lundi 22 février 2016

Paul Comtois, mort pour le Christ il y a 50 ans



Il y a 50 ans mourait un homme, un fermier, un père de famille, un héros et un saint du Canada-français – l'Honorable Paul Comtois.

Jean-Paul-François Comtois est né le 22 août 1895 à Saint-Thomas-de Pierreville. Après avoir suivi les cours classiques au Séminaire de Nicolet, il entreprend des études en agronomie à l'Institut agricole d'Oka, affilié à l'Université de Montréal et dirigé par les Pères trappistes.

Paul Comtois a développé un amour pour la terre. Son oncle Hercule lui avait dit, alors qu'il était jeune garçon : « Le boulanger fait cuire le pain, mais c'est la terre qui produit la farine. Ma terre, c'est pour toi ». Cette promesse était suivie de l'influence de l'abbé Georges Courchesne, son professeur de Rhétorique et plus tard évêque de Rimouski, qui considérait l'agriculture comme étant la plus noble des professions. C'est ainsi qu'en 1918 il s'établit sur la terre défrichée par son grand-père David Comtois et devint un agronome-agriculteur, puis maria son épouse Irène Gill avec laquelle il eut cinq enfants.

Bien que l'agriculture fût sa passion et son occupation principale, il mit ses talents au service civique de sa communauté locale et de la nation canadienne-française. Ainsi, il devint l'évaluateur en chef de la Commission du prêt agricole canadien, co-fondateur de la Coopérative agricole de Pierreville, gérant général de l'Office de crédit agricole de 1936 à 1957, marguillier et président de la Commission scolaire de Saint-Thomas-de-Pierreville. Il se lança en politique aux élections fédérales de 1930. Défait d'une seule voix, il devint maire de Pierreville de 1948 à 1961, préfet du comté de Yamaska en 1956, président de la Caisse populaire de 1950 à 1961, député en 1957 et ministre des Mines au gouvernement de Diefenbaker, puis lieutenant-gouverneur du Québec en 1961.

Outre ses activités politiques, il fut marguillier de sa paroisse, membre de la Ligue du Sacré-Cœur, Chevalier de Colomb, membre du Cercle de la Garnison et du Club d'Hiver de Québec, et fut adoubé par coutume des représentants royaux du Canada dans l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. Il reçut un doctorat honorifique de l'Université de Sherbrooke en 1962 et de l'Université McGill en 1963, et devint Commandeur de l'Ordre du mérite agronomique.

Devenu lieutenant-gouverneur, Paul Comtois s'établit avec sa famille à Bois-de-Coulonge, la prestigieuse résidence des lieutenants-gouverneurs du Québec. On dit de lui qu'il exerça sa nouvelle fonction avec dignité, mais en gardant sa simplicité du milieu dont il fut issu. Quoiqu'il fréquentât les bals mondains dans les plus prestigieux hôtels de la Province et fût invité à des soirées dans les demeures des gens les plus influents, il ne manquait jamais à la piété et récitait quotidiennement le chapelet en famille. Il portait d'ailleurs au cou le chapelet de son père, même la nuit. Il fit une requête auprès du Cardinal Roy, archevêque de Québec et Primat du Canada, pour garder le Très Saint Sacrement dans une chapelle privée à sa résidence. Le Primat eut des réticences, mais finalement accorda cette pieuse requête, à condition qu'il soit personnellement responsable des saintes espèces pour qu'elles soient convenablement gardées.

Le 21 février 1966, un tragique incendie éclata au manoir de Bois-de-Coulonge, une demi-heure après que la famille soit rentrée d'une soirée. Le lieutenant-gouverneur s'empressa de faire sortir sa femme et ses enfants à l'extérieur, où ils ne seraient pas à la proie des flammes. Sa fille Mireille le vit pour une dernière fois à la chapelle sous la lampe du sanctuaire, d'où il lui ordonna de se jeter par la fenêtre.

Paul Comtois avait essayé de retirer le Très Saint Sacrement de la chapelle. En sortant, les escaliers en flammes s'effondrèrent et consumèrent Paul Comtois tel un holocauste. D'après le témoignage de sa fille Mireille, lorsque son corps calciné fut retrouvé, il portait encore dans ses bras le ciboire contenant les saintes espèces, Jésus-Christ lui-même. Son corps l'avait protégé des flammes. Après sa mort, le père Laplante écrivit que c'était un véritable acte de réparation envers les prêtres dans l'erreur, qui ne croient pas à la présence réelle. Le fait qu'en 1966, un politicien, un homme d'État, le représentant immédiat d'une reine protestante imite le geste de saint Tarcisius de Rome en donnant sa vie pour Jésus-Eucharistie aurait dû être rendu public.

Bien que l'Honorable Paul Comtois n'ait pas été déclaré saint [1], nous pouvons l'invoquer en privé afin qu'il intercède auprès de notre Dieu pour la conversion de nos hommes d'État et pour une ferveur envers la Présence réelle.



[1] Dans une complète obéissance aux décrets du Pape Urbain VIII et aux dispositions de la Sainte Église Romaine, nous déclarons n'accorder dans cet article qu'une foi humaine aux faits que nous rapportons et n'employer certaines expressions, comme saint, bon et toute autre semblable, que dans l'acceptation la plus large; ne voulant en aucune façon devancer ou prévenir le jugement de notre Mère la Sainte Église, dont nous sommes et voulons rester les fils humblement soumis.