mardi 28 février 2017

Nos motivations ?

« Et Moi, quand J'aurai été élevé de terre, J'attirerai tout à Moi. » -Jn 12, 32.

 Un certain journaliste montréalais s'est permis de dire, aujourd'hui à la radio, que le Mouvement Tradition Québec tente « d'instrumentaliser le débat du crucifix ». Evidemment, rappeler que le crucifix est avant tout la meilleure représentation catholique - d'un caractère éminemment religieux, représentant la mort de Jésus-Christ en croix pour le rachat de l'homme - serait une tentative d'instrumentalisation par un groupuscule. Il faudrait convenir qu'il s'agit, simplement, d'une pièce de musée qui « témoigne d'un certain passé ». Laïcisons le catholicisme !

Non nobis, non nobis, Domine ! Sed nomini tuo da gloriam.
Que ce ne soit pas à nous, Seigneur, que ce ne soit pas à nous;  que ce soit à Votre Nom que Vous donniez la gloire. 
Ps 113,1.

Ce même journaliste se plaint que nos contemporains regardent le passé à travers des yeux de modernes, ne cherchant pas à comprendre les convictions des gens de cette époque. Tant mieux. Toutefois, il fait bel et bien la même chose ici, en reléguant la Croix à un simple symbole matériel, sans plus. Être un catholique par conviction lui semble anachronique en 2017, alors que lui-même déplore le fait que le catholicisme disparaît de plus en plus, années après années, au Québec. C'est ignorer que le monde tourne et que la croix demeure, depuis maintenant 2000 ans. 

Nous aimerions rappeler quelques faits à ce chroniqueur romantique:

  • Juillet 1534: Jacques Cartier dresse une croix à Gaspé. Il dressera une croix à chacun des endroits qu'il visitera par la suite.
  • Juillet 1608: Samuel de Champlain fonde Québec. Il écrira dans ses Voyages « Les rois doivent être plus soucieux d'augmenter la connaissance du vrai Dieu que de multiplier leurs états ». Il introduira la dévotion de l’Angélus au Canada. C'est aussi, à sa proposition, que les jésuites nommèrent saint Joseph comme saint patron du Canada.
  • Décembre 1642: Lorsqu'une inondation menace Ville-Marie, Maisonneuve installe une croix sur le Mont-Royal. Il aura gravi la montagne, chargé sur ses épaules, de la croix.
Écriteau photographié dans l’église de Brouage
lieu de naissance de Champlain. 
  • 1667: Pierre Boucher fonde la seigneurie des Îles Percées, qu'il nommera Boucherville. Il écrit dans Les raisons qui l'engagent à fonder sa seigneurie: « 1ère Raison - C'est pour avoir un lieu dans ce pays consacré à Dieu, où les gens de bien puissent vivre en repos, et les habitants faire profession d'être à Dieu d'une façon toute particulière. » Son testament est une pièce d'histoire toute aussi édifiante.
  • Octobre 1841: Suite aux retraites et aux prêches de mgr de Forbin-Janson, la population érige une croix de 100 pieds sur le sommet du mont Saint-Hilaire.
  • Juin 1888: On chante pour la première fois le Ô Canada lors des festivités de la saint Jean-Baptiste. Le Ô Canada devient l'hymne du peuple canadien-français.

Ô Canada ! Terre de nos aïeux,
Ton front est ceint de fleurons glorieux !
Car ton bras sait porter l'épée,
Il sait porter la croix !
Ton histoire est une épopée
Des plus brillants exploits.
Et ta valeur, de foi trempée,
Protégera nos foyers et nos droits,
Protégera nos foyers et nos droits. 
Sous l'œil de Dieu, près du fleuve géant,
Le Canadien grandit en espérant.
Il est né d'une race fière,
Béni fut son berceau.
Le ciel a marqué sa carrière
Dans ce monde nouveau.
Toujours guidé par sa lumière,
Il gardera l'honneur de son drapeau,
Il gardera l'honneur de son drapeau. 
Le drapeau Carillon Sacré-Coeur,
ancêtre du drapeau fleurdelisé.
De son patron, précurseur du vrai Dieu,
Il porte au front l'auréole de feu.
Ennemi de la tyrannie
Mais plein de loyauté,
Il veut garder dans l'harmonie,
Sa fière liberté.
Et par l'effort de son génie,
Sur notre sol asseoir la vérité,
Sur notre sol asseoir la vérité. 
Amour sacré du trône et de l'autel,
Remplis nos cœurs de ton souffle immortel !
Parmi les races étrangères,
Notre guide est la loi :
Sachons être un peuple de frères,
Sous le joug de la foi.
Et répétons, comme nos pères,
Le cri vainqueur : « Pour le Christ et le roi ! »
Le cri vainqueur : « Pour le Christ et le roi ! ».

