lundi 13 avril 2015

Le Tocsin (Le Carillon - Numéro 2 - mars 2015)

 

Chronique Le Tocsin, extraite du dernier numéro du Carillon, la revue de la FSSPX au Canada-français.
L'intégrale de la revue est disponible ici
Où diable finissent les oecuménistes?
L’archevêque de Rimouski, Monseigneur Pierre-André Fournier, rendait l’âme le 10 janvier dernier sous une pluie d’hommages. Les mots gentils et les éloges biographiques sont coutumes au Québec comme partout ailleurs, lorsqu’un personnage tel que Mgr Fournier s’éteint. Nous ne négligeons pas de prier pour son salut, mais nous allons toutefois bri­ser la coutume de l’apologie post-mortem pour dresser un court portrait réaliste de l’Archevêque.
Président de l’assemblé des évêques catholiques du Québec, il profitait, en automne 2012, du 50ième anniversaire du fameux concile pour solidifier l’orientation oecuméniste des Catholiques de la province. Dans un message pastoral des évêques intitulé « Catholiques dans un Québec pluraliste » signé par lui, il concluait la lettre de 18 pages par une directive bien claire :
« Notre attitude sera celle de l’accueil, de l’ouverture, de l’écoute bienveillante et du respect. Cette attitude se tra­duira, en particulier, par un engagement déterminé dans la collaboration oecuménique et le dialogue interreligieux, qui sont des composantes essentielles de la vie et de la mission de l’Église. »
Dans un article du 24 décembre 2012 dans Le Devoir, intitulé « Discussion autour de Vatican II - Qu’en reste-t-il 50 ans plus tard? » il réitérait sa position d’une manière aussi claire :
« Pour Mgr Fournier, le dialogue ouvert avec les autres religions chrétiennes de même qu’avec le judaïsme, l’islam et toute la famille humaine représente un legs extraordinaire du concile. »
« L’oecuménisme était déjà présent bien avant le concile, mais cet événement lui a permis de prendre une nouvelle dimension. Ce respect des consciences, cet accueil des diffé­rentes religions, cette invitation au dialogue franc et ouvert, c’était un cadeau extraordinaire. On s’aperçoit qu’on doit le faire fructifier de plus en plus. »
Pour commenter à notre tour la vie de Mgr Fournier, nous pouvons dire qu’il représentait avec une fidélité remarquable la réalité du clergé conciliaire.

