dépendre celle-ci de la seule libre conscience. Le protestant, parce qu’il se permet d’ « examiner » par lui-même les textes sacrés devient l'ennemi essentiel de toute croyance. La pratique du libre examen met également les protestants dans une disposition psychologique problématique. « Elle déchaîne l’orgueil contre l’autorité, et met la discussion à la place de l’obéissance », écrit Maistre.

Mais le protestantisme ne pose pas seulement problème du point de vue de la religion. Les principes qui le fondent excèdent très largement le domaine de la foi et ont des conséquences sur la vie politique. Car, « il est né rebelle, et l’insurrection est son état habituel », souligne Maistre. Le protestantisme est donc « une hérésie civile autant qu’une hérésie religieuse ». Pour le Savoyard, on ne peut séparer le catholicisme de la souveraineté. L’autorité du roi procède de l’autorité divine. Le roi est le représentant de Dieu sur terre. C’est de là qu’il tient la légitimité de son gouvernement. Interroger la foi, c’est donc inévitablement interroger la souveraineté du monarque. Pour Maistre, la Réforme contient en elle-même les causes de la Révolution française. C’est donc la preuve évidente que des bouleversements religieux peuvent entraîner des bouleversements politiques. L’esprit du protestantisme est un esprit de révolte. Il « naquit les armes à la main », écrit Maistre.

Le protestantisme, ennemi de la souveraineté

Nombreux sont les protestants à avoir défendu l’idée d’une souveraineté populaire. Une notion oxymorique pour l'auteur des Soirées Saint-Pétersbourg qui estime que la seule souveraineté possible est celle du monarque, que seul le Souverain peut être, à proprement parler, souverain. « Le protestantisme n’est pas seulement coupable des maux que son établissement causa. Il est anti-souverain par nature, il est rebelle par essence, il est ennemi mortel de toute raison nationale : partout il lui substitue la raison individuelle, c’est-à-dire qu’il détruit tout », estime Maistre.

Une des missions du monarque consiste donc à combattre le protestantisme. L’écrivain voit d’un très bon œil la révocation de l’édit de Nantes en 1685. « L’aversion de Louis XIV pour le calvinisme était encore un instinct royal », affirme-t-il. Puisque le protestantisme conjure sans cesse contre la France, il est naturel de le réprimer. Lutter contre l’expansion du protestantisme est le meilleur moyen de préserver la souveraineté nationale et l’autorité du roi. Pour Maistre, les protestants sont nécessairement des agents du philosophisme et de la Révolution. « Je crains réellement que les États réformés n’aient sur ce point plus de reproches à se faire qu’ils ne l’imaginent : presque tous les ouvrages impies et la très grande partie de ceux où l’immoralité prête des armes si puissantes à l’irréligion moderne, ayant été composés et imprimés chez les protestants », note-t-il.

Dès lors que le monarque transige avec le protestantisme, il met sa propre existence en péril. « Louis XIV foula au pied le protestantisme et il mourut dans son lit, brillant de gloire et chargé d’années. Louis XVI le caressa et il est mort sur l’échafaud », écrit Maistre. Et le Savoyard de souligner les affinités entre le protestantisme et le jacobinisme. Il constate notamment la tendresse filiale que montrent les partisans de la Révolution envers les protestants. Mais la soif de révolte du protestantisme ne peut être comblée. Une fois qu’un régime est à terre, il s’empresse d’attaquer le nouveau. Les républicains qui croyaient voir dans le protestantisme un ami fidèle se fourvoient. Pour Maistre, ces alliés d’aujourd’hui sont les ennemis de demain puisque « ce n’est pas cette autorité qui leur déplaît ; c’est l’autorité ». Le protestantisme « est républicain dans les monarchies et anarchiste dans les républiques ».

Le cardinal de Richelieu au siège de La Rochelle
Maistre s’appuie finalement sur une réflexion du révolutionnaire et ami de la Réforme Condorcet pour montrer que le droit d’examen qui est au fondement de la philosophie protestante est une porte ouverte au nihilisme, au « rienisme » pour reprendre le mot du Savoyard. « Le protestantisme appelant de la raison nationale à la raison individuelle, et de l’autorité à l’examen, soumet toutes les vérités au droit d’examiner […] il s’ensuit que l’homme ou le corps qui examine et rejette une opinion religieuse ne peut, sans une contradiction grossière, condamner l’homme ou le corps qui en examinerait ou en rejetterait d’autres. Donc, tous les dogmes seront examinés et, par une conséquence infaillible, rejetés, plus tôt ou plus tard », écrit Maistre.

L’esprit du protestantisme est donc un esprit de remise en question perpétuelle. Parce qu’il questionne tout, il ne se fonde sur rien. Son anti-dogmatisme le fait sombrer dans un relativisme dangereux qui possède comme unique support la raison individuelle. En cela, le protestantisme est une philosophie moderne qui n’appartient pas au domaine de la foi. « Qu’est-ce qu’un protestant ? Il semble d’abord qu’il est aisé de répondre ; mais si l’on réfléchit, on hésite. Est-ce un anglican, un luthérien, un calviniste, un zwinglien, un anabaptiste, un quaker, un méthodiste, un morave, etc. (je suis las). C’est tout cela, et ce n’est rien. Le protestant est un homme qui n’est pas catholique, en sorte que le protestantisme n’est qu’une négation. »

lundi 5 décembre 2016

Comment les Anglais ont traité les Amérindiens

Parkman, que personne ne soupçonnera de prévention contre les Américains disait des Puritains:
« Ils considèrent les Indiens, moins comme des hommes que comme des bêtes vicieuses et dangereuses, comme une vermine n'ayant rien d'humain. »




Pownall, gouverneur du Massachusetts va plus loin:

« Les Anglais en leur insatiable (cupidité) voracité de possessions terriennes, se sont procuré des contrats et autres pièces frauduleuses fondées sur l'abus des traités et, par ces moyens, réclament même à l'exclusion des Indiens, la propriété non-seulement de chasse, mais encore leurs camps et leurs demeures. Incapables de supporter davantage de tels procédés, les Indiens ont dit à Sir William Johnson qu'ils ne pourront bientôt plus chasser un ours dans un trou d'arbre sans qu'un Anglais se réclame possesseur de l'arbre ». C. O. 5. 518.
« Aucun pasteur ne voulait aller les évangéliser, même au salaire de 100 livres sterling sans parler des récompenses de l'autre monde ». (Préface XXIX du Calendar of State Papers - Col. Series 1699). 
Voir dans Hannay's History of Acadia les perfides atrocités du major Valdron en 1676, du colonel Church en 1692, du capitaine Chubb en 1696 - pp. 227 et 250.

« Il mourut 86,000 Indiens en cinquante ans, avoue, en 1781 le révérend Samuel Peters.
Dans l'effroyable histoire des rapports de l'homme blanc avec les races sauvages, il n'est guère de plus triste exemple de froide cruauté que la destruction totale des Péquods, hommes, femmes et enfants par les colons puritains, qui se prétendaient les conquérants désignés par Dieu pour ce nouveau pays de Chanaan.
« Cunningham »,
Of Philip of Pokanoket par Washington Irving. 
Correspondance d'Amherst en 1763:
Il écrit au colonel anglais Bouquet, lors de l'Affaire de Pontiac:

« Ne pourrions-nous pas tenter de répande la petite vérole parmi les tribus indiennes qui sont rebelles. Il faut en cette occasion user de tous les moyens pour les réduire. »
« Je vais essayer de répandre la petite vérole », répond le colonel, « grâce à des couvertures, que nous trouverons moyen de leur faire parvenir. » - « Vous ferez bien de répandre ainsi la petite vérole » approuve le général, « et d'user de tous les autres procédés capables d'exterminer cette race abominable. »


Lambert Closse, La Réponse de la Race - Catéchisme national. Thérien frères limitée, 1936. Pp 119-120.

vendredi 11 novembre 2016

Vers la religion mondiale, le noachisme

Si l'Eglise n'est plus le verus Israël, que devient-elle dans cette nouvelle théologie du salut? Il n'entre pas dans cette étude de présenter tous les aspects de la religion noachide dont Vatican II a introduit les principes dans l'enseignement catholique. Un colloque pourrait lui être consacré tellement le sujet est vaste. Donnons cependant quelques repères historiques et relevons plusieurs aspects de ce nouveau « catholicisme ».

