Une indulgence est-elle la permission de commettre le péché?
Non, les indulgences ne se rapportent pas au péché passé, présent ou futur. Elles sont la rémission totale ou partielle de la peine temporelle due au péché pardonné; elles sont accordées par le pape et les évêques puisant au trésor spirituel de l'Eglise, formé des mérites infinis de la rédemption de Jésus-Christ et des mérites surabondants des saints. C'est plus que la simple rémission des œuvres canoniques de pénitence; elle remet réellement en entier ou en partie la peine imposée par Dieu au pécheur ici-bas ou au purgatoire.
Le concile de Trente enseigne que puisque le pouvoir d'accorder des indulgences a été concédé par le Christ à l'Eglise et que, dès les temps les plus anciens, elle s'est servi de ce pouvoir, il ordonne le maintien des indulgences si salutaires pour le peuple chrétien, et approuvé par l'autorité des saints conciles, et il condamne ceux qui enseignent que les indulgences sont inutiles ou qui nient l'existence d'un tel pouvoir dans l'Eglise.
Ce pouvoir divin qu'a l'Eglise de concéder des indulgences se comprend mieux si on le compare à la coutume de l'Etat de remettre en tout ou en partie le châtiment infligé à un criminel par la loi civile: l'Etat remet une partie d'un châtiment pour bonne conduite en prison.
Les fonctionnaires de l'Etat peuvent pardonner à un criminel, même s'il ne regrette pas son crime, par déférence pour les amis puissants; l'Eglise au contraire ne remet jamais la peine à moins que le pécheur ait manifesté son repentir.
P. Adrien Malo OFM, La Boîte aux Questions. Librairie de l'Action catholique. Québec, 1938. Pp. 295-296.