dimanche 12 juillet 2015

Nos lectures : abbé A. Lémann - Les étapes d’une nation qui meurt d’après Isaïe




Dans cet opuscule de 36 pages, l’abbé Augustin Lémann nous livre une courte étude pertinente sur les prophéties de l’Ancien Testament à propos de la destruction du royaume d’Israël suite au siège de Salmanasar, roi d’Assur, en 724 avant Jésus-Christ.

Prenant ses bases dans la prophétie d’Isaïe sur le Jugement de Samarie et du royaume d’Ephraïm (Isaïe Chap. IX, 7 – X, 4) l’abbé Lémann explique que ces 4 strophes définissent très clairement les étapes de la mort d’une nation.

Pour un peuple comme le nôtre, depuis longtemps en danger de mort, l’interprétation catholique de cette ancienne prophétie, accomplie bien avant la venue de Notre-Seigneur-Jésus-Christ, est un enseignement du Saint-Esprit qu’on doit certainement prendre en considération.

L’abbé Lionel Groulx lui aussi nous rappelait les tristes conséquences du mystère d’iniquité qu’est l’apostasie généralisée d’une nation, dans sa conférence « Où allons-nous? » du 26 mars 1953 :

« Au dessus de la tombe d’un peuple ou d’une civilisation disparue, rien ne flotte qu’une incurable mélancolie, la mélancolie de la mort sans résurrection possible. »

Pour en revenir à l’ouvrage de l’abbé Lémann, le prophète Isaïe nous présente donc la mort d’une nation en 4 étapes. Voici un résumé des analyses de l’abbé :

1-      L’exaltation de l’orgueil et la destruction de la force militaire : « Ce que nous avons perdu, c’est peu de chose, et, de nous-mêmes (c'est-à-dire sans Dieu), nous réparerons glorieusement notre échec. »

En refusant de voir la main de Dieu dans les échecs de la nation, par orgueil, un peuple attire sur lui le châtiment de la destruction de ses «forces militaires».

2-      La méconnaissance de la Souveraineté de Dieu et le retranchement du pouvoir : « Loin de s’humilier sous la main du Dieu qui l’a frappé, Israël a ajouté l’impénitence à l’exaltation de l’orgueil, c'est-à-dire la méconnaissance réfléchie, voulue de la Souveraineté de Dieu. [...] explosion d’impureté, explosion de crimes, explosion d’impiété. Voilà ce qu’a produit la méconnaissance de la Souveraineté de Dieu, œuvre des séducteurs! »

Dans cette marche vers le mystère d’iniquité, le châtiment divin retranche la « tête et la queue de la nation ». De manière lente et progressive, ou d’un simple coup de force: plus de chef, plus de roi, et le peuple entier, jusqu’au plus faible de la société, se retrouve à errer sans vrai guide.

3-      L’universalité de l’impiété et le déchainement de la guerre civile : « Il semble que l’on assiste à la naissance de l’impiété, à ses développements, à la consommation de ses ravages [...] C’est dans le bas fond de la société, au milieu d’hommes qui étaient comme les broussailles et le rebut du peuple, qu’elle est d’abord apparue; mais, de ces bas-fonds, elle n’a pas tardé à monter plus haut, et, se glissant comme une flamme, elle a peu à peu gagné tous les rangs, tous les âges, toutes les conditions, jusqu’aux plus nobles et aux plus saintes, jusqu’au sacerdoce lui-même; et maintenant, forces vives de la nation, intelligence, cœur, virilité, traditions et espérances, tout est atteint, tout y passe, tout brûle. »

Pour cette étape, dans la mort du royaume d’Israël, le châtiment correspond à l’explosion d’une guerre civile sanglante entre la tribu d’Ephraïm et celle de Manassé, qui font finalement une trêve pour s’en prendre à la tribu de Juda; trêve de la haine de l’autorité qui met Jérusalem à feu et à sang.

Dieu seul sait combien de peuples ont franchi cette étape  dans l’histoire de l’humanité tant les récits sont nombreux et encore actuels de nos jours.

4-      L’introduction du mal dans les lois et la captivité ou la mort : « L’exaltation de l’orgueil, la méconnaissance de la souveraineté de Dieu, l’universalité même de l’impiété, choses déjà si perverses, ne sont cependant que le mal dans les faits. C’est le mal, sans doute toujours grossissant, mais contenu encore dans la région des faits; tandis que des lois impies, des décrets iniques, c’est le mal qui a franchi les faits et atteint les principes, c’est le mal transporté dans l’essence des choses et cantonné dans les hauteurs! »

C’est ici qu’une nation franchit la dernière étape vers sa destruction totale et sa dispersion. Dans l’Ancien Testament, le royaume d’Israël subit ainsi sa destruction finale par le roi Salmanasar. Les Israélites qui ont survécu aux massacres furent chassés par Dieu de la terre sainte – dispersés sous la captivité de Salmanasar, terrible instrument de Dieu.


Après 245 ans de vie et 9 ans d’agonie est mort le royaume d’Israël…

Et le refrain du prophète qui termine chaque strophe ferme cette fois la terrible prophétie.

Après tout cela, la colère de Dieu n’est point satisfaite,
Et sa main est toujours étendue.

 Ce petit livre est intéressant pour le patriote canadien-français lucide qui voit planer au-dessus de sa nation le danger d’un mort sans résurrection possible, pour reprendre l’abbé Groulx. Le lecteur ne peut s’empêcher de réviser notre histoire nationale. L’exaltation de l’orgueil, serait-ce le patriotisme laïciste et toujours révolté comme ses pères de 1837? Le règne britannique en Amérique du Nord pourrait-il être le retranchement du pouvoir? Le climat actuel de conflits sociaux serait-il le châtiment de Dieu pour notre impiété généralisé? Le mariage gay, l’euthanasie, la charte de la laïcité, etc. correspondent-ils à l’entrée du mal dans nos lois, la dernière des rébellions avant le châtiment suprême?  
 
 
Le livre est disponible ici enformat PDF