Après la Révolution française qui émancipa les juifs et qui leur permit d'entrer dans les sociétés civiles, les
rabbins et les penseurs du judaïsme s'interrogèrent sur la solution politique et religieuse du monde qu'ils allaient enfanter. Le retour en terre d'Israël était proche... l'ère messianique s'annonçait: il fallait, en effet, préparer le monde au naturalisme que viendrait couronner le Messie naturaliste. Ils devaient aussi résoudre le problème religieux qui ne manquerait pas de se poser: « Quand nous aurons retrouvé notre rôle de peuple qui apporte le salut aux nations, quelle sera la religion des chrétiens qui se ont prétendus le nouvel Israël? »

Elie Benamozegh, rabbin de Livourne, le Platon du judaïsme italien, « l'un des maîtres de la pensée juive contemporaine », proposa une solution - reprise de Maïmonide - qu'il publia en 1884 dans son maître-livre Israël et l'Humanité. Le sous-titre, évocateur, est: Etudes sur le problème de la religion universelle et sa solution. La solution Benamozegh, à laquelle vont se ranger peu à peu les tenants du judaïsme, peut se synthétiser comme suit:

L'Eglise catholique doit réformer son enseignement sur trois points:

  1. Changer son regard sur le peuple juif qu'elle doit réhabiliter comme étant le peuple aîné, peuple sacerdotal « qui a su conserver dans sa pureté originelle la religion primitive ». Ce peuple n'est ni déicide, ni rejeté de Dieu. Aucune malédiction ne pèse sur lui. Il est amené au contraire à proposer le bonheur et l'unité de l'humanité. « Reconnaître, écrit Gérard Haddad citant Benamozegh, sa fonction que [saint] Paul a cru pouvoir rayer. »
  2. « Renoncer à la divinité de Jésus, ce Fils de l'homme comme lui-même se désignait. » Simple rabbi, Jésus était juif et l'est resté. Prêcher Jésus-Christ mais un Jésus-Christ humain, venu apporter une morale pour le bonheur de tous les hommes.
  3. Accepter une ré-interprétation - et non une suppression du mystère de la Trinité.

A ces trois conditions, « l'Eglise catholique est l'Eglise du vrai catholicisme », vrai catholicisme que Benamozegh nomme le noachisme, religion pour tous les peuples qui appartiennent « à l'espace chrétien » comme dit Lustiger. Ce noachisme possède une morale que l'Eglise a mission de faire connaître aux peuples de la terre. La déclaration judéo-épiscopale américaine du 13 août 2002 y fait explicitement référence:

Le judaïsme considère que tous les peuples sont obligés d'observer une loi universelle. Cette loi, appelé les Sept Commandements de Noé, s'applique à tous les êtres humains. Ces lois sont: (1) l'établissement de cours de justice de sorte que la loi gouverne la société; et la prohibition: (2) du blasphème, (3) de l’idolâtrie, (4) de l'inceste, (5) de l'effusion de sang, (6) du vol et (7) de manger la chair d'un animal vivant.

La fin nouvelle de l'Eglise sera l'évangélisation des peuples à cet humanitarisme noachide en même temps que leur unification. Le primat romain sera redéfini pour faciliter l'unité des chrétiens. Le noachisme sera « la religion de la morale naturelle » ! Car en aucune façon, le non-juif ne doit chercher à se convertir au judaïsme ou mosaïsme talmudique, religion réservée à l'Elu. La solution Benamozegh, longtemps passée sous silence, est maintenant reprise par les sommités du monde juif. Le grand rabbin René Samuel Sirat, par exemple, fit allusion au statut des non-juifs lors des obsèques d'un jeune Française de vingt-quatre ans, victime d'un attentat commis à la cafétéria de l'Université hébraïque de Jérusalem, le 31 juillet 2002:

David, mon cher David, tu avais choisi de te rapprocher spirituellement et culturellement de notre communauté juive et de revendiquer auprès du judaïsme le beau titre de guer toshav, étranger et citoyen, à la fois, que la Bible a mis en valeur et que le rabbin Elie Benamozegh, au siècle dernier, a magnifiquement explicité dans son livre Israël et l'Humanité. Il s'agit d'un choix livre de se rapprocher de la tradition d'Israël, d'observer les sept lois - dites lois noachides - de morale naturelle révélées jadis à Noé, père de tous les vivants (...) Car, faut-il le rappeler, il n'est pas nécessaire de se convertir au judaïsme pour avoir droit au salut éternel. 


-Michel Laurigan, L'Eglise et la synagogue depuis Vatican II. Editions Le Sel. Couvent de la Haye-aux-Bonshommes, 2007. Pp. 37-40 

jeudi 10 novembre 2016

En route vers le noachisme: Les dix points de Seelisberg

Les dix points de Seelisberg est un document élaboré en 1947 en Suisse. 70 personnes se réunirent pour sa rédaction: juifs, protestants et catholiques. Ce fut Jules Isaac qui devint le personnage clef de cette rencontre. Jacques Maritain, n'ayant pu être présent, envoya un chaud message d'encouragement. 

Ce document figure parmi les inspirations de la funeste partie du document Nostrae Aetate du concile Vatican II, sur les rapports avec le judaïsme.

Les dix points de Seelisberg, document fondateur du noachisme.


1- Rappeler que c'est le même Dieu Vivant qui nous parle à tous, dans l'ancien comme dans le nouveau
Testament.

2- Rappeler que Jésus est né d'une mère juive, de la race de David et du peuple d'Israël, et que son amour éternel et son pardon embrassent son propre peuple et le monde entier.

3- Rappeler que les premiers disciples, les apôtres et les premiers martyrs étaient juifs.

4- Rappeler que le précepte fondamental du christianisme, celui de l'amour de Dieu et du prochain, promulgué déjà dans l'Ancien Testament et confirmé par Jésus, oblige chrétiens et juifs dans toutes les relations humaines, sans aucune exception.

5- Éviter de rabaisser le judaïsme biblique ou post-biblique dans le but d'exalter le Christianisme.

6 - Éviter d'user le mot « juifs » au sens exclusif de « ennemis de Jésus » ou de la locution « ennemis de Jésus » pour désigner le peuple juif tout entier.

7- Éviter de présenter la Passion de telle manière que l'odieux de la mise à mort de Jésus retombe sur tous les juifs, ou sur les juifs seuls. En effet, ce ne sont pas tous les juifs qui ont réclamé la mort de Jésus. Ce ne sont pas les juifs seuls qui en sont responsables, car la Croix, qui nous sauve tous, révèle que c'est à cause de nos péchés à tous que le Christ est mort.

Rappeler à tous les parents et éducateurs chrétiens la grave responsabilité qu'ils encourent du fait de présenter l'Evangile et surtout le récit de la Passion d'une manière simpliste. En effet, ils risquent par là s'inspirer, qu'ils le veuillent ou non, de l'aversion dans la conscience ou le subconscient de leurs enfants ou auditeurs. Psychologiquement parlant, chez des âmes simples, mues par un amour ardent et une vive compassion pour le Sauveur crucifié, l'horreur qu'ils éprouvent tout naturellement envers les persécuteurs de Jésus tournera facilement en haine généralisée des juifs de tous les temps, y compris ceux d'aujourd'hui.

8- Eviter de rapporter les malédictions scripturaires et le cri d'une foule excitée: « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants », sans rappeler que ce cri ne saurait prévaloir contre la prière infiniment plus puissante de Jésus: « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. »

9- Eviter d'accréditer l'opinion impie que le peuple juif est réprouvé, maudit, condamné à une destinée de souffrances.

10- Eviter de parler des juifs comme s'ils n'avaient pas été les premiers à être de l'Eglise.

