jeudi 17 mars 2016

La manière de traiter les animaux - Catéchisme de Spirago



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La manière de traiter les animaux.

Dieu a créé les animaux pour sa gloire et notre service.

Par leur variété, leurs aptitudes, leur utilité, les animaux proclament la toute-puissance et la sagesse du Créateur. Ils nous servent, en nous procurant ce qui est nécessaire à notre entretien : la nourriture, le vêtement, des remèdes, en nous aidant dans nos travaux, en nous réjouissant par leur gentillesse, leur chant, leurs couleurs, etc.; d’autres nous servent d’exemple pour le bien : les abeilles et les fourmis nous exhortent au travail, les cigognes à l’amour de nos enfants, la brebis à la patience, le coq à la vigilance, etc.

La Providence de Dieu s’étend aux animaux.

Dieu a admirablement organisé le règne animal. La structure corporelle de chaque bête répond au rôle qu’elle a à remplir; telle la taupe, le hérisson, le chameau, etc. À chacune d’elles Dieu a donné certaines aptitudes naturelles qui servent à leur conservation; chacune sait trouver sa nourriture, construire son nid, soigner ses petits, attaquer la partie faible de ses ennemis, etc.; chacune est pourvue des armes nécessaires à sa défense : le boeuf est armé de cornes, le cheval de son sabot, l’éléphant de sa trompe, le chien de son odorat, le hérisson de ses pointes, le lièvre de son ouïe et de sa vitesse. Certains animaux comme le lièvre, la perdrix, l’alouette sont protégés, parce qu’ils ont la couleur du sol; les pigeons-voyageurs et les oiseaux migrateurs retrouvent avec une facilité merveilleuse la direction qu’ils ont à prendre et leur nid souvent éloigné de plusieurs centaines de lieues. Beaucoup de mammifères se revêtent en hiver d’un pelage plus chaud, plus approprié au climat. Ces soins de la Providence ont fait dire à Jésus : "Aucun passereau ne tombe à terre sans la volonté du Père dans les cieux." (S. Matth. X, 29). Donc l’homme comme le roi de la création doit avoir soin des animaux et ne pas abuser de sa supériorité sur eux.

L’homme est tenu de soigner ses animaux, de s’abstenir de toute cruauté, de ne tuer aucun animal utile sans raison, mais aussi de ne pas avoir pour eux de tendresse exagérée.

Nous sommes tenus d’avoir soin des animaux. "Le juste, disent les Proverbes (XII, 20), a soin de ses bêtes, mais le coeur de l’impie est cruel." Celui qui a des animaux doit leur donner la nourriture convenable, les tenir propres, et éviter tout ce qui pourrait leur être nuisible. (En été, ne pas les abreuver à contre-temps, en hiver, ne pas les laisser sans raison stationner sur les routes, devant les auberges par exemple). Il est d’un coeur noble de penser aux petits oiseaux en hiver et de leur jeter de la nourriture, de leur préparer pour l’été de petites boîtes aux arbres pour y nicher. Cette sensibilité vis-à-vis des bêtes ennoblit le coeur de l’homme, comme l’expérience l’a démontré pour des enfants cruels et des prisonniers. — Il n’est pas permis de tourmenter les animaux et de les traiter comme des êtres qui ne sentent pas la douleur. C’est ainsi qu’on voit souvent des paysans et des voituriers charger outre mesure, puis se mettre en colère et frapper leurs bêtes d’une façon insensée; d’autres ne leur donnent pas une nourriture suffisante ou les tiennent dans des écuries malpropres. — Certains cochers tourmentent leurs bêtes en les faisant courir trop rapidement, sans même leur donner, selon la loi de Moïse (Ex. XX 8-11) un jour de repos par semaine.

Les bouchers et les savants sont coupables quand dans l’exercice de leur profession, dans leurs expériences (vivisection) ils prolongent ou augmentent inutilement la douleur des bêtes; les enfants quand ils dénichent les oiseaux ou épinglent des insectes sans les avoir d’abord tués ; les chasseurs dans certaines chasses à courre, dans le tir aux pigeons tel qu’il est pratiqué dans quelques villes d’eaux; les cavaliers dans les soi-disant raids forcés.

