dimanche 3 mai 2015

Compte rendu de la conférence sur la théorie du genre





Introduction

Avec la Théorie du genre, on peut parler de Révolution qui tire ses origines des conceptions philosophiques de Rousseau, du mouvement féministe d’après-guerre et de la règle de l’interchangeabilité de notre époque moderne. « On ne naît pas femme, on le devient » dit Simone de Beauvoir.


Définition

Pour les théoriciens du genre, «le genre est une expression qui définit notre identité sexuelle comme une construction sociale». On naît avec un sexe qui est indifférent et ne définit aucunement notre identité. Toute distinction entre le masculin et le féminin n’est que le fruit d’une construction sociale sans lien avec le sexe donné à la naissance. Ainsi mon identité m’appartient et c’est moi qui choisis d’être homme ou femme et je suis seul maître de mon orientation sexuelle : hétérosexuelle, homosexuelle ou autres.

La théorie du genre se présente comme moyen de mettre un terme à l’aliénation  des individus par la société, qui sous le couvert de sa culture, de son histoire et de ses coutumes, conditionne l’individu et lui impose son identité masculine ou féminine de façon irrationnelle, abusive et arbitraire.

Son programme consiste en la maxime : liberté, égalité, fraternité. Liberté dans notre choix de vie; égalité de toutes les tendances personnelles dans une société fraternelle et tolérante.

Le sexe biologique se distingue désormais de l’identité sexuelle qui me permet de me définir homme ou femme selon ma préférence indépendamment de mon orientation sexuelle, qui elle se découvre au gré de mes attirances personnelles.


Les buts

La théorie du genre a pour but de corriger les normes sociales qui sont des facteurs d’oppression et des moyens d’asservissement. Elle affiche un but altruiste dans la libération des individus de  cette oppression sociale.  Sont visés bien sûr les structures traditionnelles, tel le mariage, la maternité, la famille et l’enfant.

Ce qu’il faut à tout prix, c’est abattre la nature et la déposséder de son rôle d’assigner une identité masculine ou féminine. Si la nature ne détermine plus mon identité sexuelle, mon identité sexuelle ne relève alors que de mon choix personnel.


Le rôle de l’école

Plusieurs questions se posent. L’école devient-elle alors un laboratoire, un lieu de conditionnement et de destruction d’où devront sortir les nouvelles générations déconditionnées ? Contrairement aux adultes qui ont été sacrifiés et auxquels la société a imposé toutes sortes de stéréotypes, les enfants doivent être soustraits dès leur jeune âge à l’influence de la société et à l’éducation reçue en famille[1].

L’école devient cette maison de redressement où l’on substitue l’émotion à la formation du jugement et de la réflexion pour faire perdre à l’enfant sa faculté de jugement[2]? La pensée de l’homme va au jugement qui est discriminant. Si on écarte de la formation de l’enfant tout contact avec un monde classique, l’enseignement et l’école se réduisent-ils à des lieux communs vulgaires d’où sortiront des jugements sans profondeur, des choix non discriminant[3], une misère intellectuelle ?

Si la Théorie du genre nous dit que l’on peut-être qui on veut et ce qu’on veut, tout devient interchangeable et toute différence doit disparaître. Cela n’entraîne en conséquence la disparition de la notion de l’altérité. L’autre c’est celui que je ne peux pas être. Si tous les choix ont la même valeur, s’il n’y a plus de place à la différence, l’autre n’est-il pas réduit à n’être un moyen qui me sert à me contempler moi-même ?


La stratégie scolaire dans les manuels

La théorie du genre est enseignée à l’école non comme une hypothèse mais comme une théorie hautement scientifique. Les manuels présentent la complémentarité de l’homme et de la femme comme une construction rétrograde de la société et non comme une donnée de la nature.

Les théoriciens du genre vont insister longuement sur la période de l’indifférenciation des sexes dans la période fœtale et embryonnaire sans rappeler que le fœtus et l’embryon sont déjà garçon (XY) ou fille (XX) dès l’instant de la conception.

On passe presque sous silence la période de la puberté où le corps des garçons et des filles deviennent homme et femme adulte par le développement naturel. On n’envisage par ailleurs aucune finalité à ce développement. La puberté se réduit plutôt à l’étape à partir de laquelle il est possible de vivre sa sexualité et au moment où les organes sexuels deviennent fonctionnels. Pourtant, la science nous démontre clairement que les différences physiologiques entre homme et femme ne se réduisent pas uniquement à cette fonction de reproduction.