Bulle Exsurge Domine - condamnation des erreurs de Martin Luther

Bulle de Sa Sainteté le Pape Léon X du 15 juin 1520

Condamnation des erreurs de Martin Luther et de ses disciples


Leo Episcopus Servus Servorum Dei Ad perpetuam rei memoriam.


Levez-Vous, Seigneur, et jugez de votre propre cause. Rappelez-Vous vos reproches à ceux qui sont remplis de folie tout au long du jour. Écoutez nos prières car les renards ont surgi cherchant à détruire la vigne dont Vous seul avez foulé le pressoir. Lorsque Vous étiez sur le point de monter à Votre Père, Vous avez confié le soin, la règle et l'administration de la vigne, une image de l'Église Triomphante, à Pierre, en tant que la Tête et le Vicaire ainsi qu’à ses successeurs. Le sanglier de la forêt vise à la détruire et toutes les bêtes sauvages se nourrissent d'elle.

Levez-vous, Pierre, et remplissez cette charge pastorale qui Vous a été divinement confiée tel que mentionné ci-dessus.

Prêtez attention à la cause de la Sainte Église Romaine, Mère de toutes les églises et Maîtresse de la Foi, que vous avez consacrée par Votre Sang sur l'ordre de Dieu. Vous avez prévenu au sujet des enseignants fourbes contre l'Église Romaine qui seraient à la hausse introduisant des sectes ruineuses et attirant sur eux-mêmes un destin tragique rapide. Leurs langues sont de feu, d’un mal sans repos, pleines de venin mortel. Ils ont un zèle amer, de la discorde dans leur cœur, et se vantent et mentent contre la vérité.

Nous vous prions aussi, Paul, de vous lever. C’était vous qui avez éclairé et illuminé l'Église par votre doctrine et par un martyre comme celui de Pierre. Maintenant un nouveau Porphyre se lève qui, comme l'ancien qui avait déjà assailli les saints Apôtres, assaille maintenant les saints Pontifes, nos prédécesseurs.

Les menaçant, en violation de votre enseignement au lieu de les implorer, il n’a pas honte de les attaquer, de les déchirer et, quand il désespère de sa cause, il s’abaisse dans les insultes. Il est comme les hérétiques « dont la dernière défense », comme le disait Jérôme, « est de commencer à cracher du venin de serpent de leurs langues quand ils voient que leurs causes sont en passe d'être condamnées, et sautent aux insultes quand ils voient qu’ils sont vaincus ». Car, bien que vous ayez dit qu’il doit y avoir des hérésies pour tester les fidèles, elles doivent être par contre détruites à leur naissance par votre intercession et votre aide de sorte qu'elles ne se développent pas ou ne croissent pas solides comme vos loups. Enfin, toute l'Église des saints et le reste de l'Église universelle se lève. Certains, en mettant de côté sa véritable interprétation de l'Écriture Sainte, sont aveuglés en esprit par le père du mensonge. Sages à leurs propres yeux, selon l'ancienne pratique des hérétiques, ils interprètent ces mêmes Écritures autrement que le Saint Esprit le demande, inspirés seulement par leur propre sens de l'ambition et pour des raisons d’acclamation populaire, comme l'apôtre le déclare. En fait, ils tordent et dénaturent les Écritures. En conséquence, selon Jérôme, « Il n'y a plus l'Évangile du Christ, mais celui d’un homme ou, ce qui est pire, du diable ».

Que toute cette sainte Église de Dieu, je le dis, se lève, et avec les bienheureux Apôtres intercède auprès de Dieu Tout-Puissant pour purger les erreurs de Ses brebis, pour bannir toutes les hérésies des terres des fidèles et pour qu’Il daigne maintenir la paix et l'unité de Sa sainte Église.

Car nous ne pouvons guère exprimer, dans notre détresse et notre douleur de l'esprit, ce qui atteint nos oreilles depuis un certain temps selon le rapport d’hommes fiables et la rumeur générale ; hélas, nous avons nous-mêmes vu de nos yeux et lu les nombreuses et diverses erreurs. Certaines d'entre elles ont déjà été condamnées par des Conciles et des Constitutions de nos prédécesseurs, et contiennent même expressément l'hérésie des Grecs et des Bohémiens. D'autres erreurs sont soit hérétiques, fausses, scandaleuses soit offensantes à des oreilles pieuses, comme séduisantes aux simples d’esprit, émanant de faux représentants de la foi qui, dans leur fière curiosité, aspirent à la gloire du monde et, contrairement à l'enseignement de l'Apôtre, veulent être plus sages qu’ils ne devraient l'être.

Leur bavardage, non appuyé par l'autorité des Écritures, comme le dit Jérôme, ne gagnerait pas de crédibilité à moins qu'ils ne semblent soutenir leur doctrine perverse avec des témoignages divins cependant si mal interprétés. À leurs yeux, la crainte de Dieu est maintenant passée.

Ces erreurs ont, à la suggestion de la race humaine, été relancées et récemment propagées parmi la plus frivole et illustre nation allemande. Nous pleurons davantage que ce soit arrivé là parce que nous et nos prédécesseurs avons toujours tenu cette nation au sein de notre affection. Car, après que l'empire eût été transféré par l'Église Romaine des Grecs à ces mêmes Allemands, nos prédécesseurs et nous avons toujours pris les porte-parole de l'Église et ses défenseurs parmi eux. En effet, il est certain que ces Allemands, ayant vraiment rapport avec la foi Catholique, ont toujours été les adversaires les plus acharnés des hérésies, comme en témoignent ces constitutions louables des empereurs allemands en faveur de l'indépendance et la liberté de l'Église, et de l'expulsion et l'extermination de tous les hérétiques d'Allemagne. Ces constitutions précédemment édictées, puis confirmées par nos prédécesseurs, ont été émises avec les plus grandes pénalités allant même à la perte de terres et de possessions contre toute personne les abritant ou ne les expulsant pas. Si elles avaient été observées aujourd'hui, nous et eux serions évidemment libres de ces troubles.

Témoin à cela est la condamnation et la punition par le Concile de Constance de l'infidélité des Hussites et des Wyclifites ainsi que de Jérôme de Prague. Témoin à cela est le sang des Allemands versé si souvent dans les guerres contre les Bohémiens. Un exemple ultime est la réfutation, le rejet et la condamnation — pas moins apprises que vraies et saintes — des erreurs ci-dessus, ou beaucoup d'entre elles, par les universités de Cologne et de Louvain, des cultivateurs des plus dévoués et religieux du champ du Seigneur. Nous pourrions invoquer beaucoup d'autres faits aussi, mais nous avons décidés de les omettre de peur d'avoir l'air de composer une histoire.

En vertu de notre fonction pastorale qui nous a été confiée par faveur divine, nous ne pouvons en aucune circonstance tolérer ou ignorer plus longtemps le poison pernicieux des erreurs ci-dessous sans disgrâce à la religion Chrétienne et sans blessure à la foi Orthodoxe. Nous avons décidé d'inclure certaines de ces erreurs dans le présent document ; leur substance est la suivante :