Quand suinte le vice
Les jeunesses canadiennes-françaises catholiques de l’Ontario rejoindront maintenant les petits québécois des écoles publiques dans la grande débâcle de l’éducation moderne. La première ministre lesbienne de la province, Kathleen Wynne, et sa ministre de l’Éducation Liz Sandals affirmaient en janvier, sur les ondes de la chaine TVO, que les écoles catholiques françaises (et anglaises) de l’Ontario ne pourront pas se retirer du nouveau programme provincial d’éducation sexuelle.
Nous pouvons retracer l’évolution de cette conjuration maçonnique, dont nous subissons les effets dans tous les moindres recoins de nos provinces, au fil des publications du gouvernement mondial de l’UNESCO. C’est bien le rapport sur l’éducation du socialiste français Edgar Faure (1972) qui allait motiver le ministre fédéral Marc Lalonde, dans les mêmes années, à publier le guide « Adolescence et sexualité » destiné aux enseignants canadiens. C’était l’ancêtre des cours d’éduca­tion sexuelle modernes.
Aujourd’hui, c’est encore l’UNESCO qui fixe le cadre international d’éducation sexuelle auquel les ministères des différents pays sont invités à se soumettre. Publié en 2009, le document intitulé « Principes directeurs internationaux sur l’éducation sexuelle » contient toutes les prescriptions maçonniques modernes pour venir à bout de la morale chrétienne une fois pour toutes.
Un ministère de l’Éducation digne de ce nom trouverait probablement une vraie utilité à ces recommandations du gouvernement mondial. N’est-ce pas le combus­tible idéal pour « partir le poêle à bois » ? Dieu, Famille, Patrie!
Les lapins du pape
L’extrait de la conférence de presse du pape François, en vol pour Rome après une visite aux Philippines en janvier, a probablement fait le tour du monde avant qu’il ait lui-même posé le pied à terre. « Certains croient, excusez-moi du terme, que, pour être bons catholiques, ils doivent être comme des lapins… » Telle était sa conclusion, en parlant d’une femme qui s’en remettait à Dieu concernant les nombreux enfants qu’elle avait mis au monde.
Les médias ont profité de cette déclaration mala­droite pour faire miroiter le nouveau visage moderne du Pontificat catholique. Pour notre part, nous pro­fitons de cette déclaration pour faire un bref retour historique sur les exploits miraculeux de la race canadienne-française après la conquête, car c’est bien vrai, le Saint-Père aurait bien pu nous citer à la place du ron­geur. Notre historique revanche des berceaux a effectivement de quoi impressionner le plus frin­guant des lapins. À avoir écouté les conseils d’un François en 1760, nous serions disparus depuis belle lurette.
Le Père Louis Lalande S.J., racontait merveilleu­sement bien, dans une conférence prononcée le 9 février 1917, en quoi consista notre fameuse revanche :
« Si vous voulez savoir comment cette revanche s’exerce chaque jour, observez la jeune mère cana­dienne enlevant de son berceau l’enfant de l’année dernière et lui donnant sa première leçon de sacrifice : Donne ton lit, mon chéri, au petit frère qui vient d’arriver; lui le donnera à une petite soeur l’année prochaine. »
« La transmission sans peur et sans égoïsme du sang vigoureux de la race a opéré une prodigieuse revanche des ber­ceaux (…) Nous étions 65,000 en passant sous la domination anglaise. Soixante-dix-sept ans plus tard, ce chiffre avait été multiplié par dix. En 1840, notre population s’élevait à 650,000 âmes. Aujourd’hui, après soixante-dix-sept autres années, nous comptons, en chiffres ronds, trois millions de Canadiens-français dans le nord de l’Amérique. »
Laissons le pape compter les lapins, préparons nos berceaux!
Les fonderies de la révolution
Les cloches, nul ne peut en douter, ont une importance prépondérante dans la culture traditionnelle des Canadiens-français. Notre revue elle-même fait honneur à cette tradition campanaire de par son nom et de par le titre de cette rubrique d’actualité. Les cloches des églises ont eu par­ticulièrement la vie dure pendant la Révolution Française, beaucoup ont été fondues pour être recyclées en monnaie et en armes. Monseigneur Lefebvre l’a clairement exprimé, le Concile Vatican II fut en quelque sorte un 1789 dans l’Église. Nous pouvons aussi comparer la Révolution tran­quille du Québec à ce sombre tournant de l’histoire de l’humanité. Plus de 200 ans après celles de la France, nos clochent revivent elles aussi le terrible châtiment à elles infligé par l’homme qui s’est fait dieu.
En janvier dernier, le campanologue québécois Michael Rowan faisait une sortie médiatique pour dénoncer le triste sort qui est réservé à ces joyaux patrimoniaux que sont les cloches anciennes du Québec.
« Aujourd’hui, il déplore la fermeture des églises, mais aussi l’exportation de 300 à 400 cloches anciennement accrochées aux clochers d’églises québécoises vers les États-Unis et l’Amérique latine (…) Au cours des derniers temps - j’ai des preuves en main - certaines cloches d’églises du Québec sont parties à des fours, pour le prix du métal... c’est quant à moi scandaleux. »
Sans plus de détails sur le sujet, nous savons par contre que la plupart des diocèses incluent une clause, dans leurs contrats de vente, qui leur laisse un droit de véto sur les projets futurs une fois l’édifice vendu. Si ce ne sont pas directe­ment les diocèses qui vendent les cloches des églises fermées aux fonderies pour assurer leurs survies financières, il est très probable qu’ils aient quand même eu à approuver la vente de ces joyaux du patrimoine au plus offrant.
Encore une fois nous devons prier, sans quoi nous aurons à sonner le glas sur cette tradition ancestrale qui est au­jourd’hui assaillie… Et alors comment ferons-nous?