vendredi 30 septembre 2016

Énième trahison de l'Eglise conciliaire au Québec

Énième trahison de l'Eglise conciliaire au Québec. En effet, le 29 septembre dernier, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, primat du Canada, déclarait sur sa page Facebook le message suivant:


Gérald Cyprien LacroixLes médias s'expriment beaucoup ces jours-ci au sujet de l'accès au sacrement des malades et la célébration de funérailles chrétiennes pour des personnes qui demandent l'euthanasie. Voici mes réflexions...
L’Église catholique accompagne les personnes à toutes les étapes de la vie. Nous faisons cela en mode dialogue avec toute personne et toute famille qui souhaite être accompagnée.
Je n'envisage pas de directives précises qui auraient pour but de refuser cet accompagnement ou l'accès au sacrement des malades et à la célébration des funérailles. Nous souhaitons accompagner les personnes en fin de vie pour leur rappeler leur dignité inconditionnelle aux yeux de Dieu.
Voilà pourquoi nous opterons toujours pour des soins palliatifs accessibles à tous et à toutes plutôt que l'euthanasie présentée sous le nom d'« aide médicale à mourir ». Cette nouvelle réalité au Québec et au Canada présente de nouveaux défis pastoraux pour notre Église et nous réfléchissons pour discerner comment nous pouvons mieux y répondre. 
Les évêques catholiques du Québec ont publié un instrument de réflexion pour regarder en profondeur toute la question de l'approche de la mort pour un chrétien. Je vous invite à le revisiter pour mieux comprendre ce qui est au cœur de notre démarche :
http://www.eveques.qc.ca/…/find…/LettrePastorale-2015-12.pdf
Dans le bla-bla tourne autour du pot habituel, le cardinal Lacroix tente d'expliquer sa position - plutôt confuse. Le cardinal "n'envisage pas de directives précises qui auraient pour but de refuser cet accompagnement ou l'accès au sacrement des malades et à la célébration des funérailles".

Mais que votre langage soit : Oui, oui; Non, non; car ce qu'on y ajoute vient du mal. (Matth., V, 37)

Pour une énième fois, les pasteurs font schisme avec la Tradition de l'Église. À quoi bon se parer des titres d'évêque, de cardinal et de pasteur quand on ne veut point agir de telle façon? Rappelons ce que signifient ces titres et à quoi ils obligent.

Qu'est-ce qu'un évêque?

Étymologiquement, le mot évêque veut dire surveillant, inspecteur. Un évêque est un dignitaire de l'Eglise qui possède la plénitude du sacerdoce et a, de droit divin, en son nom propre le gouvernement spirituel d'un diocèse. Les évêques sont les successeurs des apôtres pour perpétuer leur mission et leur pouvoir. Ils sont supérieurs aux prêtres, forment un élément constitutif de la hiérarchie. Le pouvoir de l'évêque est suprême et ordinaire dans son diocèse (on l'appelle lui-même pour ce motif l'Ordinaire), mais toujours soumis à l'autorité du pontife romain, quoique l'évêque ne soit pas comme un simple vicaire ou délégué de celui-ci.

L'évêque a un triple pouvoir :

Mgr Moreau, évêque de Saint-Hyacinthe
  1. Le pouvoir de juridiction, c’est-à-dire gouverner son diocèse au spirituel et au temporel, en conformité des règles du droit canonique, de faire observer celui-ci, de veiller à ce que des abus ne s'introduisent pas dans la discipline ecclésiastique. 
  2. Le pouvoir doctrinal, c’est-à-dire d'enseigner : il est le vrai docteur et maître des fidèles de son diocèse, chargé d'y prêcher et faire prêcher la foi catholique, d'y régler ce qui concerne l'enseignement du catéchisme, la prédication, les missions, les écoles chrétiennes; de lui relève la censure des livres, etc.; 
  3. Le pouvoir d'ordre : il peut administrer dans toutes les paroisses de son diocèse les sacrements que peuvent administrer les simples prêtres dans la leur; de plus, seul il peut administrer la Confirmation et l'Ordre.
En cela, l'évêque est le pontife et le pasteur de son diocèse.

Qu'est-ce qu'un cardinal?

On donne plusieurs étymologies au nom de Cardinal. Les uns le font dériver du mot latin cardo, qui signifie pivot ou le point fondamental sur lequel tourne un objet. Les cardinaux auraient reçu ce nom parce qu'ils sont, en effet, la base de la hiérarchie de l'Eglise. D'autres, comme saint Robert Bellarmin, pensent que ce nom a été emprunté aux grands officiers de la cour des empereurs romains, parce que, suivant l'expression reçue, une fois attachés par leur litre à une église, ils y étaient comme fixés, incardinati.