  1. C’est une opinion hérétique mais commune que les Sacrements de la Nouvelle Loi donnent une grâce de pardon à ceux qui ne créent pas d’obstacle.
  2. Nier que, chez un enfant après son baptême, le péché demeure, c’est de traiter avec mépris à la fois Paul et le Christ.
  3. Les sources inflammables du péché, même s'il n'y a pas eu de péché actuel, retardent le départ de l’âme du corps pour son entrée au ciel.
  4. Pour quelqu’un sur le point de mourir, une charité imparfaite entraîne nécessairement une grande crainte qui, à elle seule, est suffisante pour produire la peine du purgatoire et empêcher l'entrée dans le royaume.
  5. Qu’il y ait trois parties à la pénitence, à savoir : la contrition, la confession et la satisfaction ; il n’y a pas de fondement à cela dans la Sainte Écriture ni chez les Anciens Docteurs Chrétiens sacrés.
  6. La contrition, qui est acquise par la discussion, la collecte et la détestation des péchés, par laquelle on réfléchit sur ses années dans l'amertume de son âme, en méditant sur la gravité des péchés, leur nombre, leur bassesse, la perte de la béatitude éternelle et l'acquisition de la damnation éternelle, cette contrition fait de lui un hypocrite et, en effet, un grand plus pécheur.
  7. C’est un proverbe des plus véridiques et la doctrine sur les contritions la plus remarquable jusqu'à présent : « Ne plus le faire à l'avenir est la pénitence la plus élevée ; c’est la meilleure pénitence, c’est une nouvelle vie ».
  8. En aucun cas, vous ne pouvez présumer confesser les péchés véniels, ni même tous les péchés mortels, parce qu'il est impossible que vous connaissiez tous les péchés mortels. Ainsi, dans l'Église primitive, seuls les péchés mortels manifestes étaient confessés.
  9. Tant que nous souhaitons confesser tous les péchés sans exception, nous ne faisons rien d'autre que souhaiter ne laisser rien à la Miséricorde de Dieu à pardonner.
  10. Les péchés ne sont pardonnés que si celui qui se confesse croit qu'ils sont pardonnés lorsque le prêtre les pardonne ; au contraire, le péché demeure à moins que celui qui se confesse ne croit qu’il a été pardonné ; car, en effet, la rémission des péchés et l'octroi de la grâce ne suffisent pas, mais il est nécessaire de croire aussi qu’il y a eu pardon.
  11. En aucun cas, pouvez-vous être rassuré d'être absous à cause de votre contrition, mais à cause de la Parole du Christ : « Tout ce que vous délierez, etc. ». Par conséquent, je dis, ayez confiance que vous avez obtenu l'absolution du prêtre et croyez fermement que vous avez été absous et vous serez vraiment absous quoiqu’il en soit de la contrition.
  12. Si, par une impossibilité, celui qui s’est confessé n’était pas contrit ou que le prêtre n’a pas donné l’absolution sérieusement, mais d'une manière joviale, si pourtant il estime qu’il a été absous, il a été vraiment absous.
  13. Dans le sacrement de la pénitence et la rémission des péchés, le Pape ou l'Évêque n’en fait pas davantage que le prêtre le plus humble ; en effet, lorsqu'il n'y a pas de prêtre, tout Chrétien, même une femme ou un enfant, peut également en faire autant.
  14. Nul ne doit répondre à un prêtre s’il est contrit, ni le prêtre s’en renseigner.
  15. Grande est l'erreur de ceux qui approchent le Sacrement de l'Eucharistie en comptant sur le fait qu'ils se sont confessés, qu'ils ne sont conscients d'aucun péché mortel en eux, qu'ils ont prié à l’avance et qu’ils ont fait des préparations ; tous ceux-là mangent et boivent le jugement pour eux-mêmes. Mais s’ils croient et ont confiance qu'ils obtiendront la grâce, alors cette foi seule les rendra purs et dignes.
  16. Il semble avoir été décidé que l'Église en Concile commun ait établi que les laïcs devraient communier sous les deux espèces ; les Bohémiens qui communient sous les deux espèces ne sont pas hérétiques mais schismatiques.
  17. Les trésors de l'Église à partir desquels le Pape accorde des indulgences ne sont pas les mérites du Christ ni des saints.
  18. Les indulgences sont des pieuses fraudes des fidèles et des rémissions de bonnes œuvres ; et elles sont parmi le nombre de ces choses qui sont autorisées et non du nombre de celles qui sont avantageuses.
  19. Les indulgences ne sont d'aucune utilité pour ceux qui en gagnent vraiment pour la rémission de la peine due au péché actuel commis à la vue de la justice divine.
  20. Ils sont séduits ceux qui croient que les indulgences sont salutaires et utiles pour le fruit de l'esprit.
  21. Les indulgences ne sont nécessaires que pour les crimes publics et ne sont à juste titre concédées qu’aux rudes et aux impatients.
  22. Pour six types d'hommes, les indulgences ne sont ni utiles ni nécessaires ; à savoir, pour les morts et ceux qui vont mourir, les infirmes, ceux qui sont légitimement entravés, ceux qui n’ont pas commis de crimes, ceux qui ont commis des crimes, mais pas publics, et ceux qui se consacrent à des choses meilleures.
  23. Les excommunications ne sont que des sanctions externes et elles ne privent pas l'homme des prières spirituelles communes de l'Église.
  24. Les Chrétiens doivent apprendre à chérir les excommunications plutôt que de les craindre.
  25. Le Pontife Romain, successeur de Pierre, n’est pas le Vicaire du Christ sur toutes les églises de l'ensemble du monde, institué par le Christ Lui-même dans le Bienheureux Pierre.
  26. La Parole du Christ à Pierre : « Tout ce que vous délierez sur la terre… etc. » couvraient uniquement les choses liées par Pierre lui-même.
  27. Il est certain que ce n’est pas du pouvoir de l'Église ou du Pape de décider des articles de foi et encore moins sur les lois de la morale ou des bonnes œuvres.
  28. Si le Pape avec une grande partie de l'Église pensaient ceci ou cela, il ne se tromperait pas ; et encore, ce n’est pas un péché ou une hérésie de penser le contraire, en particulier sur toute question non nécessaire pour le salut, jusqu'à ce qu’une alternative soit condamnée et qu’une autre soit approuvée par un Concile général.
  29. Une façon a été conçue pour que nous puissions affaiblir l'autorité des Conciles, pour contredire librement leurs actions, pour en juger les décrets et déclarer hardiment tout ce qui semble vrai, que ce fut approuvé ou désapprouvé par tout Concile que ce soit.
  30. Certains articles de Jean Hus, condamnés au Concile de Constance, sont des plus Chrétiens, entièrement vrais et évangéliques ; ceux-là, l'Église universelle ne pouvait pas les condamner.
  31. En toute bonne œuvre, l’homme pèche.
  32. Un bon travail très bien fait est un péché véniel.
  33. Que les hérétiques soient brûlés, c’est contre la volonté de l'Esprit.
  34. Aller à la guerre contre les Turcs, c’est résister à Dieu qui punit nos iniquités à travers eux.
  35. Personne n’est certain qu’il ne pèche pas toujours mortellement, en raison du vice le plus caché de l’orgueil.
  36. Après le péché, le libre arbitre est une question de titre seulement ; et aussi longtemps que quelqu’un fait ce qui est en lui, il pèche mortellement.
  37. Le purgatoire ne peut pas être prouvé par l'Écriture Sainte qui est dans le canon.
  38. Les âmes du purgatoire ne sont pas sûres de leur salut, du moins pas toutes ; et il n’a été prouvé ni par des arguments ni par les Écritures qu'elles ne sont plus capables de mériter davantage ou de croître en charité.
  39. Les âmes du purgatoire pèchent sans arrêt aussi longtemps qu'ils cherchent le repos et abhorrent la peine.
  40. Les âmes libérées du purgatoire par les suffrages des vivants sont moins heureuses que si elles avaient fait satisfaction par elles-mêmes.
  41. Les prélats ecclésiastiques et les princes séculiers n’agiraient pas mal s'ils détruisaient tous les sacs d'argent de la mendicité.

Personne qui est sain d'esprit n’ignore comment ces diverses erreurs sont destructrices, pernicieuses, scandaleuses et séduisantes aux esprits pieux et simples, comment elles sont toutes opposées à la charité et au respect envers la sainte Église Romaine qui est la Mère de tous les fidèles et Enseignante de la foi ; comment ces diverses erreurs sont destructrices de la vigueur de la discipline ecclésiastique, c'est-à-dire l'obéissance. Cette vertu est la source et l'origine de toutes les vertus et, sans elle, tout le monde est facilement reconnu coupable d'être infidèle.


