jeudi 29 septembre 2016

L'état d'esprit de Samuel de Champlain

Depuis les fêtes du 400ème de la ville de Québec, quelques historiens, ont tenté d'expliquer de nouveau les motivations de Samuel de Champlain, fondateur de cette même ville. Tantôt il aurait fondé la colonie par soucis d'humanisme, tantôt il aurait été, en réalité, protestant, etc. Bref, on s'est créé une nouvelle image de Champlain, Révolution tranquille oblige. Et s'il n'avait tout simplement pas été animé d'un zèle apostolique, digne de saint Ignace de Loyola? Laissons la parole au principal concerné.

Les rois doivent être plus soucieux d'augmenter la connaissance du vrai Dieu que de multiplier leurs états 

Les palmes et les lauriers les plus illustres que les rois et les princes peuvent acquérir en ce monde est que méprisant les biens temporels, porter leur désir à acquérir les spirituels: ce qu'ils ne peuvent faire plus utilement qu'en attirant par leur travail et piété un nombre infini d'âmes sauvages (qui vivent sans foi. sans loi, ni connaissance du vrai Dieu) à la profession de la religion catholique, apostolique et romaine. Car la prise des forteresses, ni le gain des batailles, ni la conquête des pays, ne sont rien en comparaison ni au prix de celles qui se préparent des couronnes au ciel, si ce n'est contre les infidèles, où la guerre est non seulement nécessaire, mais juste et sainte, en ce qu'il y va du salut de la chrétienté, de la gloire de Dieu, et de la défense de la foi, et ces travaux sont de soi louables et très recommandables, outre le commandement de Dieu, qui dit, Que la conversion d'un infidèle vaut mieux que la conquête d'un Royaume. Et si tout cela ne nous peut émouvoir à rechercher les biens du ciel aussi passionnément du moins que ceux de la terre, d'autant que la convoitise des hommes pour les biens du monde est telle, que la plupart ne se soucient de la conversion des infidèles pourvu que la fortune corresponde à leurs désirs et que tout leur vienne à souhait. Aussi est-ce cette convoitise qui a ruiné et ruine entièrement le progrès et l'avancement de cette sainte entreprise, qui ne s'est encore bien avancée, et est en danger de succomber, si sa Majesté n'y apporte un ordre très saint, charitable et juste comme elle est, et qu'elle même ne prenne plaisir d'entendre ce qui se peut faire pour l'accroissement de la gloire de Dieu, et le bien de son Etat, repoussant l'ennui qui se met par ceux qui devraient maintenir cette affaire, lesquels en cherchent plutôt la ruine que l'effet.


-Les Voyages de Champlain, I, 2.