Enfin on donne une grande place aux anomalies sexuelles. D’ailleurs on ne dit plus «anomalies» sexuelles mais «originalités surprenantes». Pourtant en biologie on parle d’anomalies pour nommer ce qui diffère de la normalité. Employer le terme anomalie c’est reconnaître une norme, un ordre dans la nature. La normalité veut logiquement l’harmonie du sexe et du genre de la personne.

Dans la théorie du genre, chaque dimension (sexe biologique, identité et orientation) est présentée séparément et même de manière opposée[4].


Fondements philosophiques

La nature est ce qui existe depuis la naissance, qui est dans son état natif, qui n’a pas été modifié
depuis la naissance. Le terme nature décrit une permanence.

Dans le récit de la création de la Genèse, la nature est l’œuvre de Dieu, créateur non seulement des éléments mais de l’identité homme et femme.

Pour Aristote et Saint Thomas d’Aquin, l’homme est naturellement social et on ne peut imaginer l’homme sans cette dimension sociale.

Par contre pour Rousseau[5], il existe un état de nature où l’homme naît bon avec un instinct de conservation qu’il appelle amour de soi et la pitié qui incite l’homme à la répugnance naturelle de la souffrance et de la mort chez ses semblables. Cet état de nature précède toute civilisation c’est-à-dire qu’elle exclut toute dimension sociale. L’homme naturel ne connaît ni le bien, ni le mal et vit au présent sans souci des lendemains. Main un jour, il se trouva quelqu’un qui affirma son droit sur une propriété et entraîna la déchéance de l’humanité. L’avènement de la propriété entraîna la constitution de la société civile et fit perdre à l’homme son innocence. Pour Rousseau, l’homme est naturellement bon et c’est la société qui déprave et pervertit l’homme. En dehors de cet état de nature tout est construction sociale[6] : la propriété, l’ordre, les biens nécessaires à la vie commune en société et à la survie de la société, etc. On voit combien cette philosophie peut servir de base à la Théorie du genre. Ce qu’il y a d’humain chez l’homme lui vient de la société, d’où cette nécessité de reconstruction de l’homme.


Réponse philosophique

Contrairement à la conception philosophique de Rousseau à l’effet que la société est une création humaine, il faut répondre que la société, les personnes et les propriétés existent antérieurement aux lois et qu’il y a des lois parce qu’il y a des propriétés, parce qu’il y a une société. Les deux systèmes s’opposent radicalement. Le législateur n’est pas libre de changer la nature et ses lois à sa convenance mais il est au service de la nature et la protège. Il n’a pas le pouvoir de la modifier parce qu’elle est immuable. Un État, digne de ce nom, doit reconnaître des droits et devoirs antérieurs à toute loi humaine. On appelle ces droits et devoirs : la loi naturelle. Et parmi ces droits et devoirs qui émanent de Dieu, créateur de la nature humaine, on trouve déjà tous les biens qui relèvent directement de cette nature.

Pour s’en convaincre, il s’agit de démontrer le lien qui existe entre la propriété et la nature humaine. Si on prend la propriété au sens large, c’est-à-dire à la fois comme plaisir d’avoir, de posséder et comme plaisir de faire, on peut dire que l’homme naît propriétaire. En effet, l’homme naît avec des besoins dont la satisfaction est indispensable à sa survie et il a à sa disposition des organes et des facultés dont l’exercice est essentiel au contentement de ces besoins. Séparer l’homme de ces facultés, c’est le faire mourir.

Il est facile de constater que l’homme ne peut vivre sans pourvoir à ses besoins et qu’il ne peut les combler sans le travail. Et l’homme ne peut travailler que s’il a la certitude de satisfaire aux besoins de sa nature par le fruit de son travail. Voilà pourquoi la propriété est d’institution divine et qu’elle est contenue dans la nature même de l’homme. La raison d’être de la loi, c’est d’assurer la sûreté, la garantie et la protection de la propriété.

À titre d’exemple, on peut noter les peuples primitifs qui n’avaient pourtant pas de lois, protégeaient la propriété en formant des tribus pour assurer les biens nécessaires à leur survie. Ainsi on voit bien que la société dans un état de droit et de justice, met la force publique au service de la propriété pour la défendre et assurer la survie des individus. Donc la loi naît de la propriété et non le contraire.

Cette démonstration prouve que la propriété relève du droit naturel et non de conventions susceptibles d’être abrogées. Par analogie, on peut démontrer que tous les biens constitutifs de notre nature ne sont pas des conventions sociales, des constructions humaines, des créations arbitraires, des stéréotypes : la complémentarité de l’homme et de la femme, la famille composée d’un père et d’une mère réunis pour accueillir des enfants, etc. Ces biens sont étroitement liés à la nature et à sa survie et ne sauraient être retranchés sans de graves conséquences.

