vendredi 5 avril 2019

Ce que le Canada français doit à l'Eglise

Signature de l'acte de fondation de Ville-Marie, la ville catholique,
en présence de Pierre Chevier, du baron de Fancamp,
 de M. Olier (le fondateur des Sulpiciens) et de
Jérôme le Royer de la Dauversière.
1. Qu'est-ce que la patrie canadienne-française par rapport à l'Eglise catholique?

La patrie canadienne-française est une création de l'Eglise catholique de même que sa défense, sa conservation et sa persévérance comme peuple canadien-français catholique.

2. L'origine apostolique du Canada est-elle contestable?

L'origine apostolique du Canada est si peu contestable que des publicistes anticléricaux ont dû apporter leur témoignage à ce caractère historique de nos origines.

3. Quelle fut l'attitude de Jean Verazzani qui, en 1524, toucha plusieurs points de notre pays?

Jean Verazzani traduisit l'intention de Français Ier de gagner les sauvages au christianisme en élevant des croix sur plusieurs points de notre pays.

4. Comment Cartier fit-il de son oeuvre une oeuvre d'apôtre?

Jacques Cartier voulut faire oeuvre d'apôtre en commençant par une messe, dans la Baie de Brest, le 11 juin 1534.

5. Quel fut le premier contact de Cartier avec les sauvages dans le bassin de Gaspé?

Jacques Cartier, dans le bassin de Gaspé, planta une croix en présence des sauvages puis les harangua par signes, s'efforçant de leur faire comprendre ce que signifiait cette croix : ce fut le premier sermon en terre canadienne.

6. Quel titre mérite Samuel de Champlain?

Champlain fut l'explorateur apôtre.

7. Pourquoi fut-il plus apôtre que les autres?

Champlain fut plus apôtre que les autres parce qu'il traversa vingt fois l'Atlantique pour atteindre son but et assurer « l' établissement de la foi chrétienne parmi un peuple infini d'âmes ». « Ni la prise des forteresses ni le gain des batailles, ni la conquête des pays ne sont rien en comparaison du salut des âmes. La conversion d'un infidèle vaut mieux que la conquête d'un royaume. »

8. Quels moyens Champlain a-t-il pris pour évangéliser le pays?

En 1615, Champlain revint de France avec 8 Récollets et 2 frères convers.

9. Quand furent dites les deux premières messes dans la colonie?

La première messe fut dite à Montréal, le 24 juin 1615 et la seconde à Québec le lendemain.

10. Par les Récollets quel culte Dieu a-t-il confié aux français du Canada pour assurer à sa Mère un peuple de serviteurs?

Le peuple canadien-française fut choisi par Dieu pour répondre aux attaques protestantes contre le culte de l'Immaculée-Conception de Marie; le grand nombre des églises consacrées à Marie dans la seule province de Québec en est une preuve.

11. Est-ce que les Récollets purent seuls suffire à la tâche?

Non, en 1625 les Récollets durent appeler les Jésuites à leur aide.

12. Quelle fut la part des Jésuites dans l'évangélisation de la colonie?

Les Jésuites ont mérité au Canada le titre de principaux missionnaires de la Nouvelle-France, car jusqu'en 1663, ils furent à peu près les seuls prêtres de la colonie et ils convertirent tous les Hurons.

13. Le travail missionnaire des Jésuites fut-il agréable à Dieu?

Les Jésuites donnèrent à Dieu et à l'Eglise canadienne nos Saints Martyrs Canadiens.

14. Par qui la colonie fut-elle adoptée et plus spécialement Montréal?

Par les Messieurs de Saint-Sulpice.

15. Quel était le but de Paul de Maisonneuve en débarquant à Montréal avec ses croisés en 1642?

Le but de Maisonneuve était de faire de Montréal une ville très chrétienne.

L'intrépide missionnaire, le père Marquette.
16. Quelle aide Maisonneuve a-t-il reçue des Sulpiciens?

« Les Messieurs de Saint-Sulpice devaient fournir dans cette année 25,000 écus avec le serment de ne jamais rien retirer de l'entreprise. Ils désirèrent même garder l'anonymat. »

17. A cause de sa situation géographique quel danger continuel courait Montréal?

Montréal, centre du pays et à 180 milles de Québec, a toujours été le premier point d'attaque des Iroquois.

18. Quel est le caractère de l'attaque des Iroquois au printemps de 1660?

Les Iroquois avaient organisé la disparition complète de Montréal pour ensuite descendre à Québec et en finir avec les chrétiens.

19. Qui a sauvé les chrétiens du Canada en 1660?

Dollard des Ormeaux et ses 16 compagnons, forts de la confession et de la sainte communion tinrent tête à des centaines d'Iroquois. La colonie était sauvée.

20. Rencontre-t-on souvent de l'héroïsme comme celui de Dollard?

Dollard a sauvé sa patrie dans un combat unique dans l'histoire du monde.

21. Quel était le nom de Montréal en 1642?

La ville de Montréal s'appelaient alors Ville-Marie.

