lundi 9 janvier 2017

Révélation versus Révolution

Deux puissances vivent et sont en lutte dans le monde moderne: la Révélation et la Révolution. Ces deux
puissances se nient réciproquement, voilà le fond des choses.

La lutte a donné naissance à trois partis:

1. Le parti de la Révélation, ou parti du Christianisme. Le parti Catholique en est la tête si élevée au-dessus des ignorances et des bassesses contemporaines, qu'elle semble n'avoir pas de corps ; mais cependant ce corps, souvent presque invisible, existe, et il est même le plus réellement puissant qui soit sur la terre, parce que, indépendamment du nombre, il est le seul qui possède véritablement cette force incomparable et surhumaine qu'on appelle la Foi.

2. Le parti Révolutionnaire, dont les écoles dites libérales ne sont que les masques indécis et la parole changeante et hypocrite.

3. Le Tiers-Parti, qui prétend tenir des deux autres et qui se croit de force à les concilier. Le Tiers-Parti se nomme l'Éclectisme et il est la Confusion, c'est-à-dire l'Impuissance.


Par cela même que le Tiers-Parti adopte la Révolution, il nie le Christianisme, dont la Révolution est la contradiction absolue et la négation formelle. Par cela même que le parti Catholique est l'affirmation de la vérité chrétienne, il nie la Révolution qui est le mensonge anti-chrétien ; il nie le Libéralisme et l'Éclectisme, qui ne sont, chez la plupart, que l'hypocrisie de ce mensonge, et chez un certain nombre que le résultat de ses séductions. Le parti Catholique les nie. Nous les nions comme nos pères ont nié l'idolâtrie, l'hérésie et le schisme ; nous les nions dussions-nous périr ; et  nous savons que si nous périssons en ce combat nous ne serons pas vaincus.

C'est sous le drapeau du Tiers-Parti, dans la Confusion, dans l'Impuissance que le Libéralisme catholique expose ses combinaisons prétendues conciliatrices, partout mal accueillies, fréquemment repoussées avec dérisions. Les chrétiens, qui ont leur conception dogmatique et leur pratique historique de la liberté, ne veulent pas de ses systèmes compliqués et louches à tant d'égards ; les révolutionnaires, les libéraux et les éclectiques, qui prétendent avoir leur christianisme, le renvoient à son église, dont il n'a pas secoué le joug. Ils lui rappellent que son église ne l'avoue pas, que même elle l'avertit de prendre garde. Ils lui signifient que son église n'est pas la leur : dans leur église à eux, les chrétiens ne peuvent entrer que par la porte de l'apostasie.


-Louis Veuillot, L'illusion libérale. Editions Dismas. 1986. Pp. 55-56.