  • Un 21 janvier 1948, jour anniversaire de la mort du roi Louis XVI: Le gouvernement de Maurice Duplessis adopte le drapeau fleurdelisé. Une grande croix blanche, représentant la monarchie catholique française trône au centre. Il est orné de 4 fleurs de lys, aussi utilisées par la monarchie française, dont les origines vont au Lys de Jessé de l'Ancien Testament.

Conclusion

Notre devise est « Je me souviens », tâchons de nous souvenir de qui nous sommes. Nous ne nous battons pas pour des bâtiments ou du matériel, mais pour Dieu et notre patrie. Notre identité est malade depuis 50 ans du fait qu'on occulte et qu'on renie ce que nous sommes. Il y a de la fierté à descendre, tant charnellement que spirituellement, de nos aïeux. Il n'y a pas de fierté quand on ne connait pas son histoire.

Pendant que certains font des compromis avec notre identité, discutent dans leur tour d'ivoire, la population crie haut et fort qu'elle est tannée d'être piétinée. Il n'y a pas si longtemps on pouvait encore dire, comme on le chantait autrefois: « C'est à cause des curés si le français est resté ». Souvenons-nous en.

Ajoutons que, depuis maintenant 3 jours, nous n'avons reçu que du soutien de la part de la population pour avoir réinstallé un crucifix. Que ferez-vous, monsieur Bock-Côté ?

Enfin, nous nous réjouissons particulièrement que la Croix fasse tant parler ces jours-ci, quelques jours avant le début du carême, lequel commence demain mercredi 1er mars. Bon carême à tous.

« L'histoire, c'est ce qu'il y a de plus vivant. Le passé, c'est ce qu'il y a de plus présent. » Chanoine Lionel Groulx.


-Etienne Dumas
Mouvement Tradition Québec

dimanche 26 février 2017

Tradition Québec réinstalle le crucifix

Le Crucifix reprend ses droits à l’hôpital du Saint-Sacrement

À une époque où il suffit d’émettre  une série de commentaires ou de partages sur les réseaux sociaux pour avoir le sentiment du devoir accompli, la véritable action catholique et patriotique se démarque toujours par son authenticité.

Nous sommes des catholiques canadiens-français, nous aimons notre belle province de Québec, nous savons par notre foi et par notre histoire que cette province est catholique. Quand les autres trahissent, nous demeurons fidèles!

Combien de temps encore nos compatriotes reculeront, retranchés derrière le confort de leurs opinions comme des machines programmées à émettre des données insignifiantes.

Rendre honneur au Crucifix… Rendre hommage à nos ancêtres... Rendre gloire à nos traditions… C’est un devoir et une nécessité.

Vive le Canada français!

Vive la province de Québec!

Vive le Christ-Roi!

 ***

Mouvement Tradition Québec

vendredi 24 février 2017

Bulle In eminenti apostolatus specula de Clément XII

Nous présentons la bulle In eminenti apostolatus specula de Clément XII, première condamnation de la franc-maçonnerie par l'Eglise catholique. -Mouvement Tradition Québec


CLÉMENT, ÉVÊQUE, SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU,

À tous les fidèles de Jésus-Christ, salut et Bénédiction Apostolique.

Le pape Clément XII
Élevé par la divine Providence au plus haut degré de l'apostolat, tout indigne que Nous en sommes, selon le devoir de la surveillance pastorale qui Nous est confiée, Nous avons, constamment secouru par la grâce divine, porté notre attention avec tout le zèle de notre sollicitude, sur ce qui, en fermant l'entrée aux erreurs et aux vices, peut servir à conserver avant tout l'intégrité de la religion orthodoxe, et à bannir du monde catholique, dans ces temps si difficiles, les risques de troubles.

Nous avons appris, par la rumeur publique, qu'il se répand à l'étranger, faisant chaque jour de nouveaux progrès, certaines sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules, appelés communément du nom de Francs-Maçons ou d'autres noms selon la variété des langues, dans lesquels des hommes de toute religion et de toute secte, affectant une apparence d'honnêteté naturelle, se lient entre eux par un pacte aussi étroit qu'impénétrable, d'après des lois et des statuts qu'ils se sont faits, et s'engagent par serment prêté sur la Bible, et sous les peines les plus graves, à couvrir d'un silence inviolable tout ce qu'ils font dans l'obscurité du secret.