22. Comment les Sulpiciens ont-ils réussi le miracle de la fondation de Montréal?

« Les Sulpiciens firent de cette fondation leur oeuvre de prédilection et ils ne reculèrent devant aucun sacrifice pour réussir, intéressant à leur entreprise le Pape, le roi de France et tous les Français. »

L'amour de la patrie, avec l'amour de l'Eglise, est le sentiment le plus sacré du cœur de l'homme, et s'il était possible que l'un fût ennemi de l'autre, ce serait, à mes yeux, le plus profond déchirement que la Providence ait ménagé à notre époque. 
La patrie est notre église du temps, comme l'Eglise est notre patrie de l'éternité, et si l'orbite de celle-ci est plus vaste que l'orbite de celle-là, elles ont toutes deux le même centre, qui est Dieu, le même intérêt qui est la justice, le même asile qui est la conscience, les mêmes citoyens qui sont le corps et l'âme de leurs enfants.
Le patriotisme religieux est un bien que nous ont léguénos pères, et c'est un devoir pour nous de le conserver précieusement. 
-Mgr Ignace Bourget

Sous la domination anglaise


23. Pourquoi le Canada appartient-il aujourd'hui à l' Angleterre?

D'abord parce que Dieu l'a permis et ensuite parce que la France politique n'a pas su seconder la France religieuse.

24. Après tous les malheurs qui ont frappé les Canadiens pour en arriver à la cession du Canada à l'Angleterre, comment se fait-il que les Canadiens ont réussi à décourager et à vaincre leurs oppresseurs?

Après la cession du pays, à l'Angleterre, presque totalement abandonnés par la noblesse et la bourgeoisie retournées en France, les Canadiens au nombre de 65,000, « eurent l'instinct, l'estimative de se laisser guider par leurs prêtres. »

25. Combien y avait-il de prêtres au Canada en 1766?

Ils étaient 138, tant séculiers que réguliers.

26. Qui était évêque en 1766?

Monseigneur Briand.

27. Combien y avait-il de missionnaires?

Il y en avait 38 qui s'occupaient des sauvages convertis.

28. Combien y avait-il de prêtres?

Il y avait cent prêtres, cent curés.

29. Cent curés! c'était pourtant une quantité négligeable devant l'Empire britannique?

C'était infiniment moins que cent bourgeois; mais cent curés, cela suffit pour sauver la civilisation française en Amérique.

30. Par quels moyens les prêtres ont-ils réussi à conduire le Canadien dans les affaires profanes?

Par leur ministère et par leur dévouement auprès du peuple.

31. En particulier, quels moyens servirent le mieux?

Il est impossible de séparer les deux : le ministère du prêtre, c'est-à-dire la religion catholique, et l'école.

32. Quelle fut l'importance du curé auprès des fidèles de 1760?

Le pauvre petit curé de compagne a remplacé providentiellement les gens de profession nécessaires à la société : notaire, avocat, médecin au besoin, autant de connaissances que la foi des paysans lui reconnaissait tout naturellement.

33. Quel caractère le curé a-t-il façonné dans le Canadien français?

Le curé de 1760 a mis dans l'âme canadienne en même temps que la foi, l'amour de la patrie, de notre langue, de nos droits.

34. Quelle constatation est donc inévitable?

On doit constater que chez nous, dans le passé, le catholicisme fait corps avec le patriotisme, c'est un roc sur lequel doit s'appuyer aujourd'hui notre idéal national.

35. Où le curé de chez nous a-t-il préparé cet idéal?

A l'école.

36. Qui enseignait dans ces écoles?

Les curés, quand leur ministère était fini.

37. Où étaient ces écoles?

Les presbytères servaient d'écoles.

38. L'école d'enseignement primaire une fois établie, le curé de chez nous s'en est-il arrêté là?

Non, il fonda le collège classique.

39. Pouvez-vous en nommer?

Le collège de Montréal qui est né au presbytère de la Pointe-aux-Trembles, grâce à l'initiative de l'abbé Ducharme; Québec, Nicolet, Lévis.

40. Où voulaient en venir les curés avec toutes ces écoles?

Ils voulaient former des hommes, des députés capables de se dresser devant l'Angleterre pour réclamer les droits de notre peuple, de notre race, la race française; pour notre langue, la langue française; pour nos lois, nos lois françaises.

41. Quelle fut la conduite des curés vis-à-vis du peuple dans ses difficultés avec leurs nouveaux maîtres, les Anglais?

Ils leur enseignèrent la loyauté envers leurs nouveaux maîtres et les aidèrent à prendre conscience de leur valeur, de leur âme française et à réclamer légitimement les droits constitutionnels qui assurent notre droit de vivre.

42. Quelle conclusion précieuse nous impose l'histoire de nos ancêtres dans leurs relations avec l'Eglise catholique?

La conclusion est une vérité qui s'attache à notre nationalité comme une partie d'elle-même; nous devons être des patriotes à la manière de nos ancêtres, nous rappelant sans cesse que chez nous, religion et patrie ne font qu'un seul et même tout, au point que chez nous la disparition de l'une entraînement la disparition de l'autre.

43. Quel est l'enseignement de l'Eglise catholique au sujet des relations de l'Eglise et de l'Etat?

Toujours, l'Etat doit servir l'Eglise et l'aider à poursuivre son oeuvre spirituelle.

44. Quel autre principe découle de notre passé historique depuis 1760?

La société canadienne-française doit avoir comme cadres la paroisse catholique, car la paroisse fut et est pour notre peuple sa forteresse nationale et religieuse.



-Lambert Closse, La Réponse de la Race - Catéchisme national. Thérien frères limitée, 1936. P. 391-396.