vendredi 23 janvier 2015

Lettre ouverte en réponse à Monsieur l’abbé René Guay

 
 
Le 14 janvier dernier, L’abbé René Guay,  professeur à l’institut de formation théologique et pastorale de Chicoutimi, ressentait visiblement le besoin « d’éclairer » l’auditoire de Radio-Canada sur les origines de la FSSPX. Loin d’avoir fait la lumière, l’abbé Guay témoignait plutôt de son ignorance sur le sujet.
Le groupe Tradition-Saguenay remettait quelque peu les pendules à l’heure sur les mêmes ondes de Radio-Canada le lendemain matin. C’est maintenant l’Abbé Pierre Roy lui-même, celui qui célèbrera la messe traditionnelle au Saguenay, qui se donne la peine d’éclairer l’abbé René Guay.
-Tradition-Saguenay

 
Monsieur l’abbé Guay,

Avec tout le respect que nous devons à votre caractère sacerdotal, nous sommes bien d’accord que, comme vous l’avouez vous-même au début de l’entrevue accordée à Radio Canada le 14 janvier dernier, vous ne savez pas grand-chose sur la Fraternité Saint-Pie X. Les données historiques que vous mentionnez sont en effet bien approximatives…
Vous mentionnez que la Fraternité n’est pas en pleine communion avec l’Église Catholique. Vous n’ignorez pas, j’ose le croire, que l’unité de l’Église Catholique se subdivise en unité de Foi, unité de Gouvernement et unité de Sacrements. Bien-sûr, ces trois types d’unité vont ensemble, mais ils sont hiérarchisés. Celui qui se coupe de l’unité de l’Église est d’abord et avant tout celui qui se coupe de l’unité de la Foi.
Or, je vous le demande, qui depuis le Concile Vatican II a changé la Foi de l’Église? Qui s’est éloigné de  ce qui a toujours été cru dans l’Église Catholique : « Dans l’Église catholique, il faut apporter le plus grand soin à tenir ce qui a été cru partout, toujours et par tous » nous avertit Saint Vincent de Lérins en 434 et toute la Tradition de l’Église avec lui. Malheureusement, et le peuple chrétien en est conscient jour après jour, c’est bien le clergé actuel qui est coupable de ce crime sans nom et il ne faut pas chercher ailleurs l’origine de tous les maux qui affligent aujourd’hui la Sainte Église Catholique.
Combien, ô combien de fidèles dans leurs églises paroissiales souffrent aujourd’hui d’un malaise dont ils ignorent l’origine ou dont ils préfèrent occulter les vraies causes! Les cardinaux Ottaviani et Bacci, dans leur livre intitulé Le bref examen critique du Novus Ordo Missae nous les montrent au contraire bien clairement : « La nouvelle messe (Novus Ordo Missae, la messe de Paul VI) s’éloigne dans l’ensemble comme dans le détail de la théologie catholique de la messe ». Difficile d’être plus clair! Ces cardinaux étaient bien « en pleine communion » avec l’Église Catholique, monsieur l’abbé.
Mgr Lefebvre a effectivement sacré des évêques contre l’accord de Rome le 30 juin 1988. Mais quiconque recherche la vérité peut bien se rendre compte par lui-même que Mgr Lefebvre a agi sous la pression de la nécessité dans laquelle il était de défendre le troupeau confié à ses soins et de défendre la Tradition de l’Église Catholique attaquée de toute part par le modernisme du clergé de l’époque. Et vous devez savoir que quiconque agit par nécessité n’encourt pas les censures ecclésiastiques. (CIC 1983, cc.1323-1324).
S’il semble surprenant à beaucoup que le clergé puisse tomber en masse dans l’hérésie ou l’abandon de la vraie foi, qu’on veuille bien se souvenir de la parole de Saint Jérôme qui constatait qu’à l’époque de la crise arienne, au IVème siècle : « Le monde s’est réveillé arien », c’est-à-dire que la plus grande partie des fidèles et du clergé a glissé, sans s’en apercevoir, dans l’arianisme.
Il est surprenant de constater qu’aujourd’hui, alors que plus que jamais on a ébranlé les fondements mêmes de la Foi Catholique, l’hérésie n’existe plus, elle n’est plus possible. On nie la Foi de plus en plus ouvertement, mais gare à celui qui montre du doigt les négateurs de la Foi.
Non, bien sûr, une église ne nous sera pas prêtée pour la messe du 15 février à Chicoutimi. Excusez-moi, monsieur l’abbé, il faudrait que nous soyons protestants, orthodoxes, bouddhistes, mahométans ou juifs pour qu’on nous ouvre les portes des églises. Cela ne vous rappelle-t-il pas la phrase fameuse de St Athanase : « Ils ont les églises, nous avons la Foi », ou encore celle de Saint Basile le Grand: « Un seul péché est aujourd’hui sévèrement puni : l’observance attentive des traditions de nos Pères. Pour cette raison, les bons sont rejetés et conduits au désert. » (Lettre 243)
