samedi 24 novembre 2018

Combien de temps un peuple peut-il résister ?

L'extrait suivant provient du livre Les socialistes dominent le réseau gauchiste, de Robert Rumilly. Monsieur Rumilly, après avoir décortiqué le mouvement gauchiste - nommé aujourd'hui révolutionnaire - préparant la Révolution tranquille, se demande combien de temps un peuple peut-il résister à un si pareil assaut.

Si Dieu veut, cet ouvrage paraîtra aux Editions de la Vérité en début d'année 2019.


Le peuple, la masse du peuple canadien-français reste indemne. Mais pour combien de temps ?


Combien de temps un peuple peut-il résister, dans l'ordre intellectuel, à la prédication continuelle qui lui est faite par la presse, par la radio, par la télévision, par des professeurs patentés, par les chefs de syndicats, par les conférenciers des clubs sociaux et des sociétés nationales, par les bulletins d'associations variées ? Surtout s'il voit les prêcheurs de révolution récompensés, honorés, comblés, et leurs adversaires mis en quarantaine. Et combien de temps un peuple peut-il résister, dans l'ordre moral, à la force quotidienne - et officielle ! - qui sape à leur base les traditions tenant un si haut rang dans son héritage ?

Une révolution sociale n'éclate pas du jour au lendemain, sans un longue période d'incubation. Je ne parle pas des coups d'Etat à la mode des petits pays de l'Amérique centrale. ( Encore sont-ils organisés, le plus souvent, dans des sociétés secrètes). Une révolution ne s'improvise pas. Elle est le fruit d'une longue préparation culturelle, politique, sociale, morale. Mais les contemporains, en règle générale, ne s'en rendent pas compte.

II y a eu bien des gauchistes en France au dix-huitième siècle, même s'ils ne portaient pas encore ce nom. II y en a eu surtout parmi les intellectuels, il y en a même eu parmi les prêtres. Ils ont créé le climat dans lequel est née la Révolution. Les intellectuels ou demi-intellectuels - à la Robespierre - ont déclenché l'immense bouleversement dont les conséquences se font encore sentir. Les prêtres « de gauche » n'ont pas manqué dans les rangs des révolutionnaires. Ils ont été les plus sauvages. C'est un ancien Oratorien, Joseph Fouché - un professeur de philosophie, lui aussi - qui jeta solennellement au bûcher les ornements pillés dans les églises de Lyon, et qui fit manger des hosties consacrées par un âne coiffé d'une mitre.

Il est relativement facile à l'historien de reconstituer, après coup, le cheminement des idées, de la propagande, du désordre intellectuel et moral qui devaient aboutir à pareil éclat. Mais qui l'eût prédit en 1788 eût passé pour fou.



Robert Rumilly, Les socialistes dominent le réseau gauchiste. Montréal. 1959. P. 157-158.