samedi 29 avril 2017

Nos origines littéraires : L'abbé Ferland

L'abbé Ferland.
L'abbé Jean-Baptiste-Antoine Ferland (1805-1865). F.-X. Garneau n'était pas encore disparu, son oeuvre
littéraire comptait dix ans à peine, que déjà un autre historien lui disputait la faveur du public : l'abbé Jean-Baptiste-Antoine Ferland.

Né à Montréal en 1805, l'abbé Ferland fit de fortes études au collège de Nicolet. Tour à tout professeur à Nicolet, vicaire, curé, et enfin attaché à l'Archevêché de Québec, en 1850, et professeur à l'Université Laval en 1855, l'abbé Ferland était doué des talents les plus variés. Il consacra ses dernières années à l'étude de l'histoire du Canada, et donna à l'Université Laval, de 1856 à 1862, des leçons qui furent très recherchées. Ce sont ces cours de l'Université qu'il commença à publier, en 1861. Il n'en put faire paraître qu'un volume ; le deuxième fut édité par les soins de ses amis. La maladie et la mort l'empêchèrent de continuer son oeuvre. L'abbé Ferland mourut à Québec en 1865.

Le Cours d'Histoire du Canada ne comprend que les années de la domination française. Il est regrettable que l'auteur n'ait pu pousser plus loin son travail. L'abbé Ferland possédait les meilleures qualités de l'historien. Il se recommande surtout par la plus scrupuleuse méthode scientifique. Il alla jusqu'aux archives de Londres et de Paris consulter les documents de première main. Son séjour en Europe, pendant les années 1856 et 1857, n'avait d'autre but que de lui permettre de puiser aux sources les matériaux de son Histoire. Il n'a pas suffisamment indiqué, dans ses ouvrages, ses références aux documents authentiques, mais il n'a écrit qu'en s'appuyant sur ces documents. Aussi a-t-il pu rectifier un grand nombre de dates mal établies avant lui, et jeter sur des faits qu'on n'avait pas toujours bien appréciés une lumière nouvelle. Il comprit mieux que Garneau le caractère religieux de nos origines historiques, et rendit, à ce point de vue, meilleure justice à ceux qui en furent les principaux ouvriers.

Ferland a étudié avec soin les détails de la vie et des mœurs de la Nouvelle-France. Il a insisté sur le caractère et les coutumes des Indiens ; et il a fait pénétrer le lecteur, autant que cela était alors possible, dans les habitudes curieuses de ces peuples barbares. Mais c'est surtout l'établissement de la colonie, et les premiers développements de notre histoire qu'il a soigneusement racontés.

L'abbé Ferland n'a pas la verve brillante de Garneau ; il s'applique moins que lui à développer des considérations générales, mais il serre de plus près le détail précis. La langue qu'il écrit est claire, limpide, alerte, bien française, ornée surtout de la plus franche simplicité.

Il faut ajouter au crédit de l'abbé Ferland des opuscules et des articles qui sont du plus grand intérêt : Journal d'un voyage sur les côtes de la Gaspésie, Louis-Olivier Gamache, Le Labrador, Notice biographique sur Mgr Joseph-Octave Plessis. Ces études ont paru dans le Foyer Canadien, de 1861 à 1863.


-Mgr Camille Roy, Manuel d'histoire de la littérature canadienne de langue française. Librairie Beauchemin limitée. Montréal, 1955. Pp 37-38


Livres de l'abbé Ferland en téléchargement ici.