Seule la Messe de Toujours, celle qui a toujours été dite dans l’Église se voit fermer les portes par ceux qui devraient être les pasteurs du peuple chrétien, mais se sont transformés en loups ravisseurs. « Vous les reconnaîtrez à leurs œuvres » nous avertit le Christ. Qui d’entre nous ne voit la stérilité de la nouvelle Église Conciliaire, celle qui depuis cinquante ans désormais, cherche à se mettre au diapason du monde moderne, qui veut sans cesse adapter la doctrine du Christ aux aberrations du monde moderne apostat? Tant et tant de couvents fermés, les séminaires vides, des regroupements paroissiaux qui n’en finissent plus, un nombre incalculable de prêtres qui ont abandonné leur sacerdoce, des prêtres de plus en plus nombreux qui favorisent l’indifférentisme religieux, qui se font les défenseurs de l’homosexualité et de bien d’autres choses qui sont contraires à la Loi de Dieu… « Ils ont des yeux et ils ne voient pas » (Ps. 113).
Bien sûr, monsieur l’abbé, « nous ne sommes plus en 1500, nous ne sommes plus en 1600, nous ne sommes plus en 1700 » comme vous le dites avec mépris. Mais alors, si les doctrines de l’Église Catholique qui ont précédé notre époque sont d’un autre âge, je vous demande ce que vaudront demain matin les doctrines d’aujourd’hui. Ne seront-elles pas déjà dépassées?
Le pape Pie IX fait la lumière sur cette question à l’occasion d’une exposition d’art sacré ayant eu lieu à Rome en 1870 : « Cette splendide exposition démontre que la Religion Catholique n'est aucunement l'ennemie du progrès et de la culture dans le domaine de la science et des arts, et qu'elle n'est elle-même ni stationnaire ni figée dans l'inertie. S'il est une immobilité à laquelle l’Église ne peut certes pas renoncer, c'est l'immobilité des principes et des doctrines divinement révélées. Celles-ci ne peuvent jamais changer car le Christ est d'hier comme d'aujourd'hui : Jesus Christus heri et hodie (Hb. 13,8 ) : elles sont telles qu'elles ont toujours été ; elles seront toujours telles qu'elles sont actuellement. » (Pie IX, Al. 16/5/1870, à l’Expos. d’art sacré à Rome)
Car, il faut bien le dire, tout catholique doit aujourd’hui faire un choix : ou bien il est en faveur de la Tradition, de ce que les papes ont toujours enseigné jusqu’à Vatican II, ou bien il choisit les doctrines nouvelles, contraires aux anciennes, qui ont ruiné la Foi catholique au Québec et partout ailleurs. Qu’on en juge :
Pie IX déclarait dans son Syllabus du 8 décembre 1864 que sont, entre autres, à considérer comme erronées et à proscrire absolument les erreurs suivantes :
« Proposition XV. Il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après la lumière de la raison.
Proposition XVI. Les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et obtenir ce salut éternel dans le culte de n'importe quelle religion.
Proposition XVII. Tout au moins doit-on avoir bonne confiance dans le salut éternel de tous ceux qui ne vivent pas dans le sein de la véritable Église du Christ.»
Ces propositions sont condamnées par le pape Pie IX. Mais n’est-ce pas ce que nous entendons de la part des autorités de l’Église depuis cinquante ans? Et ceci n’est qu’un exemple. Jour après jour s’allonge la liste des oppositions entre la doctrine que l’Église a toujours enseignée, la doctrine sainte de nos pères, et les élucubrations du clergé moderne.
Vous nous dites que « L’Église accepte à certaines conditions la célébration de la messe traditionnelle. » Monsieur l’abbé, l’exemple de Chicoutimi et de la demande qui eut lieu en 2008, ainsi que le refus de Mgr Rivest, sont un exemple parfait de ce refus des membres de la hiérarchie de l’Église d’accepter le Motu Proprio du pape Benoît XVI. La réalité est que les autorités conciliaires acceptent la célébration de la messe traditionnelle lorsque la Fraternité Saint-Pie X est présente et qu’il faut lutter contre elle. Que ceux qui désirent la messe traditionnelle par une communauté « en pleine communion » se réjouissent, cela pourrait venir bientôt si la Fraternité Saint-Pie X s’installe dans la région.
Pour terminer, permettez-moi de citer le pape Pie IX, pour lequel, je l’espère, votre cœur de Catholique et de prêtre a le même respect que nous avons : « Car le Saint-Esprit n’a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu’ils fassent connaître, sous sa révélation, une nouvelle doctrine, mais pour qu’avec son assistance, ils gardent saintement et exposent fidèlement la révélation transmise par les Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi. » (Pastor Aeternus)
À tous ceux qui cherchent à voir clair dans la crise actuelle de l’Église catholique, nous répétons notre invitation à venir assister, le 15 février prochain, au Saint Sacrifice de la Messe qui a nourri la Foi de toutes les générations de catholiques qui ont bâti notre nation.

Abbé Pierre Roy
Saint-Césaire, le 22 janvier 2015
En la semaine pour l’unité des chrétiens