mardi 5 mai 2015

Hors de l'Eglise catholique point de salut - Catéchisme de Spirago




 
 
L’Eglise catholique est un fleuve qui a sa source dans les eaux vives jaillissant de la bouche du Christ, dans sa doctrine (paroles de Jésus à la Samaritaine S. Jean IV) et qui coule depuis 18 siècles. Quiconque s’embarque sur ce fleuve (se laisse conduire par l’Eglise) flotte vers le port du bonheur éternel. Celui qui s’embarque sur des eaux dérivées du fleuve (qui appartient à une autre église) n’arrivera pas au port, à moins de revenir dans le fleuve. En d’autres termes : Hors de l’Eglise, il n’y a point de salut.
 
 
1. On ne peut faire son salut que dans l’Eglise catholique, c.-à-d. elle seule possède les moyens qui procurent le salut:
 
La doctrine du Christ, les sources de grâces instituées par lui, et les chefs préposés par lui à l’enseignement et au gouvernement de l’Eglise.
 
On ne peut en vouloir à l’Eglise de proclamer le principe : hors de moi point de saint; elle ne peut pas déclarer que la vérité et l’erreur sont deux voies également sûres pour aller au ciel. On n’hésite pas à mettre au pilori de l’opinion les négociants qui vendent des denrées falsifiées, à plus forte raison faut-il mettre en garde contre les églises qui ont frelaté et empoisonné le pain des âmes. L’Eglise, ne dit pas qui ira au ciel, mais ce qui conduit au ciel; Dieu seul qui sonde les reins et les cœurs, sait qui fera ou non son salut. Le principe catholique ne contient donc aucune intolérance, aucun fanatisme contre les personnes, mais bien l’intolérance de la vérité contre l’erreur, l’intolérance de Dieu qui ne souffre aucune idole à côté de lui. (I. Bois V.). L’Eglise hait si peu ceux qui ne sont pas dans son sein, que le Vendredi-Saint elle implore la miséricorde de Dieu sur eux. La mise à mort des hérétiques au Moyen-Âge (p. ex. le bûcher de Jean Huss en 1415) n’était pas l’oeuvre de l’Eglise qui ne veut pas la mort du pécheur, mais sa conversion; elle était l’oeuvre de la puissance séculière et de la législation civile qui poursuivait les hérétiques, parce qu’en règle générale ils attaquaient aussi le pouvoir, la morale et la paix publique. — L'Eglise catholique est donc la voie du Ciel. En cela elle se distingue de la Synagogue qui montrait seulement cette voie dans un lointain obscur, tandis qu’elle est elle-même la voie; elle se distingue aussi de l’hérésie qui tronque la doctrine du Christ et supprime des sources de grâce, telles que la S. Messe, le Sacrement de pénitence. Les voies de ces églises sont des voies fausses et détournées.
 
Un paralytique avance mieux sur la bonne route qu’un char avec d’excellents coursiers hors du droit chemin. (S. Aug.). Celui qui ne confesse pas la vraie foi, fait de grands pas, mais hors du chemin; plus il marche, plus il s’éloigne du but auquel il tend. (S. Aug.) On peut bien aller à Rome par Constantinople, mais quand arrivera-t-on? Et au prix de quelles fatigues et de quelles dépenses? Plus d’un n’arriverait pas.
 

2. Il y a pour chaque homme vivant en dehors de l’Eglise obligation grave de s’y faire recevoir, aussitôt qu’il en reconnaît la vérité.
 
On dit ordinairement : Un honnête homme ne change pas de religion. Cette maxime est une insanité. Un fils honnête ne peut pas garder la fortune mal acquise de son père, pour la seule raison qu’il en a hérité; à plus forte raison ne peut-on pas demeurer dans une religion qu’on reconnaît fausse, uniquement parce qu’on l’a reçue de ses aïeux soit par la naissance, soit par l’éducation. (Deharbe). D’autres disent: « Nous croyons tous au même Dieu, toutes les religions sont bonnes et l’on peut aller au ciel dans l’une ou dans l’autre. » Ces principes s’appellent indifférentisme. Ils sont faux, car une seule foi peut être la vraie la révélation divine, comme il n’y a qu’un seul Dieu; or, la raison elle-même nous fait un devoir de rechercher toujours la vérité et la perfection morale. Nous sommes donc obligés de rechercher la vraie foi et de nous y attacher. Il est absurde de penser qu'il est indifférent à Dieu qu’on l’adore Lui ou qu’on adore des idoles de bois et de pierre, qu’on reconnaisse Jésus comme son Fils ou qu’avec les Juifs on le regarde comme un blasphémateur. Pourquoi le Christ et après lui les apôtres auraient-ils souffert tant de tribulations pour annoncer l’Evangile, s’il était indifférent qu’on y croie? Pourquoi les apôtres se seraient-ils élevés si énergiquement contre ceux qui falsifiaient la doctrine du Christ? (Gai. I, 8 ; II, S. Jean 1, 10). Pourquoi Jésus aurait-il converti S. Paul? Pourquoi aura-t-il envoyé un ange et un apôtre au centurion Corneille ? (Act. Ap. IV, 42). Jésus dit d’ailleurs expressément: « Je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père si ce n’est par moi. » (S. Jean XIV, 6). — Aussi trouvons-nous parmi les convertis les âmes les plus nobles ; leur conversion leur coûta souvent les plus durs sacrifices. Christine, la fille unique de Gustave-Adophe, ce grand persécuteur des catholiques, acquit par ses lectures la conviction de la vérité du catholicisme: les lois suédoises ne tolérant pas le catholicisme, elle déposa la couronne après trois ans de règne (1654) et finit ses jours à Rome (1689) où elle est enterrée à S. Pierre. C’est une conduite héroïque! Le comte Fred. de Stolberq tint une conduite analogue (1800) ; ce brillant écrivain renonça à sa charge.  Dans le dernier demi siècle l’Angleterre a vu la conversion en masse, de près de 5000 personnages importants, entre autres de Newmann (1845) et de Manning (1851) qui depuis devinrent cardinaux. En Allemagne on a constaté au 19e siècle la conversion de près de 20 personnages appartenant à des maisons souveraines et de près de 120 membres de la noblesse. Il y eut aussi des conversions du Judaïsme, entre autres celles du Viennois Veit, depuis prédicateur de la cathédrale et des Alsaciens Ratisbonne et Libermann. (1)