C'est pourquoi, dans l'énumération ci-dessus, importante comme elle est, nous désirons procéder avec le plus grand soin comme il se doit, et couper l'avance de cette peste et de cette maladie cancéreuse de sorte qu'elle ne se propage pas plus loin dans le champ du Seigneur comme des buissons d’épines nuisibles. Nous avons donc mené une enquête minutieuse, un examen approfondi et rigoureux, une discussion et une mûre délibération avec chacun des frères, des Cardinaux éminents de la sainte Église Romaine ainsi qu’avec les Prieurs et les Ministres généraux des Ordres religieux, outre de nombreux autres professeurs et maîtres versés en théologie sacrée et en droit civil et canonique. Nous avons trouvé que ces erreurs ou thèses, telles que mentionnées ci-dessus, ne sont pas Catholiques et ne doivent pas être enseignées comme telles ; mais elles sont contraires à la Doctrine et à la Tradition de l'Église Catholique, et contraires à la véritable interprétation des Écritures sacrées reçues de l'Église. Maintenant, Augustin a maintenu que son autorité [de l’Église] devait être acceptée si complètement qu’il a dit qu’il n'aurait pas cru à l'Évangile à moins que l'autorité de l'Église Catholique ne se fût portée garante pour lui. Car, selon ces erreurs, ou l'une ou plusieurs d'entre elles, il ressort clairement que l'Église qui est guidée par le Saint-Esprit serait en erreur et aurait toujours été dans l’erreur. C'est contraire à ce que le Christ a promis à ses disciples lors de Son Ascension (comme on lit dans le saint Évangile de Matthieu) : « Je serai avec vous jusqu'à la fin du monde » ; c’est contraire aux décisions des Saints Pères ou aux ordonnances formelles et canons des Conciles et des Souverains Pontifes. Le non-respect de ces canons, d’après le témoignage de Cyprien, sera le carburant et la cause de toute hérésie et de tout schisme.

Avec l'avis et le consentement de nos vénérables frères, avec une mûre délibération sur chacune des thèses ci-dessus, et par l'autorité du Dieu Tout-Puissant, des bienheureux Apôtres Pierre et Paul et de notre propre autorité, nous condamnons, réprouvons et rejetons complètement chacune de ces thèses ou erreurs comme hérétiques, scandaleuses, fausses, offensantes aux oreilles pieuses ou séduisantes aux simples d’esprit, et contraires à la vérité Catholique. En les énumérant, nous décrétons et déclarons que tous les fidèles des deux sexes doivent les considérer comme condamnées, réprouvées et rejetées... Nous tenons tous les fidèles à la vertu de la sainte obéissance sous peine d'une excommunication majeure automatique...

En outre, parce que les erreurs précédentes et beaucoup d'autres sont contenues dans les livres ou les écrits de Martin Luther, nous condamnons, réprouvons et rejetons de même complètement les livres ainsi que tous les écrits et sermons du dit Martin, que ce soit en latin ou en toute autre langue, contenant lesdites erreurs ou l'une quelconque d'entre elles ; et nous souhaitons qu'ils soient considérés comme tout à fait condamnés, réprouvés et rejetés. Nous interdisons tous et chacun des fidèles des deux sexes, en vertu de la sainte obéissance et sous les peines ci-dessus qui seraient encourues automatiquement, de les lire, de les faire valoir, de les prêcher, de les louanger, de les imprimer, de les publier ou de les défendre. Ils subiront ces pénalités s'ils présument les respecter en quelque manière que ce soit, personnellement ou par d'autres personnes, directement ou indirectement, explicitement ou tacitement, en public ou en privé, dans leurs propres maisons ou dans d'autres lieux publics ou privés.

En effet, immédiatement après la publication de cette lettre, ces œuvres, où qu'elles soient, seront recherchées avec soin par les ordinaires et d'autres [ecclésiastiques et réguliers] et seront brûlées publiquement et solennellement en présence des clercs et du peuple, sous peine de chacune des peines ci-dessus.

Pour autant que Martin lui-même est concerné, Ô Bon Dieu, qu'avons-nous oublié ou pas fait ? Qu'avons-nous omis comme charité paternelle pour que nous puissions le rappeler de telles erreurs ? Car, après l’avoir cité, voulant traiter plus gentiment avec lui, nous l’avons prié instamment à travers diverses conférences avec notre légat et à travers nos lettres personnelles d'abandonner ces erreurs. Nous lui avons même offert un sauf-conduit et de l'argent pour le voyage nécessaire, lui demandant de venir sans crainte ni réticence, qu’une parfaite charité chasserait, pour parler non pas en secret, mais ouvertement et en face à face à l'exemple de notre Sauveur et de l’Apôtre Paul. S’il avait fait cela, nous sommes certains que son cœur aurait été changé et qu’il aurait reconnu ses erreurs. Il n’aurait pas trouvé toutes ces erreurs à la Curie Romaine qu’il attaque si sauvagement, lui attribuant plus qu’il ne devrait à cause des rumeurs vides d'hommes méchants. Nous lui aurions montré plus clairement que la lumière du jour que les Pontifes Romains, nos prédécesseurs, qu’il attaque de manière injurieuse au-delà de toute décence, n’ont jamais erré dans leurs canons ou Constitutions qu’il essaie d’assaillir. Car, selon le prophète, ni l’huile de guérison ni le médecin ne manquent en Galaad.

Mais il a toujours refusé d'écouter et, méprisant la citation précédente et chacun des ouvertures ci-dessus, il a dédaigné de venir. Jusqu'à ce jour il est rebelle. Avec un esprit endurci, il a continué sous censure pendant plus d'un an.

Ce qui est pire, en ajoutant le mal au mal et apprenant la citation, il éclata dans un appel irréfléchi à un futur Concile. C’était bien sûr contraire à la Constitution de Pie II et Jules II, nos prédécesseurs, à savoir que tout appel de cette manière doit être puni par des peines d'hérétiques. En vain, implore-t-il l'aide d'un Concile puisqu’il admet ouvertement qu’il ne croit pas à un Concile.

Nous pouvons donc, sans autre citation ou retard, procéder contre lui à sa condamnation et à sa damnation comme celui dont la foi est notoirement suspecte et qui est en fait un véritable hérétique avec la pleine gravité de chaque pénalité et censure ci-dessus.

Pourtant, avec les conseils de nos frères, en imitant la Miséricorde de Dieu tout-puissant qui ne souhaite pas
la mort du pécheur, mais plutôt qu’il se convertisse et qu'il vive, en oubliant toutes les blessures infligées à nous et au Siège Apostolique, nous avons décidé d'utiliser toute la compassion dont nous sommes capables. Il est de notre espoir, autant que nous en sommes, qu’il expérimentera un changement de cœur en prenant la route de la douceur que nous avons proposée, qu’il reviendra et qu’il se détournera de ses erreurs. Nous allons le recevoir gentiment comme le fils prodigue de retour dans le giron de l'Église.

Que Martin lui-même et tous ceux qui adhèrent à lui, à ceux qui l’abritent et le soutiennent, par le Cœur Miséricordieux de notre Dieu et par l’Aspersion du Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, de qui et par qui la rédemption du genre humain et l’édification de l'Église, notre Sainte Mère, a été accomplie, sachent que nous l’exhortons et le supplions de tout notre cœur de cesser de troubler la paix, l'unité et la vérité de l'Église pour lesquelles le Sauveur a prié si ardemment le Père. Qu'il s’abstienne de ses erreurs pernicieuses afin qu’il puisse nous revenir. S’ils obéissent vraiment et qu’ils nous certifient par des documents juridiques qu'ils ont obéi, ils trouveront en nous l'affection de l'amour d'un père, l'ouverture de la source des effets de la charité paternelle, et l'ouverture de la source de la miséricorde et de la clémence.

Nous enjoignons Martin, cependant, en attendant, de cesser toute prédication ou fonction de prédicateur.


Donné à Rome, à Saint-Pierre, l'an de l'Incarnation du Seigneur 1520, de notre pontificat le huitième.

