lundi 14 septembre 2015

Le blasphème - Ce folklore hideux

 

Le Doctrinaire - No 15 - p.25 – Septembre 1973

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CE FOLKLORE HIDEUX

Il est toujours hideux ce folklore qui se transmet de père en fils: le sacre et le blasphème. Nos jeunes qui se piquent d’ê­tre à la page, d'être « modernes », ont l'illusion de croire que condamner sacre et blasphème c'est dépassé...

Alors, plus que jamais, nous entendons sacrer et blasphémer. Dans les écoles polyvalentes, dans les cegeps, les sacres écorchent les lèvres des étudiants.
 
Excuse optimiste: «C'est une manière de s’exprimer propre aux Canadiens-Français. D'ailleurs, la plupart sacrent sans mauvaise intention...»
 
Raisonnement stupide!
 
J’entends les défaitistes: « Essayer de corriger les sacreurs, c'est inutile. Si vous le reprenez, ce sera pire. » 

Trop orgueilleux pour admettre leur tort.

«Laissons-les faire; c'est une mode qui passera.»
 
 Naïveté, fausse pédagogie !

Un soir, j'étais sur la rue principale de notre Province. Je m'arrêtai pour observer les nombreux jeunes gens qui passaient et repassaient. Leurs conversations étaient encrassées de sacres et de blasphèmes: le Christ, la Vierge, la Sainte Hostie, le Calice, le Ciboire, le Tabernacle passaient sur les lèvres de ces étourdis dans une vague de mépris sacrilège.

Comme le jeune écolier est suiveux, mouton, sans trop s'en rendre compte, il va se sentir anormal s'il ne sacre pas comme les autres...Si ses parents lui défendent de sacrer, parce que cela peut attirer des malheurs sur leur foyer, le jeune s'en tirera en déformant les mots: Mautadit, hostic, tabernouche, etc. Ainsi, il gardera l'habitude du juron, qui le conduira bientôt au vrai blasphème.

Lorsque notre pays était encore très chrétien, nos législatures avaient inscrit dans le code une loi qui défend le blasphème, sous des peines sévères; mais cette loi semble tombée en désuétude, parce que personne n'en réclame l'observance. Nos associations devraient prendre cette initiative de salut public.
 
Une personne sensée, qui a un peu d'esprit chrétien, comprend très bien que le blasphème est une faute grave; que nous devons combattre cette triste manie sous trois aspects: psychologique, linguistique, diabolique.

Psychologique: L'enfant a un fort instinct d'imitation. Pour suivre la mode, il n'y a pas de moqueries qui l'arrêteront. Il entend les ainés sacrer avec audace; pour eux c'est un signe de force et de virilité... Cet enfant ne peut se mettre dans la tête que ces ainés ont tort en s'affirmant par des sacres, qu'ils sont stupides, que c'est une folie.

Linguistique: Sacrer et blasphémer, en plus d'offenser Dieu, c'est une profanation de notre belle langue française. Manque de dignité, de savoir-vivre, baragouin qu'on devrait laisser aux voyous. Un homme bien élevé évite de blesser son prochain dans sa foi ou dans ses convictions religieuses. Un bon Français respecte Dieu, les Saints et les choses saintes.

Diabolique: Les Evangiles nous montrent que Satan est l'ennemi du Christ, qu’il cherche à ruiner le respect de Dieu, l'esprit religieux, chez les chrétiens, pour les entrainer vers l'enfer.

Un ami m'a confié qu'il n'avait jamais été un sacreur; cependant, quand il lui arrivait quelque chose de très choquant, des sacres et même des blasphèmes lui étaient suggérés intérieurement... Par qui?

Évidemment par le Mauvais Esprit, par le démon, qui rôde autour de nous pour nous faire pécher, dit l'apôtre saint Pierre. Satan profite de l'irréflexion pour accomplir son œuvre d'insul­teur du Seigneur et de son Divin Fils.

Que tous ceux qui ont à cœur l'honneur du saint Nom du Christ Jésus, reprennent la lutte contre le sacre et le blasphème. Ayons à cœur de collaborer à cette œuvre d'assainissement, encore plus urgente que la pollution physique de l'air et de l'eau.

 
A bas la pollution du langage par les sacres et les blasphèmes

Armand GRENIER, Shawinigan.