jeudi 26 mars 2015

Nos lectures: Bréviaire du patriote Canadien-Français

Mgr Louis-Adolphe Paquet
L’opuscule intitulé Bréviaire du patriote Canadien-Français était publié par l’Action Française de Montréal en 1925. Il s’agit en fait d’une analyse commentée par le chanoine Chartier du sermon prononcé par Mgr Louis-Adolphe Paquet de l’Université Laval  le 23 Juin 1902, pour les festivités de la Saint-Jean-Baptiste. 


Les commentaires du chanoine sont intéressants, mais cette publication a probablement eut pour but principal de dépoussiérer ce sermon magistral de Mgr Paquet intitulé La vocation de la race française en Amérique. En 2015, nous croyons qu’il est bon de le remettre en valeur à nouveau, afin de rappeler à notre lectorat ce qu’est le véritable patriotisme Canadien-français.

Qui dit sermon, dit sainte Messe, et une sainte Messe le jour de la Saint-Jean-Baptiste 1902 était l’occasion idéale pour Mgr Paquet de rappeler la vocation première de notre race. Il a commencé son sermon où l’histoire de notre patrie a commencé, en rappelant aux compatriotes venus des quatre coins de l’Amérique du Nord l’histoire du baptême de notre peuple :

« Le 25 juin 1615, à quelques pas d’ici, sur cette pointe de terre qui du pied de la falaise où nous sommes s’avance dans l’eau profonde de notre grand fleuve, se déroulait une scène jusque-là inconnue. À l’ombre de la forêt séculaire, dans une chapelle hâtivement construite, en présence de quelques Français et de leur chef, Samuel de Champlain, un humble fils de saint François, tourné vers un modeste autel, faisait descendre sur cette table rustique le Fils éternel de Dieu, et lui consacrait par l’acte le plus saint de notre religion les premiers fondements d’une ville et le berceau d’un peuple. »

Le discours commence donc dans cet esprit, et cette célébration de la Saint-Jean-Baptiste devenait donc pour la patrie de l’époque, l’occasion de renouveler son acte de consécration religieuse et de tremper sa vie dans le sang de l’Agneau Divin. Monseigneur nous rappelait ensuite que chaque peuple a une vocation et que ce sont les peuples qui perdent de vue leur mission qui finissent un jour ou l’autre dans l’abîme. Un peuple doit rester soi-même.

Pour ce qui est de la race Canadienne-française, notre mission est claire et, loin de nous l’apprendre dans son sermon, Mgr Paquet tenait surtout à nous la rappeler. Ce rappel souligne la piété de nos fondateurs, puis des héros de notre nation. C’est un éloge au rayonnement de la religion catholique au Nord de l’Amérique, avec ses saints et ses martyrs.  Nos aïeux de 1902 étaient encore conscients de cette mission, mais Monseigneur Paquet tenait quand même à les prévenir de certains maux qui les guettaient et qui  ont stérilisé la patrie contemporaine :

« Mais prenons garde; n’allons pas faire de ce qui n’est qu’un moyen le but même de notre action sociale. N’allons pas descendre du piédestal où Dieu nous a placés, pour marcher au pas vulgaire des générations assoiffées d’or et de jouissances. Laissons à d’autres nations, moins éprises d’idéal, ce mercantilisme fiévreux et ce grossier naturalisme qui les rivent à la matière. Notre ambition, à nous, doit tendre et viser plus haut; plus haute doivent être nos pensées, plus hautes nos aspirations. »

Ce que nous ressentons à la lecture de ce petit livre, c’est que notre âme veut reprendre sa mission. Mgr Louis-Adolphe Paquet, dans une sagesse et une vigueur cléricale qui se fait très rare en 2015, avait trouvé les mots justes pour raviver la flamme de ses fidèles et pour nettoyer leur sentiment patriotique de toute erreur humaine.

Nous terminons ce compte-rendu de notre lecture par la conclusion de Monseigneur lui-même; c’est à la fois un mot d’ordre et un message d’espoir.

« Nous maintiendrons sur les hauteurs le drapeau des antiques croyances, de la vérité, de la justice, de cette philosophie qui ne vieillit pas parce qu’elle est éternelle; nous l’élèverons fier et ferme, au-dessus de tous les vents et de tous les orages; nous l’offrirons au regard de toute l’Amérique comme l’emblème glorieux, le symbole, l’idéal vivant de la perfection sociale et de la véritable grandeur des nations.

Alors, mieux encore qu’aujourd’hui, se réalisera cette parole prophétique qu’un écho mystérieux apporte à mes oreilles et qui, malgré la distance des siècles où elle fut prononcée, résume admirablement la signification de cette fête : Eritis mihi in populum, et ero vobis in Deum. Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu. Ainsi soit-il »