Léon X, Pape.

lundi 31 octobre 2016

Vrai et faux oecuménisme



Œcuménisme catholique traditionnel
Œcuménisme post Vatican II
Type de réunion des églises
Réunion par retour à l’unique Eglise des chrétiens [l’Eglise catholique], séparés de Rome par le schisme et l’hérésie.
Réunion par recomposition en un seul tout de toutes les Eglises chrétiennes considérées comme égales entre elles.
Doctrine
1. L’Eglise est une. L’unité est l’une des marques de l’Eglise (une, sainte, catholique et apostolique), et non un objectif à poursuivre, comme s’il n’était pas déjà réalisé.
1. Aucune Eglise ne peut aujourd’hui revendiquer le privilège d’être l’unique Eglise.
2. Hors de l’Eglise, point de salut.
2. En attendant l’unité future, chacun fait normalement son salut dans sa propre Eglise.
3. Il y a une inégalité fondamentale entre l’Eglise catholique qui possède la vérité et la succession apostolique, et les autres Eglises chrétiennes qui ne possèdent ni l’une ni l’autre.
3. Il y a égalité entre toutes les Eglises chrétiennes, fragments d’égal mérite d’un grand tout à recomposer.
Attitude
1. Les Eglises protestantes sont considérées beaucoup plus comme des obstacles au salut que comme des moyens de salut.
1. Toutes les Eglises chrétiennes sont considérées comme des moyens de salut.
2. Souci d’accueillir et de convertir les chrétiens séparés de Rome. Prière à cette intention.
2. Marche vers l’unité (« conversion au Christ total ») par les activités religieuses interconfessionnelles, la vie en commun. En attendant l’unité future, chacun reste fidèle à sa propre Eglise et conserve sa doctrine en cherchant à l’approfondir.


Source Arnaud de Lassus, Connaissance élémentaire du Protestantisme.

vendredi 21 octobre 2016

À propos des ralliés

Définissons ce que nous entendons par rallié:

J'entends par ralliée toute personne, qui historiquement a eu l'occasion d'initier ou de suivre un accord ou une paix avec la révolution, pratique ou doctrinale. J'entends par révolution, le mouvement défendant les idées révolutionnaires que ce soit sur le plan politique ou religieux (Mgr Suenens n'a-t-il pas parlé du concile comme 89 dans l'Eglise ?), mouvement contre lequel nous luttons depuis plus de deux cents ans. Enfin, j'entends par paix les arrangements politiques, canoniques ou doctrinaux qu'ils soient négociés ou unilatéraux.

Sur la messe

Ils concélèbrent la nouvelle messe et même la célèbrent, et ne nient plus son opposition à la foi catholique.
Mgr Rifan concélèbre dans « le rite ordinaire »
Certains prêtres encouragent les fidèles à remplir l’obligation dominicale par l’assistance à la nouvelle dans leur paroisse plutôt que d’assister à l’ancienne messe dans une chapelle de la Fraternité Saint Pie X. Dom Gérard et Mgr Wach l’ont concélébrée avec le pape Jean-Paul II ; Mgr Rifan, de son côté l’a concélébrée le 8 septembre 2004 à Aparecida au Brésil. L’abbé Ribeton, de la Fraternité Saint Pierre, disait : « Je ne crois pas que célébrer la messe selon le nouvel ordo puisse en soi constituer un désordre moral objectif » (Forum catholique, 13.11.2006), au contraire de Mgr Lefebvre : « La nouvelle messe conduit au péché contre la foi, et c’est l’un des péchés les plus graves… » (La messe de toujours, Clovis 2005, p. 396) L’abbé de Tanouärn, de l’Institut du Bon Pasteur, affirme que cette messe nouvelle est « un rite légitime » (Valeurs actuelles, 1.12.2006), et participa activement à la messe d’enterrement de P. Pujo, célébrée selon le nouveau rite. Ce même Institut reconnaît « l’égalité de droit positif des deux formes du rite, la licéité de la liturgie de Paul VI et sa validité. » Il dénonce la mise en cause de son identité propre, à savoir : « qui célèbre en pratique seulement la messe traditionnelle serait suspect d’exclure “par principe” l’ordo de Paul VI. » (Abbé Christophe Héry, La Pastorale, n°2, novembre 2009)

Le concile Vatican II

Ils publient des ouvrages pour prouver que la déclaration du concile Vatican II sur la liberté religieuse est en pleine conformité avec la Tradition. (R. P. Basile du Barroux et les dominicains de Chéméré)
Ils approuvent le nouveau Catéchisme de l’Église catholique publié en 1992 et son Compendium publié en 2005 : l’un et l’autre reprennent les erreurs du Concile sur la liberté religieuse, l’œcuménisme, la collégialité et d’autres encore.
Ils se réfèrent au nouveau Code de Droit Canon de 1983 qui met en application les réformes du Concile Vatican II dans la vie de l’Église.
Ils écoutent en communauté la lecture des méditations du chemin de Croix du “bienheureux” Jean-Paul II. (Le Barroux, Lettre aux Amis, été 2011)
Ils jugent mauvais le communiqué publié par le supérieur de la Fraternité Saint Pie X le 12 septembre 2011. Le supérieur, M. l’abbé de Cacqueray y dénonce la réunion interreligieuse d’Assise, célébrée en mémoire des 25 ans de la première du genre, le 27 octobre 1986. M. l’abbé de Tanoüarn, lui, vole au secours de celle de 2011 : « Lorsque le pape demande aux religions de se concevoir elles-mêmes comme un service de paix et non comme une caution de violence […] il accomplit un geste important et légitime. » Comme si les papes n’avaient pas depuis longtemps condamné les réunions interreligieuses, comme si le faux (fausses religions) pouvait servir le bien et la paix (encyclique Mortalium animos de Pie XI)

Les canonisations scandaleuses

« ...enfin, et j'en terminerai là, je vous ai donné la position de l'Eglise : Jean XXIII et Jean-Paul II sont au Ciel. » -Abbé Jean-Baptiste Moreau, FSSP

La Fraternité Saint Pierre « se réjouit de la reconnaissance de la sainteté de deux des successeurs de
Un « saint » à l'oeuvre...
saint Pierre. » C’est Jean-Paul Il qui a « encouragé les fondateurs» de la FSSP en 1988, c’est lui qui a affirmé « la légitimité de l’attachement à la liturgie romaine traditionnelle et demanda aux évêques de respecter les justes aspirations des fidèles.» C’est lui qui a « inversé la mouvement de sécularisation » et « provoqué la chute du communisme en Europe. » « Dénonçant la culture de mort, les structures de péché et la dérive totalitaire des démocraties modernes, il a réveillé les consciences endormies, inspirant l’action des catholiques en faveur de la famille et de la vie. » Jean-Paul II nous « montre le chemin qui conduit à la contemplation de la ‘splendeur de la vérité
. » -Abbé Ribeton (Lettre aux amis et bienfaiteurs, n° 75, juin 2014), supérieur du district de France de la FSSP

La Rome actuelle


13 octobre 2016, statue de Luther au Vatican
L'abbé Guillaume de Tanoüarn (Institut du Bon-Pasteur) à propos de l'exhortation apostolique Amoris laetitia:

« Discerner ce qui est bon et s’en tenir

Jean-Paul II était, sans problème le Curé de l’univers et Dieu sait s’il a fait tourner la boutique ! Le pape François, de façon encore plus ambitieuse, conçoit son rôle comme celui d’un directeur de conscience universel. Il prêche au monde les exercices spirituels de saint Ignace. Il essaie de s’adresser à chacun et de lui dire ce qu’il doit faire pour avancer vers Dieu. Pas question de lui fermer la porte au nez ! Il faut le conduire, par un chemin personnel. Ce n’est pas facile pour un pape de prendre cette attitude, que l’on rencontre surtout au confessionnal.[...]

François veut être aussi l’homme de chacun, prenant les gens là où ils en sont. Son maître mot est celui de saint Ignace : le discernement. Il s’agit pour lui d’aider ceux qui s’approchent de lui, fidèles ou non, à discerner ce qui est bon dans leur vie et à s’y tenir. Il tend à les aider à faire l’expérience de Dieu, comme le fait le prédicateur des Exercices spirituels de saint Ignace, qui enseigne toujours la deuxième annotation de ces Exercices : « Ce n’est pas le fait de savoir beaucoup qui remplit et satisfait l’âme, mais le fait de sentir et de savourer les choses intérieurement » (AL 207).[...]


