lundi 8 décembre 2014

VII - La méditation

1. La méditation (prière méditée oraison) consiste à réfléchir sur des vérités religieuses pour exciter en nous de bonnes résolutions.

Les vérités religieuses ne font impression que quand notre intelligence les creuse (Louis de Gren.), comme de précieuses épices ne révèlent leur parfum que pilées dans un mortier. Celui qui médite les vérités religieuses, ressemble à Moïse qui frappa le rocher de son bâton jusqu'à ce que l’eau en sortît; il est semblable à celui qui frappe une pierre d’un morceau d’acier pour en faire sortir des étincelles, car par la réflexion il frappe son coeur endurci jusqu'à ce qu’il ait arraché de bonnes résolutions à sa volonté. (S. Cyr. Al.)

Dans la méditation, on s’applique à la réflexion jusqu’à ce que le S. Esprit agisse sur nous; celui qui médite ressemble à un bateau pourvu de rames et de voiles : dans le calme, on se sert des rames ; mais s’il se lève un vent favorable, on laisse les rames, l’on déploie les voiles, et le voyage se poursuit gai et rapide. Ainsi en est-il de la méditation: l’homme continue ses réflexions jusqu’à ce qu’il se sente attiré et soulevé par le souffle du S. Esprit; il n ’a plus besoin alors de se fatiguer la tête, mais il ouvre son coeur pour y laisser pénétrer la grâce qui l’enflamme d’amour pour Dieu. Si l’on se contentait de recueillir de belles pensées ou sentences, et d’occuper ainsi son intelligence, ce ne serait pas une prière, mais une étude. (S. Vinc. de P.) Dès qu’on a tiré du feu de la pierre pour en enflammer l’amadou, on se hâte d’allumer le flambeau et l’on serait insensé de continuer à frapper pierre.


2. La méditation est une excellente prière, mais elle doit alterner avec la prière vocale.

Par la méditation, nous imitons sur la terre la vie des anges, qui dans le ciel contemplent la divinité. Beaucoup de saints ont écrit leurs méditations, comme S. Augustin, Ste Thérèse, S. Alphonse, Thomas de Kempis, etc.; la lecture réfléchie de ces livres de méditations est donc une prière. La prière vocale et la méditation doivent alterner, comme dans la vie ordinaire on marche ou l’on s’assied à tour de rôle. La prière vocale et la méditation sont les deux pieds avec lesquels nous marchons vers le ciel. (S. Bern.) La méditation est la préparation nécessaire à la prière; si la méditation ne la précède pas, la prière ne pourra pas être parfaite, on la fera sans dévotion ou même on l’omettra tout à fait. (S. Bonav.)

 
3. Par la méditation nous obtenons des grâces actuelles et nous parvenons à la perfection.

La méditation nous obtient des grâces actuelles. Quand on s’approche du feu on est éclairé et réchauffé. En méditant les vérités religieuses, l’intelligence s’éclaire : on reconnaît mieux le néant des choses terrestres, la volonté de Dieu, le but de la vie, la sévérité du jugement de Dieu, etc. et le coeur se sent enflammé pour le bien.

« La méditation est un foyer où s’allume le feu de l’amour divin. » (S. Alph.) La méditation est la porte par laquelle la grâce divine entre dans l’homme. (Ste Thér.) Une âme fidèle à la méditation est comme un champ bien cultivé qui produit du fruit au centuple, ou comme un jardin bien arrosé où les fleurs s’épanouissent dans toute leur beauté. (S. Alph.)

Ce que le sommeil est pour le corps, la méditation l’est pour l’âme, qui y puise de nouvelles forces, mais celui qui ne s’occupe pas des vérités religieuses, ne soupçonne nullement cette influence, reste aveugle et n’a que des pensées mondaines. La terre est désolée, disait Jérémie, parce que personne ne réfléchit dans son coeur (XII, 11); la négligence de la méditation fait que chaque jour le monde est inondé de péchés et l’enfer rempli de damnés. (S. Alph.) — Il faut choisir comme sujets de méditation ceux qui nous plaisent et nous émeuvent davantage, et il faut y revenir souvent ; les abeilles ne s’arrêtent que sur les fleurs qui peuvent leur fournir les sucs nécessaires au travail de la ruche, et nous-mêmes nous respirons souvent les fleurs qui répandent un agréable parfum. La méditation, surtout quotidienne, conduit à la perfection, « car elle détruit la tiédeur » (S. Amb.); elle a été le motif de la conversion de S. Ignace de Loyola et de plusieurs autres saints. « La prière mentale (la méditation) et le péché mortel ne peuvent exister ensemble. (Ste Thér.)

Le péché peut subsister avec les exercices de piété extérieurs; mais le péché et la méditation sont deux choses qui s’excluent mutuellement, on abandonnera forcément le péché ou la méditation: tous les saints sont devenus saints par la méditation. (S. Alph.)


François Spirago, Catéchisme catholique populaire