La dignité de cardinal est la première dans l'Eglise après celle du Souverain Pontife. Les cardinaux ont trois fonctions à remplir : la première leur est commune avec les évêques, les prêtres et les diacres, puisque tous les cardinaux exercent ou la charge d'évêque, ou celle de prêtre, ou celle de diacre; la deuxième est celle d'élire le Souverain Pontife; la troisième est de l'aider de leurs conseils, de l'entourer de leur expérience et de leur dévouement.

Lorsqu'il y a création d'un nouveau cardinal, si celui-ci est à Rome, il va de suite offrir ses hommages au Saint-Père, à qui il est présenté par un des anciens cardinaux. Quelque temps après, a lieu le consistoire public. Le Pape rappelle aux nouveaux récipiendaires l'éminence de la dignité qui leur est conférée; puis il leur donne le chapeau rouge en disant : « Recevez ce chapeau rouge, signe de la dignité du Cardinalat, et qui vous oblige à vous dévouer pour le bien de l'Eglise et des fidèles jusqu'à l'effusion du sang inclusivement » (d'où la couleur rouge pour le cardinal). Les nouveaux cardinaux prêtent ensuite le serment de fidélité.

Maintenant que les devoirs des évêques et cardinaux ont été sommairement énumérés, voyons ce que nous dit l'Eglise à propos des suicidés.

Que dit le droit canon?

Le code canonique nous dit, au canon 1240 (Code de droit canonique 1917) :

p.1 Sont privés de la sépulture ecclésiastique, à moins qu'ils n'aient donné quelque signe de pénitence avant leur mort : 
n1) Ceux qui ont fait apostasie notoire de la foi chrétienne, ou sont attachés notoirement à une secte hérétique, ou schismatique, ou à la secte maçonnique, ou aux sociétés du même genre; 
n2) Les excommuniés ou interdits après une sentence condamnatoire; 
n3) Ceux qui se sont donnés la mort délibérément;  
n4) Ceux qui meurent en duel, ou d'une blessure qu'ils y ont reçue; 
n5) Ceux qui ont ordonné que leur corps soit livré à la crémation; n6) Les autres pécheurs publics et manifestes.

Les canons 1241 et 1242 continuent sur la même matière :

Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, refusa
toujours que le franc-maçon Joseph Guibord soit
enterré dans le cimetière catholique. Lorsque le pouvoir
judiciaire voulu le contraindre (elle fit enterrer Guibord
dans le cimetière sous protection policière), il déclara 
la partie du cimetière,où fut enterré Guibord, hors du 
cimetière.
1241
A celui qui a été privé de la sépulture ecclésiastique doivent être refusés aussi la messe des obsèques, même anniversaire, et tous les autres offices funèbres publics.

1242
Si c'est possible sans grave inconvénient, le corps de l'excommunié 'à éviter' qui, malgré la décision des canons, a reçu la sépulture dans un lieu sacré doit être exhumé, en observant la prescription du Can. 1214 p.1 et placé dans le lieu profane dont parle le Can. 1212.

Le cinquième commandement interdit en premier lieu tout meurtre injuste et aussi bien le suicide que l'assassinat. En second lieu, il défend toute blessure ou toute mutilation injuste. Comme la mort peut être la conséquence de la négligence de soins voulus, le soin convenable de la vie est aussi un devoir.

Pour la forme, disons que le Code de droit canon de 1983 de l'Église conciliaire a fait disparaître la mention des suicidés au canon mentionnant le refus des funérailles. Le ver était-il dans le fruit? Fort probablement.

Que nous disent les auteurs catholiques sur le suicide?

Le Dictionnaire de culture religieuse et catéchistique du chanoine L.-E. Marcel nous dit :

SUICIDE. Action de se suicider, de se donner soi-même la mort, volontairement : acte de lâcheté et de désespoir, un des plus graves péchés. C'est un attentat contre Dieu, lequel a seul le droit de nous reprendre la vie; contre la société, qui a droit à nos services; contre soi-même : le suicidé, pour s'éviter quelques peines d'un temps, se précipite dans des maux éternels, car il meurt dans l'acte même du crime.

Il en est qui l'excusent en disant : L'homme est maître se sa vie. Grave erreur qui détruit des milliers de vies : ce désespoir, né de l'incrédulité, fait chaque année plus de victimes qu'une guerre.

L'Église seule a le remède, en redisant avec autorité le commandement divin : "Tu ne tueras point". Et pour mieux marquer son horreur de ce crime, elle refuse la sépulture ecclésiastique aux suicidés, à moins - ce qui n'est pas rare - qu'ils n'aient vraiment perdu la tête (canons 985;1240).

Le célèbre Catéchisme catholique populaire de l'abbé François Spirago est, quant à lui, tout aussi clair sur le sujet :

Le suicide est généralement commis par des hommes sans foi, plongés dans la misère ou le péché, qui désespèrent du secours et de la miséricorde de Dieu : souvent aussi, par des personnes irresponsables et par conséquent innocentes.