Ne tourmentons jamais une bête, elle est aussi sensible que nous. — Il est interdit de tuer sans motif les animaux utiles, car ce sont pour l’homme des travailleurs gratuits : un seul couple d’oiseaux avec ses petits dévore annuellement des milliers d’insectes que jamais on n’arriverait à détruire de main d’homme. Et dire que dans le Tyrol méridional et en Italie on tue en masse les hirondelles et d’autres oiseaux voyageurs avec des procédés d’une cruauté inouïe. Il y a des oiseleurs qui tuent par jour plusieurs centaines de kilogrammes d’oiseaux chanteurs, pour les vendre aux fabricants de chapeaux de dames, qui en emploient des millions : 25 millions pour l’Angleterre seule. On dit même qu’on pousse la cruauté jusqu’à écorcher vifs les colibris pour mieux conserver l’éclat de leurs couleurs.

Aussi les insectes nuisibles à l’agriculture, aux vignobles, aux forêts, prennent-ils le dessus. Sans doute il est permis de détruire les animaux malfaisants, mais il est toujours défendu de les torturer ou même de les tuer quand ils sont la propriété d’autrui.

D’un autre côté il ne faut pas avoir pour les animaux un excès de tendresse qui les fait préférer aux hommes, considérer comme des espèces d’idoles auxquelles on consacre toutes ses pensées, tous ses soins, à l’exemple des Egyptiens qui adoraient des chats, des boeufs, etc. Ah ! disait un jour un religieux à une dame qui raffolait ainsi des bêtes, combien il vous serait plus utile d’aimer votre Dieu de la même affection que vous aimez les bêtes!

Ceux qui sont cruels ou trop tendres pour les bêtes deviennent facilement durs et cruels pour leurs semblables.

Les enfants qui tourmentent les bêtes sont très disposés à tourmenter les hommes; la plupart des tyrans ont été dans leur jeunesse des bourreaux d’animaux. — Un criminel sur le point d’être exécuté s’adressa encore au peuple et lui dit : "Daus ma jeunesse j’ai pris plaisir à torturer les bêtes, et plus tard je me suis attaqué aux hommes, c’est pour cela que je meurs sur l'échafaud." — Une dame se promenait un jour avec son enfant et son petit chien; arrivée à un pont elle prit le chien sur ses bras et laissa l’enfant à lui-même : "Femme sans cœur! lui dit quelqu’un qui la rencontra, n’avez-vous pas honte de laisser courir votre enfant et de porter votre bête, quand il faudrait faire le contraire !"

Gardons-nous bien d’un excès de tendresse pour les animaux : elle nous rendrait cruels.

La cruauté et l’excès de tendresse envers les animaux sont habituellement punis par Dieu.

Torturer les animaux, c’est détruire le plan de la création, c’est abuser du pouvoir qui nous a été confié, donc une offense du Créateur. Dieu considère ces hommes cruels comme des bourreaux auxquels il appliquera la peine du talion. Un paysan avait l’habitude de donner à ses chevaux des coups de cravache dans les pieds; lui-même eut plus tard la goutte, fut paralysé des jambes et souffrit d’atroces douleurs : sur son lit de mort il avoua et pleura sa faute. Un fils de paysan prenait plaisir à prendre des oiseaux et à les écorcher vifs, puis à leur arracher les pattes; plus tard il tomba dans la chaudière bouillante d’une brasserie, en fut tiré tout échaudé et dut subir l’amputation des jambes : il vécut encore quelques années comme estropié, resta toute sa vie un exemple terrible de la vengeance de Dieu, et ne cessa d’exhorter les autres à la douceur envers les bêtes.

 L’Aréopage d’Athènes condamna à mort un enfant qui avait crevé les yeux à des cailles, puis les avait laissé s’envoler; ce tiibunal pensait qu’un enfant animé d’instincts si mauvais ne pourrait devenir qu’un homme pervers. (Quintilien: Institutions V, 9). — La presse rapporte souvent que telle personne est morte d’un empoisonnement du sang pour avoir baisé des chiens, ou que ce même désordre a introduit dans l’organisme des parasites mortels.