Mais comme telle est la nature du crime qu'il se trahit lui-même en poussant des cris qui le font découvrir et le dénoncent, les sociétés ou conventicules susdits ont fait naître de si forts soupçons dans l'esprit des fidèles, que s'enrôler dans ces sociétés c'est, auprès des personnes de probité et de prudence, s'entacher de la marque de perversion et de méchanceté; car s'ils ne faisaient point de mal, ils ne haïraient pas ainsi la lumière; et ce soupçon s'est tellement accru que, dans plusieurs États, ces dites sociétés ont été, depuis longtemps déjà, proscrites et bannies comme contraires à la sûreté des royaumes.

C'est pourquoi, Nous, réfléchissant sur les grands maux qui résultent ordinairement de ces sortes de sociétés ou conventicules, non seulement pour la tranquillité des États temporels, mais encore pour le salut des âmes, et voyant que par là elles ne peuvent nullement s'accorder avec les lois civiles et canoniques; et comme les oracles divins Nous font un devoir de veiller nuit et jour en fidèle et prudent serviteur de la famille du Seigneur pour que ce genre d'hommes, tels des voleurs, ne percent la maison, et tels des renards, ne travaillent à démolir la vigne, ne pervertissent le cœur des simples et ne le transpercent dans le secret de leurs dards envenimés; pour fermer la voie très large qui de là pourrait s'ouvrir aux iniquités qui se commettraient impunément, et pour d'autres causes justes et raisonnables de Nous connues, de l'avis de plusieurs de nos vénérables frères Cardinaux de la Sainte Église Romaine, et de Notre propre mouvement, de science certaine, après mûre délibération et de Notre plein pouvoir apostolique,

Nous avons conclu et décrété de condamner et d'interdire ces dites sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules appelés du nom de Francs-Maçons, ou connus sous toute autre dénomination, comme Nous les condamnons et les défendons par Notre présente constitution, valable à perpétuité. [NDLR: à noter que le nouveau code de droit canonique de 1983 a supprimé la mention de l'excommunication ipso facto pour l'appartenance à la franc-maçonnerie.]

C'est pourquoi Nous défendons sévèrement et en vertu de la sainte obéissance, à tous et à chacun des fidèles de Jésus-Christ, de quelque état, grade, condition, rang, dignité et prééminence qu'ils soient, laïcs ou clercs, séculiers ou réguliers méritant même une mention particulière, d'oser ou de présumer, sous quelque prétexte, sous quelque couleur que ce soit, d'entrer dans les dites sociétés de Francs-Maçons ou autrement appelées, ni de les propager, les entretenir, les recevoir chez soi; ni de leur donner asile ou protection, y être inscrits, affiliés, y assister ni leur donner le pouvoir ou les moyens de s'assembler, leur fournir quelque chose, leur donner conseil, secours ou faveur ouvertement ou secrètement, directement ou indirectement, par soi ou par d'autres, de quelque manière que ce soit, comme aussi d'exhorter les autres, les provoquer, les engager à se faire inscrire à ces sortes de sociétés, à s'en faire membres, à y assister, à les aider et entretenir de quelque manière que ce soit, ou les conseiller: et Nous leur ordonnons absolument de se tenir strictement à l'écart de ces sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules, et cela sous peine d'excommunication à encourir par tous les contrevenants désignés ci-dessus, ipso facto et sans autre déclaration, excommunication de laquelle nul ne peut recevoir le bienfait de l'absolution par nul autre que Nous, ou le Pontife Romain qui nous succédera, si ce n'est à l'article de la mort.

K.R. Ravindran, président de Rotaty International, reçu au Vatican avec 9000 membres du Rotary

Nous voulons de plus et mandons que les Évêques comme les Prélats supérieurs et autres Ordinaires des lieux, que tous les Inquisiteurs de l'hérésie fassent information et procèdent contre les transgresseurs, de quelque état, grade, condition, rang, dignité ou prééminence qu'ils soient, les répriment et les punissent des peines méritées, comme fortement suspects d'hérésie; car Nous leur donnons, et à chacun d'eux, la libre faculté d'instruire et de procéder contre lesdits transgresseurs, de les réprimer et punir des peines qu'ils méritent, en invoquant même à cet effet, s'il le faut, le secours du bras séculier.

Nous voulons aussi qu'on ajoute aux copies des présentes, même imprimées, signées de la main d'un notaire public, et scellées du sceau d'une personne constituée en dignité ecclésiastique, la même foi que l'on ajouterait aux présentes, si elles étaient représentées ou montrées en original.