 
3. Celui qui par sa propre faute reste en dehors de l’Eglise, ne peut pas être sauvé.
 
« Le serviteur, dit Jésus, qui a connu la volonté de son maître et ne l’a pas accomplie, sera durement frappé. » (S. Luc. XII, 47). Terrible sera donc le sort de celui qui connaît pertinemment la divinité de l’Eglise et qui, par exemple pour contracter un mariage avec une protestante, pour faire une bonne affaire, sort de l’Eglise ; il en est de même de celui qui ayant reconnu la vérité de la religion catholique refuse de l’adopter par lâcheté, par crainte du qu'en dira-t-on, par mépris. Il faut porter le même jugement sur celui qui a des doutes fondés sur la vérité de sa religion, et néglige de s’éclairer, qui étouffe ses scrupules de peur de reconnaître la divinité de l’Eglise catholique. Ces hommes estiment un intérêt passager à un prix plus élevé que l’amitié de Dieu et leur félicité éternelle; ils préfèrent les ténèbres à la lumière. (S. Jean III, 19). Ceux qui restent en dehors de l’Eglise se perdent comme ceux qui étaient en dehors de l'arche de Noé. (S. Cyp.). Celui-là ne peut pas avoir Dieu pour père, qui n’a pas l’Eglise comme mère. (id.). On ne peut se sauver quand on n’a pas le Christ comme chef; or, on se trouve dans ce cas quand on ne fait pas partie du corps de l’Eglise. (S. Aug.). Se séparer de la communion de l’Eglise, c’est se séparer du Christ. (IV, Conc. de Latran).
 
 
4. Celui qui sans sa faute reste en dehors de l’Eglise, peut se sauver s’il mène une vie pieuse : il est catholique de volonté.
 
Un grand nombre de ceux qui sont nés et ont été élevés dans l’erreur croient appartenir à la vraie Eglise et s'imaginent être de vrais chrétiens. Ils se trompent non pas par haine, mais pour ainsi dire par amour de Dieu. (Salvien). Celui qui mène une vie pieuse a en lui la charité; elle lui sert de baptême de désir et fait de lui un membre de la vraie Eglise; il fera son salut, non pas par l’erreur, mais par l’appartenance à la vraie Eglise. (Bellarmin). « De quelque nation que l’on soit, dit S. Pierre, on est agréable à Dieu si on le craint et qu’on pratique la justice.» (Act. Ap. X, 35). L'Eglise comprend tous les justes depuis Abel jusqu’au dernier élu avant la fin du monde. (S. Grég. Gr.). Tous ceux qui ont vécu conformément à la raison étaient chrétiens, malgré les apparences, tels que Socrate chez les Grecs, Abraham et Elie chez les Juifs. (S. Justin). Ceux dont nous venons de parler, n’appartiennent pas au corps de l'Eglise, c.-à-d. à la société constituée par la profession de foi extérieure, mais à l’âme de l’Eglise par les sentiments intérieurs qui doivent animer ses membres.

 
Il y a donc dans l’Eglise des membres visibles et des membres invisibles.
 
Les membres visibles sont ceux qui sont entrés dans l’Eglise par le baptême, qui professent la vraie foi et sont soumis aux pasteurs légitimes. Ne sont pas membres visibles de l’Eglise, les infidèles (payens, juifs, mahométans), les hérétiques (protestants), les schismatiques (grecs), les excommuniés, c.-à-d. ceux qui sont exclus de l’Eglise. Les membres invisibles de l’Eglise sont ceux qui n’en font pas partie sans leur faute et sont en état de grâce : tels furent Abraham, Moyse, David, Job, etc. Les membres visibles de l’Eglise se divisent à leur tour en vivants et morts, selon qu’ils se trouvent ou non en état de grâce.
 
C’est une erreur de croire qu’on est exclu de l’Eglise par un péché mortel. L’Eglise ressemble à un champ où il croît du froment et de l’ivraie (S. Matth. XIII, 24), à un filet où il y a de bons et de mauvais poissons, (ibid. 47), à l’arche de Noé qui contenait des animaux purs et impurs, à une aire où l’on trouve du bon grain et de la paille (S. Aug.), à un arbre qui a des branches vertes et des branches desséchées. — La simple qualité de membre de l’Eglise ne suffit pas pour être sauvé, il faut vivre d’après la religion, sinon cette qualité ne servirait qu’à une condamnation plus rigoureuse.
 
(1) Le premier était Strasbourgeois et fonda l’ordre des Dames de Sinn ; le second ôtait fils d'un rabbin du caverne et fonda la Congrégation du S. Esprit, il a été déclaré Vénérable.