Conclusion

Finissions ici avec une lettre de mgr Lefebvre à propos de l'assistance à la messe avec indult:

« A votre bonne lettre, reçue hier à Saint Michel, je réponds aussitôt pour vous dire ce que je pense au sujet de ces prêtres qui reçoivent un « celebret » de la Commission Romaine, chargée de nous diviser et de nous détruire.

Il est évident qu'en se mettant dans les mains des autorités actuelles conciliaires, ils admettent implicitement le Concile et les Réponses qui en sont issues, même s'ils reçoivent des privilèges qui demeurent exceptionnels et provisoires. Leur parole est paralysée par cette acceptation. Les Evêques les surveillent !...

C'est bien regrettable que ces prêtres ne prennent pas conscience de cette réalité. Mais nous ne pouvons pas tromper les fidèles.
Il en est de même pour ces « messe traditionnelles... ! » organisées par les conciliaires. Elles sont célébrées entre deux messes conciliaires. Le prêtre célébrant dit aussi bien la nouvelle que l'ancienne. Comment et par qui est distribuée la sainte Communion? Quelle sera la prédication?  etc.

Ces messes sont des « attrape-nigauds » qui entraînent les fidèles dans la compromission!

Beaucoup ont déjà été abandonnées. Ce qu'ils doivent changer, c'est leur doctrine libérale et moderniste. Il faut s'armer de patience et prier. L'heure de Dieu viendra. 

Que Dieu vous accorde de saintes fêtes de Pâques.
Bien cordialiement in Christo et Maria

+Mgr Marcel Lefebvre »

vendredi 30 septembre 2016

Énième trahison de l'Eglise conciliaire au Québec

Énième trahison de l'Eglise conciliaire au Québec. En effet, le 29 septembre dernier, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, primat du Canada, déclarait sur sa page Facebook le message suivant:


Gérald Cyprien LacroixLes médias s'expriment beaucoup ces jours-ci au sujet de l'accès au sacrement des malades et la célébration de funérailles chrétiennes pour des personnes qui demandent l'euthanasie. Voici mes réflexions...
L’Église catholique accompagne les personnes à toutes les étapes de la vie. Nous faisons cela en mode dialogue avec toute personne et toute famille qui souhaite être accompagnée.
Je n'envisage pas de directives précises qui auraient pour but de refuser cet accompagnement ou l'accès au sacrement des malades et à la célébration des funérailles. Nous souhaitons accompagner les personnes en fin de vie pour leur rappeler leur dignité inconditionnelle aux yeux de Dieu.
Voilà pourquoi nous opterons toujours pour des soins palliatifs accessibles à tous et à toutes plutôt que l'euthanasie présentée sous le nom d'« aide médicale à mourir ». Cette nouvelle réalité au Québec et au Canada présente de nouveaux défis pastoraux pour notre Église et nous réfléchissons pour discerner comment nous pouvons mieux y répondre. 
Les évêques catholiques du Québec ont publié un instrument de réflexion pour regarder en profondeur toute la question de l'approche de la mort pour un chrétien. Je vous invite à le revisiter pour mieux comprendre ce qui est au cœur de notre démarche :
http://www.eveques.qc.ca/…/find…/LettrePastorale-2015-12.pdf
Dans le bla-bla tourne autour du pot habituel, le cardinal Lacroix tente d'expliquer sa position - plutôt confuse. Le cardinal "n'envisage pas de directives précises qui auraient pour but de refuser cet accompagnement ou l'accès au sacrement des malades et à la célébration des funérailles".

Mais que votre langage soit : Oui, oui; Non, non; car ce qu'on y ajoute vient du mal. (Matth., V, 37)

Pour une énième fois, les pasteurs font schisme avec la Tradition de l'Église. À quoi bon se parer des titres d'évêque, de cardinal et de pasteur quand on ne veut point agir de telle façon? Rappelons ce que signifient ces titres et à quoi ils obligent.

Qu'est-ce qu'un évêque?

Étymologiquement, le mot évêque veut dire surveillant, inspecteur. Un évêque est un dignitaire de l'Eglise qui possède la plénitude du sacerdoce et a, de droit divin, en son nom propre le gouvernement spirituel d'un diocèse. Les évêques sont les successeurs des apôtres pour perpétuer leur mission et leur pouvoir. Ils sont supérieurs aux prêtres, forment un élément constitutif de la hiérarchie. Le pouvoir de l'évêque est suprême et ordinaire dans son diocèse (on l'appelle lui-même pour ce motif l'Ordinaire), mais toujours soumis à l'autorité du pontife romain, quoique l'évêque ne soit pas comme un simple vicaire ou délégué de celui-ci.

L'évêque a un triple pouvoir :

Mgr Moreau, évêque de Saint-Hyacinthe
  1. Le pouvoir de juridiction, c’est-à-dire gouverner son diocèse au spirituel et au temporel, en conformité des règles du droit canonique, de faire observer celui-ci, de veiller à ce que des abus ne s'introduisent pas dans la discipline ecclésiastique. 
  2. Le pouvoir doctrinal, c’est-à-dire d'enseigner : il est le vrai docteur et maître des fidèles de son diocèse, chargé d'y prêcher et faire prêcher la foi catholique, d'y régler ce qui concerne l'enseignement du catéchisme, la prédication, les missions, les écoles chrétiennes; de lui relève la censure des livres, etc.; 
  3. Le pouvoir d'ordre : il peut administrer dans toutes les paroisses de son diocèse les sacrements que peuvent administrer les simples prêtres dans la leur; de plus, seul il peut administrer la Confirmation et l'Ordre.
En cela, l'évêque est le pontife et le pasteur de son diocèse.

Qu'est-ce qu'un cardinal?

On donne plusieurs étymologies au nom de Cardinal. Les uns le font dériver du mot latin cardo, qui signifie pivot ou le point fondamental sur lequel tourne un objet. Les cardinaux auraient reçu ce nom parce qu'ils sont, en effet, la base de la hiérarchie de l'Eglise. D'autres, comme saint Robert Bellarmin, pensent que ce nom a été emprunté aux grands officiers de la cour des empereurs romains, parce que, suivant l'expression reçue, une fois attachés par leur litre à une église, ils y étaient comme fixés, incardinati.

La dignité de cardinal est la première dans l'Eglise après celle du Souverain Pontife. Les cardinaux ont trois fonctions à remplir : la première leur est commune avec les évêques, les prêtres et les diacres, puisque tous les cardinaux exercent ou la charge d'évêque, ou celle de prêtre, ou celle de diacre; la deuxième est celle d'élire le Souverain Pontife; la troisième est de l'aider de leurs conseils, de l'entourer de leur expérience et de leur dévouement.

Lorsqu'il y a création d'un nouveau cardinal, si celui-ci est à Rome, il va de suite offrir ses hommages au Saint-Père, à qui il est présenté par un des anciens cardinaux. Quelque temps après, a lieu le consistoire public. Le Pape rappelle aux nouveaux récipiendaires l'éminence de la dignité qui leur est conférée; puis il leur donne le chapeau rouge en disant : « Recevez ce chapeau rouge, signe de la dignité du Cardinalat, et qui vous oblige à vous dévouer pour le bien de l'Eglise et des fidèles jusqu'à l'effusion du sang inclusivement » (d'où la couleur rouge pour le cardinal). Les nouveaux cardinaux prêtent ensuite le serment de fidélité.

Maintenant que les devoirs des évêques et cardinaux ont été sommairement énumérés, voyons ce que nous dit l'Eglise à propos des suicidés.

Que dit le droit canon?

Le code canonique nous dit, au canon 1240 (Code de droit canonique 1917) :

p.1 Sont privés de la sépulture ecclésiastique, à moins qu'ils n'aient donné quelque signe de pénitence avant leur mort : 
n1) Ceux qui ont fait apostasie notoire de la foi chrétienne, ou sont attachés notoirement à une secte hérétique, ou schismatique, ou à la secte maçonnique, ou aux sociétés du même genre; 
n2) Les excommuniés ou interdits après une sentence condamnatoire; 
n3) Ceux qui se sont donnés la mort délibérément;  
n4) Ceux qui meurent en duel, ou d'une blessure qu'ils y ont reçue; 
n5) Ceux qui ont ordonné que leur corps soit livré à la crémation; n6) Les autres pécheurs publics et manifestes.

