mardi 8 décembre 2015

Le chrétien éprouvé par la souffrance - Catéchisme de Spirago


 
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Toutes les souffrances viennent de Dieu (Amos III, 6) et sont une marque de sa faveur.

Dieu, sans doute, n’est pas la cause directe des souffrances; il les permet, elles ne sont donc pas contraires à sa volonté. L’histoire de Tobie et de Job nous montrent que plus certains hommes sont justes, plus Dieu leur envoie d’épreuves, et celles-ci apparaissent comme la récompense de la piété. Dieu, disait S. Louis de Gonzague, récompense par la tribulation les services de ceux qui l’aiment. Et Dieu offre cette récompense, parce que les souffrances sont un bien précieux pour l’éternité.

« N’est-ce pas déjà une récompense très grande de pouvoir souffrir pour son Dieu? Celui qui aime Dieu me comprend, disait S. Jean de la Croix. » Les souffrances sont un don du Père céleste. (S. Thér.), et beaucoup plus grand que le pouvoir de ressusciter les morts (S. Jean de la Croix). Les parents châtient leurs enfants pour les corriger de certains défauts: ils laissent ces défauts impunis chez d’autres enfants, parce que comme étrangers ils n’ont aucune affection pour eux. Il en est ainsi de Dieu, il châtie ses enfants, parce qu’il les aime. (Alb. Stoltz).  « Parce que tu étais agréable à Dieu, disait Raphael à Tobie, il a fallu que la tentation t’éprouvât. » (Tobie XII, 14). S. Paul dit de même: « Le Seigneur châtie celui qu’il aime; il frappe les enfants qu’il accueille. » (Héb. XII, 6).

L’or et l’argent sont essayés au feu, les favoris de Dieu sont éprouvés dans la fournaise des humiliations. (Eccl. II, 5). Tous les saints de l’Eglise ont eu à souffrir, et en proportion même de leur sainteté.

Marie, la mère de Dieu, a souffert plus que tous les autres saints, aussi est-elle la reine des martyrs. Les Apôtres ne furent pas mieux partagés; Pierre et Paul passèrent presque toute leur vie en prison. « Une vie pieuse, abreuvée de souffrances et de tribulations est le signe le plus certain de la prédestination » (S. Louis de Gonz.).

Plaignons celui qui n’a rien à souffrir; il n’y a pas de plus grand malheur, d’après S. Augustin, que le bonheur des pécheurs ; il n’y a pas de plus lourde croix que de n’en avoir pas. Une prospérité continuelle est un malheur, car ce qu’on ne souffre pas maintenant, on le souffrira plus tard.

Dieu d’ailleurs ne nous envoie aucune souffrance au-delà de nos forces. Dieu, dit S. Paul, est fidèle; il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. (I Cor. X, 13). Est-ce que Dieu serait moins sage et moins bon que l’homme le moins cultivé, qui connaît les forces d’un animal et ne le charge pas plus lourdement qu’il ne faut? Le potier ne laisse pas ses vases au feu trop longtemps, de peur qu’ils n’éclatent. (S. Ephr.)

Le musicien sage ne tend ses cordes ni trop, pour qu’elles ne se cassent point, ni trop peu pour qu’elles rendent un son harmonieux; Dieu de même ne laisse pas les hommes sans aucune douleur, ni ne leur en impose de trop lourdes. (S. J. Chr.)

Le médecin prudent n'ordonne pas à ses malades des remèdes assez violents pour les tuer, et le céleste médecin sait encore mieux mesurer la dose de la tribulation qui convient aux justes. (Louis de Gr.).  Bien des gens ne souffrent pas qui se plaignent néanmoins, parce qu’ils trouvent lourd ce qui est très léger. (B. Henri Suso.) Se plaindre à l’excès, dans la souffrance, est un signe de lâcheté.

Dieu fait souffrir le pécheur pour le corriger et le sauver de la mort étemelle.

L'enfant prodigue se convertit dans la misère ; Jonas, dans le ventre du poisson; Manassès, dans les cachots de Babylone (2 Par. XXXIH); S. François Borgias, en présence du cadavre de sa protectrice, la reine Isabelle. Dieu ressemble à un père qui rappelle un enfant à l’obéissance la verge à la main (S. Bas.), à un médecin qui taille, qui cautérise pour guérir et sauver de la mort. (S. Aug.) On bat les vêtements pour en faire sortir la poussière, et c’est ainsi que Dieu frappe les hommes souillés par le péché. (S. Thomas de Villeneuve).

Les souffrances ont pour premier effet de dégoûter le pêcheur des choses terrestres; elles donnent aux plaisirs du monde l’amertume du fiel. Elles nous détachent de la terre. Dieu éprouva les israélites en Egypte si sévèrement, pour qu’ils eussent un désir plus vif de la Terre promise, de même Dieu nous visite par la souffrance et la tribulation afin que nous nous détachions de cette vallée de larmes pour rechercher avec plus de zèle la patrie céleste. (Drexelius).

Le pécheur dans la souffrance remarque aussi sa faiblesse, son isolement, et cherche un secours dans la prière. Le besoin apprend à prier. « Les souffrances qui nous accablent nous forcent à nous rapprocher de Dieu. »  (S. Grég. Gr.). Les coups qui nous frappent du dehors nous font rentrer en nous-mêmes et éveillent en nous le remords (id.).

La tribulation est comme l’hiver, après lequel les arbres produisent des fleurs et des fruits (S. Bonav.). La souffrance, si pénible qu’elle soit, est donc la voie qui mène le plus sûrement à Dieu. (S. Thér.).

 

Catéchisme catholique populaire
François Spirago
Édition canadienne
Année sainte MCML