Admettre que les comportements humains ne sont que des conventions sociales, des stéréotypes, c’est admettre que le législateur peut les modifier en maître absolu et sans limite, tenter de nouvelles expériences.


Qu’est-ce qui est vrai ?

1) Il est vrai qu’on devient femme, qu’on devient homme. L’homme naît mauvais et c’est la société qui le rend bon. Par le péché originel, l’homme est entré en révolte contre son créateur et n’a pas conservé les privilèges de la nature que Dieu lui avait donnée. Sans la grâce surnaturelle, l’homme voit sa nature s’effondrer sur elle-même : aveuglement de l’intelligence, faiblesse de sa volonté, tyrannie de ses passions, etc.

La société rend l’homme bon dans le sens où l’excellence d’une société se mesure à sa capacité de conduire l’humanité au bien commun et l’individu au bien particulier. Une fois donné par la nature, le talent doit être développé et encouragé. Par conséquent, si la nature nous détermine, elle nous donne une part importante dans le développement de notre personnalité et de notre identité. On comprend désormais le rôle de l’éducation qui vient fortifier la nature et lui donne tous les moyens pour parvenir à sa fin. La liberté de l’homme consiste à choisir le bien et se mouvoir dans le bien. Toute atteinte à l’ordre naturel est une atteinte à la liberté de l’homme.

2) Il est vrai également que toute société se rattache à une culture, à une tradition qui imprègne nos manières de vivre, de voir et de travailler. Mais loin d’être une aliénation, être héritier d’une grande civilisation est un privilège qui nous fait participer à la richesse acquise et nous permet de nous identifier et nous construire.

3) Il est également vrai que la formation et l’éducation ne sont pas neutres et qu’il faut soustraire l’enfant aux mauvaises influences, aux mauvais exemples et à la perversion qui conduisent à des comportements déviants. Pour une éducation à la virilité et à la féminité, il faut apprendre au garçon à être un garçon et à la fille à être une fille. La personnalité de l’homme et de la femme se construit sur le respect l’autre. Et pour respecter l’autre, il faut apprendre à se respecter soi-même. Et la première condition pour se respecter soi-même c’est de se connaître soi-même.


Qu’est-ce qui est faux?

Il est faux de dire avec Simone de Beauvoir, que l’on ne naît pas homme ou femme.

Il est également faux de prétendre que l’homme naît bon et que c’est la société qui le corrompt.


Conclusion

La Théorie du genre nous conduit au totalitarisme, soit celui de l’homme nouveau qui renoue avec son vieux démon : le progrès avec l’espoir d’une société sans classe et fraternelle qui avance vers la perfection, la maîtrise, le mieux.

Quand on pense que bientôt l’homme pourra intervenir sur sa propre nature et s’affranchir des contraintes qu’impose la nature par le clonage, la manipulation du génome, etc., et que les seules barrières se limitent à des comités d’éthique qui courent derrière les problèmes plutôt que d’apporter des solutions, c’est inquiétant.

Un monde qui a perdu son identité devient une proie facile et docile à manipuler mais peut toujours se réveiller honteux d’avoir été trompé par des fables.

Il semble que la société moderne est rétrograde et n’a rien compris. Au lieu de prendre conscience de la vulnérabilité de la nature et de la nécessité de venir à son secours et de la préserver, on la piétine, on la viole et on la réduit à néant sans aucune honte. On la traite avec une telle suffisance, une telle arrogance qu’on pourrait croire que l’écologie n’est finalement qu’hypocrisie.

Malgré tout, vivons d’espérance, car la résurrection n’a jamais été aussi proche que le jour où la pierre fut scellée sur le tombeau.




[1] Laurence Rossignole, député socialiste en France précise : « La laïcité, c’est ce qui protège l’enfant et garantit aux enfants les mêmes droits et l’accès aux mêmes valeurs. Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents. Donc la République doit leur offrir des lieux qui leur permettront, ensuite, de faire leur choix. C’est le cadre de l’école publique. C’est ce dont la France a besoin aujourd’hui. »
[2] Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale rajoute : « l’école a un rôle fondamental à jouer puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qu’opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi. »
[3] Voici à titre d’exemple, une liste d’ouvrages pour la formation des enfants de France : «Mon papa porte une robe», «J’ai deux papas», «Maman porte une barbe», «Medhi (prénom masculin arabe) met du rouge à lèvre».
[4] On lit dans les manuels : «À côté de l’identité sexuelle, il existe un autre aspect personnel de la sexualité : c’est l’orientation sexuelle »
[5] Rousseau - Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes
[6] «L’ordre social est un droit sacré qui sert de base à tous les autres. Cependant ce droit ne vient point de la nature. Il est donc fondé sur les conventions.» Rousseau - Du contrat social