Les canons 1241 et 1242 continuent sur la même matière :

Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, refusa
toujours que le franc-maçon Joseph Guibord soit
enterré dans le cimetière catholique. Lorsque le pouvoir
judiciaire voulu le contraindre (elle fit enterrer Guibord
dans le cimetière sous protection policière), il déclara 
la partie du cimetière,où fut enterré Guibord, hors du 
cimetière.
1241
A celui qui a été privé de la sépulture ecclésiastique doivent être refusés aussi la messe des obsèques, même anniversaire, et tous les autres offices funèbres publics.

1242
Si c'est possible sans grave inconvénient, le corps de l'excommunié 'à éviter' qui, malgré la décision des canons, a reçu la sépulture dans un lieu sacré doit être exhumé, en observant la prescription du Can. 1214 p.1 et placé dans le lieu profane dont parle le Can. 1212.

Le cinquième commandement interdit en premier lieu tout meurtre injuste et aussi bien le suicide que l'assassinat. En second lieu, il défend toute blessure ou toute mutilation injuste. Comme la mort peut être la conséquence de la négligence de soins voulus, le soin convenable de la vie est aussi un devoir.

Pour la forme, disons que le Code de droit canon de 1983 de l'Église conciliaire a fait disparaître la mention des suicidés au canon mentionnant le refus des funérailles. Le ver était-il dans le fruit? Fort probablement.

Que nous disent les auteurs catholiques sur le suicide?

Le Dictionnaire de culture religieuse et catéchistique du chanoine L.-E. Marcel nous dit :

SUICIDE. Action de se suicider, de se donner soi-même la mort, volontairement : acte de lâcheté et de désespoir, un des plus graves péchés. C'est un attentat contre Dieu, lequel a seul le droit de nous reprendre la vie; contre la société, qui a droit à nos services; contre soi-même : le suicidé, pour s'éviter quelques peines d'un temps, se précipite dans des maux éternels, car il meurt dans l'acte même du crime.

Il en est qui l'excusent en disant : L'homme est maître se sa vie. Grave erreur qui détruit des milliers de vies : ce désespoir, né de l'incrédulité, fait chaque année plus de victimes qu'une guerre.

L'Église seule a le remède, en redisant avec autorité le commandement divin : "Tu ne tueras point". Et pour mieux marquer son horreur de ce crime, elle refuse la sépulture ecclésiastique aux suicidés, à moins - ce qui n'est pas rare - qu'ils n'aient vraiment perdu la tête (canons 985;1240).

Le célèbre Catéchisme catholique populaire de l'abbé François Spirago est, quant à lui, tout aussi clair sur le sujet :

Le suicide est généralement commis par des hommes sans foi, plongés dans la misère ou le péché, qui désespèrent du secours et de la miséricorde de Dieu : souvent aussi, par des personnes irresponsables et par conséquent innocentes.

C’est poussé par l'extrémité du danger que Saül, blessé et entouré d'ennemis, se jeta sur la pointe de son épée. (I Rois, XXXI) Le geôlier de saint Paul à Philippes voyant les portes de la prison ouverte, se désespéra et voulut se tuer de son glaive. (Act., XVI, 27) Judas se désespéra à cause de la gravité de son crime et se pendit. (Matth., XXVII) La presse ne rapporte que trop souvent le suicide de gens qui ont perdu leur foi tune dans quelque tripot, comme celui de Monaco, qui ont été déçus dans un amour coupable, ou qui ont commis des fautes pour lesquelles ils craignent de sévères châtiments. À notre époque des malheureux se suicident pour des bagatelles. Il est vrai que beaucoup de suicides sont provoqués par l'aliénation mentale, par des maladies nerveuses qui enlèvent la responsabilité; il faut donc se garder de juger témérairement les tristes victimes du suicide. Toutefois la cause principale et la plus fréquente de ce crime, c'est le manque de religion, l'absence de foi en la vie future, en un Dieu qui aide le malheureux et pardonne au pécheur repentant. L'augmentation du nombre des suicides est proportionnelle à la diminution des convictions religieuses : c’est un fait d’expérience. — Les Anciens déjà regardaient ce crime comme déshonorant : on coupait au suicidé la main avec laquelle il s’était tué, et on l'enterrait séparément (S. Isid.). L'Église refuse aux suicidés la sépulture ecclésiastique, excepté à ceux qui étaient atteints dans leurs facultés mentales; mais ceux-là mêmes sont ensevelis le moins solennellement possible. Ce refus n'est pas une affirmation de damnation, il est uniquement l'expression de l'horreur contre cet acte et un moyen pour en détourner les autres. — L’homme n’est pas le propriétaire, mais seulement l'usufruitier de sa vie; Dieu seul en est le maître, il la donne et la reprend quand il veut. (Deut., XXXII, 39). Le suicide est donc un attentat impudent aux droits de Dieu, un mépris de Dieu par le refus dédaigneux du plus précieux de ses dons. Le suicide est une rapine contre le genre humain tout entier, auquel le criminel devrait d’abord rendre tout ce qu’il en a reçu (Mgr Gaume); il est aussi une injustice contre la famille que l’on précipite dans le déshonneur et souvent dans lat misère, une cruauté inouïe contre soi-même et un horrible scandale. Le suicide, dit Lactance, est un crime plus horrible que le meurtre qui peut au moins être châtié par la société. Le suicide n’est donc pas un acte d'héroïsme, au contraire, un acte de lâcheté, comme la désertion devant l’ennemi; il y aurait beaucoup plus d’héroïsme à supporter les difficultés de la vie. Chaque chrétien comprendra en outre que le suicide ne conduit pas au bonheur, ni ne délivre des maux, mais qu’il précipite le malheureux dans la véritable misère de l’enfer. — La presse mondaine excuse souvent le suicidé en disant : X a expié sa faute par la mort. Maxime impie, car le suicide n’expie rien, au contraire, ce n’est qu’une faute ajoutée à d’autres!


Le baisé de Judas
Notre-Seigneur a déclaré à propos de Judas : "Il aurait mieux valu pour cet homme de n'être jamais né". Quoique grande fût la faute de Judas en vendant, pour le prix d'un esclave, le Fils de Dieu, Judas aurait pu être pardonné, comme saint Pierre qui renia trois fois Jésus-Christ. Toutefois, Judas, au lieu de se repentir de ce crime, choisit le suicide. C'est un ultime rejet de la grâce divine et de la miséricorde bienveillante de Dieu: le péché contre le saint Esprit.

Conclusion

Monseigneur de Québec défend-il son troupeau et gouverne-t-il pour le bien commun (tant de l'Église que des âmes) - étant « pontife » de son diocèse et, par l'ancienneté du siège primat du Canada - en décidant de laisser faire? La réponse de l'Église et de ses docteurs est sans appel : non. Monseigneur s'éloigne, dans l'ensemble comme dans le détail, de la position traditionnelle de l'Eglise. Hélas, depuis 50 ans, ceci est monnaie courante dans l'Eglise conciliaire, au grand dam du plus grand nombre.

« Celui qui a Mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui M'aime. Or celui qui M'aime sera aimé de Mon Père, et Je l'aimerai aussi, et Je Me manifesterai à lui.
Judas, non pas l'Iscariote, Lui dit : Seigneur, d'où vient que Vous Vous manifesterez à nous, et non pas au monde?
Jésus lui répondit : Si quelqu'un M'aime, il gardera Ma parole, et Mon Père l'aimera, et Nous viendrons à lui, et Nous ferons chez lui Notre demeure.
Celui qui ne M'aime point ne garde pas Mes paroles; et la parole que vous avez entendue n'est pas de Moi, mais de celui qui M'a envoyé, du Père. » (Jn., XIV, 21-24)