Qu'il ne soit permis à aucun homme d'enfreindre ou de contrarier, par une entreprise téméraire, cette Bulle de notre déclaration, condamnation, mandement, prohibition et interdiction. Si quelqu'un ose y attenter, qu'il sache qu'il encourra l'indignation du Dieu Tout-Puissant, et des bienheureux apôtres S.Pierre et S.Paul.


Donné à Rome, près Sainte-Marie Majeure, l'an de l'Incarnation de Notre Seigneur MDCCXXXVIII, le IV des Calendes de Mai (28 avril), la VIIIe année de Notre Pontificat. »

jeudi 23 février 2017

La croix noire et les sociétés de tempérance

Un des premiers résultats de la retraite fut la fondation d'une société de tempérance parmi les citoyens,
d'après le modèle des sociétés recommandées par les évêques d'Irlande et des Etats-Unis. L'intempérance, cette plaie de tous les temps et de toutes les conditions, faisait alors des ravages alarmants, surtout en Irlande et en Angleterre. Il était à propos de grouper les personnes de bonne volonté pour travailler à détruire ce fléau ou du moins à en amortir les coups.

Vers l'année 1835, un prêtre irlandais, le Père Mathew, conçut le projet, bien vaste mais aussi bien patriotique, de former de l'Irlande entière une société sous le titre de Société de tempérance, laquelle devait combattre l'abus et même l'usage des liqueurs enivrantes. Les succès du prêtre furent lents à se produire. Pendant les trois ou quatre premières années de sa croisade, il ne réussit qu'à faire de rares prosélytes. Mais, en 1839, par un revirement d'opinion confinant au prodige, les Irlandais s'enrôlèrent par millions sous la bannière de la tempérance. Aussi vit-on immédiatement disparaître, ou à peu près, les crimes qui naguère désolaient le cœur des Irlandais tempérants. O'Connell ne craignit pas alors d'affirmer qu'il se commettait moins d'infractions graves à la morale et à la loi dans toute l'Irlande que dans une seule grande ville d'Angleterre.

Certains esprits ne virent d'abord dans l'oeuvre du Père Mathieu qu'une des nombreuses éclosions du protestantisme, et se tinrent sur la réserve. D'autres, n'apercevant qu'une organisation matérielle, étrangère à l'esprit de l'Eglise, ne pouvaient augurer des résultats biens consolants pour la morale.

Tout le monde comprit bientôt que l'oeuvre était bonne de sa nature, et excellente dans ses effets.

Quatorze évêques américains déclarèrent que la société de tempérance portait en elle-même un moyen puissant que le ciel donnait à la terre pour détruire les maux du peuple, et ils invitèrent leur clergé à s'en faire les zélateurs. Evidemment la Providence, qui sait appliquer les remèdes convenables aux grands fléaux qui de temps à autre, viennent tourmenter les sociétés, sut inspirer à tous les hommes bien pensants l'idée qu'il fallait soutenir une oeuvre dont les fruits étaient si doux et si consolants.

Le Souverain Pontife lui-même lui donna une solennelle approbation dans les honneurs qu'ils conféra au Père Mathew.

Fort de toutes ces recommandations et inspiré par son zèle brûlant pour le bonheur des Canadiens-Français, qui, eux aussi, avaient bien des fautes d'intempérance à se faire pardonner, Mgr de Janson arbora l'étendard du Père Mathew sur la vieille citadelle de Québec. Un comité de citoyens se forma, le 26 septembre; l'on dressa des règlements d'après les principes posés ailleurs. On enrôlait deux catégories de sociétaires : les partisans de l'abstinence totale et ceux de l'abstinence partielle. L'année suivante, à pareille date, 2570 citoyens de Québec étaient inscrits à divers titres sur la liste des membres de la société. Ce résultat consolant était dû, sans aucun doute, à l'initiative de Mgr de Janson, mais aussi à la sage direction du curé de Québec et au bon exemple donné par les premiers citoyens.

L'oeuvre des sociétés de tempérance se répandit en Canada comme une traînée de poudre, et on la vit prospérer longtemps à la voix de plusieurs prêtres canadiens qui, armés de la croix, parcoururent les villes et les campagnes, prêchant la croisade avec des accents remplis des plus beaux sentiments religieux et patriotiques. La génération actuelle n'a pas oublié les sermons éloquents des Quertier, des Mailloux et - souvenir douloureux à rappeler - des Chiniquy. Leur oeuvre de régénération sociale dure encore, glorieuse en beaucoup de paroisses.



-Narcisse-Eutrope Dionne, Mgr de Forbin-Janson - Sa vie, son oeuvre. Librairie Garneau. Québec, 1937. Pp. 64-67