C’est poussé par l'extrémité du danger que Saül, blessé et entouré d'ennemis, se jeta sur la pointe de son épée. (I Rois, XXXI) Le geôlier de saint Paul à Philippes voyant les portes de la prison ouverte, se désespéra et voulut se tuer de son glaive. (Act., XVI, 27) Judas se désespéra à cause de la gravité de son crime et se pendit. (Matth., XXVII) La presse ne rapporte que trop souvent le suicide de gens qui ont perdu leur foi tune dans quelque tripot, comme celui de Monaco, qui ont été déçus dans un amour coupable, ou qui ont commis des fautes pour lesquelles ils craignent de sévères châtiments. À notre époque des malheureux se suicident pour des bagatelles. Il est vrai que beaucoup de suicides sont provoqués par l'aliénation mentale, par des maladies nerveuses qui enlèvent la responsabilité; il faut donc se garder de juger témérairement les tristes victimes du suicide. Toutefois la cause principale et la plus fréquente de ce crime, c'est le manque de religion, l'absence de foi en la vie future, en un Dieu qui aide le malheureux et pardonne au pécheur repentant. L'augmentation du nombre des suicides est proportionnelle à la diminution des convictions religieuses : c’est un fait d’expérience. — Les Anciens déjà regardaient ce crime comme déshonorant : on coupait au suicidé la main avec laquelle il s’était tué, et on l'enterrait séparément (S. Isid.). L'Église refuse aux suicidés la sépulture ecclésiastique, excepté à ceux qui étaient atteints dans leurs facultés mentales; mais ceux-là mêmes sont ensevelis le moins solennellement possible. Ce refus n'est pas une affirmation de damnation, il est uniquement l'expression de l'horreur contre cet acte et un moyen pour en détourner les autres. — L’homme n’est pas le propriétaire, mais seulement l'usufruitier de sa vie; Dieu seul en est le maître, il la donne et la reprend quand il veut. (Deut., XXXII, 39). Le suicide est donc un attentat impudent aux droits de Dieu, un mépris de Dieu par le refus dédaigneux du plus précieux de ses dons. Le suicide est une rapine contre le genre humain tout entier, auquel le criminel devrait d’abord rendre tout ce qu’il en a reçu (Mgr Gaume); il est aussi une injustice contre la famille que l’on précipite dans le déshonneur et souvent dans lat misère, une cruauté inouïe contre soi-même et un horrible scandale. Le suicide, dit Lactance, est un crime plus horrible que le meurtre qui peut au moins être châtié par la société. Le suicide n’est donc pas un acte d'héroïsme, au contraire, un acte de lâcheté, comme la désertion devant l’ennemi; il y aurait beaucoup plus d’héroïsme à supporter les difficultés de la vie. Chaque chrétien comprendra en outre que le suicide ne conduit pas au bonheur, ni ne délivre des maux, mais qu’il précipite le malheureux dans la véritable misère de l’enfer. — La presse mondaine excuse souvent le suicidé en disant : X a expié sa faute par la mort. Maxime impie, car le suicide n’expie rien, au contraire, ce n’est qu’une faute ajoutée à d’autres!


Le baisé de Judas
Notre-Seigneur a déclaré à propos de Judas : "Il aurait mieux valu pour cet homme de n'être jamais né". Quoique grande fût la faute de Judas en vendant, pour le prix d'un esclave, le Fils de Dieu, Judas aurait pu être pardonné, comme saint Pierre qui renia trois fois Jésus-Christ. Toutefois, Judas, au lieu de se repentir de ce crime, choisit le suicide. C'est un ultime rejet de la grâce divine et de la miséricorde bienveillante de Dieu: le péché contre le saint Esprit.

Conclusion

Monseigneur de Québec défend-il son troupeau et gouverne-t-il pour le bien commun (tant de l'Église que des âmes) - étant « pontife » de son diocèse et, par l'ancienneté du siège primat du Canada - en décidant de laisser faire? La réponse de l'Église et de ses docteurs est sans appel : non. Monseigneur s'éloigne, dans l'ensemble comme dans le détail, de la position traditionnelle de l'Eglise. Hélas, depuis 50 ans, ceci est monnaie courante dans l'Eglise conciliaire, au grand dam du plus grand nombre.

« Celui qui a Mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui M'aime. Or celui qui M'aime sera aimé de Mon Père, et Je l'aimerai aussi, et Je Me manifesterai à lui.
Judas, non pas l'Iscariote, Lui dit : Seigneur, d'où vient que Vous Vous manifesterez à nous, et non pas au monde?
Jésus lui répondit : Si quelqu'un M'aime, il gardera Ma parole, et Mon Père l'aimera, et Nous viendrons à lui, et Nous ferons chez lui Notre demeure.
Celui qui ne M'aime point ne garde pas Mes paroles; et la parole que vous avez entendue n'est pas de Moi, mais de celui qui M'a envoyé, du Père. » (Jn., XIV, 21-24)